Corrigé du Parcours élèves L’exposition en 25 questions Niveau scolaire: De la 3e à la Terminale. Disciplines concernées : Histoire- Allemand- Education civique, juridique et sociale Eléments à donner aux élèves en préalable de la visite Ce que l’exposition n’est pas - une exposition sur les Allemands en France et les Français en Allemagne - une exposition sur l’histoire de l’immigration au sens strict, ni sur les «étrangers » au sens factuel du terme. Ce que l’exposition est - une réflexion sur la manière dont, en France et en Allemagne, les opinions publiques ont considéré, et parfois rejeté, certaines parties de la population comme « étrangères », alors même qu’il pouvait s’agir de personnes de nationalité française ou allemande. - Il s’agit d’une exposition sur les représentations des « étrangers » en France et en Allemagne, et non d’une exposition sur l’immigration en France et en Allemagne. Scénographie de l’exposition : - La scénographie laisse apparente les procédés de construction (vis, échaffaudage, matériaux « bruts »). Il s’agit de montrer que les représentations des étrangers, comme les représentations de la nation, sont des constructions, et non des données intangibles et immuables. - En BLEU, les explications et cartels concernant l’histoire de l’Allemagne. En VERT, ce qui concerne la France. Organisation générale de l’exposition et du « Parcours élèves » - Au centre, un ensemble de vitrines et de cimaises. Les éléments sont classés de manière chronologique, en croisant systématiquement France et Allemagne. - 6 grandes périodes : 1871/1914 ; 1914/1918 ; 1918/1933 pour l’Allemagne et 1918/1940 pour la France ; 1933/45 pour l’Allemagne et 1940/45 pour la France ; 1945/1970 ; 1970/1989 pour l’Allemagne et 1970/83 pour la France ; 1989 ou 83 à aujourd’hui. Il est conseillé d’avoir revu cette scansion chronologique avec les élèves avant la visite . - Le « parcours élèves » suit l’ordre de l’exposition. Les élèves peuvent se repérer grâce au plan en dernière page du parcours, qui indique l’emplacement de chaque question. Le parcours élèves n’intègre pas les œuvres d’art contemporain. - L’enseignant peut, selon son choix, répartir les questions entre les élèves ou selon les périodes qu’il souhaite privilégier. Compléments Vous pouvez télécharger le « dossier enseignants », qui reproduit l’intégralité des textes d’explication figurant dans l’exposition ainsi que des articles permettant de mieux la contextualiser. Un ensemble de « fiches d’activités » complémentaires de ce parcours permet d’approfondir certains points, dans l’exposition ou en classe. 1 Corrigé Le corrigé reprend l’ensemble des questions et des indications complémentaires données dans le parcours élèves. Vous y trouverez en plus des éléments d’approfondissements et le texte intégral des cartels des documents concernés. 1871-1914 En 1871, pour la première fois, les différents Etats dont l’allemand est la langue sont politiquement unis dans un même état : l’Empire allemand. Un an plus tôt, la France a perdu une guerre contre la Prusse –le plus puissant des états allemands avant leur unification dans l’Empire allemand. 1914 marque le début de la première Guerre mondiale, qui opposera notamment la France à l’Allemagne. Pour en savoir plus, lisez le texte de l’exposition. 1- Que représentent les 2 statues qui ouvrent l’exposition ? Quelle œuvre d’art contemporain exposée à proximité aborde le même thème ? -Les deux statues représentent les allégories des nations française et allemande : Marianne et Germania. On a choisi d’ouvrir l’exposition sur ces symboles de la nation pour montrer que les perceptions de l’étranger sont liées à la conception de la nation. C’est ce que va montrer toute l’exposition. Cartels explicatifs Mari a n n e : Dix ans après sa proclamation en 1870, et après bien des crises, la IIIe République s’impose enfin. Elle rassemble la nation réconciliée autour des symboles comme la figure de Marianne ou la fête du 14 juillet. Elle encourage le patriotisme, que diffuse notamment l’école. La colonisation fait oublier la perte de l’Alsace-Lorraine et restaurer la « grandeur » et la prospérité de la France. G erm a n i a : Au XIXe siècle, Germania, l’allégorie de la nation allemande représentée sous les traits d’une femme guerrière, inspire les peintres et les sculpteurs. Pour les nationalistes, les mythes et légendes allemands racontent les premiers temps de la nation. Ainsi, Guillaume 1er serait l’incarnation contemporaine de l’empereur Frédéric Barberousse, endormi sur le Mont Kyffhäuser. Cette nouvelle mythologie impériale laisse désormais une place aux colonies allemandes. - En face est exposée l’œuvre de Saâdane Afif intitulée National (2004), qui présente une réinterprétation du symbole national français par excellence : le drapeau bleu-blanc-rouge. Cartel explicatif : Cette version de National nous montre un drapeau français fabriqué avec des vêtements masculins et féminins de tous les jours. Au lieu de présenter la nation comme une construction d'identité abstraite qui influence et catégorise les individus selon leur communauté ou leur système de valeurs supposé, l'artiste suggère que ce sont, au contraire, les individus eux-mêmes qui décident des critères de leur propre catégorisation. -------------------2- Repérez au moins 1 document pour la France et un document pour l’Allemagne qui montre la présence de travailleurs immigrés dans chacun de ces pays à la fin du XIXe : - Pour la France : Plusieurs documents de la vitrine pouvaient être cités (1, 2, 3, 4, 6 ou 8) : 1. Le Grelot avec une caricature sur les travailleurs belges, 04 septembre 1892/Pepin 2. Le Petit Parisien consacré aux troubles contre les Italiens à Aigues-Mortes , 03 septembre 1893/Musée national de l’histoire et des cultures de l’immigration, CNHI, Paris 3. Tract dénonçant le recrutement de travailleurs allemands à Lille, 1896/Archives Départementales du Nord, Lille 4. Courrier du Congrès départemental des ouvriers français contre la main-d’oeuvre étrangère à Marseille, 4 mai 1889, Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille 6. L’Assiette au