412. temps modernes

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TEMPS MODERNES. LE SIECLE DES GRANDES DECOUVERTES.
RELATIONS INTERNATIONALES.
V. LES RELATIONS INTERNATIONALES (1494-1598) :
LUTTES POUR L'HEGEMONIE CONTINENTALE ET MARITIME.
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De 1494 (début des guerres d'Italie menées par la France) à 1598 (traité de Vervins entre la France et
l'Espagne), les relations internationales sont dominées par deux grands conflits :
- un long duel pour l'hégémonie en Europe, entre la France (Valois) et la Maison d'Autriche
(Habsbourg) ;
- une lutte pour la suprématie maritime et les débouchés commerciaux, tant en Méditerranée que dans
l'Atlantique.
A. Les nouvelles ressources militaires (surtout à l'exemple de l'Italie).
1. Les armes à feu et l'artillerie (dès le XVe siècle).
2. La prédominance de l'infanterie.
L'infanterie, reine des batailles dans les armées de l'Antiquité grecque (phalange) et romaine
(légion), avait été éclipsée par la cavalerie à la faveur des invasions germaniques (IVe-Ve s.) et surtout à
partir des invasions musulmanes (VIIe -VIIIe s.). A partir de la guerre de Cent Ans (1337-1453) et surtout des
guerres d'Italie (1494-1516), qui verront le perfectionnement des armes à feu, la cavalerie perdra de son
importance. Les fantassins redeviendront prédominants : dotés d'arcs plus puissants, d'arbalètes et de piques,
d'arquebuses* et de mousquets*, ils seront désormais capables d'arrêter des charges de cavalerie.
3. Le mercenariat, recours à des combattants professionnels rémunérés.
4. La diplomatie se fait de plus en plus active et repose sur des postes diplomatiques permanents.
Conclusion.
L'intensification des relations diplomatiques, l'emploi massif de mercenaires et les progrès de
l'armement rendent les conflits plus onéreux. Seuls les monarques, on l'a vu, sont désormais en mesure
d'assumer de telles charges financières. Aussi pourront-ils camoufler des intérêts dynastiques en rivalités
internationales.
B. Les enjeux.
1. Politique.
a) Principalement le prestige dynastique ;
b) L'équilibre des forces en Europe, entre la France et les possessions des Habsbourg, avec, à la
clé, la délimitation des frontières entre France et Empire (Picardie et Artois, Lorraine, Bourgognes).
2. Economie.
a) Les Etats italiens et leurs débouchés commerciaux.
Il s'agit en particulier du Royaume de Naples, alors possession du roi d'Aragon et revendication
du roi de France Charles VIII1, ainsi que du duché de Milan, alors possession des Sforza et revendication de
Louis XII et de François I er.
On notera l'intérêt que pouvait présenter l'Italie d'alors : elle constitue une proie facile, car elle
est morcelée et de plus déchirée par des rivalités entre Etats, sans parler des guerres civiles. D'autre part,
occupant une position idéale au milieu de la Méditerranée, elle offrait d'intéressants débouchés pour le
commerce, aussi bien vers l'Europe du nord que vers le Proche-Orient.
b) Au niveau des mers, les rivalités sont bien entendu commerciales. En Méditerranée, elles
opposent principalement les flottes des Républiques italiennes (Venise, Gênes) à l'Empire ottoman ; dans
l'Atlantique, la suprématie portugaise et surtout espagnole sera de plus en plus battue en brèche par les
attaques des corsaires et pirates anglais ou français.
