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LES HERITIERS DE SAMUEL HAHNEMANN
Par Francis VIEULES
De nombreux homéopathes, disciples contemporains de Hahnemann ont apporté leur pierre à l’édifice puis,
plus tard, d’autres personnalités ont continué à ensemencer l’homéopathie de nouveaux concepts étayés
par leurs recherches.
Voici les figures les plus marquantes qui ont contribuées au développement de l’homéopathie.
Le Conte Sébastien Des Guidi, (1769-1863)
Sa vie est un véritable roman : d’esprit avant-gardiste et
révolutionnaire, il se range du côté des Français lorsque le
général français Championnet attaque en 1799 le royaume de
Naples. Mais le 17 juillet, l’armée napolitaine ramène le roi
Ferdinand IV qui châtie sévèrement la garde civile qui l’avait
trahi. Sébastien Des Guidi, blessé, est fait prisonnier et amené
pour être pendu. Au moment de l’exécution, une erreur de nom
constatée fait planer un doute et il est renvoyé.
La peur qu’il ressentit avant d’être pendu fut si profonde
qu’elle lui provoqua un tremblement nerveux définitif dans ses
jambes et lui donna une démarche vacillante qu’il conserva
toute sa vie, contrastant avec son extrême vigueur
intellectuelle. Proscrit et pauvre, il trouve refuge en France où il
est hébergé au clocher de Fourvière. En 1801, il réussit
brillamment le concours de professeur de mathématiques et
exerce au collège de Privas puis il est muté à Lyon. Quelque
temps plus tard, passant dans l’administration de l’université il
est nommé inspecteur d’Académie à Metz et à Strasbourg.
Puis, en 1819, il revient à nouveau à Lyon. A un âge très
avancé, il devient docteur ès sciences puis docteur en
médecine. C’est à ce moment- qu’il apprend que le roi Musat lui rend ses biens confisqués en 1799 par le
roi Ferdinand. Il retourne alors dans son pays natal. Témoin d’une guérison inespérée de sa femme par un
homéopathe italien, le docteur Romani, il va se passionner puis étudier cette discipline.
En 1829, il retourne à Lyon , malgré ses 60 ans, il va mettre tout son talent et sa fortune au service de
l’homéopathie. Il entreprend une croisade ardente en faveur de l’homéopathie, accomplissant une carrière
médicale brillante et féconde.
« Beaucoup de médecins, après l’examen sévère de quelques-unes de mes guérisons, se sont livrés avec
intérêt à l’étude de la nouvelle doctrine, et actuellement, plusieurs d’entre eux l’exercent avec succès ».
C’est ainsi que le docteur Des Guidi devint le grand introducteur et propagateur de l’homéopathie en France.
Il publia, enseigna et fonda la Société homéopathique lyonnaise qui plus tard se transforma en Société
Gallicane. Il meurt en 1863, âgé de 94 ans. Sa modestie légendaire lui fera dire : « Je n’ai point eu de mérite
réel. C’est la main de la Providence qui m’a dirigée : à elle seule revient toute la gloire ».
Le Baron C. Von Boenninghausen (1785-1864)
De nationalité hollandaise, il fut d’abord docteur en droit et juge.
Passionné d’horticulture, il devint conservateur du Jardin botanique
de Munster et fut connu sous le nom de « Sage de Munster ». Atteint
de tuberculose purulente, il devint l’un des plus fidèles élèves de
Hahnemann dont il épousa Mélanie, une des filles adoptives.
Il publia le tout premier répertoire homéopathique connu qui recense
tous les premiers remèdes homéopathiques.
(Vous noterez sur son crâne la volumineuse « bosse de la
télépathie »).
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G.H. Jahr (1801-1875)
dans une petite ville de Saxe, il fut d’abord professeur de
collège jusqu’à sa rencontre avec le maître qui lui conseilla de
faire des études de médecine à Bonn. Il est considéré comme un
des premiers disciples de Hahnemann. Plus tard, il vient s’installer
à Paris il obtient un franc succès grâce à ses prodigieuses
compétences et une culture scientifique très étendue. Mais à
cause de la guerre franco-germanique, il est l’objet de soupçons
de la part des autorités françaises. Averti de son arrestation
imminente, il s’enfuit en Belgique où il est accueilli à bras ouverts.
