Prêtres d`aujourd`hui et de demain Prêtres d`aujourd`hui et

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Ô toi l’au-delà de tout,
n’est-ce pas là tout
ce qu’on peut chanter de toi?
Quelle hymne te dira, quel langage?
Aucun mot ne t’exprime.
Tout ce qui est te prie,
et vers toi tout être qui pense ton univers
fait monter une hymne de silence.
Tout ce qui demeure, demeure par toi;
par toi subsiste l’universel mouvement.
De tous les êtres tu es la fin;
tu es tout être, et tu n’en es aucun.
Tu n’es pas un seul être;
tu n’es pas leur ensemble;
tu as tous les noms
et comment te nommerais-je,
toi qu’on ne peut nommer?
Ô toi l’au-delà de tout,
n’est-ce pas là
tout ce qu’on peut chanter de toi?
Prêtres
d’aujourd’hui
et de
demain
saint Grégoire de Naziance
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40007651
printemps 2007
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QUI SONT LES JÉSUITES?
Volume XXXIV, numéro 1,
printemps 2007
DOSSIER
Prêtres d’aujourd’hui et de demain
3 Ouverture
André Brouillette, SJ
4 Pourquoi je veux devenir prêtre
Marc Rizzetto, SJ
6 Devenir prêtre
Jean Denis Saint Félix, SJ
8 Que signifie être prêtre pour moi ?
Quelle est mon expérience de la
prêtrise ?
Kénel Sénatus, SJ
10 Avec le Concile, qu’est devenu le
ministère du prêtre ?
André Charbonneau, SJ
13 La prêtrise dans l’Église catholique :
perspectives et défis
André Brouillette, SJ
LA VIE DANS L’ESPRIT
16 Prier avec Henri de Lubac
Bernard Carrière, SJ
Les « jésuites », ou plutôt « compagnons
de Jésus », forment un ordre religieux masculin de l’Église catholique romaine, fondé
en 1540 par saint Ignace de Loyola pour
servir l’Église dans les tâches qui lui seraient
confiées par le pape. Formés par les
« Exercices spirituels », plus de 20 000
jésuites sont aujourd’hui actifs dans 120
pays. Nous avons une prédilection spéciale
pour les « ministères de la Parole », dont l’éducation. Tous les jésuites sont des
religieux : la plupart sont des prêtres,
d’autres, des frères, puis d’autres encore
sont engagés dans une démarche de formation, laquelle dure en moyenne dix ans
pour les futurs prêtres.
Pour avoir plus d’informations sur la
Compagnie de Jésus :
Visitez notre site internet :
www.jesuites.org
Intéressé par la vie jésuite ?
Contacte-nous : [email protected]
Le Seigneur appelle encore aujourd’hui
des hommes et des femmes à son service.
La formation d’un compagnon de Jésus
(jésuite) est longue (dix ans et plus) et
coûteuse. Vous pouvez vous y associer et
collaborer à l’œuvre de Dieu.
PRIÈRE
Notre Seigneur Jésus Christ nous
invite à prier pour les vocations.
Soutenez de vos prières la croissance
et la persévérance des jeunes jésuites
en formation.
DON PLANIFIÉ
Un don planifié est un processus par lequel une donatrice ou un donateur planifie à l’avance
des dons de bienfaisance, afin d’atteindre ses objectifs philanthropiques et de maximiser par la
même occasion ses avantages fiscaux et autres avantages financiers. Le don planifié peut
provenir sous forme d’argent, de titres, de legs testamentaires, d’assurance-vie, de rente, etc.
Une personne ressource est à votre disposition pour discuter avec vous des meilleures
options en tenant compte de votre situation financière personnelle. N’hésitez pas à nous
contacter: (514) 387-2541.
Merci à tous nos donateurs et donatrices.
« La moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître
de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. » (Lc 10,2)
Vos dons sont à l’œuvre
Quelques jalons
19 De par le monde
Louis-Martin Cloutier, SJ
25, rue Jarry Ouest
Montréal (Québec)
H2P 1S6 Canada
secrétariat:
(514) 387-2541
[email protected]
www.jesuites.org
Une trentaine de jésuites en formation, frères, futurs prêtres ou jeunes
prêtres, de même que leurs formateurs
vivent des aumônes du peuple de
Dieu. Un reçu pour usage fiscal vous
sera remis sur simple demande.
N’hésitez pas à nous faire parvenir un
don à l’adresse suivante :
Jésuites canadiens
25, rue Jarry Ouest
Montréal (Québec)
H2P 1S6.
.
HORIZONS
21 Échos d’ici
DON
Vous aimez Jésuites canadiens?
Faites parvenir la revue à vos ami(e)s
en nous envoyant leur adresse.
L’abonnement est gratuit.
Jésuites canadiens est la revue de « L’aide aux étudiants
jésuites ». Fondée en 1948, elle paraît deux fois l’an. On
peut utiliser les articles en prenant soin toutefois de nous
en informer et de toujours mentionner la source.
Directeur de la revue : André Brouillette, SJ
Comité de rédaction : Jean-Marc Biron, SJ, Gabriel Côté,
SJ, Bernard Hudon, SJ, Roch Lapalme, SJ
Collaborateurs réguliers : Marc Brousseau, SJ, Bernard
Carrière, SJ, Louis-Martin Cloutier, SJ, Jamie Lambert
(internet), Marc Rizzetto, SJ
Crédits photographiques : Marc Rizzetto, SJ, (pp. 3, 6, 10,
16-17, 22), Moussa Fadoul, SJ, (pp. 12-13), Ziad Hillal,
SJ, (pp. 4, 5, 14-15)
Mise en page : Compo-media.com
Impression : HLN
avec la permission de l’Ordinaire
dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec
ORDINATIONS
Kénel Sénatus, SJ, a été ordonné prêtre le 25 novembre 2006 à Port-au-Prince (Haïti). Il
a célébré une messe d’action de grâces pour sa famille et ses amis à Rivière-du-Nord
le 3 décembre.
Pierre Rachelin Coicou, SJ et Jean Maxène Joazile, SJ ont été ordonnés diacres le 14 avril
à la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes de Toronto. Pour sa part, Marc Rizzetto, SJ a
été ordonné diacre le 21 avril à l’église Saint-Ignace à Paris.
ÉTUDES
Roch Lapalme, SJ a terminé sa maîtrise en accompagnement spirituel et pastoral au
Loyola College de Baltimore. À partir de l’automne, il travaillera principalement au
Centre de spiritualité Manrèse de Québec.
Ambroise Dorino Gabriel, SJ a terminé à l’hiver son baccalauréat en théologie à Regis
College (Toronto). Il a depuis commencé sa maîtrise en théologie à l’Université Laval
de Québec.
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Dossier
Prêtres d’aujourd’hui et de demain
■■■
Dans un premier temps, un tout
jeune diacre, Marc Rizzetto, SJ, un futur
prêtre, Jean-Denis Saint-Félix, SJ, et un
prêtre récemment ordonné, Kénel
Sénatus, SJ, partagent leur vision et
expérience de l’appel au ministère
sacerdotal, dans un cheminement
ecclésial multiculturel passant par le
Québec, Haïti, la France et les ÉtatsUnis.
Il est de tradition, pour Jésuites canadiens, d’offrir aux jésuites nouvellement
ordonnés la possibilité de partager
quelques fruits de leur vocation avec
nos lecteurs, qui sont nos bienfaiteurs,
amis et parents.
