Une organisation - Société Bioprogressive Ricketts

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Orthophile 30 • Mai 2013
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Parce qu’il constatait l’instabilité des traitements,
le Dr Daniel Rollet s’est tourné vers les préceptes
de Robert M. Ricketts et Carl Gugino pour une
prise en charge holistique du patient : orthodontie
mécanique et éducation fonctionnelle se complètent
dans une organisation originale de son cabinet
situé à Pontarlier dans l’Est de la France.
Dr Daniel Rollet, Pontarlier (25)
Une organisation
pour une orthodontie
mécanique et interceptive
Par Claudie VALLOS - Photos Samuel CARNOVALI
Notre cabinet du mois, le seul cabinet
dorthodontie à Pontarlier dans le
Haut-Doubs à lépoque de sa créa-
tion en 1982, pourrait bien concou-
rir parmi les cabinets les plus origi-
naux de France, si une telle distinction existait.
Dissimulé sous la terre et les espaces de verdure
dun ensemble de trois bâtiments dhabitation,
il baigne astucieusement dans la lumière qui
y pénètre par des dômes de verre en forme de
pyramide, lumière subtilement renvoyée par un
jeu de miroirs savamment positionnés. « À mon
installation en 1982, raconte le Dr Daniel Rol-
let, javais dabord racheté une surface de 120m2
à larchitecte maître d’œuvre de lensemble rési-
dentiel ; puis, jai eu lopportunité dacquérir une
surface mitoyenne occupée par un cabinet dassu-
rance pour agrandir en 1991 et jai renouvelé cette
opération en achetant le dernier module, une té-
léboutique, en 1993. Cette année-là, jai enn créé
une structure (une véranda) qui fait le lien entre
ces trois unités : le cabinet sétend aujourdhui sur
200 m2. » Laccès du cabinet se fait en rez-de-
chaussée par deux entrées possibles, il bénécie
dun jardin avec une rampe d’accès pour les per-
sonnes à mobilité réduite.
Docteur Daniel Rollet
1978 : n de dentaire
1981 : entrée au Cecsmo
1982 : installation à Pontarlier
1991 & 1993 : agrandissements
du cabinet
Mini bio
///////////////
• Lieu : Pontarlier (Doubs)
Ouverture du cabinet :
- lundi et jeudi : 9 à 12 heures / 13h30 à 18h30
(ouverture du secrétariat uniquement,
pas de consultation clinique)
- mardi : 9 à 12 heures / 13h30 à 18h30
- mercredi : 8h30 à 12h30 / 13h30 à 17h30
- vendredi : 8h30 à 12 heures / 14 à 19 heures
- samedi : 8h30 à 14 heures
Fermeture du cabinet :
semaine entre Noël et jour de l’an,
une semaine en février (vacances de neige)
Fiche signalétique
Docteur Daniel ROLLET
et du 15 juillet au 15 août.
Site Internet :
selarl-dr-rollet-daniel.chirurgiens-dentistes.fr
Fauteuils :
6, tous dédiés à une fonction précise
Patientèle en traitement interceptif :
700 enfants
Nombre de patients actifs:
450 avec bagues dont 15 % d’adultes
• Taux d’acceptation des devis : 98 %
Prestations :
- adultes : multiattache céramique, gouttières
invisibles, gouttières pour ATM,
gouttières fonctionnelles,
gouttières d’élasto-positionnement
- enfants : gouttières fonctionnelles,
multiattache métallique ou céramique,
gouttières d’élasto-positionnement
Tarifs :
interceptif : 470 €/semestre
multiattache métallique : 620 €/semestre
multiattache céramique : 720 €/semestre
gouttières invisibles : 5 500 €
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Pas de jeux vidéo
(«abrutissants »)
dans la salle d’attente,
mais de la lecture :
revues, bandes
dessinées…
… une rampe d’accès a
été installée et un écran
diuse des spots
sur les implants,
les facettes, l'éducation
fonctionnelle.
Des débuts en quête
d’une méthode
Notre praticien du mois est spécialiste qualié
en orthopédie dento-faciale issu de la deuxième
promotion du Cecsmo de Strasbourg, en 1985.
