lettre pharmacovigilance de la vétérinaire Novembre 2006 numéro 3 A ge n c e n a t i o n a l e d u m é d i c a m e n t v é t é ri n a i re éditorial S olutions antiparasitaires externes à base d’amitraze chez les chiens chez les bovins, ovins, caprins et porcins Colliers antiparasitaires La pharmacovigilance vétérinaire et les praticiens Le praticien vétérinaire est la clé de voûte du système de la pharmacovigilance vétérinaire française. En effet, initiateur, acteur et destinataire des informations relevant de cette phase de suivi post-AMM des médicaments, le praticien participe aux principales étapes de cette discipline à la croisée des sciences cliniques, pharmaceutiques et fondamentales. La qualité et la pertinence des données collectées, discutées avec les centres de pharmacovigilance vétérinaire (de Lyon et de Nantes), évaluées par les experts de l’ANMV et de la commission nationale de pharmacovigilance vétérinaire (au sein de laquelle se trouvent plusieurs praticiens exerçant en activité rurale, équine et canine), assurent ainsi un retour d’informations indispensables au prescripteur. Cette formation continue professionnelle est à disposition de tous, et verra son intérêt augmenter avec l’implication de chacun. L’un des principaux écueils de la pharmacovigilance tant humaine que vétérinaire est la sous-notification, comme l’a relevée une mission sénatoriale récente à propos du médicament humain et de son suivi post-AMM (rapport d’information n°332, 8 juin 2006). Outre une aide immédiate et efficace apportée par les centres de pharmacovigilance vétérinaire et/ou les services de pharmacovigilance des laboratoires pharmaceutiques, des retours d’informations, via « La lettre de la pharmacovigilance vétérinaire » par exemple, à destination de l’ensemble des prescripteurs et dispensateurs assurent une motivation certaine de ces notificateurs. Dans un futur proche, de nouveaux outils de l’évaluation post-AMM des médicaments seront développés : pharmaco-épidémiologie, études de cohorte… Des praticiens volontaires seront les maillons indispensables à l’efficacité de l’évaluation de certains effets secondaires apparaissant à long terme. Gageons que notre profession relèvera ce défi dans l’intérêt des animaux soignés, de leurs propriétaires et d’une meilleure connaissance des médicaments prescrits. à base de deltaméthrine ou d’ amitraze destinés aux chiens Christophe Hugnet Membre de la Commission nationale de pharmacovigilance vétérinaire Vétérinaire praticien dans la Drôme Solutions antiparasitaires externes à base d’ amitraze Effets indésirables observés chez les chiens Le taux d’effets indésirables ne remet pas en cause, chez les chiens, l’utilisation du médicament vétérinaire à base d’amitraze formulé spécialement pour cette espèce. La formulation à base d’amitraze destinée uniquement aux chiens est recommandée pour le traitement curatif des affections cutanées causées par Demodex canis ; la durée de traitement varie entre 2 et 4 mois selon la gravité de l’affection. Sur une période d’observation de 5 ans, 51 chiens ont présenté des effets indésirables et 2 animaux sont morts à la suite du traitement. Bien que les facteurs de dilution soient signalés sur les étiquetages, 9 chiens ont présenté des effets indésirables après surdosage [bains pouvant être 10 fois plus concentrés que les dilutions recommandées]. Sont observés chez cette espèce : • des signes cliniques traduisant un état léthargique (prostration, anorexie…) ; • des troubles nerveux (ataxie, tremblements…) ; • des troubles digestifs (vomissements, diarrhée, hyper-salivation…) ; • des troubles cardio-vasculaires (bradycardie, hypotension…). Les traitements antidotiques tels que atipamézole et yohimbine sont recommandés. Considérant la pathologie à traiter et les difficultés d’évaluer le nombre des animaux susceptibles d’avoir été traités pendant cette période, il a été estimé, en se basant sur les déclarations recensées, que 7 chiens sur 10 000 traités pourraient présenter un effet indésirable lors d’une application unique. Consulter les avis et rappor ts sur : lettre pharmacovigilance Chez le chien, les données disponibles en pharmacovigilance ne remettent pas en cause le rapport bénéfice-risque du médicament vétérinaire à base d’amitraze spécialement formulé pour cette espèce lors de son utilisation selon les recommandations de l’autorisation de mise sur le marché. Ne pas utiliser, chez les chiens, des formulations à base d’amitraze destinées aux bovins, ovins, caprins et porcins Sur une période d’observation de 5 ans, 39 chiens ont été affectés et 7 d’entre eux sont morts à la suite d’une application, dans des conditions hors AMM, d’une solution antiparasitaire à base d’amitraze destinée aux bovins, ovins, caprins et porcins. Ces effets indésirables sont identiques à ceux décrits ci-dessus. Ils surviennent dans les 24 heures qui suivent l’application de ces préparations antiparasitaires, qui sont trop concentrées. Ils résultent probablement d’une ingestion (par léchage ou par absorption de l’eau du bain) ou d’une inhalation de l’amitraze. Généralement, ils rétrocèdent en quelques jours. Attention ! Ces