Annuaire
de
l'Afrique
du
Non:!
Tome
XXVII,
1988
Editions
du
CNRS
SCIENCES
SOCIALES
ET
ISLAM
TRANSPLANTE
:
CONCEPTS
ET
METHODES
,
QUESTIONS
A
PARTIR
D'EXPERIENCE
DE
RECHERCHE
Fe
li
ce
D
ASSE'ITO
et
Al
be
rt
B
ASTENlE
R
1. INNOVATION SOCIALE ET DISCOURS
SC
I
ENTH~
I
QUES
:
PAYSAGE
ET STRATEGIES
Comme
au
s
ujet
de
tout
champ
social, les disco
urs
et les
locuteurs
qui
parlent
de l'Isl
am
transplanté
sont
multiple
s.
Et
en
raison
de
l'entrée
récente
de
l'Isl
am
sur
la scène des sociétés européenne
s,
comme
deva
nt
tout
phéno
-
mène
d'innovation soci
ale
, les discours
sont
en
construction.
Les
discipli
nes
et
les
institutions
scientifiques qui
balisent
traditionne
ll
ement
le
champ
so-
cial,
essaie
nt d'inclure ce nouvel ob
jet
dans
leur
discours
tout
en
essayant
en
même
temps
d'imposer
leur
discours
sur
la scène sociale comme le plus
gitime ou
tout
au moins le plus
pertinent.
Bien en
te
n
du
cette
guerre
des
concep
ts
ct
des
approch
es
mais
aussi
des
institutions,
est
présente
à tout
moment
de la
prat
ique scientifique. Mais elle
est
d'autant
p
lus
évidente
quand
il
s'
agit
d'un
objet de recherche et
de
pratiques
discursives nouvelles.
Elle
est
conduite
avec
d'autant
plus de
vigueur
que
la
question
de l'Is-
lam
transplanté
apparaît
comme un fait social nouveau, qui, de ce fait,
est
source de
~
problèmc
"
pour
la société qui
essaie
de
donner
du
sens
à
cette
réalité
et
qui,
éventuellement,
pose des
demande
s de
sens
au
monde
scien-
tifique. Celui-ci
est
alors
investi d'
une
légitimité sociale
relativemen
t
rare
dan
s le monde
des
sciences
humaines.
De cc
combat
surgi
sse
nt
des
conditions de production
quelque
peu par-
ticuli
ères
qu'il
n'est
pas
inutile
de
so
uligner.
Tout d'abord il s'agi
rait
d'expliciter qui,
dan
s
la
société, pose
cette
de-
mande
de sens.
Manifestemen
t elle
vient
avant
tou
t de la société non-mu-
su
lmane
ct,
en
bi
en
moi
ndre
mesure,
des
jeunes
de
l'environnement
musulman,
ces
dernier
s
étant
plutôt
dc.;]
andeurs
d'
une
connaissance
géné-
rrue de l'Islam. L'Islam
transplanté
pose problème
aux
Européens-de-souche;
il
ne
po
se
pas
(o
u p
as
encore) problème
aux
musulmans
.
Tout
se
pas
se comme
si
la
perception de l'innovation sociale
qu'est
la
transplantation
de l'Islam,
n
tait
pas
perçue
comme
problémat
ique, c'est-à-dire comme
me
tta
nt
en crise
les
structures
de
sens,
par
le
s
musulman
s
(1
).
(1
) Ce qui
pourrnit
être
oohêrent
, ...
~'C
la fonnc
contempomine
et
dominante
de
l'action sociale
il
référenoo isl
ami
que
74
F.
DASSE:ITO
"t
A BISfENŒR
Toujo
ur
s est-il
que
les
scientifiques
-
et
on
parle
ici
su
rtou
t
de
s scien-
Lifiques non-mus
ulmans
qui
œuvrent
en
Europe
,
dont
le disoours
est
a
ujour
-
d'hui s
tatistiquement.
majoritaire
ct
dont
la
légitintité
est
dominante
-
tendent
à
répondr
e
aux
que
stions
de
la
société occidentale face à l'Is
lam
trans
plant
é.
