jesuite-cover-printemps07 30/5/07 12:56 Page 1 Ô toi l’au-delà de tout, n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de toi? Quelle hymne te dira, quel langage? Aucun mot ne t’exprime. Tout ce qui est te prie, et vers toi tout être qui pense ton univers fait monter une hymne de silence. Tout ce qui demeure, demeure par toi; par toi subsiste l’universel mouvement. De tous les êtres tu es la fin; tu es tout être, et tu n’en es aucun. Tu n’es pas un seul être; tu n’es pas leur ensemble; tu as tous les noms et comment te nommerais-je, toi qu’on ne peut nommer? Ô toi l’au-delà de tout, n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de toi? Prêtres d’aujourd’hui et de demain saint Grégoire de Naziance Port payé Postage paid Postes Publication Publication Mail 40007651 printemps 2007 w w w ■ j e s u i t e s ■ o r g jesuites_int_cover_printemps07 30/5/07 12:50 Page 1 QUI SONT LES JÉSUITES? Volume XXXIV, numéro 1, printemps 2007 DOSSIER Prêtres d’aujourd’hui et de demain 3 Ouverture André Brouillette, SJ 4 Pourquoi je veux devenir prêtre Marc Rizzetto, SJ 6 Devenir prêtre Jean Denis Saint Félix, SJ 8 Que signifie être prêtre pour moi ? Quelle est mon expérience de la prêtrise ? Kénel Sénatus, SJ 10 Avec le Concile, qu’est devenu le ministère du prêtre ? André Charbonneau, SJ 13 La prêtrise dans l’Église catholique : perspectives et défis André Brouillette, SJ LA VIE DANS L’ESPRIT 16 Prier avec Henri de Lubac Bernard Carrière, SJ Les « jésuites », ou plutôt « compagnons de Jésus », forment un ordre religieux masculin de l’Église catholique romaine, fondé en 1540 par saint Ignace de Loyola pour servir l’Église dans les tâches qui lui seraient confiées par le pape. Formés par les « Exercices spirituels », plus de 20 000 jésuites sont aujourd’hui actifs dans 120 pays. Nous avons une prédilection spéciale pour les « ministères de la Parole », dont l’éducation. Tous les jésuites sont des religieux : la plupart sont des prêtres, d’autres, des frères, puis d’autres encore sont engagés dans une démarche de formation, laquelle dure en moyenne dix ans pour les futurs prêtres. Pour avoir plus d’informations sur la Compagnie de Jésus : Visitez notre site internet : www.jesuites.org Intéressé par la vie jésuite ? Contacte-nous : [email protected] Le Seigneur appelle encore aujourd’hui des hommes et des femmes à son service. La formation d’un compagnon de Jésus (jésuite) est longue (dix ans et plus) et coûteuse. Vous pouvez vous y associer et collaborer à l’œuvre de Dieu. PRIÈRE Notre Seigneur Jésus Christ nous invite à prier pour les vocations. Soutenez de vos prières la croissance et la persévérance des jeunes jésuites en formation. DON PLANIFIÉ Un don planifié est un processus par lequel une donatrice ou un donateur planifie à l’avance des dons de bienfaisance, afin d’atteindre ses objectifs philanthropiques et de maximiser par la même occasion ses avantages fiscaux et autres avantages financiers. Le don planifié peut provenir sous forme d’argent, de titres, de legs testamentaires, d’assurance-vie, de rente, etc. Une personne ressource est à votre disposition pour discuter avec vous des meilleures options en tenant compte de votre situation financière personnelle. N’hésitez pas à nous contacter: (514) 387-2541. Merci à tous nos donateurs et donatrices. « La moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. » (Lc 10,2) Vos dons sont à l’œuvre Quelques jalons 19 De par le monde Louis-Martin Cloutier, SJ 25, rue Jarry Ouest Montréal (Québec) H2P 1S6 Canada secrétariat: (514) 387-2541 [email protected] www.jesuites.org Une trentaine de jésuites en formation, frères, futurs prêtres ou jeunes prêtres, de même que leurs formateurs vivent des aumônes du peuple de Dieu. Un reçu pour usage fiscal vous sera remis sur simple demande. N’hésitez pas à nous faire parvenir un don à l’adresse suivante : Jésuites canadiens 25, rue Jarry Ouest Montréal (Québec) H2P 1S6. . HORIZONS 21 Échos d’ici DON Vous aimez Jésuites canadiens? Faites parvenir la revue à vos ami(e)s en nous envoyant leur adresse. L’abonnement est gratuit. Jésuites canadiens est la revue de « L’aide aux étudiants jésuites ». Fondée en 1948, elle paraît deux fois l’an. On peut utiliser les articles en prenant soin toutefois de nous en informer et de toujours mentionner la source. Directeur de la revue : André Brouillette, SJ Comité de rédaction : Jean-Marc Biron, SJ, Gabriel Côté, SJ, Bernard Hudon, SJ, Roch Lapalme, SJ Collaborateurs réguliers : Marc Brousseau, SJ, Bernard Carrière, SJ, Louis-Martin Cloutier, SJ, Jamie Lambert (internet), Marc Rizzetto, SJ Crédits photographiques : Marc Rizzetto, SJ, (pp. 3, 6, 10, 16-17, 22), Moussa Fadoul, SJ, (pp. 12-13), Ziad Hillal, SJ, (pp. 4, 5, 14-15) Mise en page : Compo-media.com Impression : HLN avec la permission de l’Ordinaire dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec ORDINATIONS Kénel Sénatus, SJ, a été ordonné prêtre le 25 novembre 2006 à Port-au-Prince (Haïti). Il a célébré une messe d’action de grâces pour sa famille et ses amis à Rivière-du-Nord le 3 décembre. Pierre Rachelin Coicou, SJ et Jean Maxène Joazile, SJ ont été ordonnés diacres le 14 avril à la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes de Toronto. Pour sa part, Marc Rizzetto, SJ a été ordonné diacre le 21 avril à l’église Saint-Ignace à Paris. ÉTUDES Roch Lapalme, SJ a terminé sa maîtrise en accompagnement spirituel et pastoral au Loyola College de Baltimore. À partir de l’automne, il travaillera principalement au Centre de spiritualité Manrèse de Québec. Ambroise Dorino Gabriel, SJ a terminé à l’hiver son baccalauréat en théologie à Regis College (Toronto). Il a depuis commencé sa maîtrise en théologie à l’Université Laval de Québec. jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 3 Dossier Prêtres d’aujourd’hui et de demain ■■■ Dans un premier temps, un tout jeune diacre, Marc Rizzetto, SJ, un futur prêtre, Jean-Denis Saint-Félix, SJ, et un prêtre récemment ordonné, Kénel Sénatus, SJ, partagent leur vision et expérience de l’appel au ministère sacerdotal, dans un cheminement ecclésial multiculturel passant par le Québec, Haïti, la France et les ÉtatsUnis. Il est de tradition, pour Jésuites canadiens, d’offrir aux jésuites nouvellement ordonnés la possibilité de partager quelques fruits de leur vocation avec nos lecteurs, qui sont nos bienfaiteurs, amis et parents. Depuis l’automne dernier jusqu’à l’automne prochain, ce sont huit jésuites qui auront été ordonnés dans notre province : quatre prêtres et quatre diacres ! Profitant de l’occasion, nous avons voulu ouvrir une réflexion plus vaste sur la prêtrise, l’abordant dans des perspectives personnelles ou théologiques. Le momentum de ce dossier a aussi été enrichi par l’organisation, en octobre dernier au Centre Justice et Foi, d’un colloque sur l’accès des femmes aux ministères ordonnés. Des pistes de réflexion intéressantes s’offrent donc à nous. Dans un deuxième temps, un exégète et prêtre d’expérience, André