C. Les résultats.
1. Politique.
a) La France
Sur le plan territorial, la France a perdu (Charles VIII) la Franche-Comté et l'Artois, qui
1 Pour mener cette folle entreprise au nom d'un vieil héritage féodal, Charles VIII ira jusqu'à sacrifier quelques-unes
des plus précieuses acquisitions de son prédécesseur Louis XI : Artois et Franche-Comté à l'empereur Maximilien,
Roussillon à Ferdinand d'Aragon.
passent à l'Empire, ainsi que le Roussillon passé à l'Espagne2; elle a récupéré (Henri II au traité de Vervins,
1598) Calais (anglaise depuis 1347) ; elle a gagné (Henri II) les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun ;
enfin, elle a conservé le duché de Bourgogne. Par contre, la France n'a rien obtenu au-delà des Alpes : c'est la
fin de sa politique italienne. Désormais, elle consacrera toutes ses forces à consolider ou reculer ses
frontières du nord et du nord-est (politique de Richelieu, Mazarin, Louis XIV et Napoléon).
b) L'Empire
N.B. Pour les profits et pertes territoriaux, voir la France.
La France avait été effrayée par l'étendue des possessions de Charles Quint, qui l'encerclaient,
mais le long conflit a révélé les faiblesses du Saint-Empire : particularisme des villes (flamandes
notamment), égoïsme des princes allemands, problème protestant et menace turque, manque de ressources.
Tout cela explique en bonne partie la double abdication de Charles Quint (1555, 1556), qui va dissocier
l'Empire de ses autres possessions.
NOTE SUR LA SITUATION INTERNATIONALE DE NOS REGIONS.
Il faut d'abord souligner l'importance pour nos régions de la nouvelle frontière France-Empire
Par la paix de Cambrai dite Paix des Dames (1529) confirmant le traité de Madrid (1526), la France a
renoncé à son droit de suzeraineté sur les comtés de Flandre et d'Artois. Dès lors saute enfin la vieille
frontière de l'Escaut définie au traité de Verdun (843) ; l'ensemble de nos régions relèvera désormais d'un
seul et même suzerain.
D'autre part, après avoir réalisé des conquêtes dans les Pays-Bas du nord, Charles Quint se
trouve à la tête de ce qu'on appellera les XVII provinces des Pays-Bas. Celles-ci, totalisant 3 millions
d'habitants, comportent 4 duchés (Brabant, Limbourg, Luxembourg, Gueldre), 7 comtés (Flandre, Artois,
Hainaut, Namur, Hollande, Zélande, Zutphen) et 6 seigneuries (Tournai, Malines, Utrecht, Overyssel, Frise et
Groningue). L'empereur va y consacrer la politique unificatrice et autonomiste des ducs de Bourgogne :
- par la transaction d'Augsbourg (1548), il assure l'unité et l'autonomie des XVII provinces et
de la Franche-Comté, qu'il érige en un Cercle3 de Bourgogne. Il leur ménage aussi un statut
d'exception car, si le nouveau cercle participera aux assemblées et aux dépenses de l'Empire,
il sera cependant soustrait à ses lois et à ses tribunaux.
- par la Pragmatique Sanction de 1549, il déclare le Cercle de Bourgogneindivisible et y
uniformise le droit de succession, de sorte que l'ensemble restera toujours sous l'autorité d'un
seul et même prince.
Néanmoins, Charles Quint échoue, comme avant lui Philippe le Bon et Charles le Téméraire,
dans la tentative de constituer ces territoires en un royaume indépendant. En outre, la sécession des sept
provinces du nord contre son fils Philippe II à la fin du siècle aboutira à une scission définitive dès 1648.
c) L'Espagne
L'Espagne a su se montrer redoutable, notamment en affaiblissant la France à l'intérieur
(soutien aux catholiques contre les calvinistes). Sa suprématie est assurée en Italie par la possession du duché
de Milan et du Royaume de Naples (abdication de Charles Quint, 1555).
d) L'Angleterre
Ayant eu la sagesse de rester le plus possible en dehors du conflit européen, l'Angleterre a
pratiqué une politique de bascule et obtenu ce qu'elle voulait, à savoir :
- le maintien de l'équilibre des forces en Europe : aucun des deux belligérants n'a pu écraser
l'autre, ce qui aurait pu causer des dommages aux intérêts commerciaux anglais.
