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expérience forte. Imaginez-vous, en 2005.
C’est l’anniversaire de la libération des
camps et vous assistez au spectacle de la
compagnie de Guillaume Dujardin sur le
journal de l’écrivain et philologue allemand
Victor Klemperer. Il vous raconte comment le
nazisme s’est introduit dans la langue avant
de s’introduire dans les esprits et comment il
a touché d’abord les intellectuels pour se
répandre ensuite à tout un pays. Vous êtes
là, dans une cave qui a servi à stocker du
matériel pendant la guerre, qui fut un lieu de
résistance, où des personnes se sont
cachées. Et vous entendez le texte.
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« Même en-deçà d’un tel contexte,
descendre sous terre crée d’emblée un
climat favorable à l’écoute » déclare Raphaël
Patout. C’est pour cela que le festival
continue d’investir les caves. Des caves de
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— © Raphaël Patout
particuliers, de commerçants ou d’institutions. Et le metteur en scène d’ajouter : « L’une des plus illustres que nous
ayons investies fut la cave de la préfecture de Besançon. A Lyon aussi, nous avons joué dans des caves utilisées par la
résistance et par Jean Moulin ».
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Intimiste
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Autre spécificité du festival, la jauge est très petite. « La charte du
festival impose en effet de ne pas dépasser quarante spectateurs pour
garantir l’intimité. A titre d’exemple, la moyenne à Besançon, c’est
trente personnes par représentation ». Le metteur en scène Chantal
Morel, directrice du Petit 38 à Grenoble, nous confie : « c’est une
expérience tout à fait spéciale, une espèce de contrat avec le public
sur un partage d’intimité.
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Il faut accepter, par exemple, que son ventre fasse plein de bruits. Tout
d’un coup, le spectateur redevient un organisme vivant. Il n’est plus
complètement passif comme il peut l’être au moins dans la perception,
dans les grandes salles où le public est noyé dans une espèce de
chiffre indéfini. La singularité devient possible. C’est presque un
rapport personnel avec chaque spectateur. Ça, c’est une composante
très forte du festival de caves. »
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Mystérieux
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Le lieu des spectacles est aussi tenu secret pour favoriser une certaine
concentration, déjouer les habitudes, prendre le spectateur par surprise et ménager
un certain mystère. « La petite marche qu’il y a entre la billetterie et le lieu de la
représentation est toujours l’occasion pour le spectateur de se mettre en condition
d’écoute » précise Raphaël Patout.
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— © Joël Kermabon
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Essentiellement des créations
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A l’exception de “La mémoire d’une robe rouge” qui est un