Charbonneau, SJ, réfléchit au sacerdoce dans le sillon du Second Concile du Vatican. Finalement, je tenterai de situer la prêtrise au carrefour de perspectives et de défis actuels. André Brouillette, SJ 3 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 4 Dossier Pourquoi je veux devenir prêtre Marc Rizzetto, SJ Étudiant à la maîtrise en théologie, Marc a été ordonné diacre le 21 avril. ■■■ par la prière. J’allais aussi parfois seul à l’église pour lui rendre visite. Lors d’une sortie de classe pour préparer la célébration de la première communion, j’avais apporté avec moi des bonbons. Dans mon esprit, c’était bien normal, mais l’enseignante, elle, n’était pas de cet avis. Elle m’a dit qu’il ne fallait pas manger de bonbons à l’église. Que ce n’était pas bien. Moi, je ne comprenais pas. Tout se bousculait dans mon esprit. Elle avait pourtant dit que Jésus était mon ami et qu’il aimait que je lui rende visite, mais elle n’avait rien dit au sujet des bonbons. Il s’agit sans doute de la question qui, depuis mon entrée dans la vie religieuse en 1997, m’a été le plus souvent posée. Si je partage avec vous, brièvement, l’histoire de ma vocation, je dois dire que je n’ai à peu près jamais pensé à devenir prêtre, c’est une idée qui ne m’a jamais traversé l’esprit pendant mon enfance, pas plus que pendant l’adolescence. Je me souviens cependant que, lorsque j’étais en deuxième année du primaire à l’école Saint-Charles Garnier, l’enseignante qui nous préparait à la première communion nous disait que Jésus nous aimait beaucoup, et que nous devions le considérer comme un ami. Pour lui parler, on pouvait fermer les yeux, faire un signe de croix et lui parler. Il serait toujours présent pour nous, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. On pouvait tout lui dire. Jésus habitait une maison que l’on nomme « église » et il aimait beaucoup avoir de la visite. Dans ma tête, cela avait plein de bon sens. Alors, étant donné que Jésus était devenu mon nouvel ami, je me suis mis à le fréquenter Après cet épisode, ma foi a tranquillement cheminé jusqu’à l’âge adulte, alors que je me suis remis à aller à l’église. Je cherchais un lieu tranquille pour réfléchir. Peu à peu, un questionnement m’a amené à rencontrer plusieurs personnes, dont un prêtre. Ce fut l’occasion de revisiter ma foi, d’apprendre à prier selon les Exercices spirituels. Pendant ce temps, mon questionnement se poursuivait, mais il allait m’amener bien plus loin que ce que j’avais imaginé. Un travail de réception4 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 5 Dossier un appel de Dieu entendu, un appel à vivre en disciple de Jésus comme tout chrétien bien sûr, mais au-delà encore : un appel à assumer, par toute sa vie, une mission particulière dans l’Église et le monde, celle de continuer l’œuvre du Christ. Trouver sa vocation, trouver sa place dans le monde, c’est important. niste et de jardinier au noviciat des jésuites, tout en poursuivant mes études, allait me permettre de me rapprocher de la communauté. Ce fut l’occasion de prier plus régulièrement et de découvrir peu à peu à quoi j’étais appelé. Je savais que j’aimais être en groupe, travailler en équipe et donner le meilleur de moimême. Je voulais mettre mes talents au service des autres, les partager. L’intimité de ma prière, de ma relation personnelle avec le Christ me poussait à vouloir le servir et le suivre davantage. Je voulais marquer d’une façon particulière ma relation, mon attachement au Seigneur en entrant dans la Compagnie de Jésus. Me mettre humblement à sa suite pour le servir, lui ainsi que les hommes et les femmes de ce monde. Le prêtre jésuite peut exercer plusieurs types d’activité apostolique : ministères de la Parole et de la vie intérieure, de la réconciliation et de l’enseignement, du service des sacrements, de la catéchèse des enfants et des illettrés, de l’attention aux problèmes sociaux. Je veux devenir prêtre pour être un serviteur de la mission de Jésus dans notre monde. Être un témoin de cet Évangile qui donne du sens et du goût à la vie. Je veux devenir prêtre pour célébrer les sacrements et ainsi marquer d’une façon particulière les grands moments de la vie des hommes et des femmes. Je veux devenir prêtre et ainsi me faire solidaire de ce que vivent les hommes et les femmes de notre temps. On ne peut imposer à personne d’être prêtre. On ne le devient ni par devoir, ni pour obéir à la décision de quelqu’un d’autre. On ne devient pas prêtre par concours. Vocation ! Voilà le mot fondamental. Devenir prêtre, c’est répondre à une vocation, c’est-à-dire à 5 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 6 Dossier Devenir prêtre Jean Denis Saint Félix, SJ Étudiant à la maîtrise en théologie, Jean Denis sera ordonné prêtre le 11 août 2007. ■■■ sionnaire. En ce sens, mon sacerdoce dans la Compagnie de Jésus doit s’inscrire dans cette logique d’Ignace de nous situer aux frontières de l’avenir et de collaborer à la formation et l’épanouissement d’une authentique communauté chrétienne. Une deuxième prise de conscience qui habite mon intellect et mon cœur, c’est le fait que ma théologie sacerdotale et ma christologie m’ont conduit ces dernières années à découvrir et comprendre que la raison d’être de mon sacerdoce est de manifester sacramentellement et à travers mon ministère la présence du Christ. C’est le Christ et lui seul qui préside, c’est lui qui continue de prendre le pain, de prononcer la bénédiction, de le rompre et de le donner comme son corps – c’est lui qui continue d’exercer son sacerdoce unique et intransmissible au milieu et en faveur de l’assemblée dans la mesure où ceux et celles qui la constituent sont les membres du Christ, participant nécessairement «par lui, avec lui et en lui» à l’action liturgique. En ce sens, mon sacerdoce sera légitime dans la mesure où il participe à celui du Christ, lui qui, dans sa magnificence, m’a appelé avec d’autres, malgré nos limites et différends, à être avec lui afin d’être envoyés par lui. Ceci dit, puisque c’est toute la communauté chrétienne qui participe au sacerdoce du Christ, comme prêtre jésuite j’aurai à lutter contre l’image traditionnelle que l’on projette sur les prêtres. Ma tâche sera de Qu’est-ce qu’un prêtre et qu’est-ce que cela veut dire pour moi, comme jésuite et Haïtien? Comment est-ce que je conçois mon sacerdoce dans le contexte actuel? Telles sont les questions sur lesquelles on m’a proposé de réfléchir alors que je suis en train de terminer mes études classiques de théologie et que je me prépare pour l’ordination sacerdotale prévue pour le 11 août. Tout naturellement, ma réflexion jouira d’une double appartenance : la théorie apprise lors de mes études et l’heureuse mémoire de mes expériences apostoliques passées et présentes. Pour moi, être prêtre, c’est s’approprier la mission de l’Église qui n’est autre chose que d’annoncer l’Évangile du Seigneur à tous les hommes et femmes de notre temps. C’est présider les sacrements, et notamment l’Eucharistie