- l'affaiblissement de la France à l'intérieur (soutien aux calvinistes contre les catholiques, à
l'inverse de l'Espagne) ;
- le statu quo pour sa sphère d'influence en mer du Nord (sauf la perte de Calais) ;
2. Economie.
a) Méditerranée.
- présence espagnole renforcée en Italie ;
- la Méditerranée reste dominée par les musulmans : pirates d'Afrique du nord dans le bassin
occidental, Turcs dans le bassin oriental. Cependant, avec ces derniers, d'importants accords
commerciaux (appelés capitulations*) sont conclus, par la France d'abord (1536), puis par
l'Angleterre (1580) et les Provinces-Unies (1609).
N.B. L'alliance de François Ier, prince chrétien, avec les Turcs musulmans que Charles Quint
2 L'Artois passera ensuite à l'Espagne par l'abdication de Charles Quint (1555). Cependant, ces trois provinces
retourneront à la France au XVII e siècle : Artois (conquis sous Louis XIII) et Roussillon au traité des Pyrénées
(1659) ; Franche-Comté (conquise par Louis XIV en 1668, et à nouveau en 1674) au traité de Nimègue (1678).
3 Le cercle était une circonscription administrative du Saint-Empire, qui en comptait dix.
s'épuisait alors à combattre souleva une vague d'indignation ; cependant, les
capitulations resteront en vigueur jusque passé la première guerre mondiale !
b) Atlantique.
L'Angleterre, après l'échec cuisant d'une invasion espagnole destinée à y rétablir le
catholicisme (Invincible Armada, 1588), installe définitivement son hégémonie dans l'océan
Atlantique au détriment de l'Espagne.
3. Religion.
Suite à un retournement d'alliances, la France a conclu avec la Papauté un concordat (1516) qui
restera d'application jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.
4. Culture.
Les guerres ont favorisé, surtout pour la France (guerres d'Italie, 1494-1516), un contact direct
avec l'Italie de la Renaissance, dont l'éclat, le raffinement et l'humanisme, inconnus ailleurs, influenceront
profondément toutes les activités culturelles des Etats européens : littérature, sciences, architecture,
sculpture, peinture, arts mineurs, musique, théâtre…
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TEMPS MODERNES. L'ANCIEN REGIME.
RELATIONS INTERNATIONALES.
II. LES RELATIONS INTERNATIONALES (1598-1715) :
LUTTES POUR L'HEGEMONIE CONTINENTALE ET MARITIME.
A. Les enjeux.
1. L'impérialisme à l'échelle du continent.
Trois grands conflits se partagent la période allant de 1618 à 1715 :
a) la guerre de Trente Ans (1618-1648), un conflit religieux (lutte menée par les protestants au
nom de la liberté religieuse) interne à l'Empire, qui a dégénéré en conflit entre puissances
impérialistes ;
b) un conflit politique résultant de l'impérialisme français à la conquête de frontières naturelles :
ce sont les guerres menées par Louis XIV de 1667 à 1697 contre une coalition de pays
européens (Espagne, Saint-Empire, Provinces-Unies, Angleterre et Suède principalement).
Comme on le verra plus tard lors des guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815), la
Grande-Bretagne prend la tête d'une coalition destinée à contrer l'avènement de la France
comme super-puissance en Europe, au détriment des intérêts commerciaux britanniques.
c) un conflit politique et dynastique à propos de la succession de Charles II († 1700), dernier
Habsbourg d'Espagne, entre d'une part la France et d'autre part l'Empire, l'Angleterre et les
Provinces-Unies : c'est la guerre de succession d'Espagne (1700-1713), dont l'enjeu s'étend
également aux possessions coloniales et européennes (Pays-Bas notamment) de ce pays.
2. Les rivalités maritimes et commerciales.
a) Le duel anglo-hollandais pour la suprématie maritime en mer du Nord et dans l'Atlantique.
