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Pour un cadre visant à combattre le changement climatique dans les secteurs du bâtiment, des matériaux de construction, de la sylviculture et du bois : le point de vue des travailleurs
raisons liées au climat, mais également pour des raisons
économiques (relance) et pour promouvoir la justice sociale.
Il est parfaitement clair que les politiques d’austérité sont
incapables de produire des performances économiques
optimales, qu’elles aggravent les inégalités mondiales, et
qu’elles constituent un obstacle réel aux investissements
judicieux nécessaires. En plus de leurs fonctions de
régulateur et de modèle, les gouvernements jouent aussi
directement un rôle de consommateur. Les gouvernements
devraient introduire des clauses environnementales et
sociales dans tous les documents d’appel d’offres pour les
travaux publics.
En de trop nombreux endroits dans le monde, le capital est
en conflit tant entre ses propres filières d’approvisionnement
qu’au sein de celles-ci, mais également avec sa main-
d’œuvre.
Dans un des premiers rapports rédigés sur la problématique
du changement climatique, le rapport Stern rédigé à la
demande du gouvernement du Royaume-Uni, qui a été
largement reconnu par la majorité des ministères des
Finances dans le monde il y a plus de dix ans, Sir Nicolas
Stern invoquait le changement climatique comme la plus
grande défaillance mondiale du marché. En tant que syndicat,
nous devons être vigilants et être de fervents défenseurs de
nos convictions pour que nos recommandations influencent,
contrôlent ou règlent le marché, faute de quoi nous savons
que le marché continuera à faire ce qu’il fait le mieux, et nous
savons qui en seront les victimes.
Recommandations pour un cadre visant à
combattre le changement climatique dans
les secteurs du bâtiment, des matériaux
de construction, de la sylviculture et du
bois : le point de vue des travailleurs
• En tant que groupe de la société civile reconnu d’Action 21, les
travailleurs et leurs représentants doivent être inclus dans les
discussions sur le changement climatique à tous les niveaux.2
• Une planification en immobilisations et une planification
industrielle coordonnées et détaillées des investissements
proposés par le GIEC sont nécessaires pour maintenir la hausse
des températures en-deçà du seuil de 2° C. Ce n’est pas
nécessairement parce que quelque chose peut être vendu pour
générer du profit que cela bénéficiera au bien-être général dans
un monde sous contrainte carbone.
• Les budgets d’austérité doivent être remplacés par des programmes
publics d’investissements et de prêts significatifs, visant à réduire
les émissions de carbone et à promouvoir la justice sociale, financés
par des systèmes de taxation des émissions de carbone fondés sur
le principe du « pollueur-payeur », ainsi que par des taxes sur les
transactions financières ou sur la fortune. Une partie des recettes doit
être consacrée à aider les zones géographiques avec les populations
les plus nombreuses qui risquent de devenir des réfugiés climatiques
à adopter les nouvelles technologies de réduction / limitation /
adaptation des émissions de carbone.
• L’Organisation internationale du travail (OIT) doit reconnaître
la nécessité de promouvoir et de protéger les technologies de
réduction des émissions de carbone implantées localement
(en particulier en matière de réhabilitation énergétique des
bâtiments), et exempter les entreprises qui proposent des solutions
culturellement adaptées et à plus faibles émissions de carbone.
• Les technologies de réduction des émissions de carbone doivent
être partagées dans le monde, et les travailleurs doivent recevoir
une formation
• Tous les appels d’offre du secteur public devront inclure des
dispositions pour calculer des alternatives avec réduction des
émissions de carbone, ainsi qu’avec les normes fondamentales
du travail, et leur accorder la même importance qu’aux coûts
traditionnels pour déterminer la compétitivité de toutes les offres.
• Les banques centrales nationales et les banques internationales
de développement devront suivre tous les bénéficiaires de
financements et exiger qu’ils se conforment aux normes
fondamentales du travail de l’OIT,3 et élaborer des dispositions
supplémentaires spécifiques sur la réduction des émissions de
carbone.
• Les codes et les normes uniformes de la construction doivent
immédiatement inclure la réduction des émissions de carbone
et les objectifs à atteindre. Les bâtiments existants doivent être
réhabilités aussi vite que possible.
• Les systèmes d’attribution de marchés publics, tout comme
les entreprises qui reçoivent des financements publics, doivent
exiger que tous les produits à base de fibres de bois soient issus
de forêts gérées de façon durable dans l’un des deux systèmes
internationaux de certification de la gestion forestière, Forest
Stewardship Council (FSC), Programme for the Endorsement
of Forest Certification (PEFC), jusqu’au moment où un accord
légalement contraignant, dont les normes seront plus strictes que
celles existant dans ces deux systèmes de certification forestière
volontaire, sera ratifié par la majorité des nations.
• Il faut élaborer des calculs des émissions de carbone tenant
autant compte de l’endroit où les produits et les services sont
consommés que de celui où ils sont produits, et de la part
d’émissions de carbone qui sera allouée en conséquence.
2 Le principe de l’Union européenne de la cogestion travailleurs / patronat est un excellent point de référence et de départ.
3 Les normes fondamentales de travail (ou NFT) sont les normes de référence du travail instituées par l’Organisation internationale du travail
(OIT). Ces normes fondamentales comprennent : la liberté d’association et le droit à la négociation collective ; la suppression du travail forcé et
obligatoire ; l’abolition du travail infantil ; et l’élimination des discriminations sur le lieu de travail. D’autres normes ont été étudiées par l’OIT pour
améliorer les conditions de travail, mais celles-ci sont les principales à avoir été largement acceptées dans le droit international coutumier.