« J’ai exercé trois ans sans la spéciali; je rejoi-
gnais la capitale alsacienne deux fois par semaine
an de me rendre à la formation du Cecsmo. À
Strasbourg, nous avons eu la chance de bénécier
des enseignements de Ricketts, Begg et Burstone,
mais notre formation était assez diversiée. » Le
Dr Daniel Rollet estime les résultats de ses cas
satisfaisants pourtant leur évolution l’inter-
pelle… Il en conclut que lalignement dentaire
nexiste pas ! « Même si lon pose un l de conten-
tion collé, les forces musculaires vont faire évoluer
locclusion. Il faut travailler sur lensemble de la
face pour une meilleure stabilité. » Daniel Rol-
let pratique un exercice qui prend en compte
lenvironnement global de ses patients, il a une
approche holistique, orthodontique et médicale
et ce, quel que soit lâge du patient. Son exer-
cice orthodontique est classique avec des traite-
ments multiattaches (pose de brackets et collage
direct, gouttières invisibles, traitements inter-
UNE ÉDUCATION DE SANTÉ PUBLIQUE
Problèmes de mastication avec une alimentation
de plus en plus molle (voir Orthophile n°23,
le développement facial du très jeune enfant ;
entretien avec le Pr Limme, p. 88), problèmes
de respiration, succion digitale, hypersalivation,
posture déviée, problèmes d’hypopnée, voire
d’apnées… ce sont les critères de cette éducation
fonctionnelle. La prise en charge fonctionnelle
d’un jeune enfant est une activité chronophage
du cabinet. « Le fonctionnel, c’est éduquer le patient
en prenant en compte son développement
psycho-physiologique. Dans l’approche médicale
et orthodontique de nos jeunes patients,
nous travaillons toujours en essayant de mettre
en application les conseils psychologiques prônés
dans les travaux et ouvrages du Dr Marc-Gérald
Choukroun (spécialiste ODF, maîtrise
en psychologie). » Poser des questions ouvertes
pour faire parler l’enfant, pour susciter son
intérêt, sa découverte. Éviter surtout les réexions
moralisatrices et parfois trop « cassantes ».
ÉDUCATION FONCTIONNELLE
ceptifs, traitements de ladulte et traitements
chirurgico-orthodontiques). Il est également
membre du conseil de lOrdre au niveau dépar-
temental et régional ; il est expert près la cour
dappel de Besançon.
La découverte de l’interception
« En 1988, lAméricain Carl Gugino est arrivé en
France pour diuser son approche interceptive
plus “so ; jai suivi cette formation et je me suis
rapproché de la société scientique Bioprogressive
de l’Est (jen suis le président national). J’ai décidé
de travailler dans cette direction à partir de 1993
(jai réellement systématisé les choses en 1994) en
considérant l’environnement des dents, leur posi-
tion, les forces quelles reçoivent, les dysfonctions
du patient pour laisser une chance à la nature de
travailler. Toute dysmorphose a un degré de dys-
fonction et corriger la première sans tenir compte
de la seconde aboutit à un risque d’instabilité.
Mon but est de corriger la dysfonction comme
la dysmorphose avec un appareillage adapté qui
va créer un couloir dentaire libre dans lequel les
dents pourront évoluer sans contraintes. »
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Six assistantes pour un praticien
Le Dr Rollet a été coaché par Ken Alexander
pour lorganisation de son équipe. Pour une
bonne prise en charge du patient, il sentoure
de plusieurs assistantes : elles sont six, toutes
assistantes dentaires qualiées (formation
CNQAOS) à intervenir sur diérents postes
dont la réception et le secrétariat, le fauteuil de
consultation, la communication, l’imagerie, la
stérilisation, la radiologie, le laboratoire ou, en-
core, la comptabilité du cabinet. Une assistante
coordinatrice veille à la bonne organisation et
réalisation de la tâche des cinq autres. Le but de
toute léquipe soignante est d’être centrée sur le
patient pour une prise en charge complète. Des
réunions régulières permettent daméliorer le
fonctionnement du cabinet : des procédures
écrites en découlent pour une meilleure circula-
tion de l’information au sein du personnel.
Depuis que le Dr Rollet sest investi dans les trai-
tements interceptifs, une réorganisation du tra-
vail de léquipe a été nécessaire. « Cette activité
est ts chronophage. Elle va exiger du temps pour
les explications et la bonne compréhension de len-
fant. Il faut instaurer une situation de conance
pour obtenir son adhésion. Mes assistantes, et plus
particulièrement ma coordinatrice, participent à
cette prise en charge car il sagit de communica-
tion et de motivation, je ne délègue donc pas de
travail en bouche », nous précise notre praticien
du mois.
