Météo-France est placé sous la tutelle du Ministère de l’Ecologie,
du Développement durable, des Transports et du Logement
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Un diagnostic complet des sécheresses passées
Des bases de données inédites construites par la modélisation numérique
Pour dresser un diagnostic étayé des sécheresses passées, les chercheurs ont besoin de longues séries de
données climatologiques. Des réseaux d’observation fournissent depuis longtemps des mesures
hydrométéorologiques. Mais les bases de données obtenues par la seule observation sont hétérogènes, car
ces réseaux ont beaucoup évolué au cours du temps. Elles ont aussi une résolution spatiale relativement
faible (un point de mesure tous les 50 kilomètres environ pour le réseau actuel). Par ailleurs, jusqu’à
récemment, certains paramètres tels que l’humidité des sols n’étaient pas accessibles par des mesures
physiques directes.
Les climatologues ont donc eu recours à une chaîne de modélisation numérique pour construire les séries de
données nécessaires au diagnostic.
Ils ont tout d’abord produit une base de données des paramètres atmosphériques sur la période 1958-2008 en
effectuant une "réanalyse atmosphérique"
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avec le modèle SAFRAN. En s’appuyant sur toutes les données
d’observations disponibles sur la période 1958-2008 (température, humidité, vent, précipitations solides et
liquides…) et les données issues de modèles de prévision du temps, le modèle SAFRAN a permis
d’extrapoler les valeurs des paramètres atmosphériques toutes les heures et à une échelle spatiale très fine
(un point tous les 8 kilomètres sur le plan horizontal et tous les 300 mètres d’altitude) sur ces cinquante
années. La base de paramètres atmosphériques obtenue constitue une nouvelle référence pour la
caractérisation du climat sur la période 1958-2008.
Cette base a ensuite alimenté le modèle numérique ISBA de Météo-France qui simule les échanges d'eau et
d'énergie entre la surface du sol, la végétation et les basses couches de l'atmosphère, ainsi que le modèle
MODCOU de l’Ecole des Mines de Paris qui simule le transfert de l'eau vers/dans les rivières et l'évolution des
nappes aquifères. Ces modélisations ont permis de produire des jeux de données homogènes avec une
résolution spatio-temporelle inédite sur la période 1958-2008 pour l’humidité des sols et les débits des
rivières. Ces résultats constituent un apport essentiel pour le suivi hydroclimatique national et les
futures études sur la ressource en eau.
De nouveaux indices pour évaluer l’intensité des sécheresses
Pour définir et décrire les épisodes de sécheresses, les climatologues utilisent des « indices », qui peuvent
être calculés à partir des paramètres de précipitations, d’humidité des sols, de débits mais aussi d’autres
paramètres climatiques (température de l’air, évaporation de l’eau…).
Depuis 2009, l’Organisation météorologique mondiale préconise d’utiliser l’indice SPI (Standardized
Precipitation Index), fondé sur la probabilité que surviennent des précipitations, pour décrire les sécheresses
météorologiques.
Les chercheurs engagés dans Climsec ont construit deux indices inspirés du SPI pour qualifier les autres
composantes des sécheresses :
- un indice d’humidité des sols (SSWI – Standardized Soil Wetness Index), qui tient compte de la
capacité de la couverture végétale à absorber de l’eau et de la nature du sol,
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Les paramètres atmosphériques sont calculés quotidiennement sur une grille régulière par des modèles numériques (appelés systèmes d’analyse
atmosphérique), à partir des données d’observation météorologiques. Mais ces systèmes d’analyse ont évolué au fil du temps. Pour reconstruire
une base de données de paramètres atmosphériques homogène sur une longue période passée, les climatologues procèdent donc à une nouvelle
analyse, une « réanalyse atmosphérique », à partir de toutes les données du passé et avec un seul système d’analyse.