Les Provinces-Unies, qui se sont lancées dans la conquête d'un empire colonial au détriment
des Portugais (Indonésie) et ont pris pied en Amérique du Nord, vont se trouver confrontées à la formidable
puissance maritime britannique.
En 1655, les Hollandais (Pierre Stuyvesant) s'étaient emparés de laNouvelle-Suède, colonie
suédoise établie en 1638 dans la vallée de la Delaware (et étendue ensuite à une partie des futures colonies de
Pennsylvanie, New-Jersey et Delaware) ; ils y avaient formé la colonie de Nieuw-Nederland (alias Novum
Belgium), avec pour capitale Nieuw-Amsterdam (la future New-York).
Le duel naval anglo-hollandais se déroule en deux étapes :
1/ 1652-1654, suite à l'Acte de Navigation (1651) qui pénalise les Hollandais ;
2/ 1664-1667. Les Britanniques, qui ont enlevé la Jamaïque aux Espagnols dès 1655, chassent
les Hollandais d'Amérique du Nord en 1664 ; la capitale sera rebaptisée New-York en l'honneur du duc
d'York, le futur Jacques II. Le long de la côte orientale des futurs Etats-Unis, l'extension de la colonisation
anglaise dans la zone centrale (New-York, New-Jersey, Delaware et Pennsylvanie) va permettre la jonction
avec les colonies des groupes nord et sud, formés plus anciennement et qui jusque-là étaient restés
complètement étrangers l'un à l'autre.
b) Les rivalités en Méditerranée.
En Méditerranée se poursuit la lutte entre les Républiques italiennes (Venise, Gênes) et
l'Empire ottoman.
B. Les résultats.
1. Les traités de Westphalie (1648) mettant fin à la guerre de Trente Ans : défaite de l'Empire.
a) Liberté religieuse pour les protestants allemands.
b) Reconnaissance officielle de l'indépendance des Cantons suisses et des Provinces-Unies. Ce
dernier cas signifie la ruine de l'oeuvre politique des ducs de Bourgogne et de Charles Quint ainsi qu'un
affaiblissement de ce bloc économique, au profit de la Grande-Bretagne. En outre, la fermeture de l'Escaut
(péage) par la volonté des Provinces-Unies va provoquer la décadence d'Anvers au profit d'Amsterdam.
c) Accroissement de la France au détriment de l'Empire (Alsace).
2. Le traité des Pyrénées (1659), terminant la même guerre pour l'Espagne, amène un
accroissement de la France au détriment de cette dernière (Artois au nord et Roussillon au sud).
3. Les traités d'Utrecht (1713), de Rastatt (1714) et de la Barrière ou d'Anvers (1715) - en réalité
cinq traités au total - mettant fin aux guerres de Louis XIV.
a) Règlement de la succession d'Espagne : partage entre l'Espagne et l'Empire (ce dernier
recevant les Pays-Bas) au traité de Madrid, d'où le rétablissement de l'équilibre européen.
b) abaissement de la puissance française, contre laquelle sont établies des mesures de
précaution (places fortes) dans les Pays-Bas méridionaux (traité dit pour cette raison de la Barrière). Une
nouvelle frontière s'établit entre la France et nos régions - son dessin très irrégulier résulte des guerres de
siège, au terme desquelles se faisaient des marchandages ville par ville.
c) renforcement de la Grande-Bretagne. Déjà confirmée dans ses annexions en Amérique du
Nord au détriment des Hollandais (traité de Breda, 31 juillet 1667), la Grande-Bretagne reçoit (1713) de la
France l'île de Terre-Neuve (Atlantique nord ; conquise dès 1583 mais contestée jusque-là par la France), et
de l'Espagne Gibraltar. D'autre part, dans l'océan Atlantique comme dans l'océan Indien, les Nations
ibériques ont dû définitivement céder la place à la Grande-Bretagne.
C'est le début de la suprématie britannique fondée sur le commerce maritime mondial.
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