À l’âge du génome et de la molécule, la taxidermie a semblé
avoir perdu ses lettres de noblesse. L’origine moderne de la
taxidermie remonte vers les années 1650, elle était prati-
quée par des médecins savants des choses de la Nature.
Aujourd’hui elle est le fait d’artistes ou d’artisans. Dans la
recherche scientifique, elle intéresse principalement les spé-
cialistes de Mammalogie et d’Ornithologie qui, dans la plu-
part des cas, préparent les peaux pour la communauté scien-
tifique sans les faire monter pour la présentation au public.
Le taxidermiste d’autrefois, comme celui qui prépare aujour-
d’hui des spécimens d’exposition, recrée la réalité à travers
les postures et l’expression de l’animal. Il utilise ses connais-
sances scientifiques et sa sensibilité. Développée à partir des
exigences des naturalistes du XVIIIesiècle, la taxidermie
s’est progressivement enrichie de l’avancée des sciences et de
l’évolution des matériaux. Employée pour les mammifères,
les oiseaux, les reptiles, les amphibiens et les poissons, elle
permet de donner à un spécimen l’apparence de l’animal
vivant.
Taxidermie 45
La taxidermie,
toujours au service de la recherche scientifique
Pierre-Yves Gagnier *
Ces oiseaux sont un exemple de taxidermie en peau. Ils pro-
viennent de la collection du laboratoire de Zoologie des mammi-
fères et oiseaux du Muséum national d’Histoire naturelle à Paris.
* Pierre-Yves Gagnier est conservateur à la Grande Galerie
de l’Évolution
Muséum national d’Histoire naturelle
36 rue Geoffroy Saint-Hilaire
75005 Paris
téléphone + 33 1 40 79 39 53
télécopieur + 33 1 40 79 39 54
La taxidermie a toujours été d’un grand intérêt
pour la recherche. Toutefois son image
dans les milieux scientifiques au cours
du XX
e
siècle a été mésestimée car
les collections d’Histoire naturelle ont été
associées à la notion d’objets renouvelables.
Aujourd’hui avec le souci pour
la biodiversité, le monde scientifique
reconnaît leur intérêt inestimable
pour comprendre le passé.
Comme dans la taxidermie ancienne, pour la taxidermie
d’exposition, on réalise généralement un mannequin à partir
d’une structure de bois et de métal, sur laquelle la peau tan-
née est tendue. Au XIXesiècle, les volumes des petits spéci-
mens étaient reconstitués avec de la paille, d’où l’expression
encore employée « d’animaux empaillés ». Les formes des
grands animaux étaient recréées à partir de fibre de bois et
de plâtre à modeler. Aujourd’hui, les volumes sont sculptés
dans des matériaux plus légers : mousse de polyuréthane et
polystyrène recouvert d’une coque de résine.
La taxidermie s’inscrit dans un ensemble générique de prati-
ques de collections d’Histoire naturelle que l’on nomme
aujourd’hui la naturalisation. La taxidermie ne s’intéresse
qu’au travail de la peau (cuir). La naturalisation a un sens
plus large, c’est l’art de préparer des organismes (animaux,
plantes, champignons) pour les conserver durablement. Elle
fait appel à des techniques diverses adaptées aux caractéristi-
ques du spécimen. On parle ainsi évidemment de taxidermie,
d’herbier tant de plantes que de poissons, de conservation en
liquide, que se soit alcool, formol ou autre, d’imprégnation ou
de minéralisation, de préparation à sec pour nombre d’arthro-
podes, etc. Dans le cas des vertébrés, les spécimens en collec-
tion se présentent sous des états variés : entiers en alcool,
squelettes, mises en peau et peaux plates avec ou sans pièces
osseuses, montages (animaux naturalisés). La taxidermie pro-
prement dite est une technique de naturalisation, au cours de
laquelle seule la peau de l’animal est conservée avec parfois le
bec et une partie du crâne et une partie du squelette des pat-
tes. Bien qu’elle s’applique à l’ensemble des animaux verté-
brés, elle n’est guère plus utilisée que pour l’étude des mam-
mifères et des oiseaux. Le terme de naturalisation ou d’ani-
maux naturalisés appliq aux vertébrés sous-entend qu’ils
ont été préparés par la taxidermie.
