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MOT DU PRÉSIDENT ET CHEF DE LA DIRECTION
Les PME constituent le cœur de l’économie du Québec.
La moitié de la richesse créée et 87 % des emplois dans le
secteur privé sont générés par les PME. Leur santé et leur
pérennité sont donc cruciales pour l’avenir du Québec.
Les PME naissent, croissent et, bien souvent, meurent.
Après cinq ans d’existence, près des deux tiers des nou-
velles entreprises auront fermé leurs portes. Ce cycle
de vie nécessite évidemment que de nouveaux projets
d’entreprises soient constamment lancés pour remplacer
celles qui n’ont pas tenu le coup et pour stimuler l’essor
d’idées novatrices. Et celles qui auront subsisté à l’insta-
bilité des premières années auront ensuite tendance à se
développer, à trouver une niche pour leur savoir-faire, à
croître et à procurer plus d’emplois.
Même si ces entreprises expérimentées, rompues aux
aléas de leur marché et aux nombreux défis de leur envi-
ronnement d’affaires, sont durables et bien établies, leur
pérennité peut être menacée par une contrainte physio-
logique universelle : le vieillissement de leurs fondateurs
et propriétaires. La personnalité et le leadership du diri-
geant d’une entreprise sont indissociables de l’identité,
voire de la compétitivité, de celle-ci. L’éventuel départ à
la retraite du propriétaire représente une rupture dans la
continuité des activités de l’entreprise. Ce passage peut
s’avérer traumatisant pour plusieurs organisations. Dans
les plus petites, il met bien souvent un terme à l’existence
de l’entreprise, car le savoir-faire du dirigeant en est la rai-
son d’être.
Les propriétaires ayant l’intention de prendre leur retraite
dans un avenir proche et qui souhaitent maintenir la conti-
nuité de l’entreprise doivent la vendre ou la céder à un
repreneur. Or, plusieurs études et rapports ont fait état au
cours des dernières années d’un déséquilibre défavorable
pour ces cédants : le nombre de nouveaux entrepreneurs
est largement insuffisant pour compenser le départ à la
retraite des propriétaires plus âgés. De plus, une forte ma-
jorité de futurs entrepreneurs ont l’intention de créer leur
entreprise plutôt que d’en acquérir une qui existe déjà.
Faute de relève d’entreprise, un grand nombre de nos meil-
leures PME sont exposées à un risque élevé de fermeture.
La présente étude met l’accent sur un autre facteur aggra-
vant dans ce contexte de rareté de la relève. La plupart
des cédants sont mal outillés pour préparer le transfert
de leur entreprise, que ce soit pour trouver un acheteur
ou pour effectuer la transmission du flambeau à un suc-
cesseur désigné, comme un membre de la famille ou un
collaborateur de longue date. Ce manque de préparation
nous apparaît comme une cause importante expliquant
les difficultés de pérenniser les entreprises dont les pro-
priétaires se retirent. L’étude innove donc sur ce point pré-
cis dans la tradition des études portant sur le problème de
la relève d’entreprise. Elle propose même une projection
des répercussions économiques de ce phénomène si la
tendance se maintient.
En vertu de critères que nous expliquerons dans les
prochains chapitres, nous estimons qu’entre 8 000 et
10 000 entreprises québécoises sont menacées de fer-
meture au cours des 10 prochaines années en raison du
manque de relève. Nous prévoyons que 5 700 d’entre elles
sont quasiment assurées de fermer au cours de la même
période pour cette même raison. Si elles s’avèrent, ces fer-
metures entraîneront des pertes brutes minimales totales
de 8,2milliards $ en PIB et de 80 000 emplois.
Ces chiffres, que nous appelons les coûts du statu quo,
doivent tous nous interpeller. Nous émettons d’ailleurs plu-
sieurs recommandations dans le dernier chapitre pour amé-
liorer la situation de la relève et du transfert d’entreprise.
L’étude innove en mettant l’accent sur le risque que re-
présente la propension des cédants à ne pas planifier leur
MOT DU PRÉSIDENT ET
CHEF DE LA DIRECTION
MICHEL LEbLANC