Depuis l’automne dernier jusqu’à
l’automne prochain, ce sont huit jésuites
qui auront été ordonnés dans notre
province : quatre prêtres et quatre
diacres ! Profitant de l’occasion, nous
avons voulu ouvrir une réflexion plus
vaste sur la prêtrise, l’abordant dans des
perspectives personnelles ou théologiques. Le momentum de ce dossier a
aussi été enrichi par l’organisation, en
octobre dernier au Centre Justice et Foi,
d’un colloque sur l’accès des femmes
aux ministères ordonnés. Des pistes de
réflexion intéressantes s’offrent donc à
nous.
Dans un deuxième temps, un
exégète et prêtre d’expérience, André
Charbonneau, SJ, réfléchit au sacerdoce
dans le sillon du Second Concile du
Vatican. Finalement, je tenterai de situer
la prêtrise au carrefour de perspectives
et de défis actuels.
André Brouillette, SJ
3
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Dossier
Pourquoi je veux devenir prêtre
Marc Rizzetto, SJ
Étudiant à la maîtrise en théologie,
Marc a été ordonné diacre le 21 avril.
■■■
par la prière. J’allais aussi parfois seul à
l’église pour lui rendre visite. Lors d’une
sortie de classe pour préparer la célébration de la première communion, j’avais
apporté avec moi des bonbons. Dans
mon esprit, c’était bien normal, mais
l’enseignante, elle, n’était pas de cet
avis. Elle m’a dit qu’il ne fallait pas
manger de bonbons à l’église. Que ce
n’était pas bien. Moi, je ne comprenais
pas. Tout se bousculait dans mon esprit.
Elle avait pourtant dit que Jésus était
mon ami et qu’il aimait que je lui rende
visite, mais elle n’avait rien dit au sujet
des bonbons.
Il s’agit sans doute de la question qui,
depuis mon entrée dans la vie religieuse
en 1997, m’a été le plus souvent posée.
Si je partage avec vous, brièvement,
l’histoire de ma vocation, je dois dire
que je n’ai à peu près jamais pensé à
devenir prêtre, c’est une idée qui ne m’a
jamais traversé l’esprit pendant mon
enfance, pas plus que pendant l’adolescence.
Je me souviens cependant que,
lorsque j’étais en deuxième année du
primaire à l’école Saint-Charles Garnier,
l’enseignante qui nous préparait à la
première communion nous disait que
Jésus nous aimait beaucoup, et que
nous devions le considérer comme un
ami. Pour lui parler, on pouvait fermer
les yeux, faire un signe de croix et lui
parler. Il serait toujours présent pour
nous, à n’importe quelle heure du jour
ou de la nuit. On pouvait tout lui dire.
Jésus habitait une maison que l’on
nomme « église » et il aimait beaucoup
avoir de la visite. Dans ma tête, cela
avait plein de bon sens. Alors, étant
donné que Jésus était devenu mon nouvel ami, je me suis mis à le fréquenter
Après cet épisode, ma foi a tranquillement cheminé jusqu’à l’âge adulte,
alors que je me suis remis à aller à
l’église. Je cherchais un lieu tranquille
pour réfléchir. Peu à peu, un questionnement m’a amené à rencontrer
plusieurs personnes, dont un prêtre. Ce
fut l’occasion de revisiter ma foi, d’apprendre à prier selon les Exercices spirituels. Pendant ce temps, mon questionnement se poursuivait, mais il allait
m’amener bien plus loin que ce que
j’avais imaginé. Un travail de réception4
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Dossier
un appel de Dieu entendu, un appel à
vivre en disciple de Jésus comme tout
chrétien bien sûr, mais au-delà encore :
un appel à assumer, par toute sa vie, une
mission particulière dans l’Église et le
monde, celle de continuer l’œuvre du
Christ. Trouver sa vocation, trouver sa
place dans le monde, c’est important.
niste et de jardinier au noviciat des
jésuites, tout en poursuivant mes études,
allait me permettre de me rapprocher de
la communauté. Ce fut l’occasion de
prier plus régulièrement et de découvrir
peu à peu à quoi j’étais appelé. Je savais
que j’aimais être en groupe, travailler en
équipe et donner le meilleur de moimême. Je voulais mettre mes talents au
service des autres, les partager. L’intimité de ma prière, de ma relation personnelle avec le Christ me poussait à
vouloir le servir et le suivre davantage.
Je voulais marquer d’une façon particulière ma relation, mon attachement
au Seigneur en entrant dans la
Compagnie de Jésus. Me mettre humblement à sa suite pour le servir, lui ainsi
que les hommes et les femmes de ce
monde.
Le prêtre jésuite peut exercer
plusieurs types d’activité apostolique :
ministères de la Parole et de la vie
intérieure, de la réconciliation et de
l’enseignement, du service des sacrements, de la catéchèse des enfants et
des illettrés, de l’attention aux problèmes sociaux. Je veux devenir prêtre
pour être un serviteur de la mission de
Jésus dans notre monde. Être un témoin
de cet Évangile qui donne du sens et du
goût à la vie. Je veux devenir prêtre pour
célébrer les sacrements et ainsi marquer
d’une façon particulière les grands
moments de la vie des hommes et des
femmes. Je veux devenir prêtre et ainsi
me faire solidaire de ce que vivent les
hommes et les femmes de notre temps.
On ne peut imposer à personne
d’être prêtre. On ne le devient ni par
devoir, ni pour obéir à la décision de
quelqu’un d’autre. On ne devient pas
prêtre par concours. Vocation ! Voilà le
mot fondamental. Devenir prêtre, c’est
répondre à une vocation, c’est-à-dire à
5
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Dossier
Devenir prêtre
Jean Denis Saint Félix, SJ
Étudiant à la maîtrise en théologie,
Jean Denis sera ordonné prêtre le 11 août 2007.
■■■
sionnaire. En ce sens, mon sacerdoce dans la Compagnie de
Jésus doit s’inscrire dans cette
logique d’Ignace de nous situer
aux frontières de l’avenir et de
collaborer à la formation et
l’épanouissement d’une authentique communauté chrétienne.
Une deuxième prise de conscience qui habite mon intellect et mon
cœur, c’est le fait que ma théologie
sacerdotale et ma christologie m’ont
conduit ces dernières années à découvrir et comprendre que la raison d’être
de mon sacerdoce est de manifester
sacramentellement et à travers mon
ministère la présence du Christ. C’est le
Christ et lui seul qui préside, c’est lui qui
continue de prendre le pain, de prononcer la bénédiction, de le rompre et de le
donner comme son corps – c’est lui qui
continue d’exercer son sacerdoce
unique et intransmissible au milieu et en
faveur de l’assemblée dans la mesure où
ceux et celles qui la constituent sont les
membres du Christ, participant nécessairement «par lui, avec lui et en lui» à
l’action liturgique. En ce sens, mon
sacerdoce sera légitime dans la mesure
où il participe à celui du Christ, lui qui,
dans sa magnificence, m’a appelé avec
d’autres, malgré nos limites et différends, à être avec lui afin d’être
envoyés par lui. Ceci dit, puisque c’est
toute la communauté chrétienne qui
participe au sacerdoce du Christ,
comme prêtre jésuite j’aurai à lutter
contre l’image traditionnelle que l’on
projette sur les prêtres. Ma tâche sera de
Qu’est-ce qu’un prêtre et
qu’est-ce que cela veut dire
pour moi, comme jésuite et
Haïtien? Comment est-ce que je
conçois mon sacerdoce dans le
contexte actuel? Telles sont les
questions sur lesquelles on m’a
proposé de réfléchir alors que je
suis en train de terminer mes
études classiques de théologie et que je
me prépare pour l’ordination sacerdotale prévue pour le 11 août. Tout
naturellement, ma réflexion jouira d’une
double appartenance : la théorie apprise
lors de mes études et l’heureuse
mémoire de mes expériences apostoliques passées et présentes.
