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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 19 April 2017
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transformation de nutriments obtenus lors de la photosynthèse : à partir de cette matière organique et en
présence d'oxygène, l'algue va produire du dioxyde de carbone et de l'eau en libérant de l'énergie. Ce
processus demande l'intervention de nombreux complexes protéiques encore mal connus. Pierre Cardol a
donc tenté d'en savoir plus. Il a analysé une centaine de gènes liés à la respiration. «On a découvert que
le premier complexe contient plus de 40 protéines, explique le chercheur, dont plus de 30 sont conservées
chez l'ensemble des organismes eucaryotes». Une constatation qui permet d'affirmer que ces protéines sont
importantes, peut-être même indispensables, pour le bon fonctionnement de la cellule eucaryote. C'est grâce
à l'utilisation de mutants (voir plus haut) que l'équipe de génétiques des microorganismes a mis le doigt sur
certaines protéines intéressantes. L'utilisation d'un programme informatique de comparaison systématique a
ensuite permis de repérer la présence de protéines homologues chez d'autres organismes, dont l'homme.
«A terme ces recherches visent à mettre en évidence des pistes thérapeutiques, poursuit Pierre Cardol,
Chlamy sert aussi de modèle pour étudier l'impact de mutations responsables de certaines déficiences chez
l'homme. Mettre en lumière ces mutations permet d'avancer dans l'élaboration d'éventuels traitements ».
Une algue comme source d'énergie propre ?
Bien comprendre les processus de production et de régulation d'énergie peut également servir les
biotechnologies : en absence de soufre, Chlamydomonas reinhardtii produit de l'hydrogène, un combustible
«propre». Le soufre est un élément chimique nécessaire à la synthèse de certains acides aminés qui
forment les protéines. «S'il y a une carence en soufre, la photosynthèse de Chlamy diminue, indique Pierre
Cardol, l'algue se débrouille alors pour mettre en place une autre voie énergétique, laquelle résulte en la
production d'hydrogène». Un processus physiologique intéressant au vu des préoccupations actuelles pour
l'environnement. Bien sûr la petite algue unicellulaire ne produit pas naturellement des quantités suffisantes
d'hydrogène pour pouvoir l'exploiter comme source d'énergie. Des tests sont en cours à Liège dans le
Laboratoire de Biochimie végétale : grâce à un photobioréacteur, des chercheurs calculent la production
d'hydrogène de différentes souches mutantes de Chlamydomonas reinhardtii. Ils espèrent ainsi proposer des
pistes pour produire de grandes quantités d'hydrogène à partir de microorganismes.