Beurre avec la caricature d’un Anglais, 03 janvier 1903/Musée national de l’histoire et des cultures de l’immigration, CNHI, Paris 2 8. Le Petit Journal, supplément illustré consacré aux émigrants juifs à la Gare de Lyon, Paris, 10 septembre 1892/Musée de l’Histoire vivante, Montreuil Compléments : La France est, dans la 2e moitié du XIXe siècle, un pays de forte immigration. Les nationalités étrangères les plus nombreuses sont alors les Belges, les Italiens, les Suisses, les Allemands et les Espagnols. Un certain nombre de Juifs d’Europe de l’Est (Russie, notamment) s’installent aussi en France à partir des années 1890. Les Tsiganes, qui ne sont ni des immigrés ni des étrangers, sont considérés comme une catégorie à part par les pouvoirs publics, qui rendent obligatoire le recensement des « nomades » à partir de 1912. - Pour l’Allemagne : Plusieurs documents pouvaient être cités (5, 12, 13, 17, 18, 19, 20, 21, 22) 5. Caricature d’Italiens en Allemagne, supplément de Simplicissimus, 22 novembre 1904, Heine, Thomas Theodor (18671948)/Deutsches Historisches Museum, Berlin 12. Illustration de journal : commerçants italiens de figurines en plâtre à Berlin, 1897/Plinzner, M./Deutsches Historisches Museum, Berlin 13. Carte postale se moquant des Polonais de la Ruhr, 1910/LWL - Industriemuseum, Dortmund 17. Ouvrier agricole originaire de l’Est de l’Empire allemand en route pour Berlin (retirage), 1907/Haeckel, Otto (18721945)/Deutsches Historisches Museum, Berlin 18. L’association polonaise Saint Casimir à Herne-Baukau lors de la célébration de son 25e anniversaire, 1914/Katholische Kirchengemeinde St. Marien, Herne-Baukau 19. Carte de travail pour Polonais, Arbeiter-Legitimationskarte für Polen 1910/Deutsche Feldarbeiter-Zentralstelle/Hauptstaatsarchiv Stuttgart 20. Carte de travail pour Ruthènes, Arbeiter-Legitimationskarte für Ruthenen, 1910/Deutsche FeldarbeiterZentralstelle/Hauptstaatsarchiv Stuttgart 21. Carte de travail pour Néerlandais et Belges, Arbeiter-Legitimationskarte für Niederländer und Belgier 1910/Deutsche Feldarbeiter-Zentralstelle/Haupstaatsarchiv Stuttgart 22. Passeport avec visa de séjour limité d’un travailleur saisonnier russo-polonais, 1900/Stadtarchiv, Herne Cartels explicatifs 15, 17, 19, 20, 21, 22 : Pour empêcher une immigration durable, l’autorisation de séjour, de durée limitée, est octroyée aux seuls étrangers détenteurs d’un contrat de travail. Les cartes, de couleurs différentes selon le groupe « ethnique », doivent être renouvelées tous les ans. L’appréciation portée sur les ouvriers est déterminée par leurs origines. Ainsi, les Hollandais seraient « proches du point de vue linguistique et ethnique » et les Slaves sont jugés inférieurs. 18 : Les Polonais de la Ruhr vivent une situation singulière. Ces mineurs viennent surtout des provinces de PrusseOrientale qui appartenaient autrefois à la Pologne. Ils possèdent la nationalité prussienne, mais parlent polonais et sont le plus souvent de confession catholique. Les autorités les surveillent étroitement, car elles redoutent leur nationalisme et la « polonisation » des territoires occidentaux de l’Allemagne. 16 : Les Tsiganes sont considérés, sur la base de critères raciaux, comme un peuple inférieur, impossible à éduquer et porteur du « gène de la criminalité ». Ces représentations nourrissent une politique répressive. En 1883, l’État allemand interdit aux « gitans étrangers » de séjourner sur son territoire, ce qui rend légale leur expulsion. Les « gitans indigènes » sont la seule catégorie de population allemande à devoir détenir un passeport. -------------------3- Trouvez les bustes en cire. - Dans quel type d’institution ce genre de buste était-il à l’origine exposé ? Dans des musées : les 3 exemplaires présentés ici étaient présentés au Musée de l’Homme à Paris. - A quoi servaient-ils ? Ils servaient à classer les hommes en différentes races selon leur type physique. Cartels explicatifs : L’idéologie républicaine adopte le système racial en officialisant les travaux de l’anthropologie physique, qui classe les hommes selon des critères pseudo-scientifiques : couleur de la peau taille et forme du crâne, etc.. Les grandes manifestations commes les expositions universelles, permettent une large diffusion du racialisme. --------------------4- Rappel historique : La France, et dans une moindre mesure l’Allemagne, possèdent des colonies en Afrique et en Asie à partir des années 1880. 3 D’après ce qui est exposé dans cette vitrine, les habitants de ces colonies sont-ils considérés comme des « Français » ou des « Allemands », au même titre que les habitants de métropole ? La science de l’époque classe les peuples en « civilisés » et « primitifs ». Les peuples des colonies sont considérés comme des primitifs et ceux des puissances coloniales comme « civilisés ». Cartels explicatifs : L’anthropologie de la fin du XIXe siècle opère une distinction entre peuples « civilisés » et « primitifs ». Ces derniers sont censés se situer à un stade moins avancé de développement. Les collections des musées contribuent à diffuser ces représentations auprès du grand public. L’expansion coloniale s’accompagne, en métropole, de la diffusion massive d’images de l’Autre. Les habitants des colonies sont exhibés dans les parcs d’attractions et les cabinets de curiosités. Ces représentations renforcent l’antagonisme entre nation « civilisée » et peuple « primitif », et alimentent les goûts de l’époque pour le sensationnel : autant d’outils très efficaces pour construire les stéréotypes. La colonisation, fierté de la République, élargit les représentations de l’étranger. Les populations coloniales font leur apparition dans des « zoos humains », sous la forme de types exotiques que propage la carte postale, nouveau média très diffusé, ou encore sur les supports publicitaires. -------------------5-Cherchez la vitrine consacrée à l’antisémitisme dans les années 1880 en France. Repérez le document n° 14. C’est une « Une » de journal. - De quand ce journal date-t-il et quelle est son orientation politique ? Ce journal, Psst… !, date de juillet 1898. Il s’agit d’un