Pour moi, être prêtre, c’est s’approprier la mission de l’Église qui n’est
autre chose que d’annoncer l’Évangile
du Seigneur à tous les hommes et
femmes de notre temps. C’est présider
les sacrements, et notamment l’Eucharistie qui est la source, la somme et le
sommet de la vie chrétienne. En me préparant à devenir prêtre dans la
Compagnie de Jésus, je suis de plus en
plus conscient du fait qu’Ignace, notre
fondateur, bien qu’il ait abouti au sacerdoce et à la vie religieuse, n’entrevoyait
pas au départ un projet religieux, ni un
projet sacerdotal. Il a été continuellement guidé par l’appel à une vocation.
C’est parce que le projet ignatien ne se
limite pas à la diffusion de l’Évangile
mais veut participer activement à l’implantation et à la croissance de l’Église,
qu’il inclut le sacerdoce de type paulinien, c’est-à-dire un sacerdoce mis6
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Dossier
sacerdoce veut se frayer une place.
Cette double fidélité (à la souffrance du
monde et à la beauté de l’omniprésente
grâce de Dieu) donnera à mon sacerdoce sa concrète identité.
Enfin je dirais avec Mgr Oscar
Romero qu’avec le peuple haïtien, ce
n’est pas difficile d’être bon pasteur.
Ceci dit, je voudrais que mon sacerdoce
puisse rejoindre les gens dans leurs
diverses expériences et expressions de
foi, et je voudrais en retour m’inspirer de
leur précieux témoignage. Je veux aussi
participer au processus de reconstruction d’un imaginaire violé par une
évangélisation désincarnée. Bien audelà des modes théologiques, je
voudrais m’engager à un vrai dialogue
entre notre foi chrétienne et notre riche
héritage culturel et ainsi arriver à une
célébration plus authentique et moins
aliénante de notre foi chrétienne.
L’Église d’Haïti doit devenir ce qu’elle
est : celle des exclus et des victimes. Elle
doit être ouverte et se laisser renouveler
par les grandes questions et les défis de
notre temps. Notre Église doit prendre
au sérieux le dialogue avec le vaudou et
le protestantisme.
Je voudrais terminer en disant
qu’après plus d’un an de diaconat et à
quelques mois du sacerdoce, je sens
que le Seigneur m’a donné la grâce de
me libérer progressivement des différentes raisons personnelles et idéologiques pour lesquelles je suis entré
dans la Compagnie de Jésus. C’est par
cette même grâce et avec gratitude que
je m’accroche de plus en plus à l’unique
raison pour et par laquelle je persévère :
la générosité de l’amour du Seigneur.
Cette générosité est expérimentée dans
l’intimité avec le Christ, dans l’intériorité. Eh oui! Le curé d’Ars a raison
quand il s’exclame : «Oh! Que c’est
malheureux un prêtre qui n’est pas
intérieur ».
responsabiliser les chrétiens et de
respecter cette responsabilité. Dans
cette perspective, je crois fermement
que c’est en prenant au sérieux la
responsabilité commune de tous que
nous pouvons mieux faire apparaître la
spécificité du prêtre au plan théologique
comme au plan pastoral.
De manière plus spécifique et moins
« technico-théologique », je voudrais,
avec la grâce du Seigneur, que mon
sacerdoce, à l’image de la sage-femme,
contribue à faire naître la parole de
Dieu dans le monde. Je veux qu’il soit
témoin de la miséricorde et du pardon
de Dieu dans un monde blessé, fondé
sur le superflu et préoccupé par l’immédiat. Le vécu de mon sacerdoce devra
sans cesse se référer à l’une de ses plus
précieuses sources qui est la société haïtienne, une source qui continue de l’alimenter et de lui donner un sens bien
précis. C’est dans cette société bien concrète que je prévois l’épanouissement
de mon sacerdoce. C’est bien là que je
voudrais mettre mon sacerdoce jésuite
au service de l’enseignement (un apostolat intellectuel) et de la célébration de
la parole enseignée. Je veux vivre mon
sacerdoce dans cette tension de l’enseignement et de la pastorale, car dans
la situation haïtienne telle qu’elle est
connue, nous avons une parole à dire,
un verbe à proclamer; mais nous
sommes aussi appelés à être pour et
avec les autres en nous impliquant dans
les différents apostolats de la petite
Compagnie en Haïti, prenant position
en faveur de la justice et de la vérité,
une vérité qui refuse de s’identifier à un
projet politique particulier. C’est donc
précisément entre la souffrance présente
dans ma société et dans le monde, souffrance causée par les avatars de l’histoire, le mal du relativisme et de la liberté mal comprise d’un côté et la beauté
de l’existence, fruit de l’amour et de la
grâce de Dieu d’autre part, que mon
7
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Dossier
Que signifie être prêtre pour moi?
Quelle est mon expérience de la prêtrise?
Kénel Sénatus, SJ
Collaborateur à Solidarite Fwontalye (Ouanaminthe, Haïti),
Kénel a été ordonné prêtre le 25 novembre 2006.
■■■
exclusivement la relation entre Dieu et
l’homme. À mon avis, si l’Église tient
encore dans ce monde, ce n’est que
parce qu’elle est habitée par le Christ,
parce qu’elle vit de sa relation avec le
Christ et parce qu’elle est le signe efficace d’une réalité spirituelle : l’union
des hommes avec Dieu et, par cette
union, l’union des hommes entre eux.
Elle est parmi les hommes signe du salut
en Jésus-Christ et, comme telle, doit
continuer sa mission dans le monde,
dans la société, et notamment auprès
des pauvres en vue d’un monde plus
juste et digne de créatures de Dieu.
C’est pourquoi, en dépit de tout ce
qu’elle peut laisser visiblement
transparaître de laideur, je continuerai
de l’aimer.
Dire ce que signifie être prêtre pour
moi, c’est donner à connaître ma conception de la prêtrise et ma propre
expérience sacerdotale aujourd’hui. À
ces questions, je résumerai ma réponse
en deux points : ma conception du
prêtre et de l’Église, puis mon expérience sacerdotale.
Pour parler de ce que je pense du
prêtre aujourd’hui, je dirais qu’il est un
homme parmi d’autres, un disciple du
Christ ayant une mission : celle d’être
témoin du Christ et de son Évangile dans
une société divisée, celle d’être un compagnon des pauvres dans une société
globalisée et encore un accompagnateur spirituel du peuple chrétien à la
recherche d’une parole ou d’un sens. La
mission du prêtre se conçoit uniquement dans l’Église. D’où la nécessité
pour lui d’être fidèlement attaché à
celle-ci, car en dehors de l’Église, point
de prêtre ni de mission.
On peut considérer au moins deux
grandes traditions vis-à-vis du sacerdoce
catholique : dans la première, que d’aucuns nomment pétrinienne, le sacerdoce apparaît comme une consécration
ministérielle au service de la communauté des croyants. En effet, celle-ci a
Quant à l’Église, elle est cette réalité
visible et invisible qui maintient non
8
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Dossier
ditions dans mon travail apostolique.
