Nous pouvons donc comprendre que son appel invitait l’Eglise à s’inscrire dans la communauté de
l’église de Jésus-Christ, l’Eglise universelle où nous avons un témoignage commun, un combat commun
pour la justice, pour la paix, la solidarité, la liberté à la fois dans notre pays mais aussi dans le monde.
Il ne faut pas oublier que sur le plan politique, nous sommes dans une période où les colonies françaises
étaient en marche vers leur indépendance. Il était donc normal qu’au niveau des églises protestantes des
colonies françaises, l’accès à leur complète autonomie, l’acquisition de la plénitude de leur responsabilité
devienne l’expression d’une maturité acquise par ces églises locales. Il en sera ainsi pour ces respon-
sables maohi de l’Eglise après 100 ans d’accompagnement assidu et engagé par la Société des missions
évangéliques de Paris.
Cette année nous fêtons l’autonomie de l’Eglise. Quelle signification et
quel sens donnons-nous à cet événement ?
Il ne s’agit pas seulement pour nous de rappeler un événement passé, nous
contentant de regarder dans le rétroviseur. Il s’agit de mesurer l’importance
de l’événement pour la communauté protestante, pour ses nouveaux respon-
sables qui assureront la pleine responsabilité de la gouvernance et de la
conduite spirituelle sous l’autorité de la parole de Dieu dans un contexte
des plus difficiles que traversera le Pays, à savoir le changement de société de consommation, un exode
massif de la population des îles de Tahiti et l’installation des essais nucléaires sur le Territoire.
L’Eglise nouvellement autonome, avec ses responsables, devra faire face à tous ces bouleversements so-
cio-économiques, politiques et culturels. Elle devra apporter des réponses concrètes face à de nouvelles
attentes sociales qui naîtront inévitablement. Ce sera la mise en place du centre Uruai a Tama, le foyer
des jeunes filles de Paofai, le renforcement de l’enseignement protestant, les mouvements de jeunesse.
Bien plus tard, ce sera le tour du Comité des femmes au sein de l’Eglise pour donner des réponses con-
crètes à la situation des familles face aux nouvelles difficultés de la société.
Durant ces 50 années, elle ne sera pas toujours comprise, je pourrai même dire qu’elle sera très mal com-
prise. Elle fera l’objet de critiques sévères parfois acerbes de la part de la société civile, presse, partis po-
litiques. En son sein elle ne sera pas non plus épargnée par ses membres provoquant parfois des divisions
internes.
Elle gardera des domaines de prédilection pour ses actions prioritaires, comme la formation des cadres
(le personnel enseignant, les éducateurs, les pasteurs), l’éducation et l’édification de nouvelles structures
scolaires et de formation, la sauvegarde du Reo Maohi, la protection et la sauvegarde de l’environne-
ment. Aujourd’hui elle s’est engagée dans une mise en dialogue de la culture et de l’évangile. Une dis-
cussion théologico-culturelle qui pose des questions théologiques fondamentales si nous voulons rester
dans la perspective de l’autonomie de 1963. Autonome certes, mais attachée et soumise à l’autorité sou-
veraine de la parole de Dieu et de la souveraineté de notre seigneur Jésus-Christ.
Face à la détérioration de la situation économique et sociale,
elle est face à de nouvelles interpellations, de nouvelles at-
tentes auxquelles elle devra trouver de nouvelles proposi-
tions concrètes.
Depuis quelques années elle est en proie à des divisions in-
ternes mettant à mal son unité visible, son unité ecclésiolo-
gique et théologique. A l’occasion du jubilé de son autono-
mie, l’Eglise protestante maohi doit reposer la question de
son engagement et de son témoignage de la parole de Dieu
au sein de la population.
Je vous remercie ! Pasteur Taaroanui MARAEA