journal antisémite. Complément : Au XIXe siècle (et jusqu’à la loi contre le racisme de 1972), le racisme n’est pas un délit, ce qui explique que des journaux puissent se dire ouvertement raciste et antisémite. La valeur essentielle est alors celle de la liberté de la presse, qui prime sur toute autre considération. - A quel événement fait-il allusion ? Il fait allusion à l’Affaire Dreyfus, qui partage la France à partir de 1898 - Qui sont les 3 personnages caricaturés ? Quel fut leur rôle dans cet événement ? Cette caricature de Forain, intitulée Allégorie désigne les 3 supposés « ennemis » de la France aux yeux des antidreyfusards. Tous sont désignés comme « étrangers » : - Au centre, le capitaine Dreyfus, caricaturé sous les traits stéréotypés du « Juif » tels que les véhiculent alors la presse antisémite. Il fut accusé à tort d’avoir espionné pour le compte de l’Allemagne. - Zola, le plus célèbre des défenseurs de Dreyfus, apparaît sous la forme d’un masque. On lui reproche aussi d’être un « métèque », descendant d’Italiens, de ne pas être un véritable Français. - Zola et Dreyfus sont manipulés par un soldat allemand (reconnaissable au casque à pointe, élément d’uniforme de l’armée prussienne) : Dreyfus était accusé d’être un espion à la solde des Allemands. Derrière cette accusation, l’idée qu’un Juif ne pouvait pas être véritablement Français. 1914-1918 Cette partie est consacrée à la manière dont sont considérés les étrangers pendant la 1re Guerre mondiale. La figure de l’étranger y est alors souvent assimilée à celle de l’ennemi. Au contraire, en France, les coloniaux sont d’une certaine manière intégrés à la communauté nationale, notamment en tant que combattants et travailleurs. 6- Cherchez la grande affiche « Dispositions concernant les étrangers » - Quel sentiment domine d’après cette affiche ? - Lisez le II : Etrangers n’ayant pas quitté Paris le premier jour de la mobilisation. Qu’arrive-t-il alors aux étrangers originaires des pays en guerre contre la France ? Cette affiche montre le sentiment de défiance face aux étrangers dans une période de guerre. 4 Les ressortissants des pays en guerre contre la France doivent quitter le sol Français, ou être regroupés dans des camps (on parle de « camp de concentration », mais cela n’a pas du tout le sens que ce terme prendra pendant la seconde Guerre mondiale) où ils font l’objet d’une étroite surveillance. Cartel explicatif : 1, 3, 4, 5, 6 ,8 - Après l’ordre de mobilisation, les étrangers qui n’ont pas quitté la France sont l’objet de mesures spéciales de surveillance. Ils ont été fichés au cours des années antérieures par peur de l’espionnage. Les sujets des puissances ennemies sont regroupés dans des « camps de concentration », présentés comme des lieux décents par la propagande photographique. -------------------7- Du côté de l’Allemagne, quel est le sort des immigrés russes et polonais pendant la 1re Guerre Mondiale ? Les travailleurs russes et polonais, ressortissants des « nations ennemies », sont soupçonnés d’actes d’espionnage et de sabotage. L’armée allemande les déporte des régions frontalières orientales vers l’intérieur de l’empire. Ils perdent le droit de se rendre dans leur pays d’origine. Cartel explicatif : 7, 9, 10, 11- Les travailleurs russes et polonais, ressortissants des « nations ennemies », sont soupçonnés d’actes de sabotage et d’espionnage. L’armée allemande les déporte des régions frontalières orientales vers l’intérieur de l’Empire. Ils perdent le droit de se rendre dans leur pays d’origine. Du retour forcé de l’avant-guerre, on passe ainsi au retour interdit. -------------------8- Repérez la vitrine consacrée aux troupes coloniales. Rappel historique : pendant la 1re guerre mondiale, la France fait appel massivement aux ressortissants des colonies, comme soldats et travailleurs. Ces coloniaux ont la nationalité française, mais sans être – dans leur immense majorité- des citoyens, même lorsqu’ils sont soldats. Parmi eux, les plus célèbres sont les « tirailleurs sénégalais », terme sous lequel on regroupe tous les soldats de l’Afrique Occidentale Française et de l’Afrique Equatoriale Française. Regardez l’affiche de publicité pour Banania (au mur) et la une de journal allemand n° 5 (dans la vitrine). Ces 2 documents donnent-ils la même image des soldats coloniaux de la France ? Comment expliquez-vous cela ? L’affiche pour Banania montre un « tirailleur sénégalais » souriant et débonnaire. Considérée aujourd’hui comme une représentation raciste, elle apparaissait au moment où elle fut dessinée comme une représentation positive des populations coloniales engagées dans l’armée française. Au contraire, les Allemands présentent les troupes coloniales comme barbares et sanguinaires. On rencontre ici 2 imaginaires : la nécessité de transformer l’ennemi en barbare pour le « déshumaniser » et les représentations racistes héritées de la période précédentes où l’on présente les coloniaux comme des primitifs, à mi-chemin entre animalité et humanité « civilisée », c’est à dire occidentale. Cartel explicatif : Pendant la guerre, plus de 480 000 soldats coloniaux combattent sous le drapeau français. Le conflit à peine déclenché, les autorités et la presse allemandes accusent « les barbares sauvages » de violations massives du droit international. Équipées d’armes archaïques, les troupes coloniales mutileraient et assassineraient leurs prisonniers. Cette campagne de propagande entend répondre à la caricature des « barbares germaniques » propagée par les Alliés. Compléments sur la situation juridique des ressortissants des colonies : L’appellation d’« indigène », utilisée à l’époque pour caractériser les populations non européennes de l’Empire colonial français masque des situations diverses.L’abolition définitive de l’esclavage le 4 mars 1848 étend à l’ensemble des populations colonisées, "blanches" ou "de couleur", la jouissance des droits civils et politiques, dans les « vieilles colonies » (notamment les Antilles et 4 communes du Sénégal). Un ancien esclave est donc un citoyen français qui peut voter lors des élections nationales. La