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Relations d’autorité et rapports de génération
dans les activités éducatives en site « politique de la ville »
Séminaire du vendredi 12 mars 2010.
La référence aux « jeunes » est depuis les années 1970 une des constantes des débats
socio-politiques ou urbanistiques portant sur la banlieue. Par cette référence s’entend un
malaise tout aussi persistant que difficile à cerner. Car sans ignorer les problèmes de
délinquance, de racisme ou les relations interculturelles qu’on rattache à ces adolescents ou
jeunes adultes dont une partie est issue, selon l’expression consacrée, de l’immigration, il
serait réducteur de poser seulement le problème en termes culturels ou sociaux. La fixation
sur cette catégorie de population au moins depuis l’émergence des ZUP dans les années 1970
et les premiers tâtonnements de ce qu’il est convenu de nommer « politique de la ville » ont
fortement conditionné le débat politique en occultant ou atténuant la part qu’y prennent les
« adultes ». Réintroduire ces derniers pour approcher la relation qui se noue entre eux et les
« jeunes » offre une perspective intergénérationnelle riche en questionnement.
Cette dimension intergénérationnelle, qu’on définit ici par les processus de
socialisation et les tentatives d’institution des formes d’échanges et d’apprentissage,
constituera le fil conducteur de la réflexion qui réunira chercheurs et acteurs de l’action
publique agissant dans les sites bénéficiaires de procédures de la politique de la ville. En effet,
au-delà des propriétés sociales des jeunes en question et des adultes qu’ils croisent, la
structuration de la relation et la détermination des statuts et des échanges qui en ressort ne
reposent plus sur la dissymétrie qui, jusque dans les années 1960-1970, prévalait
apparemment. Une telle relation lorsqu’elle se joue dans la rue, dans l’enceinte scolaire ou
dans les lieux réservés aux loisirs et à l’action socio-éducative ne se définit pas comme celles
qui se donnent à voir dans l’organisation du travail en général. Même si dans ce dernier cadre,
les procédures et les hiérarchies formelles ne suffisent pas à encadrer la relation, la relation
intergénérationnelle dans l’espace urbain ou dans les lieux indexés à l’éducation se laisse
encore moins réduire à une distribution de rôle convenus. Relativement à la structuration de
ces rapports, il est difficile de concevoir une relation à vocation éducative (dans
l’enseignement, dans les activités socio-culturelles, dans les activités artistiques) sans une
dissymétrie de position et une obéissance. Evidemment la définition de cette dernière, comme
celle de l’autorité éducative, prennent sens dans un contexte donné et on peut penser que la
possibilité d’asseoir, dans la conjoncture actuelle, une position assurée pour les « adultes »