La taxidermie fait aussi référence à sa destination : collection
de recherche, d’études, pédagogique, muséographique… Il est
paradoxal de penser qu’à l’époque la taxidermie avait ses
lettres de noblesse, les spécimens préparés l’étaient dans un
but d’exposition. Ils représentaient l’état de nos connaissances
de la Nature. Alors qu’aujourd’hui, où les spécimens sont
essentiellement préparés dans un but d’études et de recher-
ches, la question de l’intérêt de la discipline est ouvertement
posée. Les montages de taxidermie qui ont fait la gloire de la
science ne sont guère plus utilisés qu’à des fins muséographi-
ques et pédagogiques. Les muséums ont toujours joué un rôle
social important dans la divulgation de la science et les collec-
tions de montages de taxidermie sont un outil essentiel pour
créer une vitrine de la recherche en Histoire naturelle. Malg
l’importance de l’image, celle ci ne saurait remplacer la per-
spective physique de l’objet, le spécimen.
Parler de l’intérêt scientifique de la taxidermie c’est d’abord
parler des collections. La taxidermie produit des spécimens
qui assemblés forment les collections. Elles sont d’une
importance fondamentale pour la connaissance. Depuis le
commencement de la conscience humaine, l’homme a ras-
semblé et accumulé des objets pour les classer et les préser-
ver. Les premières évidences de « collectionnites » sont
confirmées par des vestiges archéologiques. Le « collection-
nisme » a continué dans les périodes historiques jusqu’à la
naissance d’un genre moderne « la muséologie » au cours des
XVeet XVIesiècles.
Au cours de l’Histoire, la taxidermie a connu des hauts et des
bas. Nombreux sont les cycles d’intérêts pour les collections
d’animaux conservés. Aux XVIeet XVIIesiècles se fut l’accu-
mulation de découvertes et l’inventaire des richesses lointai-
nes. Aux XVIIIeet XIXesiècles se fut la rationalisation taxo-
nomique ou le rangement. Aux XIXeet XXesiècles, d’une
façon plus large, pour les collections, on voit apparaître l’ex-
ploitation économique et commerciale suivie de l’instruction
populaire (Oliviero, 1996). Le regain scientifique du XXesiè-
cle vient des nouvelles disciplines biologiques : l’Écologie, la
Biologie des populations, la Systématique cladistique ou
encore la Génétique moléculaire.
De nombreuses collections scientifiques sont en constitution
ou toujours en accroissement. Les programmes d’évaluation
de la biodiversité, mis en place au niveau mondial dans les
années 1990, tentent d’orienter la recherche vers l’identifi-
cation de nouvelles espèces inconnues, vivant dans des bio-
topes précis, souvent en zones tropicales. Les principes de la
collecte reposent sur ceux édictés par l’Écologie scientifique,
qui ne sépare plus les animaux de leur environnement éco-
logique global, tant minéral, que végétal ou animal.
La constitution de ces nouvelles collections à partir de terri-
toires peu ou pas connus d’un point de vue de la systémati-
que des espèces, oblige à retourner vers les collections plus
anciennes de référence qui permettent d’identifier les espè-
ces déjà connues ou non. Les descriptions dans la littérature
et les figurés ne sont pas toujours suffisants et le retour à
l’objet vrai reste obligatoire. Ce fait signifie que l’analyse
scientifique des animaux qui seront mis en collections repo-
se sur les données fournies par les collections anciennes.
Il est clair que l’intérêt des collections est tributaire des pro-
grammes de recherche, s’il n’y a pas de programme de
recherche en systématique traditionnelle, même fait avec
des moyens technologiques modernes comme les analyses
biochimiques de la systématique moléculaire, il n’y a pas
d’incitation à comparer les organismes.
La question de l’intérêt scientifique se pose donc de façon
plus générale : dans quels buts conserve-t-on les collections
de spécimens naturalisés ? Quelles sont les recherches qui
utilisent ces spécimens ? Quelles sont les fonctions des spé-
cimens naturalisés ?
