Chapitre 2.10.7. — Fièvre de West Nile
Manuel terrestre de l’OIE 2005 1169
subissent des épizooties sporadiques s’effectueraient par les oiseaux migrateurs (5). Le WNV se maintient grâce
à un cycle de transmission moustique-oiseau-moustique, tandis que les humains et les chevaux sont des culs-de-
sac épidémiologiques. L'analyse génétique des isolats divise les souches en 2 clades. Les isolats de la lignée
1 sont isolés en Afrique centrale et du nord, en Amérique du Nord, en Australie (virus de Kunjin), en Europe, en
Inde et en Israël. Les souches de la lignée 2 sont enzootiques à Madagascar et en Afrique australe et centrale
avec une cocirculation des 2 lignées du virus en Afrique centrale (2, 6). Les souches de chaque lignée sont
responsables des maladies humaines et animales tandis que les épidémies humaines et équines récentes sont
provoquées par des virus appartenant à la lignée 1.
Le virus de la fièvre de West Nile a été identifié comme étant un organisme pathogène humain en Afrique durant
la première moitié du 20e siècle. Bien que plusieurs épidémies de fièvre de West Nile aient été décrites,
l'encéphalite comme conséquence de l’infection humaine n’a que rarement été décrite avant 1996, mais depuis
lors, des épidémies d'encéphalite humaine causées par le WNV ont été rapportées en Roumanie, Russie, Israël
et Amérique du Nord (3, 10, 11). Pendant les années 1960, la fièvre de West Nile chez les chevaux a été
signalée en Égypte et en France (17, 19). Depuis 1998, des manifestations de fièvre de West Nile ont été
rapportées en Italie, en France, et en Amérique du Nord (7, 14, 15). En Amérique du Nord, de 1999 à 2002, la
répartition géographique du virus s’est nettement agrandie partant d'une région discrète le long de la côte Est de
l'État de New York pour inclure la majeure partie des États-Unis d'Amérique continentaux (USA), et le Canada,
avec une augmentation du nombre de chevaux et d'oiseaux sauvages affectés chaque année (15, 16, 22).
La période d'incubation de la fièvre de West Nile est estimée de 3 à 15 jours après la transmission par les
moustiques. Une virémie passagère accompagnée d’un faible titre de virus précède le début de la phase clinique
(4, 19). La fièvre de West Nile se produit seulement chez 1 % des chevaux infectés ; la majorité des chevaux
infectés ne présente pas de signes cliniques (15). La maladie chez les chevaux est fréquemment caractérisée par
une ataxie allant de légère à sévère. De plus, les chevaux peuvent présenter des signes de faiblesse, de
tremblements musculaires et des déficits des nerfs crâniens (7, 15, 16, 20). La fièvre n’est pas présente de
manière systématique. Le traitement est symptomatique et les signes cliniques peuvent progresser jusqu’à un
décubitus final. Le taux de mortalité est approximativement de 1 sur 3 chevaux cliniquement affectés. Le
diagnostic différentiel inclut d'autres encéphalites arbovirales (par exemple, les encéphalomyélites équines
vénézuélienne, de l’Est ou de l’Ouest et l’encéphalite japonaise), la myélite équine protozoaire (Sarcocystis
neurona), l’herpesvirus équin 1, la maladie de Borna et la rage.
Bien que beaucoup d'espèces aviaires, y compris les poulets, soient résistantes à la maladie, l'infection est
généralement mortelle chez les oiseaux sensibles à l’infection. Les oiseaux peuvent présenter des signes
nerveux avant la mort (21). Le WNV a été associé à une maladie sporadique dans un nombre restreint d'autres
espèces, notamment chez les écureuils, les tamias, les chauves-souris, les chiens, les chats, les rennes, les
moutons, les alpacas, les alligators et chez un phoque commun pendant des périodes d’intense activité virale
localement. La plupart des infections humaines se produisent lors d’une transmission normale par les
moustiques, mais des infections acquises en laboratoire ont été rapportées. Dans des cas cliniquement suspects,
les échantillons destinés au diagnostic de tous les animaux, en particulier les oiseaux, devraient être manipulés
dans un laboratoire de confinement de niveau 3 (voir le Chapitre I.1.6., « La biosécurité au laboratoire de
microbiologie vétérinaire ») (18).
En raison de l'existence d’infections inapparentes par le WNV, les critères de diagnostic impliquent une
association de l’évaluation clinique et de l'analyse de laboratoire.
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
1. Identification de l'agent pathogène
a) Culture
Les prélèvements pour l'isolement du virus comprennent le cerveau et la moelle épinière des chevaux
atteints d’encéphalites (15, 16) ; divers prélèvements de tissus d'oiseau comprenant le cœur, le cerveau ou
l'intestin peuvent également être utilisés avec succès (21). En général, l’isolement du virus est obtenu plus
facilement à partir d’échantillons aviaires. Le virus peut être propagé sur des cultures de cellules sensibles,
telles que les cellules de rein de lapin (RK-13) et les cellules de rein du singe vert africain (Vero), ou encore
des œufs embryonnés de poulet. Les inoculations intracérébrales de souriceaux nouveau-nés sont moins
efficaces pour isoler le virus à partir de tissus de mammifères que les méthodes de culture de cellules. En
culture de cellules, plus d'un passage doit être effectué pour observer un effet cytopathogène (ECP). La
confirmation de l’isolement du WNV est réalisée par un marquage indirect par des anticorps fluorescents sur
les cultures de cellules infectées ou par des méthodes de détection de l’acide nucléique (voir ci-dessous).