qui est la source, la somme et le sommet de la vie chrétienne. En me préparant à devenir prêtre dans la Compagnie de Jésus, je suis de plus en plus conscient du fait qu’Ignace, notre fondateur, bien qu’il ait abouti au sacerdoce et à la vie religieuse, n’entrevoyait pas au départ un projet religieux, ni un projet sacerdotal. Il a été continuellement guidé par l’appel à une vocation. C’est parce que le projet ignatien ne se limite pas à la diffusion de l’Évangile mais veut participer activement à l’implantation et à la croissance de l’Église, qu’il inclut le sacerdoce de type paulinien, c’est-à-dire un sacerdoce mis6 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 7 Dossier sacerdoce veut se frayer une place. Cette double fidélité (à la souffrance du monde et à la beauté de l’omniprésente grâce de Dieu) donnera à mon sacerdoce sa concrète identité. Enfin je dirais avec Mgr Oscar Romero qu’avec le peuple haïtien, ce n’est pas difficile d’être bon pasteur. Ceci dit, je voudrais que mon sacerdoce puisse rejoindre les gens dans leurs diverses expériences et expressions de foi, et je voudrais en retour m’inspirer de leur précieux témoignage. Je veux aussi participer au processus de reconstruction d’un imaginaire violé par une évangélisation désincarnée. Bien audelà des modes théologiques, je voudrais m’engager à un vrai dialogue entre notre foi chrétienne et notre riche héritage culturel et ainsi arriver à une célébration plus authentique et moins aliénante de notre foi chrétienne. L’Église d’Haïti doit devenir ce qu’elle est : celle des exclus et des victimes. Elle doit être ouverte et se laisser renouveler par les grandes questions et les défis de notre temps. Notre Église doit prendre au sérieux le dialogue avec le vaudou et le protestantisme. Je voudrais terminer en disant qu’après plus d’un an de diaconat et à quelques mois du sacerdoce, je sens que le Seigneur m’a donné la grâce de me libérer progressivement des différentes raisons personnelles et idéologiques pour lesquelles je suis entré dans la Compagnie de Jésus. C’est par cette même grâce et avec gratitude que je m’accroche de plus en plus à l’unique raison pour et par laquelle je persévère : la générosité de l’amour du Seigneur. Cette générosité est expérimentée dans l’intimité avec le Christ, dans l’intériorité. Eh oui! Le curé d’Ars a raison quand il s’exclame : «Oh! Que c’est malheureux un prêtre qui n’est pas intérieur ». responsabiliser les chrétiens et de respecter cette responsabilité. Dans cette perspective, je crois fermement que c’est en prenant au sérieux la responsabilité commune de tous que nous pouvons mieux faire apparaître la spécificité du prêtre au plan théologique comme au plan pastoral. De manière plus spécifique et moins « technico-théologique », je voudrais, avec la grâce du Seigneur, que mon sacerdoce, à l’image de la sage-femme, contribue à faire naître la parole de Dieu dans le monde. Je veux qu’il soit témoin de la miséricorde et du pardon de Dieu dans un monde blessé, fondé sur le superflu et préoccupé par l’immédiat. Le vécu de mon sacerdoce devra sans cesse se référer à l’une de ses plus précieuses sources qui est la société haïtienne, une source qui continue de l’alimenter et de lui donner un sens bien précis. C’est dans cette société bien concrète que je prévois l’épanouissement de mon sacerdoce. C’est bien là que je voudrais mettre mon sacerdoce jésuite au service de l’enseignement (un apostolat intellectuel) et de la célébration de la parole enseignée. Je veux vivre mon sacerdoce dans cette tension de l’enseignement et de la pastorale, car dans la situation haïtienne telle qu’elle est connue, nous avons une parole à dire, un verbe à proclamer; mais nous sommes aussi appelés à être pour et avec les autres en nous impliquant dans les différents apostolats de la petite Compagnie en Haïti, prenant position en faveur de la justice et de la vérité, une vérité qui refuse de s’identifier à un projet politique particulier. C’est donc précisément entre la souffrance présente dans ma société et dans le monde, souffrance causée par les avatars de l’histoire, le mal du relativisme et de la liberté mal comprise d’un côté et la beauté de l’existence, fruit de l’amour et de la grâce de Dieu d’autre part, que mon 7 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 8 Dossier Que signifie être prêtre pour moi? Quelle est mon expérience de la prêtrise? Kénel Sénatus, SJ Collaborateur à Solidarite Fwontalye (Ouanaminthe, Haïti), Kénel a été ordonné prêtre le 25 novembre 2006. ■■■ exclusivement la relation entre Dieu et l’homme. À mon avis, si l’Église tient encore dans ce monde, ce n’est que parce qu’elle est habitée par le Christ, parce qu’elle vit de sa relation avec le Christ et parce qu’elle est le signe efficace d’une réalité spirituelle : l’union des hommes avec Dieu et, par cette union, l’union des hommes entre eux. Elle est parmi les hommes signe du salut en Jésus-Christ et, comme telle, doit continuer sa mission dans le monde, dans la société, et notamment auprès des pauvres en vue d’un monde plus juste et digne de créatures de Dieu. C’est pourquoi, en dépit de tout ce qu’elle peut laisser visiblement transparaître de laideur, je continuerai de l’aimer. Dire ce que signifie être prêtre pour moi, c’est donner à connaître ma conception de la prêtrise et ma propre expérience sacerdotale aujourd’hui. À ces questions, je résumerai ma réponse en deux points : ma conception du prêtre et de l’Église, puis mon expérience sacerdotale. Pour parler de ce que je pense du prêtre aujourd’hui, je dirais qu’il est un homme parmi d’autres, un disciple du Christ ayant une mission : celle d’être témoin du Christ et de son Évangile dans une société divisée, celle d’être un compagnon des pauvres dans une société globalisée et encore un accompagnateur spirituel du peuple chrétien à la recherche d’une parole ou d’un sens. La mission du prêtre se conçoit uniquement dans l’Église. D’où la nécessité pour lui d’être fidèlement attaché à celle-ci, car en dehors de l’Église, point de prêtre ni de mission. On peut considérer au moins deux grandes traditions vis-à-vis du sacerdoce catholique : dans la première, que d’aucuns nomment pétrinienne, le sacerdoce apparaît comme une consécration ministérielle au service de la communauté des croyants. En effet, celle-ci a Quant à l’Église, elle est cette réalité visible et invisible qui maintient non 8 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 9 Dossier ditions dans mon travail apostolique. Même si je n’ai pas une responsabilité paroissiale directe, mes fins de semaine sont consacrées à la célébration des sacrements avec deux communautés paroissiales à l’invitation des curés. Cette collaboration avec les paroisses de Ouanaminthe et de D’Osmond me nourrit énormément sur le plan spirituel, ainsi qu’en termes de rapprochement avec les gens. Plus spécifiquement, ma mission est de travailler dans Solidarite Fwontalye/Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants (SFw/SJRM) en collaboration avec l’équipe composée de jésuites et de laïcs. Le travail qui se fait dans cette institution est un travail d’accompagnement, de service et de défense des droits humains fondamentaux des migrants qui sont le plus souvent foulés au pied. Il s’inscrit dans le cadre d’un ministère socio-éducatif initié par la Compagnie dans le milieu haïtien. Et comme tel, il comporte l’effort de proximité et d’implication dans l’apostolat social, dans l’éducation (Foi et Joie), ainsi que dans l’accompagnement spirituel et psychologique des personnes déboussolées, à travers des outils tirés des Exercices Spirituels et des sciences humaines. Je sens que mon implication dans l’apostolat social est un témoignage probant de la présence des tâches d’Église assumées par la Compagnie dans les mouvements sociaux. Voilà ce que je peux communiquer à propos de ma conception et de mon expérience de prêtre ! pour tâche d’irradier auprès des autres ce qu’elle est naturellement. Dans ce cas, le prêtre a pour rôle de présider l’eucharistie, d’authentifier les actes de l’Église, de pratiquer les sacrements en vue de la sanctification des fidèles. Cela est d’une importance capitale. L’autre tradition, qu’on pourrait appeler paulinienne, met sur le compte du sacerdoce la tâche de la constitution d’une Église, traduite concrètement et réalisée mystérieusement et fortement à travers la communion des hommes, fussent-ils les derniers, les migrants, les marginalisés, les réfugiés, les rapatriés, les pauvres gens. Dans ce cas, la mission sacerdotale s’exercera pour la construction et l’édification d’une Église in terra incognita ; autrement dit, dans un monde dont le peuple n’est pas d’abord celui des croyants, mais celui des hommes qui m’entourent, qui ont besoin de Dieu, qui ont besoin de gestes humains concrets de tendresse ou de solidarité à leur égard dans leurs difficultés. Sur cette piste, qui n’est certainement pas la seule, je trouve que la Compagnie a toujours été assez ouverte pour porter en elle cette sensibilité exprimant son attitude discrète, mais efficace auprès des hommes dans l’Église. C’est sur la base de cette réflexion que je perçois mon engagement sacerdotal et mon expérience comme prêtre haïtien à Ouanaminthe. Actuellement, je suis en train d’expérimenter les deux tra9 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 10 Dossier Avec le Concile, qu’est devenu le ministère du prêtre? André Charbonneau, SJ Prêtre depuis 45 ans, assistant du maître des novices et directeur du Centre de spiritualité (Port-au-Prince, Haïti) ■■■ l’annonce de l’Évangile, il tire sa force et sa puissance du Sacrifice du Christ» (PO [Presbyterorum Ordinis ] 2). Le prêtre de ma jeunesse était surtout perçu comme l’homme de l’autel. Quand le prêtre célébrait l’Eucharistie, on considérait que c’était là son lieu propre, que c’était pour cela qu’il était prêtre. La grande joie de la mère d’un prêtre, c’était de voir son fils monter à l’autel. C’est ainsi qu’elle s’exprimait. La vision qu’on avait du prêtre était très liée à sa fonction de célébrant. Une telle manière de penser n’est pas totalement étrangère au Concile qui dira : «C’est là qu’aboutit leur ministère, c’est là qu’il trouve son accomplissement : commençant par Aujourd’hui, la compréhension qu’on a du prêtre, dans l’exercice de sa fonction, s’est enrichie et a trouvé un nouvel équilibre lorsque le Concile a précisé les trois ministères du prêtre: s’il est toujours le ministre des sacrements, il est aussi l’homme de la Parole et celui qui rassemble le peuple de Dieu, il est pasteur. Comme dit le Concile, il est «mis au service du Christ Docteur, Prêtre et Roi» (PO 1). Cette précision 10 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 11 Dossier Le prêtre, ministre de la Parole On reste sur l’impression qu’on n’a pas encore mesuré les conséquences énormes pour le prêtre d’avoir comme première fonction d’annoncer la Parole de Dieu. À travers une telle affirmation, le Concile ne laisse-t-il pas entendre que le prêtre est par vocation un spécialiste de la Parole, non en ce sens qu’il est un exégète professionnel, mais en ce sens que c’est sur lui que l’Église compte d’une manière spéciale, quoique non exclusive, pour la communication de la Parole? La Parole de Dieu, «qu’il convient d’attendre tout spécialement de la bouche des prêtres» (PO, 4), est son premier champ. concernant les ministères illumine d’une manière fort heureuse la fonction du prêtre. Que le ministère de la Parole soit le premier ministère du prêtre, on a là une grande intuition du Concile : «… les prêtres, comme coopérateurs des évêques, ont donc pour première fonction d’annoncer l’Évangile de Dieu à tous les hommes » (PO 4). Grâce à cette intuition, le Concile a pu percevoir la connexion intime entre le ministère de la Parole et les deux autres ministères : «…la proclamation de la Parole est indispensable au ministère sacramentel lui-même, puisqu’il s’agit des sacrements de la foi, et que celle-ci a besoin de la Parole pour naître et se nourrir» (PO 4). Le ministère de la Parole est également en lien intime avec le ministère du pasteur : les prêtres «reçoivent un pouvoir spirituel, qui leur est donné pour construire l’Église» (PO 6). Comme constructeurs de l’Église, les prêtres sont «éducateurs de la foi» (PO 6), ce qui exige qu’ils soient d’abord porteurs de la Parole : c’est l’Évangile qui est la force qui construit l’Église. La priorité du ministère de la Parole et ses conséquences En plaçant en premier le ministère de la Parole, le Concile éclaire indirectement le chemin de la formation du prêtre. Une telle priorité implique que le prêtre doit bien connaître l’Écriture. Il la lit et la relit continuellement. Il l’étudie. Il la scrute. Il se donne une culture biblique. Il fait de la Bible son livre de chevet. Il sait que c’est le milieu de vie dans lequel il doit baigner afin de communiquer la Parole. Il sait qu’il n’aura jamais terminé son travail jusqu’à la fin de ses jours. C’est l’objet intellectuel privilégié de sa vie. On ne peut communiquer que ce que l’on comprend. Il se forme pour former le peuple de Dieu. Il s’agit d’un premier temps dans la formation du prêtre. En plaçant en premier le ministère de la Parole, le Concile fait bien comprendre que, puisque c’est la Parole de Dieu qui ouvre à la foi, c’est elle, en conséquence, qui donne vie au ministère des sacrements et au ministère du pasteur. Si cette priorité donnée au ministère de la Parole illumine l’image qu’on doit se faire du prêtre dans l’exercice de tout son ministère, nous croyons qu’elle implique aussi un nouvel équilibre dans la manière de comprendre sa formation. De quel type de prêtre pourrions-nous rêver, maintenant que nous savons que le ministère de la Parole est sa première fonction? Le second temps, plus important que le premier, ne peut être soumis à aucun contrôle. C’est le temps d’une décision du cœur. Le futur prêtre fait tout pour aimer la Parole de Dieu. Il