Le spécimen, élément fondateur de la classification
Beaucoup affirment que la base de la science se situe dans le
quantitatif, le dénombrement ou la mesure, c’est-à-dire dans
l’utilisation des mathématiques. Ni le dénombrement ni la
mesure ne peuvent cependant être les processus fondamen-
taux dans notre étude de l’univers matériel. Avant de pou-
voir faire l’un ou l’autre dans n’importe quel but, vous devez
d’abord choisir ce que vous proposez de compter ou de mesu-
rer, présupposant une classification (Crowson 1970, p. 2).
Les typologies, classification d’objets, sont des réflexions de
la pensée humaine ; elles expriment nos concepts fonda -
mentaux sur les objets de notre univers. Chaque typologie
est une théorie se rapportant aux objets qu’elle classifie.
Appliqué au vivant, ce concept se transpose ainsi : les taxo-
nomies sont des réflexions de la pensée humaine ; elles
expriment nos concepts fondamentaux au sujet des êtres
vivants de notre univers. Chaque taxonomie est une théorie
au sujet des créatures qu’elle classifie. Panchen (1992) rap-
pelle que la classification des êtres vivants peut naturelle-
ment être organisée de manières différentes : par leur taille,
par leur écologie, ou par leur utilisation ou danger vis à vis
de l’homme. Par exemple, le terme « poissons » exprime la
46 Taxidermie
nourriture vendue par un poissonnier, mais sa signification
est tout autre pour le taxonomiste professionnel. Le travail
du taxonomiste est de produire des classifications systéma-
tiques, des groupes d’organisations, ou, en d’autres termes,
des groupes monophylétiques (qui partagent des nouveautés
dans l’histoire de l’Évolution). La finalité de ces groupe-
ments est d’élucider leurs rapports phylogénétiques (leurs
liens de parenté). L’énoncé contient la réponse, mais ce tra-
vail ne peut se faire que par itération. La collection restant
ici l’outil de référence. L’exemple donné pour la systématique
s’applique aussi aux autres champs d’investigations contem -
porains de la Biologie.
Les nomenclatures utilisées en Botanique, en Zoologie et en
Microbiologie sont un élément essentiel dans la systématique,
mais elles ne font pas partie intégrante de l’investigation
scientifique. La codification des noms, introduite par Linné et
adoptée depuis par une majorité de naturalistes, a abouti aux
codes de nomenclature en usage aujourd’hui qui permettent
de communiquer entre biologistes des différents domaines.
Le but initial de ces codes a été et demeure d’assurer la sta-
bilité des noms des taxons afin d’éviter d’introduire une
confusion inutile. Que serait devenue la communication à
propos des objets naturels si les noms qui les désignent
changeaient au gré des cultures, des auteurs ou des théories
en vigueur ? Il s’agit, par les codes de nomenclature, d’assu-
rer aux noms scientifiques appliqués à des objets naturels,
un statut de nom propre.
Bien que la nomenclature soit souvent vue par les biolo -
gistes, non-systématiciens, comme d’un formalisme désuet,
il s’agit en réalité d’un élément majeur dans la transmission
du message. Une confusion règne parfois, aussi bien chez les
systématiciens que parmi les autres chercheurs à propos de
la notion de type. Les codes zoologiques et botaniques font
référence, pour les noms scientifiques, à des types. Ainsi un
nom d’espèce est-il attaché à un exemplaire précis ou à un
échantillon que l’on nomme type (selon le cas, holotype, co -
type ou lectotype, voir encadré). L’espèce ne peut validement
Taxidermie 47
Le rhinocéros de Java,
Rhinoceros sondaicus, que
l’on retrouve dans une grande par-
tie du Sud-Est asiatique est mainte-
nant en danger d’extinction. Ce
spécimen, récol par Diard et
Duvaucel en 1821, a été décrit pour
la première fois représentant cette
espèce par Desmarest en 1822. Il
est le type de l’espèce, c’est-à-dire,
le spécimen par lequel le nom a une
existence. Il est conservé au
Muséum national d’Histoire naturel-
le (C.G. 1981.561)
.
