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Prangins). La réserve tend néanmoins à disparaître et à être divisée en tenures, comme à Palézieux (av.
1337) ou à Belmont-sur-Yverdon (av. la fin du XIVe s.). Souvent rachetées, les corvées subsistent cependant
en Ajoie, où l'on observe ce type particulier de seigneurie foncière qu'est la cour colongère, institution qui
implique une responsabilité collective des tenanciers face au seigneur.
Une estimation de la diffusion et de l'importance de la seigneurie foncière doit être considérablement
nuancée selon les époques et les régions. Alors que l'on peut constater un certain assouplissement du régime
seigneurial dans les domaines du Plateau vers 1300, notamment à travers le rachat des corvées et les
affranchissements des taillables, c'est précisément à cette époque que des structures seigneuriales, toutefois
dépourvues de réserve, font leur apparition dans les Franches-Montagnes au profit de l'évêque de Bâle. En
outre, l'éloignement du seigneur qui ne réside pas personnellement sur ses terres a probablement atténué les
contraintes seigneuriales dans certaines régions comme l'Entremont.
L'affaiblissement du pouvoir de ban des seigneuries foncières ecclésiastiques au bas Moyen Age provoqua
une chute de leurs revenus, alors que plusieurs laïques (Montagny FR, Cossonay) perdirent leur autonomie à
la suite des vicissitudes subies par les familles qui les possédaient depuis plusieurs siècles. Ce reclassement
se fit d'abord au profit des princes territoriaux (Savoie, Neuchâtel), mais, par la suite, ce furent les villes
comme Genève, Fribourg et surtout Berne qui en bénéficièrent, au début du XVIe s., avec la sécularisation des
temporels ecclésiastiques et la disparition des Savoie. La seigneurie foncière subsista jusqu'à la chute de
l'Ancien Régime, mais elle avait désormais perdu la plupart de ses caractéristiques d'origine, comme le lien
entre propriété du sol et pouvoir de coercition sur ses habitants, ou encore la proximité physique entre ces
derniers et leur seigneur.
Auteur(e): Bernard Andenmatten
3 - Suisse italienne
En Suisse italienne, les seigneuries foncières attestées pour le haut Moyen Age appartenaient à l'Eglise et
étaient surtout situées dans le Sottoceneri. Etaient ainsi concernés les monastères de Saint-Ambroise à Milan
et de San Pietro in Ciel d'Oro à Pavie et, peut-être, Saint-Abonde et Saint-Carpophore à Côme, moins visibles
dans les sources. A la fin du VIIIe s., le monastère bénédictin de Saint-Ambroise reçut du Lombard Totone de
Campione un domaine dont le centre était à Campione, mais qui englobait des possessions à Bissone (où elles
furent regroupées dans une curtis), Arogno, Melide, Maroggia, Melano, dans le Mendrisiotto, à Canobbio,
Cadro et ailleurs encore. Un moine, avec fonction de vicaire, résidait au domaine de Campione où affluaient
les produits tirés du travail de ceux qui cultivaient les terres du couvent et devaient fournir des corvées; ce
furent d'abord des serfs de Toto, puis des hommes libres ou semi-libres. L'abbé de Saint-Ambroise reçut le
plein exercice des droits seigneuriaux sur Campione grâce à la protection de l'empereur en 873, grâce aussi
au fait que l'évêque de Côme, en 874, perdit ses droits dans la région, grâce enfin à l'immunité accordée par
l'archevêque de Milan en 893. Dans les derniers siècles du Moyen Age, l'abbé, qui portait le titre comtal et
était l'unique seigneur de Campione, y possédait la puissance publique (honor et districtus), exerçait la pleine
juridiction sur tous les habitants du lieu alors que, dans les autres localités, il n'avait le droit de justice que sur
les hommes dépendants du monastère. La seigneurie de Saint-Ambroise se maintint jusqu'à la fin du XVIIIe s.
Sous certains aspects au moins, le cas de Saint-Pierre était semblable. Le monastère de Pavie avait une curtis
à Magliaso d'où il administrait des propriétés disséminées, situées surtout dans le Malcantone et le Luganais,
mais aussi dans le Sopraceneri. Bien qu'ayant obtenu, grâce à l'appui de l'empereur, la pleine immunité dans
ses possessions, Saint-Pierre dut, au début du XIIIe s., céder aux pressions et vendre une bonne partie des
terres situées au nord du Monte Ceneri.
Auteur(e): Giuseppe Chiesi / LH