situation est tout autre dans les « nouvelles colonies » (conquises au XIXe), à commencer par l’Algérie où le statut juridique des populations « indigènes » est précisé par le sénatus-consulte du 14 juillet 1865 qui reconnaît la nationalité 5 française des musulmans et des juifs d’Algérie. Français certes, mais pas citoyens au motif qu’ils ont conservé leur statut personnel confessionnel. Seuls les Juifs d’Algérie obtiennent, avec le décret Crémieux de 1870, la citoyenneté française. Les Français originaires de métropole, ou Européens naturalisés, jouissent quant à eux de l’ensemble des droits des citoyens français, en particulier des droits politiques. Qu’est-ce qu’un indigène pour le droit français ? Tout d’abord, un indigène n’est pas un étranger, ce qui veut dire qu’il ne peut profiter de la protection de son Etat d’origine, il ne dépend que de l’autorité de la France. Mais l’indigène n’en est pas pour autant un Français comme les autres, il n’est pas citoyen, ce qui implique qu’il est exclu du suffrage universel. 1918-1933 (Allemagne)/1918-1940 (France) 1918 marque la fin de la 1re guerre mondiale pour les 2 pays, victoire pour la France, défaite pour l’Allemagne, mais catastrophe démographique pour les deux Etats. La France compense les pertes démographiques en ayant recours à une forte immigration. 8- A votre avis, pourquoi le choix de 1933 pour l’Allemagne, et de 1940 pour la France, pour marquer une rupture chronologique ? - 1933 : Mise en place du régime National-Socialiste en Allemagne - 1940 : Défaite de la France face à l’Allemagne nazie et mise en place du régime de Vichy 9- Rappel historique : à la suite de la défaite de l’Allemagne et au traité de Versailles, les troupes de l’armée française occupent à partir 1923 la rive droite du Rhin (territoire allemand). Parmi les troupes d’occupation, de nombreux soldats coloniaux africains (de nationalité française, bien que la plupart d’entre eux n’aient pas la citoyenneté). Les nationalistes allemands considèrent comme une double humiliation d’être occupé par des soldats Français et Noirs. Toute une propagande raciste vise alors à les présenter comme auteurs des pires exactions, sous le nom de « honte noire ». Trouvez un document qui véhicule cette propagande, et un document qui montre que la réalité est bien différente . Document de propagande : Affiche n° 11. Affiche contre l’occupation française de la Rhénanie, 1920. Avec la légende « Protekt der deutschen Frauen gegen die farbige Belatzung am Rhein. On peut noter que la peur du viol était aussi très présente dans la propagande anti-allemande pendant la 1re Guerre mondiale – comme le montre le document 3 de la vitrine consacrée à la 1re GM (Planche du Livre rouge des atrocités allemandes par l’image, 1915) Document qui montre une réalité différente : Photographie n°12. Soldat colonial de l’armée française posant avec une jeune femme allemande, Mayence (retirage), vers 1930 -------------------10- Citez un document qui montre que Berlin est, dans les années 30, une ville très cosmopolite. Qui sont alors les étrangers les plus nombreux en Allemagne ? Document 13. (photographie) : Salle de théâtre dans le foyer d’étudiants russes de Berlin,1924 Les étrangers les plus nombreux à cette époque en Allemagne sont les Russes. Document 10 (Affiche au mur) : Affiche annonçant les représentations d’un théâtre de boulevard berlinois (1919). Cartels explicatifs : N° 13 : 600 000 réfugiés russes environ séjournent en Allemagne après la guerre. Souvent issus de la haute société, artistes ou écrivains, ils vivent majoritairement entre eux. Le décalage entre leur ancien statut social et leur situation actuelle alimente les représentations. Comme en France, le grand-duc russe contraint de gagner sa vie comme chauffeur de taxi est une figure ancrée dans les imaginaires. N° 10 : Berlin s’enorgueillit d’une vie culturelle intense et accueille de nombreux artistes internationaux. Le jazz, souvent interprété par des musiciens noirs, captive tous ceux qui se revendiquent du nouveau cosmopolitisme. Il 6 témoigne de leur modernité et de l’abandon des codes culturels en vigueur dans l’Allemagne d’avant-guerre. Les milieux nationalistes rejettent catégoriquement cette « culture nègre » « non germanique ». -------------------11- Cette vitrine est consacrée aux colonies pendant les années 30. Rappel historique : l’Allemagne a perdu toutes ses colonies à la suite de sa défaite de 1918. La France reste la 2e puissance coloniale derrière la Grande-Bretagne. Quelques dizaines de milliers de « coloniaux » (habitants des colonies), qui bénéficient de la nationalité française, mais sans être citoyens (ils n’ont pas le droit de vote, notamment), viennent vivre et travailler en métropole. D’après la une du journal Voilà (document n°3 – au mur) comment les ressortissants des colonies vivant en métropole sont-ils considérés dans l’opinion publique ? Sont-ils regardés comme des « Français » ou comme des étrangers ? Le texte de la Une exposée est le suivant : « Arabes, Nègres et Jaunes vivent ténébreusement dans la capitales, groupés en véritables colonies. C’est leur mystérieuse existences que Carel de Poorter révèle dans Exotiques de Paris ». Le vocabulaire est soigneusement choisi pour insister sur l’étrangeté inquiétante des ressortissants des colonies vivant en métropole (ténébreusement, mystérieuses, Exotiques).Cela montre bien qu’ils ne sont pas considérés comme des Français, bien qu’ils en aient la nationalité. Cartel explicatif : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9 - L’entre-deux-guerres marque l’apogée de l’Empire colonial français. L’Empire, fêté en 1931, est à la mode, et l’imaginaire colonial fait massivement irruption dans l’esthétique de l’époque. Joséphine Baker et Sidney Bechet contribuent ainsi au succès de la Revue Nègre. Le style mauresque influence l’architecture de bâtiments consacrés à la présence nouvelle à Paris des populations coloniales. -------------------12– Rappel historique : le judaïsme est une des religions pratiquées en France et en Allemagne depuis le Moyenâge. Dans les années 30, une partie