Le type ou l’objet porte nom
L’attribution d’un nom unique et distinct qui permet d’iden-
tifier chacun des animaux commence dans son sens moder-
ne en 1758. C’est cette année-là que le naturaliste suédois
Carolus Linnaeus (anobli en 1761 sous le nom de Carl von
Linné) publia la 10eédition de son
Systema Naturae
. Il étend
une procédure uniformisée pour les animaux que certains
avaient utilisés pour des groupes restreints et que lui-même
avait utilisé précédemment en l’élevant au niveau de règle
pour les plantes. L’idée était que chaque espèce puisse être
identifiée par un nom simplifié fait d’un seul mot et d’un
nom générique. L’utilisation de la nomenclature binomiale
fut rapidement acceptée pour son aspect pratique.
Le type représente l’étalon de référence qui détermine l’ap-
plication d’un nom scientifique. Le type d’une espèce nomi-
nale est un spécimen. Le type d’un taxon est fixé conformé-
ment au code international de nomenclature zoologique
(Stoll
et al
. 1961) et donc seule la commission de nomen-
clature a le pouvoir de le modifier. Lorsque l’objet porte-
nom et les autres spécimens qui lui ont été adjoints sont
détruits, un néotype peut être désigné.
La série-type est l’ensemble des spécimens utilisés pour la
description d’une nouvelle espèce à l’exclusion des spéci-
mens désignés comme variants ou d’attribution incertaine.
Le spécimen étalon, celui qui est porte-nom, est nommé
holotype : il est unique. Tous les autres spécimens de la
série-type sont dits paratypes. Si dans la description origina-
le aucun spécimen n’est désigné comme étant l’holotype, la
série-type est désignée sous le nom de syntype. Alors tout
zoologiste est habilité à désigner un des syntypes pour
représenter l’espèce, ce spécimen est nommé lectotype et
donc les autres paralectotypes.
L’article 72 f du code de nomenclature (Stoll et al. 1961)
signale que les holotypes, syntypes, lectotypes et néotypes
doivent être considérés comme la propriété de la science
par tous les zoologistes et par les responsables de leur
conservation.
être nommée que si elle est accompagnée par ailleurs d’une
définition. Il s’ensuit fréquemment une confusion entre le
type et la définition de l’espèce, ce qui conduit à une concep-
tion fixiste ou essentialiste. Le type est un objet immuable,
alors que la définition de ce taxon est subjective et suscep -
tible d’être changée.
En réalité, le type tel qu’il est conçu dans la littérature scien-
tifique actuelle n’est pas un concept. Il s’agit bien d’un exem-
plaire réel, attestant que le nom (qui est, de fait, un nom pro-
pre) est bien attaché à un objet concret. Ainsi, le type du rhi-
nocéros de Java, Rhinoceros sondaicus, est le spécimen
numéroté CG 1981 561 des collections du Muséum national
d’Histoire naturelle à Paris mais l’espèce est un concept qui
regroupe tous les rhinocéros qui correspondent à ce spé -
cimen CG 1981 561.
Par extension, les systématiciens définissent pour chaque
catégorie supérieure à l’espèce un type : l’espèce type d’un
genre, le genre-type d’une famille. Dans ces cas, il s’agit
effectivement de concepts et non pas d’objets matériels. Ce
n’est pas l’espèce type qui définit le genre ni le genre-type
qui définit la famille. Ils constituent, comme l’exemplaire (ou
les exemplaires) type de l’espèce, des preuves de la réalité
d’un contenu objectif de ces catégories supra-spécifiques.
Les spécimens naturalisés conservent
des informations utilisables pour la recherche
La taxidermie reste dans certains secteurs de la Biologie un
outil primordial. Alors que pour l’Ichtyologie, les herbiers de
poissons ne sont plus à l’heure actuelle qu’une curiosité his-
torique, les spécimens étant majoritairement conservés dans
des liquides conservateurs. Il en va tout autrement en
Mammalogie et en Ornithologie où les spécimens naturalisés
restent un élément essentiel à la Systématique.