apprend à vivre en elle, elle devient en lui comme une source. Il l’intériorise. Il la contemple. Il la murmure jour et nuit dans son 11 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 12 Dossier C’est le langage adapté pour avancer dans le contexte d’une vie difficile. C’est cette sagesse qu’il communique. Tout humain, en effet, se sent bien faible devant les difficultés et les souffrances de sa vie et trouve, présents en lui, bien des mécanismes qui l’invitent à reculer. Où trouver la force, le dynamisme pour avancer, où trouver une parole qui donne courage? Le prêtre, illuminé par la Parole de Dieu, a quelque chose à dire aux chrétiens. C’est dans la force du Christ en route vers la Passion que le prêtre fait découvrir à tout chrétien la force d’affronter avec le Christ les exigences de sa vie, d’y faire face. Le langage de la croix est le seul adapté à la condition humaine et le seul qui puisse lui donner du sens. Dans l’Église, le prêtre qui a intériorisé la Parole peut saisir cette vérité. Le Christ en croix l’a illuminé et il sait que la croix débouche sur la Résurrection. C’est sa sagesse. Conclusion Le sacrement de l’Ordre conféré aux prêtres «configure… au Christ Prêtre pour les rendre capables d’agir au nom du Christ Tête en personne» (PO 2). C’est là l’identité du prêtre ainsi que sa mission. Le Concile n’a pas changé l’identité du prêtre mais il a rééquilibré la dynamique de son ministère et il a mis en évidence la condition nécessaire pour que le prêtre ne soit pas, dans l’exercice de son ministère, une cymbale retentissante (1Cor 13,1); la Parole de Dieu est l’âme de son ministère, c’est pourquoi elle est première : c’est elle qui donne à la célébration eucharistique d’être un véritable «accomplissement» (PO 2), et c’est elle qui permet de construire l’Église, car la Parole est «force de Dieu pour le salut de tout croyant» (Rom 1,16). cœur, comme dit le Psalmiste. Elle lui devient de jour en jour plus intime. Elle fait partie de son être. Le futur prêtre devient amoureusement porteur de la pensée de Dieu. Il voit tout à partir de cette pensée. Il comprend le monde à partir d’elle. Il opère, par la grâce de Dieu, cette conversion. Il fait l’expérience qu’il porte en lui un trésor de vie et que la beauté de la Parole peut s’ajuster aux besoins de toute personne et qu’elle est porteuse de vie. Il ne rougit pas de la Parole (Rom 1, 16). Il sait qu’en la disant, en elle s’exerce «la force de Dieu» (Rom 1,16). Il fait donc tout pour bien l’assimiler, pour la rendre vivante en lui. Elle est sa sagesse. Dans la sagesse de Dieu (1Cor 1,21), le prêtre a compris que le langage de la croix (1Cor 1,18) ne peut être évité. 12 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 13 Dossier La prêtrise dans l’Église catholique: perspectives et défis ■■■ André Brouillette, SJ ficiel. Fils de Dieu s’offrant pour nous, il est à la fois prêtre et offrande (voir l’Épître aux Hébreux). Quelques éléments de perspective La figure du prêtre s’enracine dans l’expérience religieuse du peuple hébreu. Le prêtre se présentait alors comme un homme de la tribu de Lévi, spécialement consacré pour veiller aux sacrifices offerts au Seigneur. Le prêtre était désigné pour assurer la médiation entre Dieu et son peuple, au côté de la figure du prophète. Avec Jésus-Christ, la figure du prêtre se transforme radicalement. En sa personne, la figure du médiateur se joint à celle de l’animal sacri- Dans les premières communautés chrétiennes, des «anciens» (presbyteros) veilleront progressivement au bon fonctionnement de la communauté dans ses divers aspects : organisation de la prière, de la vie fraternelle, distribution d’aumônes. Ils seront aidés en ces tâches par des personnes occupant diverses fonctions (entre autres les « diacres » et « diaconesses »). Les ministères étaient nombreux, comme le rappelle l’apôtre Paul : prophétie, enseignement, guérison, administration (voir 1 Cor 12). Au fil de l’histoire de l’Église, une division tripartite du leadership des communautés s’instaura: l’épiscopat, le presbytérat et le diaconat. Dans l’Église antique, les femmes pouvaient être diacres (jusqu’au 15e siècle en fait dans certaines Églises orthodoxes). L’ordination se caractérise par l’imposition des mains, par laquelle l’évêque confère la grâce de l’EspritSaint à la personne qui a été appelée à un office. L’ordination est reçue comme une marque indélébile : un individu est consacré à vie pour ce service, peu importe les visages que le ministère du diacre, prêtre ou évêque prendra au fil des ans. En ce sens, le sacerdoce s’apparente au baptême, qui confère aussi une marque indélébile au baptisé : il est mort et 13 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 14 Dossier renaît de nouveau en Christ pour une vie nouvelle; aucun retour en arrière n’est possible. Chaque baptisé est d’ailleurs appelé à participer à la triple vocation de prêtre, de prophète et de roi du Christ, étant consacré comme demeure spirituelle, comme témoin du Verbe de Dieu dans le monde et comme souverain à l’image du Christ, qui, en tant que roi, s’est fait serviteur et pauvre. Le sacerdoce ministériel (celui des prêtres et des évêques) s’enracine dans le sacerdoce universel de tous les baptisés et est ordonné au service de l’ensemble des baptisés. Dans le cadre de la vie religieuse, le sacerdoce ne s’articule pas nécessairement autour de la vie paroissiale, comme c’est le cas la plupart du temps pour les prêtres diocésains. Ainsi, les moines bénédictins, par exemple, jouissent de racines qui sont au moins aussi anciennes que notre conception actuelle du sacerdoce… De leur côté, franciscains et dominicains ont fait, historiquement, de leur style de vie austère comme prêtres un instrument au service de la foi. Quant aux premiers jésuites, le sacerdoce pour eux était un nécessaire outil pour le « service des âmes ». Le sacerdoce se situait ainsi dans la ligne de la mission, se déployant à la manière du pèlerin à l’intérieur de l’Église et jusqu’à ses frontières. régions du monde et l’accès limité aux sacrements qui en résulte pour de nombreux fidèles, de même que la règle du célibat ecclésiastique. Par la suite, la question de l’ordination des femmes s’est posée. Le pape Paul VI a indiqué clairement en 1967, par l’encyclique Sacerdotalis Caelibatus, que la règle du célibat des prêtres – même si elle avait été introduite relativement tard dans l’histoire de l’Église – devait être conservée. Le même Paul VI répondit « non » en 1976, par la voix de la déclaration Inter insigniores de la Congrégation pour la doctrine de la foi, à la demande d’ordination de femmes, invoquant des arguments tirés de la Bible comme de la tradition. Le pape Jean-Paul II, dans les deux décennies subséquentes, a réaffirmé ces interdits (par exemple dans la lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis de 1994). Des défis actuels Au moment du Second Concile du Vatican (1962-1965), plusieurs voix se sont élevées pour examiner la