C’est dans ce pays qu’il va développer l’homéopathie en même
temps qu’il donnera des consultations dans un dispensaire de la
rue Laeken à Bruxelles. En une année, il pouvait y suivre 12 000
patients dont la plupart étaient guéris. Il acquit une très grande
renommée et enrichit la littérature homéopathique de nombreux
ouvrages dont un répertoire alphabétique, un guide clinique et un
ouvrage de matière médicale homéopathique.
Ses ouvrages constituèrent une sérieuse référence pour les médecins allemands.
Constantine Hering, (1800-1880)
Il fut, à Leipzig, étudiant du Dr. Robbi, un violent
adversaire de l’homéopathie. C’était par manque de temps
que ce dernier le chargea d’écrire un livre contre cette
« hérésie médicale ». Blessé à la main, il fut proposé à
Hering l’amputation. Grâce à l’homéopathie, il put guérir et
devint après maintes expérimentations un fervent
défenseur de cette discipline. Il démissionna de son poste
universitaire pour devenir un des plus fervents promoteurs
de l’homéopathie. Sa thèse était intitulée « A propos d’une
médecine du futur ». Il fut envopar le roi de Saxe à
Paramaribo au Surinam pour y effectuer des recherches
zoologiques et botaniques il devint le médecin du
gouverneur. Il était obsé par le fait de trouver de
nouveaux remèdes homéopathiques. C’est qu’il mit au
point, dans le laboratoire de sa maison familiale, le
remède homéopathique très connu lachesis à partir du
venin de serpent. Il mit au point plusieurs vaccins
homéopathiques à partir de souches microbiennes et
virales. Il fut le promoteur d’un nouveau courant en
homéopathie basé sur lisothérapie (remède
homéopathique fabriqué à partir des productions mêmes du malade : pustules, urine…).
En 1833, il migre pour Philadelphie en Pennsylvanie. En 1848, il officialise le Collège médical Hahnemann
qui sera considéré comme une des plus grandes institutions de tous les temps dans l’enseignement de
l’homéopathie. Avec ses étudiants, il pouvait traiter jusqu’à 50 000 patients par an.
Il fut un des premiers à utiliser la nitroglycérine pour les maux de tête et les problèmes cardiaques, des
décennies avant que la médecine officielle s’y intéresse.
Il est considéré comme le père de l’homéopathie américaine et à l’origine de son expansion dans tout le
territoire des Etats-Unis. A sa mort, en 1881, il existait 56 hôpitaux homéopathiques. Sa devise était « Le
pouvoir de la douceur est grand ».
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Jean Pierre Gaillarvardin (1825- 1897)
Il né à Saint-Priest et est le fils d’un des plus grands marchands de
chevaux de la région lyonnaise qui exportait en Allemagne et en
Suisse.
De santé fragile, il fut rétabli grâce aux soins du Docteur DES GUIDI.
Esprit curieux et chercheur, il s’intéressait à de nombreuses
disciplines, il étudie, entre autres, la phrénologie, la physionomie
(ancêtres de notre Structure/Fonction), mais aussi la mythologie et fut
un des premiers à s’intéresser à l’acupuncture.
Il s’interroge même sur l’orientation du lit du malade en fonction de la
pathologie. Comme tous les médecins de cette époque il portait la
redingote et le chapeau haut de forme. Ce fut un des grands apôtres
de l’homéopathie, polémiste ardent et inconditionnel de la pensée de
Hahnemann.