Même si je n’ai pas une responsabilité
paroissiale directe, mes fins de semaine
sont consacrées à la célébration des
sacrements avec deux communautés
paroissiales à l’invitation des curés. Cette
collaboration avec les paroisses de
Ouanaminthe et de D’Osmond me
nourrit énormément sur le plan spirituel,
ainsi qu’en termes de rapprochement
avec les gens. Plus spécifiquement, ma
mission est de travailler dans Solidarite
Fwontalye/Service Jésuite aux Réfugiés
et Migrants (SFw/SJRM) en collaboration
avec l’équipe composée de jésuites et de
laïcs. Le travail qui se fait dans cette institution est un travail d’accompagnement,
de service et de défense des droits
humains fondamentaux des migrants qui
sont le plus souvent foulés au pied. Il
s’inscrit dans le cadre d’un ministère
socio-éducatif initié par la Compagnie
dans le milieu haïtien. Et comme tel, il
comporte l’effort de proximité et d’implication dans l’apostolat social, dans
l’éducation (Foi et Joie), ainsi que dans
l’accompagnement spirituel et psychologique des personnes déboussolées,
à travers des outils tirés des Exercices
Spirituels et des sciences humaines. Je
sens que mon implication dans l’apostolat social est un témoignage probant de
la présence des tâches d’Église assumées
par la Compagnie dans les mouvements
sociaux. Voilà ce que je peux communiquer à propos de ma conception et de
mon expérience de prêtre !
pour tâche d’irradier auprès des autres
ce qu’elle est naturellement. Dans ce
cas, le prêtre a pour rôle de présider
l’eucharistie, d’authentifier les actes de
l’Église, de pratiquer les sacrements en
vue de la sanctification des fidèles. Cela
est d’une importance capitale. L’autre
tradition, qu’on pourrait appeler paulinienne, met sur le compte du sacerdoce
la tâche de la constitution d’une Église,
traduite concrètement et réalisée mystérieusement et fortement à travers la
communion des hommes, fussent-ils les
derniers, les migrants, les marginalisés,
les réfugiés, les rapatriés, les pauvres
gens. Dans ce cas, la mission sacerdotale s’exercera pour la construction et
l’édification d’une Église in terra incognita ; autrement dit, dans un monde
dont le peuple n’est pas d’abord celui
des croyants, mais celui des hommes
qui m’entourent, qui ont besoin de
Dieu, qui ont besoin de gestes humains
concrets de tendresse ou de solidarité à
leur égard dans leurs difficultés. Sur
cette piste, qui n’est certainement pas la
seule, je trouve que la Compagnie a toujours été assez ouverte pour porter en
elle cette sensibilité exprimant son attitude discrète, mais efficace auprès des
hommes dans l’Église.
C’est sur la base de cette réflexion
que je perçois mon engagement sacerdotal et mon expérience comme prêtre
haïtien à Ouanaminthe. Actuellement, je
suis en train d’expérimenter les deux tra9
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Dossier
Avec le Concile, qu’est devenu le ministère du prêtre?
André Charbonneau, SJ
Prêtre depuis 45 ans, assistant du maître des novices
et directeur du Centre de spiritualité (Port-au-Prince, Haïti)
■■■
l’annonce de l’Évangile, il tire sa force
et sa puissance du Sacrifice du Christ»
(PO [Presbyterorum Ordinis ] 2).
Le prêtre de ma jeunesse était
surtout perçu comme l’homme de l’autel. Quand le prêtre célébrait l’Eucharistie, on considérait que c’était là son
lieu propre, que c’était pour cela qu’il
était prêtre. La grande joie de la mère
d’un prêtre, c’était de voir son fils monter à l’autel. C’est ainsi qu’elle s’exprimait. La vision qu’on avait du prêtre
était très liée à sa fonction de célébrant. Une telle manière de penser
n’est pas totalement étrangère au
Concile qui dira : «C’est là qu’aboutit
leur ministère, c’est là qu’il trouve son
accomplissement : commençant par
Aujourd’hui, la compréhension
qu’on a du prêtre, dans l’exercice de sa
fonction, s’est enrichie et a trouvé un
nouvel équilibre lorsque le Concile a
précisé les trois ministères du prêtre: s’il
est toujours le ministre des sacrements,
il est aussi l’homme de la Parole et celui
qui rassemble le peuple de Dieu, il est
pasteur. Comme dit le Concile, il est
«mis au service du Christ Docteur,
Prêtre et Roi» (PO 1). Cette précision
10
jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 11
Dossier
Le prêtre, ministre de la Parole
On reste sur l’impression qu’on n’a
pas encore mesuré les conséquences
énormes pour le prêtre d’avoir comme
première fonction d’annoncer la Parole
de Dieu. À travers une telle affirmation,
le Concile ne laisse-t-il pas entendre que
le prêtre est par vocation un spécialiste
de la Parole, non en ce sens qu’il est un
exégète professionnel, mais en ce sens
que c’est sur lui que l’Église compte
d’une manière spéciale, quoique non
exclusive, pour la communication de la
Parole? La Parole de Dieu, «qu’il convient d’attendre tout spécialement de la
bouche des prêtres» (PO, 4), est son premier champ.
concernant les ministères illumine
d’une manière fort heureuse la fonction
du prêtre.
Que le ministère de la Parole soit le
premier ministère du prêtre, on a là une
grande intuition du Concile : «… les
prêtres, comme coopérateurs des
évêques, ont donc pour première fonction d’annoncer l’Évangile de Dieu à
tous les hommes » (PO 4). Grâce à cette
intuition, le Concile a pu percevoir la
connexion intime entre le ministère de
la Parole et les deux autres ministères :
«…la proclamation de la Parole est
indispensable au ministère sacramentel
lui-même, puisqu’il s’agit des sacrements de la foi, et que celle-ci a besoin
de la Parole pour naître et se nourrir»
(PO 4). Le ministère de la Parole est
également en lien intime avec le ministère du pasteur : les prêtres «reçoivent
un pouvoir spirituel, qui leur est donné
pour construire l’Église» (PO 6). Comme
constructeurs de l’Église, les prêtres sont
«éducateurs de la foi» (PO 6), ce qui
exige qu’ils soient d’abord porteurs de la
Parole : c’est l’Évangile qui est la force
qui construit l’Église.
La priorité du ministère de la Parole
et ses conséquences
En plaçant en premier le ministère de
la Parole, le Concile éclaire indirectement le chemin de la formation du
prêtre. Une telle priorité implique que le
prêtre doit bien connaître l’Écriture. Il la
lit et la relit continuellement. Il l’étudie.
Il la scrute. Il se donne une culture
biblique. Il fait de la Bible son livre de
chevet. Il sait que c’est le milieu de vie
dans lequel il doit baigner afin de communiquer la Parole. Il sait qu’il n’aura
jamais terminé son travail jusqu’à la fin
de ses jours. C’est l’objet intellectuel
privilégié de sa vie. On ne peut communiquer que ce que l’on comprend. Il
se forme pour former le peuple de Dieu.
Il s’agit d’un premier temps dans la formation du prêtre.
En plaçant en premier le ministère
de la Parole, le Concile fait bien comprendre que, puisque c’est la Parole de
Dieu qui ouvre à la foi, c’est elle, en
conséquence, qui donne vie au ministère des sacrements et au ministère du
pasteur.