des Juifs vivant respectivement en France et en Allemagne sont de nationalité française ou allemande. Par ailleurs, dans les années 1880-90, beaucoup de Juifs de Russie et d’Europe de l’Est ont émigré vers la France et l’Allemagne. De plus, à partir de 1933 se réfugient aussi en France des Allemands juifs qui fuient le nazisme. Dans les opinions publiques se mélangent ainsi souvent xénophobie (haine des étrangers) et antisémitisme (haine des Juifs, quelle que soit leur nationalité) Dans cette vitrine consacrée aux années 30 en France (les années de la crise économique et du Front Populaire), trouver un document xénophobe, un document antisémite, et un document qui montre la fraternité. - xénophobie : On pouvait citer les documents 1, 3, 4, : 1. Résolution de la Chambre de Commerce de Belfort contre les commerçants étrangers, 10 avril 1934, Archives Départementales du Territoire de Belfort 3. (Photographie) Contre l’invasion des métèques, Grève des étudiants en médecine à Paris contre la concurrence étrangère,1935 4. Grève des étudiants en médecine à Paris contre la concurrence étrangère, 1935, Musée national de l’histoire et des cultures de l’immigration, CNHI, Paris - antisémitisme : On pouvait citer les documents 8, 15, 16, 17 8. Affiche de l’Action Française contre le Front Populaire, 1937, BDIC, Paris 15. Carte postale antisémite, vers 1936, éditée par l’organe officiel du parti fasciste de Marcel Bucard, Fonds Gérard Silvain 16. Carte postale antisémite, vers 1940, Regard, P. , Fonds Gérard Silvain 17. Carte postale antisémite, vers 1936, éditée par l’organe officiel du parti fasciste de Marcel Bucard, Fonds Gérard Silvain 7 - fraternité : On pouvait citer les documents 7, 22 ou 24 : Doc. 7 (Photographie)- Paris, Front Populaire, Délégation de Nord Africains pendant la manifestation du 14 juillet – 14 juillet 1935 Doc. 22 – Journal des « Pionniers », 1937, Archives communales d’Ivry sur Seine Doc, 24 (Photographie)- Groupe d’enfants réfugiés epagnols, accueillis à ivry sur Seine, avec les adultes qui les accompagnent. Cartels explicatifs : 1,2- La crise des années 1930 entraîne une vague xénophobe sans précédent. Ouvriers au chômage, professions libérales, commerçants, artistes menacés par la concurrence étrangère : tous accusent les immigrés d’être, par leur présence, responsables du mal. Protestations et dénonciations se multiplient. Les inquiétudes de la population trouvent un écho auprès des partis politiques, de droite mais aussi de gauche. 1,3,4 - Dans l’entre-deux-guerres, la xénophobie se nourrit de nombreuses peurs : invasion, altération de la culture française, délinquance étrangère, menace de la maladie, terrorisme. La crainte de la concurrence sur le marché de l’emploi se révèle particulièrement forte, surtout en période de chômage. 8, 15, 16, 17 - Un temps apaisé par la fraternité des tranchées, l’antisémitisme se radicalise dans les années 1930, sous l’effet de la crise économique et de l’afflux de réfugiés juifs allemands. Les juifs sont accusés de concentrer entre leurs mains les principaux leviers du pouvoir économique, politique et culturel et de miner la nation par leur esprit internationaliste. 5, 6, 7 - Sur fond de foules et de masses, les manifestations du Front populaire imposent le poing levé comme symbole de la gauche et emblème de l’antifascisme. En réunissant, dans le même geste et à travers les enfants, ouvriers français et travailleurs coloniaux, les photographes donnent une forme visuelle à l’espérance partagée de cet été 1936. 18, 19 - Entre solidarité et xénophobie, les réfugiés occupent une place centrale dans les représentations des années 1930. Les premiers temps, la détresse des antinazis ou des républicains espagnols suscite un peu de compassion. Mais les peurs mêlées de la concurrence, de l’invasion et de l’agitation politique finissent par raidir les attitudes et alimentent le rejet des « indésirables ». 20, 22, 24- Dès le début de la guerre civile, de nombreux enfants espagnols trouvent refuge en France. En juin 1937, à Ivrysur-Seine, 25 d’entre eux sont accueillis par la municipalité communiste. Parrainés par des familles, les jeunes réfugiés logent dans une salle municipale et participent aux activités locales : fêtes, colonies de vacances, manifestations militantes. En juillet 1939, après la victoire de Franco, la plupart d’entre eux sont rapatriés. 1933-1945 (Allemagne)/1940-1945 (France) A partir de 1933 en Allemagne (régime nazi) et de 1940 en France (régime de Vichy), xénophobie et racisme ne sont plus simplement des mots et des représentations, mais s’inscrivent dans les actes et dans les lois. En Allemagne d’abord, puis en France, certaines catégories de personnes – y compris de nationalité allemande ou française- sont définies par l’Etat comme « étrangères à la nation » ou « étrangères à la race », marginalisées, privées de leurs droits puis finalement exterminées. 13- Lisez les textes d’introduction consacré à la période 33/45 pour l’Allemagne et 40/45 pour la France. Pourquoi le choix de 1933 pour l’Allemagne et des 1940 pour la France pour marquer une rupture chronologique ? 1933 : Accession de Hitler au pouvoir en Allemagne et début du régime nazi 1940 : Capitulation de la France face à l’Allemagne et mise en place du régime de Vichy 14- Dans la première vitrine consacrée à l’Allemagne (sur votre droite), cherchez quelles sont les populations exclues par l’Etat nazi de la « communauté nationale » allemande. On voit dans ces vitrines des documents qui montre que Juifs et Tziganes en sont exclus. Notamment les documents 6 (lois de Nüremberg sur la protection du sang), ou 7 (article anti-tsigane paru dans le NS- Rechtsspiegel, 21 février 1939) 8 Un des documents fait référence à l’école et à l’éducation. Lequel ? Deux documents font référence à l’école : le 1 (photographie au mur) et le 10 (dans la vitrine) : 1 – (photographie) – Camp de formation pour les assistantes scolaires à Nürtingen (on y voit une jeune femme devant un tableau de classification des « races ») 10- (livre) – Die Judenfrage im Unterricht (La question juive à l’école), F. Fink, 1937 Cartels explicatifs : 1, 3, 2, 5, 4, 10 - L’idéologie nationale-socialiste, fondée sur le racisme et l’hygiène raciale, distingue les races dites « inférieures » (Slaves et juifs) et « supérieures » (les « Aryens »). Le peuple allemand, défini comme une entité biologique distincte, doit à la fois se protéger d’une déchéance génétique et se transformer, par la sélection, en un peuple « d’élite ». 