PDF version - REAF 2016

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Atelier : Migrations, Religions et Dynamiques
cosmopolitiques en Afrique méditerranéenne. Le soft
power marocain : diplomatie religieuse, malékisme
modéré et politique africaine
Jean-Noël Ferrié∗1
1
UMR PACTE/LIA IDE/Université internationale de Rabat – CNRS : UMR5194 – France
Résumé
Bien que toujours officiellement attaché au thème de l’union du Maghreb, le Maroc
développe depuis de nombreuses années une politique africaine contournant l’Afrique méditerranéenne
et orientée vers l’Afrique subsaharienne. Cette posture est la seule à même de permettre au
Maroc de se positionner durablement comme une puissance régionale. Elle implique un volet
économique, bien évidemment, lequel est relativement important, mais aussi un important
volet religieux
Le volet religieux consiste dans la promotion du ” malékisme modéré ”, expression par laquelle les autorités marocaines résument la politique religieuse du Royaume, tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur. Ce malékisme d’usage promeut la tolérance en même temps que la tradition. S’il n’est pas porteur d’un fort projet d’aggiornamento de l’islam – qui serait, du reste,
bien difficile à mettre en œuvre –, le malékisme modéré est très clairement porteur d’une
alternative au wahhabisme, promouvant un ” cosmopolitisme islamique ”, pour lequel les
déclinaisons locales de l’islam (islam africain, islam berbère, culte des saints, soufisme) sont
légitimes, à l’encontre du puritanisme mondialisé promu par l’Arabie saoudite. De ce point
de vue, la diplomatie religieuse du Maroc se développe tant en destination des musulmans
que des chrétiens. En effet, la promotion d’un islam tolérant et cosmopolite implique le
dialogue avec les autres religions.
Cette posture doit, cependant, demeurer ” feutrée ”, tout d’abord parce que le promoteur
du puritanisme mondialisé, l’Arabie saoudite, est un allié (l’Europe et les Etats-Unis ont, du
reste, adopté des politiques similaires) et, ensuite, parce qu’il est difficile de promouvoir une
religion, fut-elle modérée, sans se référer à sa tradition et, donc, à sa doctrine, telle qu’elle
est communément acceptée à l’époque où on la promeut. Or cette époque est dominée par
la vulgate wahhabite. La question se pose donc de la portée effective de cette diplomatie :
jusqu’à quel point le jeu sur les modalités – promouvoir les déclinaisons locales de l’islam –
peut-il être efficace et constitutif d’un soft power ?
Jean-No´’el Ferrié
CNRS, UMR PACTE/LEPOSHS, Université internationale de Rabat
∗
Intervenant
sciencesconf.org:reaf2016:89997
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