Si cette priorité donnée au ministère
de la Parole illumine l’image qu’on doit
se faire du prêtre dans l’exercice de tout
son ministère, nous croyons qu’elle
implique aussi un nouvel équilibre dans
la manière de comprendre sa formation.
De quel type de prêtre pourrions-nous
rêver, maintenant que nous savons que
le ministère de la Parole est sa première
fonction?
Le second temps, plus important que
le premier, ne peut être soumis à aucun
contrôle. C’est le temps d’une décision
du cœur. Le futur prêtre fait tout pour
aimer la Parole de Dieu. Il apprend à
vivre en elle, elle devient en lui comme
une source. Il l’intériorise. Il la contemple. Il la murmure jour et nuit dans son
11
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Dossier
C’est le langage adapté pour avancer
dans le contexte d’une vie difficile. C’est
cette sagesse qu’il communique. Tout
humain, en effet, se sent bien faible
devant les difficultés et les souffrances
de sa vie et trouve, présents en lui, bien
des mécanismes qui l’invitent à reculer.
Où trouver la force, le dynamisme pour
avancer, où trouver une parole qui
donne courage? Le prêtre, illuminé par
la Parole de Dieu, a quelque chose à
dire aux chrétiens. C’est dans la force du
Christ en route vers la Passion que le
prêtre fait découvrir à tout chrétien la
force d’affronter avec le Christ les
exigences de sa vie, d’y faire face. Le
langage de la croix est le seul adapté à
la condition humaine et le seul qui
puisse lui donner du sens. Dans l’Église,
le prêtre qui a intériorisé la Parole peut
saisir cette vérité. Le Christ en croix l’a
illuminé et il sait que la croix débouche
sur la Résurrection. C’est sa sagesse.
Conclusion
Le sacrement de l’Ordre conféré aux
prêtres «configure… au Christ Prêtre
pour les rendre capables d’agir au nom
du Christ Tête en personne» (PO 2).
C’est là l’identité du prêtre ainsi que
sa mission. Le Concile n’a pas changé
l’identité du prêtre mais il a rééquilibré
la dynamique de son ministère et il a
mis en évidence la condition nécessaire
pour que le prêtre ne soit pas, dans
l’exercice de son ministère, une cymbale retentissante (1Cor 13,1); la Parole
de Dieu est l’âme de son ministère, c’est
pourquoi elle est première : c’est elle qui
donne à la célébration eucharistique
d’être un véritable «accomplissement»
(PO 2), et c’est elle qui permet de construire l’Église, car la Parole est «force de
Dieu pour le salut de tout croyant»
(Rom 1,16).
cœur, comme dit le Psalmiste. Elle lui
devient de jour en jour plus intime. Elle
fait partie de son être. Le futur prêtre
devient amoureusement porteur de la
pensée de Dieu. Il voit tout à partir de
cette pensée. Il comprend le monde à
partir d’elle. Il opère, par la grâce de
Dieu, cette conversion. Il fait l’expérience qu’il porte en lui un trésor de vie
et que la beauté de la Parole peut
s’ajuster aux besoins de toute personne
et qu’elle est porteuse de vie. Il ne rougit
pas de la Parole (Rom 1, 16). Il sait
qu’en la disant, en elle s’exerce «la force
de Dieu» (Rom 1,16). Il fait donc tout
pour bien l’assimiler, pour la rendre
vivante en lui. Elle est sa sagesse.
Dans la sagesse de Dieu (1Cor 1,21),
le prêtre a compris que le langage de la
croix (1Cor 1,18) ne peut être évité.
12
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Dossier
La prêtrise dans l’Église catholique:
perspectives et défis
■■■
André Brouillette, SJ
ficiel. Fils de Dieu s’offrant pour nous, il
est à la fois prêtre et offrande (voir
l’Épître aux Hébreux).
Quelques éléments de perspective
La figure du prêtre s’enracine dans
l’expérience religieuse du peuple
hébreu. Le prêtre se présentait alors
comme un homme de la tribu de Lévi,
spécialement consacré pour veiller aux
sacrifices offerts au Seigneur. Le prêtre
était désigné pour assurer la médiation
entre Dieu et son peuple, au côté de la
figure du prophète. Avec Jésus-Christ, la
figure du prêtre se transforme radicalement. En sa personne, la figure du médiateur se joint à celle de l’animal sacri-
Dans les premières communautés
chrétiennes, des «anciens» (presbyteros)
veilleront progressivement au bon fonctionnement de la communauté dans ses
divers aspects : organisation de la prière,
de la vie fraternelle, distribution
d’aumônes. Ils seront aidés en ces
tâches par des personnes occupant
diverses fonctions (entre autres les
« diacres » et « diaconesses »). Les ministères étaient nombreux, comme le
rappelle l’apôtre Paul : prophétie,
enseignement, guérison, administration
(voir 1 Cor 12). Au fil de l’histoire de
l’Église, une division tripartite du leadership des communautés s’instaura: l’épiscopat, le presbytérat et le diaconat.
Dans l’Église antique, les femmes pouvaient être diacres (jusqu’au 15e siècle
en fait dans certaines Églises orthodoxes). L’ordination se caractérise par
l’imposition des mains, par laquelle
l’évêque confère la grâce de l’EspritSaint à la personne qui a été appelée à
un office.
L’ordination est reçue comme une
marque indélébile : un individu est consacré à vie pour ce service, peu importe
les visages que le ministère du diacre,
prêtre ou évêque prendra au fil des ans.
En ce sens, le sacerdoce s’apparente au
baptême, qui confère aussi une marque
indélébile au baptisé : il est mort et
13
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Dossier
renaît de nouveau en Christ pour une
vie nouvelle; aucun retour en arrière
n’est possible. Chaque baptisé est
d’ailleurs appelé à participer à la triple
vocation de prêtre, de prophète et de roi
du Christ, étant consacré comme
demeure spirituelle, comme témoin du
Verbe de Dieu dans le monde et comme
souverain à l’image du Christ, qui, en
tant que roi, s’est fait serviteur et pauvre.
Le sacerdoce ministériel (celui des
prêtres et des évêques) s’enracine dans
le sacerdoce universel de tous les baptisés et est ordonné au service de
l’ensemble des baptisés.
Dans le cadre de la vie religieuse, le
sacerdoce ne s’articule pas nécessairement autour de la vie paroissiale,
comme c’est le cas la plupart du temps
pour les prêtres diocésains. Ainsi, les
moines bénédictins, par exemple,
jouissent de racines qui sont au moins
aussi anciennes que notre conception
actuelle du sacerdoce… De leur côté,
franciscains et dominicains ont fait, historiquement, de leur style de vie austère
comme prêtres un instrument au service
de la foi. Quant aux premiers jésuites, le
sacerdoce pour eux était un nécessaire
outil pour le « service des âmes ». Le
sacerdoce se situait ainsi dans la ligne
de la mission, se déployant à la manière
du pèlerin à l’intérieur de l’Église et
jusqu’à ses frontières.
régions du monde et l’accès limité aux
sacrements qui en résulte pour de nombreux fidèles, de même que la règle du
célibat ecclésiastique. Par la suite, la
question de l’ordination des femmes
s’est posée. Le pape Paul VI a indiqué
clairement en 1967, par l’encyclique
Sacerdotalis Caelibatus, que la règle du
célibat des prêtres – même si elle avait
été introduite relativement tard dans
l’histoire de l’Église – devait être conservée. Le même Paul VI répondit
« non » en 1976, par la voix de la
déclaration Inter insigniores de la
Congrégation pour la doctrine de la foi,
à la demande d’ordination de femmes,
invoquant des arguments tirés de la
Bible comme de la tradition. Le pape
Jean-Paul II, dans les deux décennies
subséquentes, a réaffirmé ces interdits
(par exemple dans la lettre apostolique
Ordinatio Sacerdotalis de 1994).