question du ministère ordonné. La pensée qui y a germé articule le sacerdoce principalement autour du cadre paroissial, tout en empruntant des éléments de la spiritualité des communautés religieuses. Parmi les questions soulevées, on note le manque de prêtres en de nombreuses Quarante-cinq ans après l’inauguration du Concile Vatican II, force est de 14 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 15 Dossier loque intitulé « L’accès des femmes aux ministères ordonnés : une question non réglée! » (disponible en DVD) pour faire le point sur la question. Depuis le milieu des années 1990, avec les « non » définitifs apportés par Jean-Paul II et la Congrégation pour la doctrine de la foi, un certain essoufflement s’est fait sentir dans les milieux ecclésiaux progressistes. Par ailleurs, les avancées de la recherche dans les domaines de l’exégèse biblique, de l’histoire de l’Église et de la théologie systématique ont mis à mal de nombreux arguments traditionnellement utilisés pour justifier le refus. Selon Mme Olivette Genest, exégète et théologienne, l’argument principal qui semble toujours tenir est celui de l’autorité. Un détenteur d’autorité nouveau pourrait peut-être alors se sentir autorisé, suite à une relecture de la Parole de Dieu, de la tradition de l’Église et de l’expérience humaine contemporaine, à émettre une conclusion différente. constater que les discussions ne manquent pas au sujet de la nature du sacerdoce. La tension entre le manque de prêtres en de nombreuses régions du monde et l’importance de la vie sacramentelle – en particulier l’Eucharistie – n’a fait que s’accentuer, entre autres en Amérique latine. Le Québec pourrait aussi être touché en raison de la diminution rapide du nombre de prêtres. M. Jacques Racine, professeur de théologie à l’université Laval, confiait au journal Le Devoir (7/8 avril 2007) qu’il n’y aurait peut-être que 600 prêtres diocésains au Québec d’ici dix ans. Un autre élément de discussion est fourni par l’expérience substantielle de femmes diacres, prêtres et même évêques en Occident, dans diverses dénominations chrétiennes. Ces réalités ne peuvent être ignorées. De ce survol rapide, il est possible de saisir que la question du sacerdoce se situe dans un ensemble vaste, enraciné historiquement dans la personne de Jésus-Christ et dans l’expérience du peuple hébreu, puis des premières communautés chrétiennes. La conception des divers ministères a évolué au fil du temps, comme nous le voyons avec l’orientation insufflée par Vatican II. Face à des expériences et problématiques nouvelles, il faut souhaiter que le dynamisme de l’Esprit inspirant l’Église nous assure des manières toujours renouvelées de rendre le Christ et sa Parole vivants au cœur de nos frères et sœurs. L’automne dernier, le Centre justice et foi de Montréal a organisé, avec divers partenaires ecclésiaux, un col15 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 16 LA VIE DANS L’ESPRIT PRIER avec Henri de Lubac ■■■ Bernard Carrière, SJ œuvres de Maurice Blondel qui tenta, au début du vingtième siècle, de réconcilier la réflexion philosophique, inspirée par le développement des sciences, et la pensée théologique. Pour ce philosophe, catholique convaincu, le contenu de la foi chrétienne n’est pas en contradiction avec la pensée moderne qui voudrait garantir l’autonomie de la pensée et déterminer à elle seule les conditions qui en établissent le règne. Henri de Lubac commença très tôt à réfléchir à la question du surnaturel. Tout en s’intéressant aux préoccupations Henri de Lubac, l’un des grands penseurs et théologiens du vingtième siècle dont l’Église catholique peut se glorifier, est né en 1896 à Cambrai, dans le nord de la France, et il est mort à Paris en 1991. Il a eu une longue vie marquée par des événements douloureux et des épreuves qui auraient pu mettre à mal sa foi en Dieu et sa fidélité à l’Église. Mais, dans ses dernières années, la qualité de sa recherche théologique et son orthodoxie sans faille étaient universellement appréciées. En 1983, alors qu’il allait avoir 87 ans, le pape Jean-Paul II fit preuve d’un geste inattendu de réhabilitation en le nommant cardinal. Et, au moment de sa mort, le même pape reconnut en lui l’auteur qui « a recueilli le meilleur de la tradition catholique dans sa méditation sur l’Écriture, l’Église et le monde moderne ». Le père de Lubac était entré dans la Compagnie de Jésus à 17 ans, en 1913, après avoir commencé des études de droit aux facultés catholiques de Lyon. Il n’avait pas encore terminé son noviciat lorsqu’il fut appelé sous les drapeaux et envoyé au front. Il ne sera démobilisé qu’en 1918, après avoir été blessé à un bras, à une oreille et à une jambe. Il en gardera des séquelles physiques qui rendront difficile la concentration requise pour le travail de réflexion et d’écriture. De 1919 à 1927, il poursuivra sa formation philosophique et théologique en Angleterre parce que, à cette époque, les jésuites étaient encore officiellement interdits de séjour en France. C’est au cours de ces années que se forgera sa pensée au contact, entre autres, des 16 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 17 LA VIE DANS L’ESPRIT ses grandes œuvres tout en enseignant la théologie à l’Institut Catholique de Lyon. Il n’hésita pas à participer activement, par des écrits, à la Résistance à l’occupation allemande, pour marquer son opposition à l’antisémitisme dominant. Après la seconde guerre mondiale cependant, un mouvement d’opposition à sa pensée se cristallisa parmi certains théologiens catholiques. En 1950, à la suite de la publication de l’encyclique Humani Generis du pape Pie XII, il est réduit au silence et suspendu de sa fonction d’enseignant et, avec quelques autres théologiens français, il est accusé d’avoir propagé des « erreurs pernicieuses sur des points essentiels du dogme ». C’est sûrement l’épreuve qu’il a ressentie le plus douloureusement dans sa vie. Et ce n’est qu’en 1960, dans la phase préparatoire du concile Vatican II, qu’il rentrera dans les bonnes grâces des autorités de l’Église en étant choisi par Jean XXIII, contre l’avis de certains cardinaux, pour être consulteur de la commission théologique. Durant le concile, accrédité comme expert, il sera un des rédacteurs, aux côtés du cardinal Wojtyla, du schéma 13 qui deviendra ensuite la constitution pastorale Gaudium et spes (« L’Église dans le monde de ce temps »). Arrêtons-nous un moment à sa première grande œuvre théologique, publiée en 1938, qu’il a intitulée Catholicisme et dans laquelle il a voulu inscrire les préoccupations qui l’habiteront tout au long de sa vie. Au début des années 30, Henri de Lubac avait le sentiment d’un progrès de la conscience sociale de ses contemporains. Il y voyait un signe des temps et il vibrait aux aspirations à l’unité qui s’exprimaient dans la société. Mais il était aussi en lutte contre l’individualisme qui déjà s’affirmait fortement chez les intellectuels de cette époque et qui annonçait ce qui