6 - Sous le régime nazi, pour la première fois, les théories raciales sont concrètement mises en œuvre. En 1935, les lois de Nuremberg privent les juifs de leurs droits civiques et la « loi sur la protection du sang » leur interdit de se marier ou d’avoir des rapports sexuels avec des personnes de « sang allemand ou assimilé ». Les relations sexuelles entre juifs et non-juifs constituent un délit de « souillure raciale », passible de prison. 7- Les lois de Nuremberg placent les Tsiganes sur un pied d’égalité avec les juifs. Ils entrent dans la catégorie des « étrangers à la race ». Dans un premier temps, les Tsiganes sont recensés et examinés par des « scientifiques », avant d’être privés de leurs droits. Certains sont stérilisés, d’autres déportés vers les camps de concentration. L’État nazi souhaite « régler définitivement la question tsigane » : cette politique génocidaire provoquera la mort de 500 000 victimes. 8, 9- Une exposition itinérante, qui prétend s’appuyer sur des arguments scientifiques, présente la « perversité presque animale » du peuple juif, d’abord à Munich où elle est inaugurée en 1937, puis dans plusieurs régions du Reich. Le film Le Juif errant, sorti sur les écrans en 1940, annonce à demi-mot que la politique antijuive vise à leur extermination physique. -------------------15– Trouvez 3 documents de même nature identiques qui montrent l’exclusion des Juifs de la communauté nationale en France et en Allemagne (attention, ces documents se trouvent dans 2 vitrines différentes). Documents/objets français Documents/objets allemands 3 et 4 : Cartes d’identité française avec le 6 : Carte d’identité allemande estampillée d’un « J », 28 janvier 1939 tampon « Juive », 1940 7 : Etoile jaune française, années 40 7 : Etoile jaune allemande, 1941 10 : Autocollant antisémite portant une 5 : Autocollant antisémite portant une caricature caricature antisémite et la mention « En antisémite et la mention « Wer beim Judem kauft ist ein achetant ici, vous aidez les communistes » Volksverräter » (qui achète chez un Juif est un traître au peuple), vers 1941 Cartels explicatifs : Fra n c e : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7- Les statuts des juifs mis en place par l’État français en 1940 et 1941, le recensement obligatoire, l’internement des « ressortissants étrangers de race juive », le port de l’étoile jaune à partir de juin 1942 : ces décisions de Vichy et des nazis visent à désigner, stigmatiser, exclure, prélude à l’extermination. Elles constituent ainsi un « passage à l’acte », qui transforme les discours antisémites en violence d’État généralisée/15, 16- La loi du 23 juillet 1940, directement inspirée d’un texte nazi de 1933, permet de priver de leur nationalité française les étrangers qui l’ont obtenue depuis la réforme de 1927. Elle donne ainsi une légitimité juridique aux représentations de ces temps d’exclusion. 15 154 Français seront privés de leur nationalité, dont une majorité de juifs, qui vivent alors sous la menace accrue d’une déportation. Allem a gn e : 3, 6, 7 - Sous le IIIe Reich, les juifs sont méthodiquement privés de leurs droits. Les émigrés sont déchus de leur nationalité allemande dès 1933. À partir de 1939, les juifs allemands doivent porter une carte d’identité barrée d’un « J » et sur laquelle figure obligatoirement le prénom de « Sarah » ou d’« Israël ». En 1941, le régime contraint tous les juifs à porter l’étoile jaune. Leur exclusion de la communauté allemande devient ainsi visible aux yeux de tous. 9 1945-1970 Suite à la seconde guerre mondiale, l’Allemagne est partagée en 2 états : la République Fédérale d’Allemagne (Allemagne de l’Ouest), et la République Démocratique d’Allemagne (Allemagne de l’Est). Elle accueille beaucoup de réfugiés allemands exclus des anciens territoires orientaux. La France, elle, perd progressivement ses colonies, qui deviennent indépendantes au cours des années 50 et 60, parfois à la suite de guerres, comme la guerre d’indépendance de l’Algérie (1954-1962). A partir des années 50, la France et l’Allemagne de l’Ouest rentrent dans une période de forte croissance économique (les « Trente Glorieuses »). Elles ont recours à une forte main d’œuvre immigrée, ceux qu’on appelle les « travailleurs immigrés » en France, et les « Gastarbeiter » (« Travailleurs invités ») en Allemagne. Ces immigrés viennent à la fois de pays européens, et, pour la France, des anciennes colonies. 16- Qui était le « Millionième Gastarbeiter » ? Existe-t-il l’équivalent de ce genre de cérémonie en France à la même époque ? Le « millionième Gastarbeiter » est un Portugais, Armando Rodrigues de Sà, qu’on voit sur le doc. 15 (photographie) en train de recevoir une mobylette. Ce genre de cérémonie est propre à l’Allemagne et n’a pas d’équivalent en France. Cartel explicatif : 15- En 1964, Armando Rodrigues de Sá devient le millionième « travailleur invité » accueilli en Allemagne et reçoit une mobylette comme cadeau de bienvenue. Sa photographie, reproduite partout, deviendra une véritable icône du Gastarbeiter, dépeint comme un « privilégié » qui peut goûter à la prospérité ouest-allemande. Mais cette image passe sous silence les dures conditions de vie et les motifs qui ont amené les immigrés à quitter leur patrie. -------------------17 – Regardez l’extrait du film Elise ou la vraie vie. A l’époque que décrit ce film, quelles étaient les relations entre la France et l’Algérie ? Quelles en étaient les conséquences pour les personnes originaires d’Algérie vivant en métropole ? Ce film date de 1970, mais il se déroule pendant la Guerre d’Algérie (1954-1962). Les habitants de l’Algérie étaient alors Français, mais mais ils étaient souvent considérés en métropole comme des étrangers, et, de surcroît des ennemis – au moins potentiellement. Par conséquent, la situation pour les « immigrés algériens » (qui ne sont ni « immigrés », ni « Algériens », puisque qu’ils sont alors Français… ) en métropole était très difficile pendant cette période de la guerre d’indépendance. Cartels explicatifs : 23- En 1970, Élise ou la vraie vie, adaptation cinématographique par Michel Drach du roman de Claire Etcherelli, prix Fémina en 1967, retient l’attention du public. Cette histoire d’amour contrariée au temps de la guerre d’Algérie entre Élise, une jeune provinciale venue travailler en usine à Paris, et Arezki, un ouvrier algérien militant du FLN, illustre l’importance du racisme anti-arabe en France. 