Des défis actuels
Au moment du Second Concile du
Vatican (1962-1965), plusieurs voix se
sont élevées pour examiner la question
du ministère ordonné. La pensée qui y a
germé articule le sacerdoce principalement autour du cadre paroissial, tout en
empruntant des éléments de la spiritualité des communautés religieuses. Parmi
les questions soulevées, on note le
manque de prêtres en de nombreuses
Quarante-cinq ans après l’inauguration du Concile Vatican II, force est de
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Dossier
loque intitulé « L’accès des femmes aux
ministères ordonnés : une question non
réglée! » (disponible en DVD) pour faire
le point sur la question. Depuis le milieu
des années 1990, avec les « non »
définitifs apportés par Jean-Paul II et la
Congrégation pour la doctrine de la foi,
un certain essoufflement s’est fait sentir
dans les milieux ecclésiaux progressistes. Par ailleurs, les avancées de la
recherche dans les domaines de
l’exégèse biblique, de l’histoire de
l’Église et de la théologie systématique
ont mis à mal de nombreux arguments
traditionnellement utilisés pour justifier
le refus. Selon Mme Olivette Genest,
exégète et théologienne, l’argument
principal qui semble toujours tenir est
celui de l’autorité. Un détenteur d’autorité nouveau pourrait peut-être alors
se sentir autorisé, suite à une relecture
de la Parole de Dieu, de la tradition de
l’Église et de l’expérience humaine contemporaine, à émettre une conclusion
différente.
constater que les discussions ne manquent pas au sujet de la nature du sacerdoce. La tension entre le manque de
prêtres en de nombreuses régions du
monde et l’importance de la vie sacramentelle – en particulier l’Eucharistie –
n’a fait que s’accentuer, entre autres en
Amérique latine. Le Québec pourrait
aussi être touché en raison de la diminution rapide du nombre de prêtres.
M. Jacques Racine, professeur de
théologie à l’université Laval, confiait au
journal Le Devoir (7/8 avril 2007) qu’il
n’y aurait peut-être que 600 prêtres
diocésains au Québec d’ici dix ans. Un
autre élément de discussion est fourni
par l’expérience substantielle de femmes
diacres, prêtres et même évêques en
Occident, dans diverses dénominations
chrétiennes. Ces réalités ne peuvent être
ignorées.
De ce survol rapide, il est possible de
saisir que la question du sacerdoce se
situe dans un ensemble vaste, enraciné
historiquement dans la personne de
Jésus-Christ et dans l’expérience du peuple hébreu, puis des premières communautés chrétiennes. La conception des
divers ministères a évolué au fil du
temps, comme nous le voyons avec
l’orientation insufflée par Vatican II.
Face à des expériences et problématiques nouvelles, il faut souhaiter que le
dynamisme de l’Esprit inspirant l’Église
nous assure des manières toujours
renouvelées de rendre le Christ et sa
Parole vivants au cœur de nos frères et
sœurs.
L’automne dernier, le Centre justice
et foi de Montréal a organisé, avec
divers partenaires ecclésiaux, un col15
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LA VIE DANS L’ESPRIT
PRIER avec Henri de Lubac
■■■
Bernard Carrière, SJ
œuvres de Maurice Blondel qui tenta,
au début du vingtième siècle, de réconcilier la réflexion philosophique,
inspirée par le développement des
sciences, et la pensée théologique. Pour
ce philosophe, catholique convaincu, le
contenu de la foi chrétienne n’est pas en
contradiction avec la pensée moderne
qui voudrait garantir l’autonomie de la
pensée et déterminer à elle seule les
conditions qui en établissent le règne.
Henri de Lubac commença très tôt à
réfléchir à la question du surnaturel.
Tout en s’intéressant aux préoccupations
Henri de Lubac, l’un des grands
penseurs et théologiens du vingtième
siècle dont l’Église catholique peut se
glorifier, est né en 1896 à Cambrai, dans
le nord de la France, et il est mort à Paris
en 1991. Il a eu une longue vie marquée
par des événements douloureux et des
épreuves qui auraient pu mettre à mal sa
foi en Dieu et sa fidélité à l’Église. Mais,
dans ses dernières années, la qualité de
sa recherche théologique et son orthodoxie sans faille étaient universellement
appréciées. En 1983, alors qu’il allait
avoir 87 ans, le pape Jean-Paul II fit
preuve d’un geste inattendu de réhabilitation en le nommant cardinal. Et, au
moment de sa mort, le même pape
reconnut en lui l’auteur qui « a recueilli
le meilleur de la tradition catholique
dans sa méditation sur l’Écriture, l’Église
et le monde moderne ».
Le père de Lubac était entré dans la
Compagnie de Jésus à 17 ans, en 1913,
après avoir commencé des études de
droit aux facultés catholiques de Lyon. Il
n’avait pas encore terminé son noviciat
lorsqu’il fut appelé sous les drapeaux et
envoyé au front. Il ne sera démobilisé
qu’en 1918, après avoir été blessé à un
bras, à une oreille et à une jambe. Il en
gardera des séquelles physiques qui rendront difficile la concentration requise
pour le travail de réflexion et d’écriture.
De 1919 à 1927, il poursuivra sa formation philosophique et théologique en
Angleterre parce que, à cette époque,
les jésuites étaient encore officiellement
interdits de séjour en France. C’est au
cours de ces années que se forgera sa
pensée au contact, entre autres, des
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LA VIE DANS L’ESPRIT
ses grandes œuvres tout en enseignant la
théologie à l’Institut Catholique de Lyon.
Il n’hésita pas à participer activement,
par des écrits, à la Résistance à l’occupation allemande, pour marquer son
opposition à l’antisémitisme dominant.
Après la seconde guerre mondiale
cependant, un mouvement d’opposition
à sa pensée se cristallisa parmi certains
théologiens catholiques. En 1950, à la
suite de la publication de l’encyclique
Humani Generis du pape Pie XII, il est
réduit au silence et suspendu de sa fonction d’enseignant et, avec quelques
autres théologiens français, il est accusé
d’avoir propagé des « erreurs pernicieuses sur des points essentiels du
dogme ». C’est sûrement l’épreuve qu’il
a ressentie le plus douloureusement
dans sa vie. Et ce n’est qu’en 1960, dans
la phase préparatoire du concile Vatican
II, qu’il rentrera dans les bonnes grâces
des autorités de l’Église en étant choisi
par Jean XXIII, contre l’avis de certains
cardinaux, pour être consulteur de la
commission théologique. Durant le concile, accrédité comme expert, il sera un
des rédacteurs, aux côtés du cardinal
Wojtyla, du schéma 13 qui deviendra
ensuite la constitution pastorale
Gaudium et spes (« L’Église dans le
monde de ce temps »).