Autour de la véranda
C’est au centre du cabinet que se trouvent lac-
cueil et deux salles dattente. De là, on accède à
lespace radio, aux salles de soins, au poste photo
(« chaque étape importante du traitement, quel
qu’il soit, est photographié »)… « Le cabinet
Une équipe d’assistantes polyvalentes
Bien que toutes polyvalentes, chaque assistante est dédiée
à un rôle précis au cabinet.
Adeline (entrée en 2010) travaille au fauteuil (quatre mains),
elle s’occupe de la stérilisation et de la gestion des stocks.
Brigitte (entrée en 1999) se partage entre la réception (accueil
patients, téléphone, prise de rendez-vous, secrétariat) et le poste radiologie.
Christine (entrée en 1986) gère toutes les prises et le classement des photographies.
Nathalie (entrée en 2000) est responsable de la réception.
Sophie (entrée en 1998) travaille au fauteuil (quatre mains),
elle est également aide-comptable.
Véronique (entrée en 1988) est la coordinatrice de l’équipe soignante.
Elle est également chargée de la communication :
« C’est une véritable auxiliaire de santé…»
« L’inconvénient
de l’éducation
fonctionnelle,
c’est qu’elle nécessite
une réelle motivation :
c’est la prise
de conscience de l’enfant
et des parents
qui permet d’obtenir
de bons résultats. »
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Portrait Cabinet du mois
possède six fauteuils : un dédié aux adultes ;
un, à lappareillage multiattache, séances dacti-
vation, gestion des casses et contention ; un, pour
les premiers rendez-vous et bilans de n de trai-
tement multiattache ; un, pour les empreintes
(notamment pour le montage sur articulateur) ;
un, pour la prise de photos qui nous garantit des
conditions déclairage toujours identiques. » Un
scénario par type de rendez-vous permet au Dr
Rollet et à ses assistantes de savoir qui va inter-
venir, où et sur quelle durée. Il permet aussi
de gérer le ux des patients dans le cabinet et
dorgniser le planning. « Nous avons adopté un
système informatique permettant une circulation
de l’information avec des ordinateurs en réseau.
Une borne informatique se trouve dans la salle
dattente an que chaque patient puisse sy ins-
crire à son arrivée an den informer léquipe. »
Une patientèle d’enfants
et d’adultes
« Quand je vois mon patient jeune, je corrige si
besoin les problèmes fonctionnels en amont. Ain-
si, je prote de sa croissance et évite que sa défor-
mation dentaire ne saggrave. Parfois, un seul se-
mestre déducation est nécessaire. Il existe six types
dappareils interceptifs (appelés gouttières) par
tranche dâge (3-8 ans et 8-11 ans). » Sur 100 %
de ces patients, 80 % sont concluants, les 20 %
déchec sont ceux qui nont pas coopéré. « Sur
les 80 % de réussite, 30 % auront réalisé leur
Un principe de consultation
pour les petits
« Quand un enfant vient pour la première fois
au cabinet, il est accueilli avec ses parents par Nathalie,
ma responsable réception. Il est ensuite pris en charge
en salle de radiographies (pour deux clichés : téléprol
et panoramique), puis c’est Christine qui réalisera
les photos intra-buccales, de posture et de visage.
Ce protocole est systématique et indispensable
pour mon examen clinique. » L’enfant est alors installé
au fauteuil dédié aux premières consultations, espace
fermé ; le parent accompagnant est systématiquement
installé avec son enfant en salle de soins. Le motif
de la consultation, du ou des parents, peut être très
divers (problème esthétique, succion digitale, problème
d’éruption dentaire…) Le jeu des questions ouvertes
commence, ce qui permet au praticien de cerner
le désir des parents, mais également de son patient,
ainsi que sa motivation ou ses réticences : il pourra
ainsi «orienter » son discours et ses explications.
« S’il s’avère qu’un traitement interceptif est nécessaire,
il faudra investir toute la famille dans ce nouveau
traitement orthodontique. L’enfant, à qui nous imposons
de nouvelles contraintes, doit se sentir soutenu… » Le
praticien pourra, dans le cas d’un patient suçant un
doigt, par exemple, montrer les conséquences dentaires
de cette succion. Il faut parler de la nécessité
de l’arrêter pour le bon développement de l’enfant et,
bien sûr, que l’enfant soit susamment mature et prêt :
le patient doit être acteur de son traitement. Il faudra
expliquer, motiver et, pour ce faire, s’aider de supports
visuels et écrits an de montrer des cas de déformation
similaire. Une clé USB lui sera remise intégrant
ses photographies, ses clichés radiographiques,
ses exercices, avec une réactualisation à chaque visite.
