fondent, c’est Dieu qui meut leur intelligence et leur volonté dans un but déterminé par sa
Sagesse.
Si vous venez à Dienville en mon absence, allez à la chapelle et regardez le pauvre
crucifix de l’autel. Dites-moi où je pourrais en trouver un très beau qui parle à l’âme. Au-
dessus de l’autel, à la place de la Vierge qui est trop petite, je mettrai l’image du Sacré-Coeur,
pour que ce Coeur adorable bénisse le noviciat qui commencera le jour de sa fête. Le malheur
est que je n’aime aucune image du Sacré-Coeur. […]
Je prie pour […] vous de toute mon âme. Sœur Saint-Jean.
Par notre union au Christ Jésus se forme, en nous, une âme sacerdotale.
[Mardi], 20 mai 1930.
Ma mère,
Je vous remercie de tout ce que m’apporte votre lettre.
Au sujet de l’office, je pense que si la maison mère pouvait être une « Maison de
Prière » comme le Cénacle, où les Apôtres attendirent en priant l’Esprit Saint, avant de se
disperser dans le monde, ce serait fonder toute l’oeuvre sur la prière […]
Dans ma pensée, quand je ne vous connaissais pas encore, lorsque je me vis fermée la
forme de vie toute contemplative, j’avais eu en vue cet apostolat dans les campagnes, un peu,
très peu, par la parole et l’action – et beaucoup, surtout, par la prière.
Je pensais que le prêtre étant absent, il n’y avait là personne pour rendre gloire à Dieu
au nom de ces âmes. Aussi je désirais pouvoir passer à peu près tout le temps à l’église. La
prière attire la prière plus que toutes les paroles. […]
Comme vous, je ne connais point de statue du Sacré-Coeur qui donne de la dévotion, –
le sujet étant très difficile à réaliser selon la vérité.
Quand on représente Jésus-Christ crucifié, je vois dans ses plaies toutes les
souffrances de la nature humaine, ressenties en son corps. C’est par l’union des [deux] natures
qu’elles furent attribuées à sa personne divine. […]
Personnellement, je préfère, à tout autre représentation, celle de Jésus en croix. […]
Du reste, cela représente aussi le Sacré-Coeur puisqu’on voit la plaie de la lance. Ce
n’est pas possible de placer un grand Christ au-dessus de l’autel ? Un seul grand Christ. La
messe étant le sacrifice de la croix, le même prêtre, la même victime, je trouve qu’un Christ
en croix suffit à tout. C’est en sa mort qu’est toute notre espérance, la source de notre vie.
[...] Une raison de plus, c’est que c’est sur la croix que Jésus, en prêtre, seul prêtre,
offrit le sacrifice de lui-même.
Or nous allons dans des villages où manquent les prêtres, nous n’aurons pas leurs
pouvoirs, nous ne sommes pas appelées à leur ministère – mais par notre union au Christ
Jésus peut et doit se former, en nous, une âme sacerdotale. Ce Jésus qui vit en nous, sans
cesse, en union à son offrande, nous pouvons l’offrir au Père – et s’il veut, au moment de la
consécration, il peut, demeurant en l’âme, prononcer sur elle les paroles de la consécration.
Saint Paul voyait si loin l’identification de lui-même au Christ qu’il disait : « J’achève
en mon corps ce qui manque aux souffrances du Christ
. » et « Je vis, mais plus moi : le
Christ vit en moi
. » […]
Ma mère, priez pour votre petite fille – en amour de Dieu je suis aussi petite que mes
neveux – nourrissez-moi de vos prières. Marie du Christ-Jésus.
Col 1, 24
Gal 2, 20