Arrêtons-nous un moment à sa première grande œuvre théologique, publiée en 1938, qu’il a intitulée Catholicisme et dans laquelle il a voulu
inscrire les préoccupations qui l’habiteront tout au long de sa vie. Au début des
années 30, Henri de Lubac avait le sentiment d’un progrès de la conscience
sociale de ses contemporains. Il y voyait
un signe des temps et il vibrait aux aspirations à l’unité qui s’exprimaient dans
la société. Mais il était aussi en lutte
contre l’individualisme qui déjà s’affirmait fortement chez les intellectuels de
cette époque et qui annonçait ce qui
allait devenir un trait fortement répandu
de ses contemporains, il se nourrit aussi
de la pensée des Pères de l’Église, ces
théologiens des premiers siècles du
christianisme. Et pour rendre leurs écrits
plus accessibles, il mit sur pied avec
l’aide du père Jean Daniélou la collection «Sources chrétiennes» qui continue
encore aujourd’hui à publier, dans la
langue de leurs auteurs et en traduction
française, des œuvres qui méritent
d’être connues par un plus large public.
Dans une œuvre intitulée De la connaissance de Dieu, le père de Lubac
écrit : « ‘Aime et fais ce que tu veux’, disait saint Augustin, - si tu aimes assez
pour agir en tout selon ton amour. ‘Aime
et crois ce que tu veux’, pourrait-on
dire, - si tu sais tirer de ton amour toute
la lumière qu’il recèle. »
Les années 30 et 40 et le début des
années 50 furent bien remplis pour
Henri de Lubac. Il commença à publier
17
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LA VIE DANS L’ESPRIT
l’humanité. » L’Église doit en arriver à
porter en elle toute l’humanité et tout
l’univers.
Henri de Lubac écrivait en 1938 :
« Comment une religion qui se désintéresse apparemment de l’avenir terrestre et de la solidarité humaine
offrirait-elle un idéal capable de rallier
encore les hommes d’aujourd’hui? » Son
propos nous invite à nous demander, en
2007, si nous sommes vraiment conscients de la dimension « catholique »
de la foi chrétienne à laquelle nous
adhérons.
Et c’est avec l’auteur de Catholicisme
que nous reprenons la prière de saint
Grégoire de Naziance, adressée au
Dieu créateur, transcendant et proche
de tout être humain, prière que le père
de Lubac a contribué à faire connaître et
qui figure maintenant dans le texte officiel de la Liturgie des Heures de l’Église :
dans le monde actuel. Il avait été invité,
un jour, par un groupe d’étudiants asiatiques, en majorité chinois, qui voulaient
connaître la notion théologique d’universalité de l’Église catholique et du
christianisme en général. À partir du
texte préparé pour l’occasion et
développé par la suite, il écrit le
chapitre qui constitue le pivot de tout
son volume, dans lequel est envisagé en
trois parties ce qui est propre à la réalité
catholique. La première partie illustre
les aspects sociaux du dogme; la
deuxième, le mystère de l’Église qui, en
tant que « catholique », vise « tout
l’homme »; et la troisième enfin débouche sur la dimension sociale en
général et l’importance de cette dimension dans l’engagement du chrétien.
L’auteur dégage pour nous, lecteurs,
les aspects sociaux de la vérité selon le
christianisme. Dieu crée l’humanité
comme un tout et tous les êtres humains
sont faits à « l’unique image du Dieu
unique ». Or, l’humanité est doublement
une unité, selon le christianisme :
« Unité du corps mystique du Christ,
unité surnaturelle », mais aussi « première unité naturelle, l’unité du genre
humain », qui a été fait chair de l’humanité entière. « Le Christ, aussitôt qu’il
existe, porte en lui virtuellement tous les
hommes ». Et l’Église est le lieu où l’on
prend conscience de « Jésus-Christ
répandu et communiqué ».
Toute recherche de sens vient donc
de Dieu et de l’œuvre de son Fils incarné dans le cœur de l’être humain. Mais
c’est bien au-delà de l’événement chrétien que le sens est répandu, jusqu’en
des lieux ou des zones de culture où il
n’est pas d’abord visible. Et l’Église doit
être « catholique » par sa capacité d’accueil. Il s’ensuit que « le mot d’ordre du
chrétien ne peut plus être ‘évasion’,
mais ‘collaboration’. Il s’agit pour lui de
travailler avec Dieu et les hommes à
l’œuvre de Dieu dans le monde et dans
Ô toi l’au-delà de tout,
n’est-ce pas là tout
ce qu’on peut chanter de toi?
Quelle hymne te dira, quel langage?
Aucun mot ne t’exprime.
Tout ce qui est te prie,
et vers toi tout être qui pense ton univers
fait monter une hymne de silence.
Tout ce qui demeure, demeure par toi;
par toi subsiste l’universel mouvement.
De tous les êtres tu es la fin;
tu es tout être, et tu n’en es aucun.
Tu n’es pas un seul être;
tu n’es pas leur ensemble;
tu as tous les noms
et comment te nommerais-je,
toi qu’on ne peut nommer?
Ô toi l’au-delà de tout,
n’est-ce pas là
tout ce qu’on peut chanter de toi?
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HORIZONS
une sélection de Louis-Martin Cloutier, SJ
République démocratique du Congo:
il faut payer pour apprendre
leur vie. Le financement gouvernemental prévu pour les équipements principaux et les investissements n'arrive
qu'en quantité insuffisante, lorsqu'il
arrive. Malheureusement, ce sont les
parents qui doivent suppléer. En
moyenne, les parents payent un dollar
par mois, une somme inabordable pour
des familles gagnant entre 25 et 30 dollars par mois», a déclaré M. Clemesac.
Le droit des enfants à l'éducation primaire est inscrit dans la législation
nationale et internationale. Mais l'Etat
n'a pas les moyens financiers de tenir ses
engagements. Le personnel du SJR a vu
les effets négatifs sur les relations entre
les élèves et les enseignants. Ceux qui
peuvent payer sont favorisés et ils considèrent les enseignants comme des distributeurs de connaissances. L'introduction de la contribution parentale a
transformé la relation élève enseignant
en relation économique. Malheureusement ce n'est pas le seul obstacle. Le SJR
précise qu'il est difficile d'ouvrir de nouvelles écoles et d'obtenir la reconnaissance de l'État pour des dernières, à
cause de la bureaucratie. Pendant ce
temps, les enseignants ne reçoivent pas
l'intégralité de leur salaire, qui va de 40
à 70 dollars par mois.
«L'absence de financement pour
l'éducation primaire empêche les
enfants les plus pauvres et les plus vulnérables d'avoir accès à leurs droits fondamentaux. Les enseignants sont peu,
voire pas du tout, payés. Ils se tournent
alors vers les parents pour un supplément de salaire. En fin de compte, ce
sont les enfants qui souffrent», déclarait
Nicolas Clemesac, le responsable de la
promotion des droits de l’homme au sein
du SJR Grands Lacs (Afrique).
Dans la riche région de Kisangani,
dans la partie orientale de la République
Démocratique du Congo, la population
locale tente de gagner sa vie comme elle
peut et d'oublier les conflits et les
destructions qui ont marqué le passé
récent. Pour améliorer la situation, le SJR
soutient un certain nombre d'écoles primaires de la région. L'aide est destinée à
la reconstruction des écoles, à la formation des enseignants, et à la promotion
de la participation des filles. Dans cette
difficile situation de fin de conflit, il faut
faire attention à ne pas troubler des relations interethniques des plus délicates.
