Atelier : Migrations, Religions et Dynamiques
cosmopolitiques en Afrique m´editerran´eenne. Le soft
power marocain : diplomatie religieuse, mal´ekisme
mod´er´e et politique africaine
Jean-No¨el Ferri´e1
1UMR PACTE/LIA IDE/Universit´e internationale de Rabat – CNRS : UMR5194 – France
esum´e
Bien que toujours officiellement attach´e au th`eme de l’union du Maghreb, le Maroc
d´eveloppe depuis de nombreuses ann´ees une politique africaine contournant l’Afrique m´editerran´eenne
et orient´ee vers l’Afrique subsaharienne. Cette posture est la seule `a mˆeme de permettre au
Maroc de se positionner durablement comme une puissance r´egionale. Elle implique un volet
´economique, bien ´evidemment, lequel est relativement important, mais aussi un important
volet religieux
Le volet religieux consiste dans la promotion du ” mal´ekisme moer´e ”, expression par laque-
lle les autorit´es marocaines r´esument la politique religieuse du Royaume, tant `a l’inerieur
qu’`a l’ext´erieur. Ce mal´ekisme d’usage promeut la tol´erance en mˆeme temps que la tradi-
tion. S’il n’est pas porteur d’un fort projet d’aggiornamento de l’islam – qui serait, du reste,
bien difficile `a mettre en œuvre –, le mal´ekisme mod´er´e est tr`es clairement porteur d’une
alternative au wahhabisme, promouvant un ” cosmopolitisme islamique ”, pour lequel les
d´eclinaisons locales de l’islam (islam africain, islam berb`ere, culte des saints, soufisme) sont
l´egitimes, `a l’encontre du puritanisme mondialis´e promu par l’Arabie saoudite. De ce point
de vue, la diplomatie religieuse du Maroc se d´eveloppe tant en destination des musulmans
que des chr´etiens. En effet, la promotion d’un islam tol´erant et cosmopolite implique le
dialogue avec les autres religions.
Cette posture doit, cependant, demeurer ” feutr´ee ”, tout d’abord parce que le promoteur
du puritanisme mondialis´e, l’Arabie saoudite, est un alli´e (l’Europe et les Etats-Unis ont, du
reste, adopt´e des politiques similaires) et, ensuite, parce qu’il est difficile de promouvoir une
religion, fut-elle moer´ee, sans se r´ef´erer `a sa tradition et, donc, `a sa doctrine, telle qu’elle
est commun´ement accept´ee `a l’´epoque o`u on la promeut. Or cette ´epoque est domin´ee par
la vulgate wahhabite. La question se pose donc de la port´ee effective de cette diplomatie :
jusqu’`a quel point le jeu sur les modalit´es – promouvoir les d´eclinaisons locales de l’islam –
peut-il ˆetre efficace et constitutif d’un soft power ?
Jean-No´
’el Ferri´e
CNRS, UMR PACTE/LEPOSHS, Universit´e internationale de Rabat
Intervenant
sciencesconf.org:reaf2016:89997
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