allait devenir un trait fortement répandu de ses contemporains, il se nourrit aussi de la pensée des Pères de l’Église, ces théologiens des premiers siècles du christianisme. Et pour rendre leurs écrits plus accessibles, il mit sur pied avec l’aide du père Jean Daniélou la collection «Sources chrétiennes» qui continue encore aujourd’hui à publier, dans la langue de leurs auteurs et en traduction française, des œuvres qui méritent d’être connues par un plus large public. Dans une œuvre intitulée De la connaissance de Dieu, le père de Lubac écrit : « ‘Aime et fais ce que tu veux’, disait saint Augustin, - si tu aimes assez pour agir en tout selon ton amour. ‘Aime et crois ce que tu veux’, pourrait-on dire, - si tu sais tirer de ton amour toute la lumière qu’il recèle. » Les années 30 et 40 et le début des années 50 furent bien remplis pour Henri de Lubac. Il commença à publier 17 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 18 LA VIE DANS L’ESPRIT l’humanité. » L’Église doit en arriver à porter en elle toute l’humanité et tout l’univers. Henri de Lubac écrivait en 1938 : « Comment une religion qui se désintéresse apparemment de l’avenir terrestre et de la solidarité humaine offrirait-elle un idéal capable de rallier encore les hommes d’aujourd’hui? » Son propos nous invite à nous demander, en 2007, si nous sommes vraiment conscients de la dimension « catholique » de la foi chrétienne à laquelle nous adhérons. Et c’est avec l’auteur de Catholicisme que nous reprenons la prière de saint Grégoire de Naziance, adressée au Dieu créateur, transcendant et proche de tout être humain, prière que le père de Lubac a contribué à faire connaître et qui figure maintenant dans le texte officiel de la Liturgie des Heures de l’Église : dans le monde actuel. Il avait été invité, un jour, par un groupe d’étudiants asiatiques, en majorité chinois, qui voulaient connaître la notion théologique d’universalité de l’Église catholique et du christianisme en général. À partir du texte préparé pour l’occasion et développé par la suite, il écrit le chapitre qui constitue le pivot de tout son volume, dans lequel est envisagé en trois parties ce qui est propre à la réalité catholique. La première partie illustre les aspects sociaux du dogme; la deuxième, le mystère de l’Église qui, en tant que « catholique », vise « tout l’homme »; et la troisième enfin débouche sur la dimension sociale en général et l’importance de cette dimension dans l’engagement du chrétien. L’auteur dégage pour nous, lecteurs, les aspects sociaux de la vérité selon le christianisme. Dieu crée l’humanité comme un tout et tous les êtres humains sont faits à « l’unique image du Dieu unique ». Or, l’humanité est doublement une unité, selon le christianisme : « Unité du corps mystique du Christ, unité surnaturelle », mais aussi « première unité naturelle, l’unité du genre humain », qui a été fait chair de l’humanité entière. « Le Christ, aussitôt qu’il existe, porte en lui virtuellement tous les hommes ». Et l’Église est le lieu où l’on prend conscience de « Jésus-Christ répandu et communiqué ». Toute recherche de sens vient donc de Dieu et de l’œuvre de son Fils incarné dans le cœur de l’être humain. Mais c’est bien au-delà de l’événement chrétien que le sens est répandu, jusqu’en des lieux ou des zones de culture où il n’est pas d’abord visible. Et l’Église doit être « catholique » par sa capacité d’accueil. Il s’ensuit que « le mot d’ordre du chrétien ne peut plus être ‘évasion’, mais ‘collaboration’. Il s’agit pour lui de travailler avec Dieu et les hommes à l’œuvre de Dieu dans le monde et dans Ô toi l’au-delà de tout, n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de toi? Quelle hymne te dira, quel langage? Aucun mot ne t’exprime. Tout ce qui est te prie, et vers toi tout être qui pense ton univers fait monter une hymne de silence. Tout ce qui demeure, demeure par toi; par toi subsiste l’universel mouvement. De tous les êtres tu es la fin; tu es tout être, et tu n’en es aucun. Tu n’es pas un seul être; tu n’es pas leur ensemble; tu as tous les noms et comment te nommerais-je, toi qu’on ne peut nommer? Ô toi l’au-delà de tout, n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de toi? 18 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 19 HORIZONS une sélection de Louis-Martin Cloutier, SJ République démocratique du Congo: il faut payer pour apprendre leur vie. Le financement gouvernemental prévu pour les équipements principaux et les investissements n'arrive qu'en quantité insuffisante, lorsqu'il arrive. Malheureusement, ce sont les parents qui doivent suppléer. En moyenne, les parents payent un dollar par mois, une somme inabordable pour des familles gagnant entre 25 et 30 dollars par mois», a déclaré M. Clemesac. Le droit des enfants à l'éducation primaire est inscrit dans la législation nationale et internationale. Mais l'Etat n'a pas les moyens financiers de tenir ses engagements. Le personnel du SJR a vu les effets négatifs sur les relations entre les élèves et les enseignants. Ceux qui peuvent payer sont favorisés et ils considèrent les enseignants comme des distributeurs de connaissances. L'introduction de la contribution parentale a transformé la relation élève enseignant en relation économique. Malheureusement ce n'est pas le seul obstacle. Le SJR précise qu'il est difficile d'ouvrir de nouvelles écoles et d'obtenir la reconnaissance de l'État pour des dernières, à cause de la bureaucratie. Pendant ce temps, les enseignants ne reçoivent pas l'intégralité de leur salaire, qui va de 40 à 70 dollars par mois. «L'absence de financement pour l'éducation primaire empêche les enfants les plus pauvres et les plus vulnérables d'avoir accès à leurs droits fondamentaux. Les enseignants sont peu, voire pas du tout, payés. Ils se tournent alors vers les parents pour un supplément de salaire. En fin de compte, ce sont les enfants qui souffrent», déclarait Nicolas Clemesac, le responsable de la promotion des droits de l’homme au sein du SJR Grands Lacs (Afrique). Dans la riche région de Kisangani, dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo, la population locale tente de gagner sa vie comme elle peut et d'oublier les conflits et les destructions qui ont marqué le passé récent. Pour améliorer la situation, le SJR soutient un certain nombre d'écoles primaires de la région. L'aide est destinée à la reconstruction des écoles, à la formation des enseignants, et à la promotion de la participation des filles. Dans cette difficile situation de fin de conflit, il faut faire attention à ne pas troubler des relations interethniques des plus délicates. Les écoles sont ouvertes à tous: à la population locale comme aux personnes déplacées. Mais la situation n'est pas simple. «Les enseignants qui sont pauvres et mal payés cherchent à gagner 19 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 20 HORIZONS Angola : Le déminage des routes et de la région. De par son travail auprès des personnes ayant survécu à une explosion de mine dans la région, le SJR est tout à fait conscient du danger que courent les réfugiés et les déplacés rentrant chez eux. « C’est une excellente utilisation des forces armées angolaises, qui aidera le pays à remettre sur pied ses infrastructures routières. L’un des défis que rencontrent les rapatriés est l’accès aux marchés pour vendre leurs produits. L’ouverture des routes facilitera la vie de tous les habitants», selon les dires de Michael Gallagher, SJ, responsable régional de la promotion et défense des droits de l’homme. On sait que les mines tuent des centaines de personnes chaque année, surtout les enfants. En janvier dernier, un programme de déminage a commencé sur des routes dans la province d’Uige (située dans le nord du pays). Le projet a été inauguré dans le village de Quica. 