Les écoles sont ouvertes à tous: à la population locale comme aux personnes
déplacées. Mais la situation n'est pas
simple. «Les enseignants qui sont pauvres et mal payés cherchent à gagner
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HORIZONS
Angola : Le déminage des routes
et de la région. De par son travail auprès
des personnes ayant survécu à une
explosion de mine dans la région, le SJR
est tout à fait conscient du danger que
courent les réfugiés et les déplacés rentrant chez eux. « C’est une excellente
utilisation des forces armées angolaises,
qui aidera le pays à remettre sur pied ses
infrastructures routières. L’un des défis
que rencontrent les rapatriés est l’accès
aux marchés pour vendre leurs produits.
L’ouverture des routes facilitera la vie de
tous les habitants», selon les dires de
Michael Gallagher, SJ, responsable
régional de la promotion et défense des
droits de l’homme.
On sait que les mines tuent des centaines de personnes chaque année,
surtout les enfants. En janvier dernier, un
programme de déminage a commencé
sur des routes dans la province d’Uige
(située dans le nord du pays). Le projet a
été inauguré dans le village de Quica.
69 membres des forces armées du pays,
connues sous le nom de sapeurs FAA,
ont participé au lancement de l’opération, ce qui est une première. Augusto
Justino, le coordinateur de la Commission
provinciale pour le déminage, a déclaré
qu’il était urgent de déminer à cause des
flux de populations et de marchandises.
Cela aidera de plus au développement
République dominicaine : L’enregistrement des enfants
base de l’origine de leurs parents. Le
réseau Mesa para las Migraciones
(Conseil des migrations), dont fait partie
le Service jésuite aux réfugiés (SJR) de la
République Dominicaine, a répondu
qu’enregistrer ces enfants dans un registre séparé pourrait les priver de leurs
droits à la nationalité. En République
Dominicaine, le droit à la nationalité est
basé sur le principe selon lequel tout
enfant né sur le sol dominicain a droit à
la citoyenneté dominicaine.
On estime que 30% de la population
dominicaine n’a pas de certificat de
naissance, une carence due au fait que
l’enregistrement des naissances est un
processus onéreux et compliqué. Or, le
12 janvier 2007, le Réseau dominicain
des ONG a critiqué la décision du
Comité central des élections concernant
la création d’un fichier spécial pour les
enfants nés de parents étrangers, les
raisons de cette critique étant que cette
démarche institutionnaliserait la discrimination à l’égard des enfants sur la
Sri Lanka : Soulagement offert aux populations déplacées
pour les réfugiés, une agence de l’ONU,
déclarent que les personnes qui fuient
sont « affamées et épuisées ». Selon les
derniers chiffres publiés, le nombre de
personnes déplacées à Vaharai est
estimé à environ 30 000. La plupart des
nouveaux arrivants sont installés dans
des structures temporaires, des écoles et
des bâtiments gouvernementaux, répartis sur huit sites. Le SJR continue à
fournir un soutien psychologique, des
services en éducation, y compris la fourniture de matériel scolaire.
[source : JRS Dispatches,
février et avril 2007]
La violence dans le district oriental
de Batticaloa entre les forces gouvernementales et les rebelles du LTTE (Tigres
de libération de l’Eelam Tamoul), a
provoqué la fuite de quelque 7 000
civils au début de l’année 2007. Les
combats se sont surtout concentrés dans
la bande côtière de Vaharai, au nord de
Batticaloa. Le père Vinny Joseph, SJ,
directeur du SRJ Sri Lanka, s’est rendu
auprès des populations déplacées,
déclarant : « Je n’ai pas de mots pour
décrire les conditions d’exil de ces populations ». Des rapports publiés par le
bureau local du Haut-Commissariat
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HORIZONS
ÉCHOS D’ICI
Mgr Terrence Prendergast, SJ : Nouvel archevêque d’Ottawa
Au mois de mai, le Saint-Siège a
annoncé la nomination de Mgr
Prendergast, actuel archevêque de
Halifax, comme nouvel archevêque
d’Ottawa. Mgr Prendergast est né à
Montréal en 1944. En 1961, il est entré
dans la Compagnie de Jésus (province
du Haut-Canada), et a été ordonné
prêtre en 1972. Détenteur d’un doctorat
en Écriture sainte de Regis College
(Toronto), il a été professeur et doyen de
cette institution. En 1995, le pape JeanPaul II l’a nommé évêque auxiliaire de
Toronto, puis archevêque d’Halifax en
1998. Selon les informations de la
Conférence des évêques catholiques du
Canada, l’archidiocèse d’Ottawa
compte 142 prêtres diocésains, 175
prêtres religieux, 70 diacres permanents, 879 religieuses et religieux et 18
agents de pastorale laïcs au service
d’une population d’environ 400 000
catholiques répartis en 111 paroisses et
missions.
■■■
Les Jésuites au Canada : Centenaire et changement de nom
anglais ont profité du présent jubilé pour
se doter d’un nouveau nom, celui de
« Jesuits in English Canada », reflétant à
la fois leurs origines diverses (ils ne sont
pas tous du « Haut-Canada ») de même
que l’étendue géographique de leur
activité (des Rocheuses aux Maritimes,
donc bien au-delà de l’Ontario). De
notre côté, l’ajout informel d’Haïti au
nom même de notre province reflète la
place grandissante de ce territoire aux
côtés de notre présence au Québec et
dans le nord de l’Ontario.
Il y a un siècle, en 1907, la « mission
canadienne » devenait la province
jésuite du Canada, acquérant de ce fait
une autonomie institutionnelle. En
1924, les jésuites de langue anglaise se
séparaient de la province canadienne
pour former la vice-province du HautCanada, alors que la province canadienne prenait le nom de « BasCanada ». Notre province adopta son
nom actuel de « Canada-français » dans
les années 60, après avoir été divisée en
deux provinces pendant quelques
années. Nos confrères canadiens21
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HORIZONS
Saint-Jérôme : Congrégation provinciale
En février dernier s’est tenue la plus
récente congrégation de la province; un
peu plus de 40 compagnons étaient
rassemblés pour débattre de postulats à
faire parvenir à Rome pour la
Congrégation générale ou pour le futur
père général. Les membres de la congrégation ont aussi procédé à l’élection
de Jean-Marc Biron, SJ comme délégué
pour la 35e Congrégation générale qui
aura pour tâche, dès janvier 2008, de
veiller à l’élection d’un nouveau
supérieur général. Daniel LeBlond, SJ,
en tant que supérieur provincial, y participera d’office. La congrégation
provinciale a aussi été l’occasion d’une
rencontre d’une journée avec des nombreux collaborateurs laïcs provenant de
diverses œuvres pour un temps
d’échanges et de partage.
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Jean-Guy Saint-Arnaud, SJ : Parution d’un nouvel ouvrage
Le père Saint-Arnaud vient de publier
un nouvel ouvrage aux éditions
Médiaspaul (Montréal): Aux frontières
de la foi: Entre l’athéisme et le mystère,
dans la collection “Sève nouvelle”.
L’athéisme et le mystère tracent les deux
frontières de notre foi, ses deux horizons
obligés, celui du couchant avec ses
ombres et son possible déclin, et celui
du levant avec ses lumières et son essor
inespéré. L’ouvrage veut marquer la
solidarité de tous face aux enjeux spirituels et aux énigmes de notre
condition humaine. Il est basé sur deux
séries d’émissions présentées sur les
ondes de Radio Galilée, dans la région
de Québec : La foi au risque de l’incroyance et Les paradoxes de la vie
chrétienne.
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