Ou
plutôt
à ces
parties
de la société qui s'i
nterrogent
avec in-
quiétude au sujet. de cette nouvelle présence. En Belgique des questions ont
surgi
avant
tout
et
sont
posées avec
insistance
par
les milieux
in
st
itutionn
els
de la l
ci
(2
).
Elles
ont
relayé
ct
fait
rebondir
d'autre
s
que
stions
autour
du caraclère intégrable des musulmans (3).
Par
ailleurs, pris au
jeu
de
la
guerre
autour du sens, les scientifiques
te
nd
ent
avant
tout
à "
parler
de
~
l'I
slam.
En
réifiant
qu
e
lque
peu le
ur
disc
ours
et
en
o
ubliant
que
leur
discipl
ine
ne
peut
fournir
que
des
modèles
int
e
rpr
é-
tat
ifs. Poussés
pa
r la
demande
de
sens,
dont
la réponse,
ou
mieux le fait
même
de
savo
ir
fournir
une
réponse,
met
en
jeu
leur
légitimité, ils
tendent
à
laisser
dan
s l'o
mbre
les
présupposés
philosophiques s
ous-jacent
s à l
eurs
discours, ils
évitent
d'expUciter le
champ
balisé
par
l'approche, les m
éthodes
et
les concepts mis
en
œuvre
et
occultent
plus
que
d'habitude
les
incertitudes
méthodologiques
ct
conceptuelles.
A)
A PROPOS DE QUELQUES
PRESlWPOSES
Pour
amorcer
l'explication
des
positions scientifiques rem:ontr
ées,
L'O
mmenç
ons
par
t
es
présupposés
sous-jacents
aux
di
sco
Ul"S
s
ur
t'lslmn pro-
venant
des milieux non-
musulmans.
Comme
nous le disions, ces
pré
s
upp
osés
scmb
l
enL
d'aut~lIlt
plus
pr
ése
nt
s qu'il
s'
n[
:,';t
d'une
confrontation
avec
un
fait
social perçu comme problème social, c'est-à-dire
devenu
e
njeu
ù plu
sie
ur
s
niveaux
et
objet
de
s
traté
g
ies
sociales
de
[égitimationli[légitimation (4).
A l'observation ces présupposés
se
mblent
pouvoir
être
classés à
un
dou-
ble niveau. A un
premier
niveau
on y
mettrait
toute
[a g
amme
de
variati
ons
qu
i vont
du
positif
au
g
atif
autour
du
double
rapport:
religion-soci
été,
précise
éventue
llement
sous l'angle
du
rapport
religion-classes
populaire
s
d'wu
!
part
et
rcli
!,>1o
n-Etat
d'autre
part
. A
l'autre
niveau
on
pourrait
cl
asser
(2)
Con""c
I,~
.C
...
ntre d·"ctioo
lo
,que
•.
V
oi
r à
cr:
sujet
la première partie de A. B
....
sn:.~I~R
.::t
F
1)
.Wl'
:1'1'\>
, ,Ift'dm u
akoo~
Crm{rrmtations
ou/our
d'
une maru/esla/ion, Louvain-la-Neuve, Ciaoo.
19S7 (3)
Cequi
aboutit
dans
la nouvelle
loi
belgcsurle
cooc de
la
nationalité0984Jpromulj,'Ué.::
l',,r
le
go""em~01e,,t
de ccntre-droil
il
illtrodui~e
le
critll~e
de .1'intl'b'1""tion., comme pré"l"hle
li
toute o"turaHS;)tlon. L'lnt4;mtion
est
établi.::
li
)"
suite
d
'une
.::nqu~te
C<lnfi6c
~
)" police locale.
Il
y
aurait
une
~tude
à ""ndu
ir.;.
au
sujet
d
~'S
pmÜ'tUCS
ct
criLère$
d'e t>qu~te,
b:ni)es, fichus
et
djcllab:,
sont
vel"$é$
""rdcs
pohci.::,.,;
chnrgés d·un.::
tâche
impoosibl.::dnns
le
tonn<:nud.::1"
"on-
intégr"tion.
Su
r
lu
sip,ification.::[
le
contex
te
",ir
E
DA.