« La répétition des informations est primordiale pour
la bonne assimilation et compréhension du patient. De
ce fait, après mon examen clinique et la pose du dispositif,
Véronique, ma coordinatrice, reprendra l’ensemble
des explications (mise en place de la gouttière, déglutition,
fréquences de port, exercices, entretien) avec le patient
(…) Il faut demander un port diurne et nocturne le plus
régulier possible et prévenir que quelques semaines seront
nécessaires à une bonne adaptation du nouvel appareil :
l’entraînement peut se comparer à celui d’un sportif (…)
Je ne prends jamais d’empreintes parce qu’elles ne me sont
pas indispensables pour l’éducation fonctionnelle. De plus,
je ne voudrais pas erayer mes jeunes patients... »
Ce type de traitement ne nécessite pas une fréquence
de rendez-vous trop rapprochés (tous les 3 et 6 mois),
mais des appels téléphoniques permettent de s’assurer
de la bonne coopération de l’enfant.
Véronique,
coordinatrice
de l’équipe
soignante,
est chargée de
la communication
du cabinet,
des explications
de traitement :
elle doit vérier
que l’enfant a bien
intégré l’exécution
de ses exercices
d’éducation
fonctionnelle,
c’est une véritable
auxiliaire de santé.
Au sens médico-légal, ne pas
faire de traitement interceptif
fonctionnel est une perte
de chance pour les enfants
« Je suis partisan
de travailler
en collaboration
avec des ORL,
kinésithérapeutes,
ostéopathes
et orthophonistes
pour une aide
au diagnostic et
une prise en charge
pluridisciplinaire
du patient quand
cela est nécessaire. »
Dr Rollet
Portrait Cabinet du mois
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traitement en éducation fonctionnelle seule.
Pour les 50 % restants, les patients porteront des
dispositifs xes (métalliques ou céramiques) pour
une durée de deux semestres au maximum. »
Chez le Dr Rollet, pour les adultes aussi,
léducation fonctionnelle est fondamentale dans
son travail sur lensemble de la face : « Chez les
adultes, il ny a plus de croissance : il faut suppri-
mer les contraintes de la mandibule et déverrouil-
ler les articulations temporo-mandibulaires an
de retrouver une fonction correcte et corriger la
posture linguale. Je peux associer le port de gout-
tière au multiattache avec des forces légères et
continues. »
Pour lensemble de la patientèle, la contention se
fait avec des gouttières délasto-positionnement
après montage sur articulateur. « Quand jai
débagué mon patient, je peux agir avec l’élasto-
nisseur en resserrant les espaces résiduels de 2 à
3 mm, cest une contention active. Cette gouttière
moulée en polyvinyle siliconé est un matériau
so très précis. La gouttière et sa maquette sont
remises systématiquement au patient. C’est un
appareil de maintenance et de référence pour la
stabilité de l’occlusion. »
Le cabinet compte 450 cas de patients dits
« actifs » avec multiattache dont 15 % sont
des adultes ; 700 patients sont en traitement
interceptif.
L’avenir et les développements
Aux débuts de léducation fonctionnelle, les trai-
tements étaient réalisés au moyen d’appareils
rigides ; aujourd’hui, le marché propose des dis-
positifs so confortables et bien tolérés par les
patients, une avancée notable surtout pour les
plus jeunes. « Avec diérents groupes de recherche
(australien Myofunctionnal Research du Dr Chris
Farrell, de lécole nlandaise avec la société RMO),
jai eu la chance de pouvoir développer les pre-
mières gouttières souples. J'étends aujourdhui la
gamme EfLine d’Orthoplus, produits plus orientés
et franco-français – ce qui est important de nos
jours… J’enseigne ce concept lors de conférences
et de cours (de nombreux praticiens sensibles au
bon développement fonctionnel de leur patients y
ont déjà assisté…). » Le Dr Daniel Rollet nentre-
voit pas encore le moment de se retirer et songe
plutôt à former quelqu’un avec qui il pourrait
sassocier. En attendant, il s’investit pour la dif-
fusion des préceptes de la société Bioprogressive
et de léducation fonctionnelle dans le monde
an de développer la recherche et travailler sur
les améliorations à apporter.
« Avec l’internat,
le paysage orthodontique
risque d’évoluer. Le plein
temps pour les étudiants
comme les enseignants
nécessitera de réunir un
maximum d’universitaires,
de sociétés scientiques…
pour une formation
élargie au niveau
technique, mécanique
et médicale. Il faudra
former susamment
de spécialistes, sinon
notre spécialité risque de
disparaître. » Dr Rollet
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