Relation d`autorite intergenerationnelle et action publique

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MODYS UMR 5264 (Axe 2/Dynamiques de la vie privée et des institutions)
& CLERSE UMR 8019 (Programme Ville, Normes, Institutions)
Relations d’autorité et rapports de génération
dans les activités éducatives en site « politique de la ville »
Séminaire du vendredi 12 mars 2010.
Lieu : Salle Victor Jara, Rue Lesire, 69120 Vaulx-En-Velin
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.
Contact : [email protected]
Programme
9h – Introduction et animation de la journée par Abdelhafid Hammouche, Professeur de
sociologie à Lille 1,
9h 30– 11h 30 Interventions de :
Didier Lapeyronnie, Professeur de sociologie à Paris IV, Les registres d’autorité dans le
ghetto,
Jean-Hugues Déchaux, Professeur de sociologie à Lyon 2, Registres et exercices de l'autorité
dans la famille,
Jacques Ion, Directeur de recherches à Modys-CNRS, discutant.
11h 30 – 12h 30 Débat avec la salle
12h30 – 14h Pause. Déjeuner libre.
14h – 16h Interventions de :
Maurice Blanc, Professeur émérite de sociologie à Strasbourg, Relation d’autorité, rapports
de génération et transaction sociale,
Emmanuelle Santelli, Sociologue, chargée de recherches au CNRS, Grandir en banlieue :
relations d’autorité et modes d’affirmation.
Groupe de recherche de l'IUFM de Saint-Etienne (Philippe Foray, Professeur d'Université en
Sciences de l'éducation, Agnès Rivolier, doctorante en sciences de l'éducation...), Autorité de
l’enseignant : corps, parole, image.
16h – 17h Débat avec la salle et conclusion.
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Relations d’autorité et rapports de génération
dans les activités éducatives en site « politique de la ville »
Séminaire du vendredi 12 mars 2010.
La référence aux « jeunes » est depuis les années 1970 une des constantes des débats
socio-politiques ou urbanistiques portant sur la banlieue. Par cette référence s’entend un
malaise tout aussi persistant que difficile à cerner. Car sans ignorer les problèmes de
délinquance, de racisme ou les relations interculturelles qu’on rattache à ces adolescents ou
jeunes adultes dont une partie est issue, selon l’expression consacrée, de l’immigration, il
serait réducteur de poser seulement le problème en termes culturels ou sociaux. La fixation
sur cette catégorie de population au moins depuis l’émergence des ZUP dans les années 1970
et les premiers tâtonnements de ce qu’il est convenu de nommer « politique de la ville » ont
fortement conditionné le débat politique en occultant ou atténuant la part qu’y prennent les
« adultes ». Réintroduire ces derniers pour approcher la relation qui se noue entre eux et les
« jeunes » offre une perspective intergénérationnelle riche en questionnement.
Cette dimension intergénérationnelle, qu’on définit ici par les processus de
socialisation et les tentatives d’institution des formes d’échanges et d’apprentissage,
constituera le fil conducteur de la réflexion qui réunira chercheurs et acteurs de l’action
publique agissant dans les sites bénéficiaires de procédures de la politique de la ville. En effet,
au-delà des propriétés sociales des jeunes en question et des adultes qu’ils croisent, la
structuration de la relation et la détermination des statuts et des échanges qui en ressort ne
reposent plus sur la dissymétrie qui, jusque dans les années 1960-1970, prévalait
apparemment. Une telle relation lorsqu’elle se joue dans la rue, dans l’enceinte scolaire ou
dans les lieux réservés aux loisirs et à l’action socio-éducative ne se définit pas comme celles
qui se donnent à voir dans l’organisation du travail en général. Même si dans ce dernier cadre,
les procédures et les hiérarchies formelles ne suffisent pas à encadrer la relation, la relation
intergénérationnelle dans l’espace urbain ou dans les lieux indexés à l’éducation se laisse
encore moins réduire à une distribution de rôle convenus. Relativement à la structuration de
ces rapports, il est difficile de concevoir une relation à vocation éducative (dans
l’enseignement, dans les activités socio-culturelles, dans les activités artistiques) sans une
dissymétrie de position et une obéissance. Evidemment la définition de cette dernière, comme
celle de l’autorité éducative, prennent sens dans un contexte donné et on peut penser que la
possibilité d’asseoir, dans la conjoncture actuelle, une position assurée pour les « adultes »
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n’est pas sans conditionner leur efficacité pédagogique et les comportements des enfants.
Comment donc penser et approcher de tels rapports et les ressources que mobilisent les
éducateurs au sens large ?
Evoquer cette dimension intergénérationnelle par la relation d’autorité qui s’y manifeste
selon les activités et les statuts dans les banlieues n’est pas sans risque d’équivoques. Il y a
celui d’attribuer à ces rapports une causalité excessive dans les troubles qui frayent l’actualité.
Mais ne tenir compte que des conditions socio-économiques représente un autre risque : celui
de laisser penser que les conduites se déterminent quasi mécaniquement. Plus largement, il
ressort plusieurs difficultés d’une telle amorce de questionnement :
-
l’éducation et les rapports d’autorité ne sauraient être cantonnés à un seul espace sans
tenir compte des autres lieux où se fonde solidairement la socialisation, notamment la
famille ;
-
le malaise par rapport aux éventuelles retombées de tels débats ou questionnements
sur la scène sociale et politique invitent à s’interroger sur l’engagement des chercheurs
lorsque les objets semblent particulièrement « sensibles » ;
-
la conjonction entre pauvreté, répression, immigration complique les approches pour
tenir compte de la dimension anthropologique sans tomber dans le culturalisme, pour
prendre en compte les situations sociales dégradées sans se laisser aller au
misérabilisme.
Organisé comme un espace de restitution de recherches et d’échanges critiques, ce
séminaire devrait également permettre la pleine participation aux débats de celles et ceux qui,
d’une manière ou d’une autres, contribuent à l’action publique en étant parties prenantes de
ces rapports intergénérationnels. Outre la présentation des enseignements tirés d’une
recherche sur les rapports d’autorité menée dans l’agglomération lyonnaise et à Fortaleza,
trois sociologues – Jean-Hugues Déchaux, Jacques Ion, Didier Lapeyronnie – aborderont ces
questions à partir de leurs travaux dans les champs de la famille, du travail social, de la
banlieue. Ce premier temps de discussion sera prolongé par les contributions de Maurice
Blanc, de Philippe Foray, et d’Emmanuelle Santelli. Les approches des uns et des autres ne
mettront pas nécessairement au premier plan la relation d’autorité telle qu’elle est introduite
ici mais devraient au total éclairer de maintes manières la structuration des rapports en tenant
compte des rapports de genre, des systèmes d’action, des perspectives éducatives….
Abdelhafid Hammouche
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