69 membres des forces armées du pays, connues sous le nom de sapeurs FAA, ont participé au lancement de l’opération, ce qui est une première. Augusto Justino, le coordinateur de la Commission provinciale pour le déminage, a déclaré qu’il était urgent de déminer à cause des flux de populations et de marchandises. Cela aidera de plus au développement République dominicaine : L’enregistrement des enfants base de l’origine de leurs parents. Le réseau Mesa para las Migraciones (Conseil des migrations), dont fait partie le Service jésuite aux réfugiés (SJR) de la République Dominicaine, a répondu qu’enregistrer ces enfants dans un registre séparé pourrait les priver de leurs droits à la nationalité. En République Dominicaine, le droit à la nationalité est basé sur le principe selon lequel tout enfant né sur le sol dominicain a droit à la citoyenneté dominicaine. On estime que 30% de la population dominicaine n’a pas de certificat de naissance, une carence due au fait que l’enregistrement des naissances est un processus onéreux et compliqué. Or, le 12 janvier 2007, le Réseau dominicain des ONG a critiqué la décision du Comité central des élections concernant la création d’un fichier spécial pour les enfants nés de parents étrangers, les raisons de cette critique étant que cette démarche institutionnaliserait la discrimination à l’égard des enfants sur la Sri Lanka : Soulagement offert aux populations déplacées pour les réfugiés, une agence de l’ONU, déclarent que les personnes qui fuient sont « affamées et épuisées ». Selon les derniers chiffres publiés, le nombre de personnes déplacées à Vaharai est estimé à environ 30 000. La plupart des nouveaux arrivants sont installés dans des structures temporaires, des écoles et des bâtiments gouvernementaux, répartis sur huit sites. Le SJR continue à fournir un soutien psychologique, des services en éducation, y compris la fourniture de matériel scolaire. [source : JRS Dispatches, février et avril 2007] La violence dans le district oriental de Batticaloa entre les forces gouvernementales et les rebelles du LTTE (Tigres de libération de l’Eelam Tamoul), a provoqué la fuite de quelque 7 000 civils au début de l’année 2007. Les combats se sont surtout concentrés dans la bande côtière de Vaharai, au nord de Batticaloa. Le père Vinny Joseph, SJ, directeur du SRJ Sri Lanka, s’est rendu auprès des populations déplacées, déclarant : « Je n’ai pas de mots pour décrire les conditions d’exil de ces populations ». Des rapports publiés par le bureau local du Haut-Commissariat 20 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 21 HORIZONS ÉCHOS D’ICI Mgr Terrence Prendergast, SJ : Nouvel archevêque d’Ottawa Au mois de mai, le Saint-Siège a annoncé la nomination de Mgr Prendergast, actuel archevêque de Halifax, comme nouvel archevêque d’Ottawa. Mgr Prendergast est né à Montréal en 1944. En 1961, il est entré dans la Compagnie de Jésus (province du Haut-Canada), et a été ordonné prêtre en 1972. Détenteur d’un doctorat en Écriture sainte de Regis College (Toronto), il a été professeur et doyen de cette institution. En 1995, le pape JeanPaul II l’a nommé évêque auxiliaire de Toronto, puis archevêque d’Halifax en 1998. Selon les informations de la Conférence des évêques catholiques du Canada, l’archidiocèse d’Ottawa compte 142 prêtres diocésains, 175 prêtres religieux, 70 diacres permanents, 879 religieuses et religieux et 18 agents de pastorale laïcs au service d’une population d’environ 400 000 catholiques répartis en 111 paroisses et missions. ■■■ Les Jésuites au Canada : Centenaire et changement de nom anglais ont profité du présent jubilé pour se doter d’un nouveau nom, celui de « Jesuits in English Canada », reflétant à la fois leurs origines diverses (ils ne sont pas tous du « Haut-Canada ») de même que l’étendue géographique de leur activité (des Rocheuses aux Maritimes, donc bien au-delà de l’Ontario). De notre côté, l’ajout informel d’Haïti au nom même de notre province reflète la place grandissante de ce territoire aux côtés de notre présence au Québec et dans le nord de l’Ontario. Il y a un siècle, en 1907, la « mission canadienne » devenait la province jésuite du Canada, acquérant de ce fait une autonomie institutionnelle. En 1924, les jésuites de langue anglaise se séparaient de la province canadienne pour former la vice-province du HautCanada, alors que la province canadienne prenait le nom de « BasCanada ». Notre province adopta son nom actuel de « Canada-français » dans les années 60, après avoir été divisée en deux provinces pendant quelques années. Nos confrères canadiens21 jesuites-printemps07 30/5/07 12:58 Page 22 HORIZONS Saint-Jérôme : Congrégation provinciale En février dernier s’est tenue la plus récente congrégation de la province; un peu plus de 40 compagnons étaient rassemblés pour débattre de postulats à faire parvenir à Rome pour la Congrégation générale ou pour le futur père général. Les membres de la congrégation ont aussi procédé à l’élection de Jean-Marc Biron, SJ comme délégué pour la 35e Congrégation générale qui aura pour tâche, dès janvier 2008, de veiller à l’élection d’un nouveau supérieur général. Daniel LeBlond, SJ, en tant que supérieur provincial, y participera d’office. La congrégation provinciale a aussi été l’occasion d’une rencontre d’une journée avec des nombreux collaborateurs laïcs provenant de diverses œuvres pour un temps d’échanges et de partage. ■■■ Jean-Guy Saint-Arnaud, SJ : Parution d’un nouvel ouvrage Le père Saint-Arnaud vient de publier un nouvel ouvrage aux éditions Médiaspaul (Montréal): Aux frontières de la foi: Entre l’athéisme et le mystère, dans la collection “Sève nouvelle”. L’athéisme et le mystère tracent les deux frontières de notre foi, ses deux horizons obligés, celui du couchant avec ses ombres et son possible déclin, et celui du levant avec ses lumières et son essor inespéré. L’ouvrage veut marquer la solidarité de tous face aux enjeux spirituels et aux énigmes de notre condition humaine. Il est basé sur deux séries d’émissions présentées sur les ondes de Radio Galilée, dans la région de Québec : La foi au risque de l’incroyance et Les paradoxes de la vie chrétienne. 22