10, 11, 12, 13, 14, 15 , 16, 17- Pendant la guerre d’Algérie, les Français font de « l’Arabe » la figure de l’ennemi. La presse rend compte des violences entre militants algériens, ou entre « musulmans » et policiers, et alimente ainsi les préjugés contre l’Algérien « sanguinaire ». La tension culmine le 17 octobre 1961, avec la répression meurtrière contre une manifestation pacifique organisée par le FLN. Mais ces ratonnades policières laissent l’opinion indifférente. 10 -------------------18- Pour les émigrés, la musique est souvent un moyen de se remémorer le pays d’origine, mais aussi de partager les joies et les peines dans le pays d’immigration. Cherchez et écoutez les chansons qui en témoignent dans cette partie de l’exposition. Pour les chansons de l’immigration algérienne, quelle particularité linguistique pouvez-vous noter ? Ces chansons sont souvent bilingues, à la fois arabe ou kabyle et français. Cartels explicatifs : Fra n c e : 19, 20, 21, 22 - Les travailleurs migrants de l’après-guerre développent une culture populaire spécifique. Chez les « Nord-Africains », la chanson s’écoute dans la chambre ou les cafés. Au cours des années 1960, disques et scopitones alimentent un marché florissant. Les chanteurs, comme Slimane Azem, sont souvent d’anciens ouvriers. Ils déclinent des thèmes liés à la vie quotidienne, l’exil, le racisme, l’alcoolisme et la misère sexuelle. Allem a gn e : 5, 6, 7, 8, 10 - À partir de 1961, les « travailleurs invités » (Gastarbeiter) de Turquie arrivent en Allemagne. Ils y reconstituent leur propre univers culturel et leur vie en exil inspire nombre de musiciens et chanteurs turcs. Ces derniers, inconnus du public allemand, connaissent en revanche gloire et prospérité auprès de leurs compatriotes. 1970- 1983 (France)/1970-1990 (Allemagne) La crise économique qui éclate en 1973 provoque la fin officielle de l’immigration de travail en Allemagne comme en France. Le nombre d’étrangers accueillis diminue, mais l’immigration familiale reste importante. Parallèlement, France et Allemagne se retrouvent confrontées à la recrudescence de la xénophobie et du racisme, mais aussi à la prise de conscience et la dénonciation de ce rejet. 19- Lisez les texte d’introduction de cette partie. En ce qui concerne la France, quelle était l’image dominante des immigrés jusqu’aux années 70, et comme se transforme-t-elle à ce moment là ? Trouvez un exemple de document qui illustre cette modification. Jusqu’aux années 70, l’indifférence domine. Dans les années 70 émerge une double image de militant et de victime. Avec la crise économique reparaît l’image de l’immigré responsable du chômage (comme dans les années 1880 ou les années 1930). L’ensemble de documents sur la grève des usines Pennaroya illustre l’image du travailleur immigré militant. Cartels explicatifs : Texte de séquence 1970-83 : Les difficiles conditions de travail et de vie des travailleurs étrangers retiennent davantage l’attention des Français au cours de la décennie 1970. Les médias relaient aussi les différentes luttes sociales auxquelles les migrants participent pour plus de droits et de dignité. A l’indifférence, succède ainsi une double image de militant et de victime. Le racisme anti-arabe s’accroît aussi de manière inquiétante et alimente la rubrique des faits divers, comme en 1973 à Marseille. La crise aggrave ce rejet ordinaire. La fermeture des frontières et la politique de retour au pays que tente de mettre en place Valéry Giscard d’Estaing à partir de 1977 reflètent l’image d’une France repliée sur elle-même. Les immigrés sont désignés comme responsables du chômage, victimes d’une opinion publique frileuse qui renoue avec les argumentaires traditionnels des temps de crise. En dépit de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, le thème de la « préférence nationale » demeure populaire. Grèves Pennaroya : 1, 2, 3, 4, 5, 6 - Au début des années 1970, certains travailleurs immigrés, proches de l’extrême gauche ou des milieux antiracistes, participent au mouvement ouvrier. À Lyon, en 1971-1972, lors du conflit Pennaroya, ils dénoncent les discriminations et exigent plus de droits et surtout de dignité. Ces revendications sont parfois portées par des structures nouvelles comme le Mouvement des travailleurs arabes. 11 -------------------20- Regardez l’extrait du film Tous les autres s’appellent Ali. A quoi se heurte le héros ? Le héros se heurte au rejet et au racisme, des enfants de sa femme comme de l’épicier du quartier. Cartel explicatif : 12 - Avec Tous les autres s’appellent Ali, Rainer Werner Fassbinder aborde en 1974 pour la première fois le thème des travailleurs immigrés au cinéma. Le film raconte l’histoire d’un amour condamné entre une femme de ménage allemande et un Marocain. -------------------2121a-France : Comparez l’affiche 5 (loi contre le racisme de 1972) et la photographie n° 3. Quelle contradiction cela révèle-t-il ? La loi de 1972 condamne l’expression publique d’opinions racistes, notamment dans les media. Mais cela n’empêche pas ces opinions d’exister, et de s’afficher de manière sauvage dans l’espace public, comme ici sous la forme de graffitis sur un mur. Cartel explicatif : 3, 4, 5, 7, 10- Au cours des années 1970, la France est gagnée par un racisme ordinaire. Il s’exprime notamment par des graffitis qui fleurissent sur les murs des grandes villes. Plus graves, des actes de violence, allant jusqu’au meurtre, alimentent régulièrement la rubrique des faits divers. Les travailleurs maghrébins en sont les principales victimes, comme en 1973, lorsque Marseille est le théâtre de « ratonnades » sur fond de revanche de la guerre d’Algérie. 