Il lança une souscription pour la création de l’hôpital homéopathique de
Leipzig en Allemagne et créa lui-même l’hôpital homéopathique Saint-
Luc à Lyon. A 57 ans, il renonce à l’usage de la viande pour le
végétarisme. Vingt ans avant, il avait déjà renoncé au vin et au tabac. Il
écrivit de nombreux ouvrages mais celui qui reste le plus connu est
son Répertoire psychique totalement inédit. On y trouve par exemple la
description de remèdes pour la femme trop coquette, l’adolescent qui
découche, l’inaptitude à l’algèbre et la géométrie et des remèdes
contre les blasphémateurs. Dans ce livre, il traita exclusivement des
symptômes psychiques lorsqu’ils existent isolément ou comme
manifestation d’un état morbide, latent ou du tempérament individuel. Il
meurt à 73 ans après avoir été renversé par une voiture.
James Tylor Kent (1849- 1916)
Aux USA, à côté d’instituts strictement homéopathiques
hahnemanniens, développés par Hering, on vit se multiplier des
écoles dites éclectiques, c’est-à-dire l’on enseignait un mélange
de sciences fondamentales (anatomie, physiologie, histologie,
chimie..) avec diverses thérapeutiques : allopathiques,
homéopathiques, naturopathiques, chiropratiques et autres thérapies
empiriques.
C’est dans l’une de ses écoles, l’Eclectic Medical Institute de
Cincinnati (Ohio), que James Tylor Kent apprend la médecine. A 33
ans, il occupe la chaire de Chirurgie au Missouri Homeopathic
Medical College de Saint-Louis. Deux fois veuf, il s’ouvre à la
spiritualité en approfondissant l’œuvre du mystique suédois
Emmanuel Swedenborg.
Décrit par son entourage comme austère, d’une grande intégrité et
d’une grande impartialité, grand travailleur, très consciencieux, il est
peu démonstratif, plutôt introverti, ne montrant jamais ses sentiments
mais franc et direct. Il était proche de ce qu’on appellerait aujourd’hui
une personnalité obsessionnelle. Kent va pousser à bout, dans la
lignée de son maitre Hahnemann, la technique d’individualisation des
symptômes. Il cherche à tout prix le remède unique qui va tout guérir.
Son courant existe toujours de nos jours : il porte le nom de
kentisme ou d’homéopathie uniciste.
Une de ses trois grandes œuvres constitue son grand répertoire qui
unit 1424 pages de signes soigneusement valorisés, qu’il appelle key note ou signe-clé, permettant la
prescription d’un remède homéopathique.
Jean Pierre Gaillarvardin à 40 ans
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Dr T.F Allen (1837- 1902)
dans le Vermont, il fait des études de médecine à l’université de
New York. Il sert comme chirurgien durant la guerre civile américaine.
Après avoir fait un constat d’échec dans le traitement de la diphtérie, un
ami à lui, le docteur Caroll Dunham, lui certifie n’avoir que des
réussites par homéopathie. Il traite ce dernier de menteur mais accepte
au cours d’une autre épidémie qu’il l’accompagne et traite ses patients.
Constatant les résultats, il apprend de son ami avant d’étudier
l’homéopathie à Brooklyn.
Passionné de botanique, il fut directeur des jardins botaniques de New-
York. TF. Allen est surtout connu pour une imposante et magistrale
encyclopédie « de matière médicale pure en 12 volumes » qui, bien que
critiquée pour ses sources, fait encore aujourd’hui autorité.
Dr John Henry Clarke (1853- 1931)
Il fut un des plus éminents médecins homéopathes anglais. Tous ceux qui
l’ont croisé ont été impressionnés par le fait qu’ils étaient en présence
d’un être exceptionnel, avec une très forte personnalité, un homme à part.
C’était un travailleur prodigieux, qui avait peu de temps à partager avec
les autres. Pendant 39 ans, il a édité le journal « Le Monde
Homéopathique ». Ces trois volumes de matière médicale
homéopathique font encore autorité chez les homéopathes
contemporains.
Bien qu’il se soit intéressé à des centaines de remèdes homéopathiques,
Clarke mettait en avant 13 remèdes importants car, disait-il, posséder à
fond ces 13 remèdes, c’est maitriser la matière médicale homéopathique
du bon médecin homéopathe.
