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derrière lui, et des érables à sucre couvraient la
petite montagne en arrière-plan. Ce matin là, il
aperçu un couple de canards branchus ainsi qu’un
grèbe à bec bigarré, déjà installés. Se tenant bien
droit, le héron était presque le reflet de la gracile
Elya, bien que plus grand qu’elle avec ses 130 cm
de taille. De chaque côté de sa tête, deux bandes
noires descendaient de ses yeux jaunes jusqu’à
l’aigrette à l’arrière de son crâne. Sa poitrine
était blanche marquée de noir et son dos bleu-
gris. De longues plumes ornaient sa poitrine, ses
flancs et son dos.
Grand héron (photo : Québec en images)
À l’autre extrémité de l’étang, les trois
croassements des corbeaux annoncèrent les
rayons du soleil, qui touchaient maintenant le bas
du « J ». Le héron était déjà à la chasse,
traversant avec de longs et lents pas les troncs
dressés pour atteindre l’eau stagnante. Ce jour-
là, son habitude d’atterrir loin de l’eau lui fût
favorable. Dans les hautes herbes, il happa une
souris des champs, puis sur la rive il attrapa une
rainette crucifère, qui eu tout juste le temps
d’émettre son dernier « peep, peep, peep ».
Puis, il s’engagea dans l’eau peu profonde, au
travers des roseaux et des pontédéries cordées
aux délicates fleurs mauves. Arrivé à son
emplacement de choix, il se figea tel une statue,
son cou étendu formant un angle avec la surface
de l’eau. Seuls ses yeux et sa tête bougeaient
alors qu’il surveillait et attendait un poisson qu’il
lui soit possible d’avaler, soit de moins de 15 cm
de long. Il n’aura pas à attendre bien longtemps.
Un banc de jeunes perches voraces s’approcha de
lui d’un côté. Avalant tout ce qui bouge devant
eux, insectes, vers ou jeunes écrevisses, les
poissons ne réalisèrent pas que le héron avait
replié son cou et avancé une patte dans leur
direction. Si ces perches avaient su qu’elles
étaient menacées, elles auraient hérissé leurs
nageoires pointues et épineuses sur-le-champ.
Mais, le héron fondit sur elles, saisit une perche
dans son bec, sortit sa tête de l’eau et avala tête
première le poisson. Il en saisit plusieurs autres,
assurant ainsi un repas à Elya et à ses quatre
petits.
Contrairement aux laborieux hérons, Zoé n’a pas
nourrit ses petits après leur naissance, car son
partenaire l’avait quittée pour rejoindre ses amis.
L’on pouvait facilement reconnaître ces mâles
allant et venant sur la rivière du Diable, de par
leur corps de 45 cm blancs excepté pour la tête
d’un vert noirâtre, leurs becs oranges et leur dos
noirs. Zoé, elle, se fondait parfaitement dans la
végétation du marécage avec sa tête et sa huppe
brun rouille, la tache blanche sur sa joue et sa
poitrine et puis le gris pâle de son dos, de sa
queue et de ses ailes. Sans l’aide de son
partenaire, elle dut apprendre à ses petits
comment se nourrir et se protéger eux-mêmes.
Zoé avait placé son nid près d’un tronc couché
dans un marécage dense d’aulnes et de thuyas,
situé en bordure du Chemin des Voyageurs, tout
près du stationnement 2 de la station de ski. Par
un après-midi couvert et venteux, 30 heures
seulement après que ses œufs aient éclos, Zoé
quitta son nid caché dans une petite dépression
et abrité par le tronc d’arbre. Elle étira ses ailes
de toute leur 90 cm d’envergure, puis elle les
rabattit et bondit dans l’eau tranquille. Elle
pataugea sur quelques mètres, puis observa
autour d’elle mais ne vit rien d’inhabituel, alors
elle appela ses poussins. Un par un, ils pointèrent
leur tête hors du nid couvert de feuilles, virent
leur mère à quelques mètres devant eux et se
jetèrent immédiatement à l’eau pour la
rejoindre. Deux poussins grimpèrent sur son dos,
tandis que les neuf autres nageaient autour
d’elle, semblables à neuf petites balles jaunes.
Zoé avança, ses petits tout près derrière, passa
les troncs des thuyas et des épinettes, puis les
fougères femelles et la tortue peinte, vers l’eau
libre. Une fois arrivée, elle s’enfonça lentement
dans l’eau, pour ne laisser que sa tête émerger.
Puis, elle plongea sa tête sous l’eau et nagea vers