«SI-:r-ro,
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sib
il
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dans
l'.::spnce
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F
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Inm'
ij;roliOl's
ct nQIIV«Jur
pl~rQh<mcs
.
Une
CI}IIfN)/I
.
tUIl"" de SOCIi'to!S, Bruxcllesll'nris.
Oc
Boek/Ed.
Uni"~rsi\J]ircs,
1990
(01
) Da
l\li
la
mi~e
c"
œuvre de ces stratéj,';
es
I~$
O1Mias
jouent
un
rôle
déterminant
Nous
avoIIS
pu robsc
....
·c~
d'abord lors de la
man
ifestation d'avril 86 oontre
le
bombnrdC01ent nméric"i"
en Libye (voir notre
ouvra/.:.::
M
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lJ nkoor, 1987).
No\>.'!
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lo
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rn~sussi":,t
du dircct.<:ur du Centre i81"miquc de Brux.::llcs,.::n
mars
19
89
D"'lsœdo::rnie
r
cas.I'::8mroi"s
-
enpn
rti
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s
co
s
ibk
'Sn
uxcritique
sq
ue nous leUT"drcssions
dans
notreouvmJ.:cpri..::édent, mais nu.;si
dans
un clin
,m
politi'lu.::différcnt - o
nt
joué un
rÔI.::rlc
rcl"ü\'c
neutr"lis"tion
ct
ohJ~-.:tivation
de I·é"én.::ment
75
J'ensemble des hypothèses plus ou moins exp
li
citées relatives au
devenir
pos-
sible de l'Isl
am
tr
ansplanté.
Quant
au
premier
niveau,
il
apparaît
que l'
attit
u
de
spon
tanée
déve-
loppée
jusq
u
pr
ésent
co
nsi
ste
à
appliq
uer à l'I
sla
m
transplanté
Jos conclu-
s
ions
auxquelles
chaque
soc:..iété
et
chaque
individu
sont
arrivés,
dans
la
sol
ution
du
rapport
religion/société
ou
Eta
t,
dans
leur
expérienc
e
historique
"a
nté-islami
q ue
~.
Qu
ant
au
rapport
re
li
gion/Etat,
la
solution
exista
n
te
dans
chaque
pays
semble
te
ll
ement
évidente
et
"natu
r
elle~,
q
u'
on rend à
la
penser
c
omme
la
seule
légitime
ou
tout
au
moins
la
plus
satisfaisante.
Au
point
que, à
l'heure
actuelle, il
serait
p
eu
imagin
able
de
penser,
au
plan
européen,
unc
hypothèS(! de position commune
quant
au
rapport
ent
re Islam et
Eta
t (5
).
Sw'
le pl
an
des
recherches il y
aurait
ava
n
tage
à
procéder
à
des
analyses
com
paratives
soignées en
tre
SociétéslEtats
pour
comprendre
la
ra
i
son
d'être
de
ces
formulations
différ
entes.
Da
ns
une
première
ap
proximation
il
n
ous
semble
qu'un
cli
vage
important
serait
à faire
entre
les société/n
atio
n
slEtats
à
plural
i
sme
religieux consoli
(
nord-européennes
)
ct
celles mono-religieu
ses
(latines)
(6
).
En
ce qui concerne le rappol1. religion-soc
iét
é/
classes
populaires
on
peut
ob
se
rver
des
variations
consid
érables
entre
une
lecture
qui
provient
des
mi-
lieux
chrétiens,
ou
une
lecture
à la
maniè
re
gramsc
i
enne
de
ce
rapport
,
ou
encore celle
provenant
de
la
traditio
n libérale-sociale-démocr
ate.
La
première,
sensible
aux
aspects
de
spirit
ualité
mais
aussi,
dans
les
hiérarchies,
sensible
aux
connexions possibles
entre
religions
ou
à des
st
r
atégies
..
vatieanes~
vis-
à-vis
de
l'I
slam;
la
deuxième
tr
aitant
la relil,'Ïon
comme
fait
de
domination
tout
en
étant
pal1.ie
de
la vision
du
monde
propre
aux
classes
populaire
s
et
la
trois
i
ème
mettant
l'Islam
et
toute
la
religion
dans
l'ordre
de
l'
aliénation
ou
de
la
réaction conservatrice.