Aujourd’hui la recherche demande au taxidermiste de pro-
duire des animaux en peau, c’est-à-dire que la peau prélevée
est tannée pour être conservée, comme pour un montage
naturaliste, mais il n’est pas question de recréer l’aspect de
la vie. Le spécimen est simplement rempli d’ouate afin de
conserver un volume à l’animal. Cette technique permet au
chercheur d’avoir accès à l’ensemble des données qualita -
tives comme la couleur et certaines valeurs quantitatives
comme les mesures morphologiques. Il n’en demeure pas
moins essentiel de conserver un témoignage de la forme du
vivant, une mémoire tridimensionnelle, ce qui ne se voit pas
sur les peaux. Dans tous les cas se pose cependant la ques-
tion de la fiabilité des valeurs quantitatives de morphomé-
trie qui peuvent être extraites de tels spécimens. Le spéci-
men naturalisé est-il porteur d’informations fiables pour la
recherche ? Une étude menée sur le rétrécissement des fi -
bres de collagène, constituant une grande partie du cuir,
sous l’effet de la température a simulé des effets directs ou
in directs subits par les spécimens des collections biologiques
de recherche. Ses résultats montrent qu’il existe un phéno-
mène de rétrécissement de faible ampleur et proportionnel à
la surface du spécimen (Williams 1991). De la même façon
pour simuler les conditions hygrométriques rencontrées
dans les collections, une série de crânes de mammifères a été
mesurée à 25 % et 85 % d’humidité relative. Les résultats
montrent qu’il existe une variabilité mais que celle-ci se
situe en deçà de la variabilité individuelle et ne remet pas en
cause les études morphométriques (Williams, Wallace, &
Jones 1993).
Les collections sont une base de connaissances
Les collections existantes de tous les groupes de vertébrés
restent une base de connaissances inestimable pour la
science. Longtemps les spécimens naturalisés ont été consi-
dérés comme une ressource renouvelable mais de plus en
plus ces spécimens sont considérés comme les témoins d’un
lieu et d’une époque et constituent des sources de connais-
sances à exploiter. Les collections sont la mémoire des chan-
gements intervenus aussi bien dans les milieux naturels que
modifiés. Ainsi, la Biogéochimie isotopique (voir encadré)
permet de comprendre les relations des animaux avec leur
environnement d’un point de vue analytique. Elle permet
d’établir si les animaux étudiés ont eu des relations d’ordre
alimentaire avec des milieux marins ou dulçaquicoles ou
encore entre milieux forestiers et de savanes. Ceci est rendu
possible par l’absorption différentielle d’isotope stable dans
les différents cycles des plantes qui ont été consommées soit
par les herbivores, soit par les carnivores de premier niveau
ou de niveaux supérieurs.
L’importance qu’a représentée la taxidermie pour la recherche
scientifique reste d’actualité dans les nouveaux thèmes d’é -
tude (tableau 1). Elle demeure un élément majeur de la
conservation des sources d’informations que sont les animaux
prélevés dans la nature. La recherche qui utilise ces collec-
tions de vertébrés supérieurs naturalisés peut se répartir
dans les disciplines liées à l’Environnement avec l’Écologie et
celles liées à la Biodiversité avec la Systématique et Biologie
des organismes. Mis à part la Systématique qui ne s’intéresse
pas aux caractères quantitatifs des collections, l’ensemble des
autres domaines de recherches utilise les collections tant du
point de vue qualitatif, quantitatif qu’analytique.
Environnement
Une autre approche est l’évolution avérée du paysage. Ainsi,
au cours de la seconde moitié du XXesiècle, les espaces ont
48 Taxidermie
Environnement Biodiversité
Science sociale Science de la nature
Phylogénie Systématique
Écologie Écologie Écologie
Toxicologie
Agronomie Agronomie Agronomie
Biogéographie Biogéographie
Ethnobiologie
L’Environnement et la Biodiversité sont des champs de recher-
ches scientifiques imbriqués par un ensemble de disciplines qui
utilisent les collections d’Histoire naturelle.