21b-Allemagne : Regardez les documents 21 et 22. S’agit-il de documents racistes, ou de documents condamnant le racisme ? A quel épisode de l’histoire allemande font-ils tous deux référence ? Les 2 documents 21 et 22 émanent tous les deux d’associations antiracistes. Le documents 21 est un tract sur lequel on peut lire « Türkenwitz, Judenwitz, Auschwitz ». Il s’agit d’un jeu de mots intraduisible sur « Witz », « blague » en allemand : les blagues racistes sur les turcs rappellent les blagues racistes sur les juifs, et l’antisémitisme a conduit jusqu’aux camps d’extermination (Auschwitz). Le document 22 est un tract qui présente une photographie de travailleur (en noir et blanc) sur la poitrine duquel apparaît (en couleur) une étoile aux couleurs du drapeau italien (la nationalité de beaucoup de travailleurs migrants en Allemagne dans les années 70), allusion à l’étoile jaune que devaient porter les Juifs pendant le régime nazi. Ces deux documents jouent donc sur la mémoire et la culpabilité du passé nazi de l’Allemagne pour condamner le racisme dont sont parfois victimes les travailleurs immigrés dans l’Allemagne des années 70. Cartel explicatif : 22, 23 - Les conditions de vie et de travail des ressortissants étrangers en Allemagne sont de plus en plus critiquées. Artistes, intellectuels et citoyens engagés se mobilisent en faveur des droits des immigrés et exigent que la société tout entière combatte résolument les tendances xénophobes. Ils grossissent le trait à dessein, comparant la situation actuelle des immigrés avec la persécution des juifs sous le régime nazi. 12 1983 à aujourd’hui (France)/1990 à aujourd’hui (Allemagne) Que ce soit en France ou en Allemagne, les années 80 voient l’immigration devenir de plus en plus un thème du débat politique. Certains la voient comme une chance, d’autres comme une menace. L’intégration des étrangers, comme la régulation des mouvements migratoires font débat. L’Allemagne réunifiée accueille un grand nombre de réfugiés –notamment des pays de l’est – et se pense de plus en plus comme un « pays d’immigration », notamment en révisant ses lois sur la nationalité. Les politiques d’immigration et d’asile relèvent de plus en plus de l’Union européenne, avec notamment la mise en place de contrôle strict des flux migratoires. En France comme en Allemagne, un nouveau visage de l’étranger émerge : celui du « sans-papiers ». 22 – Cherchez dans l’exposition ce à quoi correspond la date de 1983, choisie comme rupture chronologique pour la France, et celle de 1990 choisie pour l’Allemagne - 1983 en France : 1983 est en même temps l’année de la « marche pour l’égalité et contre les discriminations » (surnommée « marche des beurs » par les medias) et de la montée du Front National, parti d’extrême-droite qui développe des idées xénophobes. - 1990 en Allemagne : 1990 est l’année de la réunification de l’Allemagne après la chute du Mur de Berlin (1989). -------------------23- Quand les lois sur la nationalité ont-elles changé en Allemagne ? Ces nouvelles lois sont-elles plus proches ou plus éloignées des lois françaises que les lois précédentes ? Les lois sur la nationalité sont modifiées en Allemagne en 2000. Les nouvelles lois introduisent le droit du sol, qui permet notamment aux enfants d’immigrés nés en Allemagne d’être Allemands. Cette loi est relativement proche des lois françaises sur la nationalité (qui mixent droit du sang et droit du sol depuis 1889). Cartel explicatif : 2, 4, 5, 6- La nouvelle loi sur la nationalité allemande entre en vigueur en 2000. Le pays confirme son attachement au droit du sang (jus sanguinis) mais introduit un droit du sol (jus soli). Si leurs parents vivent depuis huit ans en Allemagne, les enfants d'immigrés obtiennent la nationalité allemande, mais ils doivent renoncer alors à toute autre nationalité. La loi facilite également la naturalisation des étrangers. -------------------24– Regardez les extraits diffusés sur les bornes video. Les revendications portées ici par des Allemands descendants d’étrangers vous semblent-elles très différentes des débats français ? L’ extrait de spectacle humoristique et le videoclip abordent tous les deux la question de l’identité de descendants d’immigrés, Allemands mais parfois considérés encore comme étrangers. Les questions soulevées ici sont très proches de ce qu’on peut vivre en France. Cartels explicatifs : 15- Kaya Yanar est un humoriste allemand d’origine turque et arabe. Il accède à la célébrité grâce à son show télévisé intitulé Qu’est-ce que tu regardes ? diffusé depuis 2001. Par son succès, Yanar a ouvert la voie à d’autres productions germano-turques à la télévision. 16 - Fondé en 1987 à Heidelberg, ce groupe fait partie des pionniers du hip-hop allemand. Ses membres sont d’origine étrangère. Leur premier album, Fremd im eigenen Land ( Étranger dans son propre pays), remporte un large succès. Leur répertoire aborde notamment la question de leur identité d’Allemands issus de l’immigration et les problèmes de discrimination qui y sont liés. 13 25- Aujourd’hui, les media parlent parfois de la « forteresse Europe ». Quel est le sens de cette expression d’après les documents que vous pouvez voir dans cette dernière vitrine ? Cartel explicatif : 1, 2, 8, 9- Les politiques d'immigration et d'asile relèvent de plus en plus de l'Union européenne. Elles tournent le dos à l'illusion de l'immigration « zéro » et cherchent, à travers la coordination des politiques nationales, à répondre aux besoins démographiques et de main-d'œuvre. L’Union européenne met par ailleurs en place des contrôles stricts des flux migratoires, qui ne vont pas sans drames humains, notamment sur les côtes méditerranéennes. Cette image réactive la menace de « l'invasion » qui traverse deux siècles d'immigration et impose dans les représentations l'idée d'une Europe « forteresse ». 14