En
ce qui
concerne
enfin
la
vision d'avenir, plus
ou
moins
exp
li
citement,
les
discours
scientifiques
s
ur
l'I
slam
transplanté
ont
la
curieuse
tendance
à
devenir
de
s
discours
de
su
b
stit
ution;
co
m
me
si
les
scie
ntifiques
-
en
parti-
culier
non
mu
s
ulmans
-,
en
se
faisant
les
porte-paroles
dûs
inquiétude
s gé-
nérales,
souhaitaient
propo
se
r
aux
musulmans
de
s lignûs
de
conduite
et
de
s
orie
ntations
dans
un
mélangû
disco
ur
s
analytique
et
normatif,
voire
qua-
si
-t
héolol,'Ïque.
Il
ne
se
rait
peut-être
pas
inui
ile
de
réfléchir à la
signification
de
œs
discours. A cel1.ains
égards
œux-ci
se
mblent
avoir
cel1.aines
analogies
avec
les
parad
i
gmes
de
la sociolol,'Ïe
du
déve
loppement
(7).
On
voit
apparaître
alors
un
modèle
d'in
sp
iration
st
ructuro
-fo
ncti
onnaliste
qui conçoit le déve-
loppement
comme
un proc
ess
us
de
transition
entre
une
soci
été
traditionnell
e
(c
ommunautaire,
aux
rôles diffu
s,
à so
lidarit
é
mécanique,
avec
un
modèle
{Sl
Ce qui ne
~era
va~
~nnS
questions
;nl<Îrc~;;.:"'lcs
il
rnvenir
dnns ln meSure
les
po-
pul,~tions
musulmnnes d·i':uro]le so
nt
(encorc
?)pcu
nntionalisées
et
tcndentalol"S il
transrérerdcs
dynnmiquesrc,·endicativcsd·unespnccil
un aUlre,alol"SquelC!yjs·iI-yj
$occidcnuIŒlatou$ociété)
tend
il
avoir
de
~
répon
ses
nntionales
(6)
Ce
n'e
st
"" idenunent qu·une hypothè
se
qu·il fa
udrait
approfondir, en
comparant
aussi
nu monde sl:we
ct
des chrétiens orthodoxes.
(7)
Inspiré
de
G.
BAJ
o
n-.
/..e8
c;,:plica/ùms
socioiOfJù/
ucs ,/,: r;",jgo./
dé~ci<'ppc",e"l
des
socUJ/és
humaines, UCL. lnst. sup. de philosophie.Problémntiques interdisciplino.irc
s.j
uiHct 1987.
76 F. OASSE.TrOctA BASrENIER
cul
tur
el religieux
..
) vers
une
société
moderne
(soc
tair
e, à solid
arité
orga-
nique,
av
ec
une
spécification de rôles
et
un
modèle
culturel
scicntifioo-le-
chnologique).
Dans
cc contexte on
te
nd à
attribuer
Wl
rôle clé à
un
e
élite
mode
rnisatrice,
le
plus souvent
étatique;
on évoquera alors dans
le
cas qui
nous occu
pe
, un
Islam
qui
~
n
'
c
st
p
as
en
co
r
et
on
soulignera
le rôle
d'WlC
autorité
..
islamique
bel
ge»
ou
,<
française
~
dans
cc devenir.
Dans
un
c
app
roche plus
~inte ract
i
onnistc
~
on
considérera
plu
tôt
que
la moderrusation résultera des élites privées modernisatrices, souvent iden-
tifiées à la deuxième nération,
sup
posée porteuse de ce
tte
modernité dans
laquelle
clic
est
présumée
être
éduq
uée. L'approche
marxi
ste,
quant
à elle,
d'une
part
lira
J'
I
slam
co
m
me
phé
n
omène
d'ali
énation
mais,
d'autr
e
part
.
pourr
a
ana
lyser
de
ma
ni
ère
gramscienne
le rôle de
la
religion
en
distinguant
e
ntr
e
la
vi
sion
du
mon
de
du
~
peuple
musu
lm
an
,.
et
l'emprise
et
les
alliance
s
de classe d
es
or
ga
nisat
i
ons
isl
amiques
attestées.