Cyrus maxwell Boger (1861 -1935)
Il est considéré comme un des pères de l’homéopathie moderne, celle du 21ème
siècle. Pharmacien diplômé du Collège de Pharmacie de Philadelphie, puis plus
tard du Collège Médical Hahnemann de cette même ville, il s’intéresse
particulièrement à la philosophie de la matière médicale. Aujourd’hui, ses livres
et répertoires sont utilisés par de très nombreux homéopathes
Dr Antoine Nebel (1870 -1954)
Forte personnalité, mais possédant une grande simplicité et une bonté d’âme, il
a attiré à lui des homéopathes du monde entier, avec lesquels il a partagé ses
connaissances et ses recherches. D’une très grande culture, il parlait 6 langues
étrangères et était réputé pour son diagnostic, sa clarté d’esprit et la logique
implacable de ses conclusions.
Il fut un innovateur en homéopathie, et introduisit la notion des trois
constitutions : le carbonique, le phosphorique, le fluorique.
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Dr Léon Vannier (1880 -1963)
Il fut un des promoteurs les plus efficients de l’homéopathie en
France mais aussi à l’étranger. Il introduisit deux nouvelles
diathèses, le tuberculinisme et le cancérinisme. Il sera le premier
à prétendre que l’on peut prévenir le cancer en soignant le
terrain. Il aura fréquemment recourt à l’iridologie pour ses
diagnostics et ses pronostics. Il n’hésitera pas à faire de
nombreuses photographies d’iris pour étayer ses recherches.
Il publia de nombreux ouvrages et réussit à rallier certains
membres de l’Académie de médecine et certains professeurs de
faculté à sa cause. Personne désintéressée, il ouvrit deux
dispensaires de consultations homéopathiques gratuites à Paris
qui servirent d’enseignement pour les futurs homéopathes.
Notez ses deux traits de structure-fonction : Construction
cognitive type C « Je suis par nature un constructeur passionné
par le nouveau » et Orientation glandulaire type A pituitaire « Je
suis par nature devenu auto-protecteur en ce qui concerne les
sujets intimes ».
Dr Pierre Schmidt (1894 -1987)
Il fut le plus célèbre représentant de l’homéopathie suisse. Très influencé par
l’homéopathie américaine, il a complété le répertoire de Kent, fruit de 50 ans
d’expérience.
Il a réintroduit l’homéopathie uniciste en Europe.
Notez son trait de structure-fonction visage long et étroit « Je suis par nature
prudent ».
D’autres noms ont ponctué le veloppement de l’homéopathie française comme les docteur Charrette,
Demarque, Fortier-Bernouville, Jouanny, Latoud, Voisin, Zissu, Iliovici, Broussallian et en psychiatrie, le
docteur Madame Jacqueline Barbancey.
Dr Jacqueline Barbancey (1920 -1995)
Elle a exercé à Bordeaux jusqu’en 1979 puis au Pizou jusqu’en
1990.
Elle crée en 1974 le groupe homéopathique d’étude
psychopathologique. Elle fit une analyse psychopathologique de
certains grands remèdes homéopathiques sur laquelle elle
s’appuyait pour les prescrire. Certains homéopathes trouvèrent cela
hérétique car transgressant le principe de similitude : le profil
psychopathologique n’appartenait pas aux pathogenèsies et était
pour eux purement interprétatif.
Deux anecdotes :
- Un de ses fils atteint de la polio fut soigné par elle avec
Gelsemium et du chlorure de magnésium. II n’eut aucune séquelle
et fut finaliste du 10000 mètres à la préparation militaire.
- J’ai eu la chance de la rencontrer en 1980. Son livre « Pratique
Homéothique en Psychopathologie » renferme une foule d’informations nouvelles sur les grands remèdes
homéopathique. Elle y développe notamment une thèse peu connue des homéopathes à savoir que la
schizophrénie est « la forme psychique » de la tuberculose.
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