connu une évolution rapide grâce aux progrès techniques
réalisés en agriculture, occasionnant une intensification de
la production qui a conduit au remembrement. Cette évolu-
tion a provoqué une prise de conscience de l’impact et la
création d’espaces protégés à proximité des espaces ex -
ploités. L’Écologie, la Géographie et l’Agronomie s’ouvrent
dès lors aux enjeux de l’environnement avec une attention
permanente à l’analyse des activités humaines et de leurs
déterminants. Les spécimens des collectes antérieures sur
ces lieux sont les témoins de cette évolution, tant quali tative,
quantitative qu’analytique. Toujours dans ce contexte,
l’Ethnobiologie, qui se situe d’emblée au croisement de ces
disciplines complémentaires, apporte des clés de compré -
hension des interactions nature-sociétés. Les collections sont
une référence et permettent l’identification des changements
naturels intervenus au cours du temps. Elles sont donc au
cœur des enjeux de la Biodiversité pour l’utilisation des res-
sources biologiques. La nécessité d’analyser, de valoriser, de
conserver le patrimoine naturel sont de plus en plus recon-
nus comme la base d’un développement durable des sociétés
humaines (Raven 1998). Ces ressources représentent une
base de connaissance qui vient en soutien de nombreux ser-
vices de l’Écologie.
Plus spécifiquement, pour l’Écologie dans ses deux compo-
santes, l’Écologie évolutive et l’Écologie fonctionnelle, la
taxidermie est toujours une source de connaissances.
L’Écologie évolutive qui repose sur la génétique et la dyna-
mique des populations et des communautés utilise les res-
sources de la taxidermie pour la recherche sur la systémati-
que et l’évolution de la diversité du vivant, la Biologie inté-
grée des organismes ou la diversité de leurs plans d’organi-
sation, leur comportement ou la dynamique des populations
et des écosystèmes. De manière moins directe, l’Écologie
fonctionnelle, utilise les collections pour étudier les mécanis-
mes d’adap tation aux contraintes du milieu, la gestion des
peuplements et la recherche des grands cycles biogéochimi-
ques et des changements globaux.
La taxidermie peut être utilisée dans de nombreux autres
domaines de l’Environnement, par exemple l’Éco-toxicologie,
qui s’intéressent aux effets néfastes des composés chimiques.
Nombreux sont ces composés chimiques, comme les pes -
ticides, qui laissent des traces résiduelles plus ou moins
dégradées sur les dépouilles des animaux naturalisés.
Biodiversité
Ces dernières années, le veloppement de nouveaux
concepts et l’extension de techniques d’analyses moléculai-
res et informatiques appropriées ont permis un regard nou-
veau sur les disciplines liées à la Biodiversité. Comme pour
l’Environnement, la taxidermie à travers les collections, joue
un rôle primordial principalement basé sur la notion d’in-
ventaire. La compréhension de cette évolution implique la
coopération de plusieurs disciplines. La diversité biologique
est le résultat d’une histoire au cours de laquelle les méca-
nismes de l’évolution ont opéré. En conséquence, la taxi -
dermie, comme élément constituant de collections, est essen-
tielle à la gestion de la Biodiversité permettant un traite-
Taxidermie 49
Diversité Bénéficiaires Rôle des collections Avantage Économique
Organismes
Industrie de la biodiversité Découvrir l’histoire biologique Richesse et allégement
dans la composition et de la douleur humaine
les relations de la biodiversité
des organismes
Organismes
Santé humaine La connaissance et le contrôle Richesse et allégement
des maladies de la douleur humaine
Organismes
Agriculture Découverte de Nourriture et richesse
nouvelles possibilités
Organismes/
Économie et esthétisme La connaissance et le maintien Richesse et efficacité économique
Écologie
des ressources naturelles (en procurant du repos et
de la récupération)
Écologique
Services de qualité Surveillance et mesures Stabilité atmosphérique,
de l’environnement écologiques eau potable, sols fertiles
Écologique
Intégrité des écosystèmes Engrenage de la biodiversité Réduire au minimum les impacts
et stabilité économique des organismes et écologique des perturbations sur
les écosystèmes et les marchés
Illustration de raisons pour lesquelles les collections sont essentielles pour établir et conserver la connaissance des paysages écologi-
ques, dans le cadre du maintien d’économies nationales ou régionales. Cet argument repose sur l’axiome qu’une connaissance de la bio-
diversité suffisamment représentative et fiable crée la richesse, maintient la qualité de la vie, et peut-être d’une manière primordiale, sou-
tient l’intégrité des paysages écologiques dans lesquels les sociétés existent. (modifié de Cotterill, 1996).
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