Enfin l'approche
act
ion
na·
liste pourrait, si elle s'occ
upait
de
la
question,
sans
s'i
nterro
ger s
ur
la
mo-
dernité
de
l'Is
lam
,
analyser
d'abord
sa
capacité mobili
sat
rice
au
sein
et
au
départ
de la société civile.
Le
constTuctivisme enfin,
pourrait
neutral
i
se
r
ses
atte
n
tes,
dans
un
«w
ai
t
and
see
* confortable.
J
usqu'à
présent
ces
pré
supposés
venus
d'ailleurs
ont
été
(les trois
pre·
mier
s s
urt
o
ut
,
parmi
ceux
que
l'on
vient
d
'énu
m
érer
)
vigoureusement
sous-
jacents
à l'
analyse
de
l'Is
lam
européen
et
ont
été
utilisé
s
pour
formuler
de
s
hypothèses
relatives à son
devenir
possi
bl
e
ou
so
uhaitabl
e. Et ce, proba-
bleme
nt
en
absence
d'un
paradigme
capable
de
formu
ler
de
manièr
e spéci-
fique
une
analyse
relative
au
mode
de
présence
du
~b'Tun
d
groupe
~
(8)
mu
s
ulman
en
Europe.
J
usq
u
la moitié
de
s
années
70
, les différenciations décrites
ju
squ'ici
étaie
nt observabl
es
aussi,
peu
ou
prou,
en
filigrane
de
s disco
urs
scientifiqu
es
appa
r
tenant
à
l'environnement
mus
u
lman.
Aujourd'hui le pôle
de
présuppo-
sés
~
négatif
s.
s
ur
l'Is
lam
sem
ble
avoir
di
s
paru
ou
avoir
été
occulté.
Pa
reil-
leme
nt
,
en
ce q
ui
concer
ne
le discours r
elatif
au
devenir
de
l'Isl
am
t
ran
s
pl
anté,
on
sem
bl
e atUlndre
pa
r où soufllera le vent.
Il
en
s
ult
e
que
les positions sont difficiles à
cerner,
en
particulier
dan
s
la
lar
ge zone à
la
lisière
du
champ
religieux
Ces bali
sages
de
positions
ne
so
nt
pas
sans
importance
dans
le
concret
des rech
erc
hes. C'e
st
ainsi
que
l'on
peut
observer une é
vacuation
de la pro·
bl
ém
atiqu
e de recherche relative à l'islam
transp
l
anté
en
fonction
d'un
e
pré
·
fin.ition négative
ou
p
assé
i
ste
du
rapport
de celui·ci ù
la
socté civile.
Ou
bien on obser
ve
l'acce
ntuation
de
l'Wl
ou
l"autre pôle
de
recherche sel
on
la
perception
du
carac
tère problématique
de
l'un ou l'a
utr
e axe, qu'il
s'agisse
du
rapport
de
I1
slam à
la
société
ou
à l'
Eta
t ou
de
s hy
poth
èses
relat
ives
au
devenir
(8)
NOWi
ut
ilisons ce ooncept à
I::t
manière
de
M.
GoRIXlS,
As:;imliatu", i ..
Amer
ica" lire,
19&1.
Il indique pIIr
la néœ!;Si«i
d'analyser
de
maniè
re spécifique le fonctionnenHmt des
groupes
-CLhni'lues.ou
gronds
groupcs
à
lïntéricur
dClS
sociétés occidcntal<,s,c<oux·c
incpoUV:"'lCtrcra.
m<,nk
ni
aux
_groupcs S<)Condaires.
habituels,
ni
lseu
lcment
) à
des
analy
ses
de
classe
ou
destra·
t,firaLionsociale
S::IENCES StXlALES
ET
ISIM.I TRANSPl.ANI'É
77
B)
GUERRE DE DlSCIPUl\'ES
ET
D1NSflTU'f!ONS
En
ce
qu
i concerne
le
s disciplines scientifiques (indissocia
ble
s
de
leurs
institution
s) qui
parlent
de l'Islam
transplanté,
dans
le contexte francophone
~
français -on
co
n
state
une
large
prédominance
des
sciences politiques (dé-
rivées ou non de l'orientalisme)
et
de l'islamologieJorientalisme. Les
pre
-
mières
semblent
regarder
avant
tout
l'I
slam
transp
l
anté
en
tant
que
pratique
discursive idéologico-politique,
dont
on
survalorise
peut-être
les effets so-
c
iaux
, qu'elles
sont
mal outillées
pour
l'observer concrètement. Les
deuxièmes
aboutissent
le plus
sou
vent
à une explication
de
ce
qu'est
l'Islam
de
l'éventuel
éca
rt
entre
l'Islam
~vrai~
et
l'Islam vécu.
Dan
s le cas de l'I
slam
transplanté
est,
à
quelque
exception près,
pra-
tiquement
absente
l'analyse anthropologique, sociologique ou, encore moins,
psycho
lo
gique (9). Il y a
au
moins deux raisons à
cette
absence. D'une
part
la
demande
sociale, celle qui compte
au
moins,
est
comme on
l'a
dit
,
avant
tout
pr
{;
pre
aux
acteurs
européens-de-souche et découle
d'une
inquiétude
idéolo~,'ico-politique.
Le problème ainsi défmi appelle une
réponse
dans
le
même
registre,
dans
l'environnement
des sciences politiques.
Mais
plus
fondamentalement,
il
est
assez
clair que les
autres
disciplines
doivent encore const
ruire
leur
discours
su
r l'Is
lam
, doivent
construire
leur
problém
...
tique
au
sujet
de l'Isl
am
tr
ansplanté
-
et
pour
certaines
d'entre
e
ll
es
au
sujet
de l'I
slam
tout
court
-
et
le
s légitimer
en
montrant
leur
ca-
pacité
heuristique.
Il -GENESE ET QUESTIONS SUR UNE POSITION
DE
HECHEHCHE
Faute
de pouvoir/s
avoir
ident
ifier des enjeux épistémologiques géné-
raux
qui sou
s-tendent
la problématique de recherche
au
s
ujet
de l'Islam
tra
n
splanté,
on
se
bornera ici à exposer les
moment
s de la
démarche
de
recherche
relat
ive à l'Isl
am
tr
ansplanté
que
nous
avons
entreprise,
en
illus-
tran
t l
es
questions
ouvertes
ût à ouvrir quû nous avons rencon
trées.
A)
POLVf
OE
OEPART ET QUESTIONS
DE
M"î·HODE
Au
point
de
départ
de nos
travaux
relatifs à
ce
que
nous
avons
appelé
l'Islam
transplanté
(10
),
il
Y a le
travail
de recherche
relatif
aux
pratiques
d'
une
population. En effet
nous
sommes
arrivés
à l'étude de l'I
slam
à
partir
d'une
sociologie
de
s nll/,trutions
et
des
relations inter-ethniques. Dès lor
s,
dès
1977 il
nous
e
st
apparu
que
surgissaie
nt
sur
la scène de l'espace
que
nous
(9)
nestassclctonnantd·aillcursd·obser"crlcsilcnccdanslcquclœttombél"oU\"Tagcdc
J.P
.
CItAJI.'IAY,
Sociologie rcligù:use
de
I"I
slnm. P:.ris.
Sindbad.
1977. y oompris
dans
le
oonlCxlC
frnnçais.
l\
agitd·unou'Iragefondamcnl,dquidéblaicpasmaldeproblématiqucs
dan
s lesquellcs
des
chercheurs
sc
sont
réœmment
C<lnfrontés. comme ccllc d·obsc",
·anœ
Ou
d·.,ppart.cnancc.
parmi
d·autrcs.
Lc
silenccsurœtou'I
rab"-"'
dans
lcs milieux scientifiques.
nescmb
le
pas
s·cxpliqucrseu-
lement
par
Sa difficulté
intrinsèque
à
un
langob,,-",quclquc
pcuésotérique
.
(lO)
""
19S4,cclCmlc
no""
a étli
inspiré
des rl'<:herchcs
a~l<.>-sax(mncs
sur
les sectes
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1 / 11 100%
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