formulations antiparasitaires destinées aux bovins, ovins, caprins et porcins ne sont pas adaptées aux chiens car elles sont trop concentrées. Des erreurs de dilutions peuvent survenir lors de la préparation des bains. www.anmv.afssa.fr/pharmacovigilance/ de la vétérinaire Novembre 2006 - n u m é ro 3 - page 2 Solutions antiparasitaires externes à base d’ amitraze Effets indésirables observés chez les bovins, ovins, caprins et porcins Le faible taux d’effets indésirables ne remet pas en cause l’utilisation de l’amitraze chez les espèces de destination : bovins, ovins, caprins et porcins. Sur une période de 5 ans, 4 déclarations ont été notifiées, en France, chez les espèces cibles. Il a été estimé qu’un animal sur 100 000 traités (bovins, ovins, caprins ou porcins) pourrait présenter un effet indésirable lors d’une application unique. Sont observées prostration, anorexie et ataxie. Chez les bovins, ovins, caprins et porcins, les données disponibles en pharmacovigilance ne remettent pas en cause le rapport bénéfice-risque de cette formulation à base d’amitraze lors de leur utilisation selon les recommandations de l’autorisation de mise sur le marché. Y a t-il des précautions à prendre par la personne qui prépare la solution d’amitraze à appliquer ? L’amitraze est utilisé non seulement en formulation dans des médicaments vétérinaires mais aussi comme produit phytopharmaceutique (pesticide). Des cas d’intoxications chez l’homme ont été recensés. Des effets hyperglycémiant et hypotenseur ont été décrits chez des enfants à la suite d’intoxications à l’amitraze. 26 des 43 enfants intoxiqués ont fait une hyperglycémie : 5 après exposition cutanée, 21 après ingestion d’amitraze. Ce risque est plus élevé chez les individus diabétiques. Lors de l’utilisation de ces médicaments vétérinaires à base d’amitraze, des effets indésirables ont été notifiés chez l’homme tels que somnolence, irritation cutanée, érythème voire prurit, nausée, vomissement et vertiges à la suite d’ingestion orale, d’exposition cutanée ou d’inhalation. Des troubles respiratoires, pouvant conduire à des arrêts respiratoires, ont aussi été décrits après exposition à la solution antiparasitaire. Un enfant ayant ingéré 5 à 10 ml de solution concentrée est tombé dans le coma. Les informations actuelles relatives aux précautions d’emploi portées sur la notice* devraient être complétées prochainement comme suit : « En raison des propriétés hyperglycémiantes et hypotensives de l’amitraze, ces précautions doivent être scrupuleusement respectées par les personnes diabétiques et/ou sous traitement hypotenseur. » * « Lors de l’application, porter des gants et un tablier imperméables. Éviter le contact avec la peau et les yeux. En cas de projection accidentelle, bien laver avec de l’eau et du savon. Ne pas toucher les animaux traités sans porter des vêtements de protection tant qu’ils ne sont pas complètement secs. Après utilisation de ce produit, bien se laver les mains avant de manger, boire, ou fumer. » Consulter les avis et rappor ts sur : www.anmv.afssa.fr/pharmacovigilance/ lettre pharmacovigilance de la Novembre 2006 - n u m é ro 3 - page 3 vétérinaire Colliers antiparasitaires externes à base de deltaméthrine ou d’ amitraze destinés aux chiens Le faible taux des effets indésirables ne remet pas en cause leur utilisation chez le chien Un bilan des effets indésirables recueillis pendant 5 ans a été dressé. Les réactions cutanées localisées au niveau de la région du cou sont des effets indésirables connus, généralement observés après la pose de tout type de collier. Des troubles spécifiques liés à la nature du principe actif sont aussi décrits. L’évolution de l’intoxication est favorable après instauration d’un traitement antidotique. Deltaméthrine Amitraze 79 déclarations collectées : • 57 à la suite de la pose du collier ; • 22 après ingestion accidentelle du collier. 90 déclarations collectées : • 21 à la suite de la pose du collier ; • 69 après ingestion accidentelle du collier. Après la pose du collier, en plus des lésions cutanées sont décrits : • des troubles neuromusculaires (agitation, incoordination des mouvements, tremblements, convulsions, ataxie) ; • des troubles digestifs (vomissements, hyper-salivation). Une mortalité a été recensée en 5 ans. Après la pose du collier, en plus des lésions cutanées sont observés : • des troubles neuromusculaires (tremblements, prostration) ; • des troubles cardiaques (bradycardie). Tous les animaux affectés ont guéri. Après ingestion du collier, hypothermie et prostration sont notées. Tous les animaux affectés ont guéri. En se basant sur les déclarations notifiées, il est estimé qu’un animal sur 121 000 traités pourrait présenter des effets indésirables. Des traitements symptomatiques à base de benzodiazépines, notamment le diazépam peuvent être instaurés. Directeur de publication : Pascale Briand Après ingestion du collier, ataxie, vomissements, constipation ainsi que hypothermie, bradycardie et prostration ont été signalés. 3 mortalités sont répertoriées sur cette période de 5 ans. En se basant sur les déclarations notifiées, il est estimé qu’un animal sur environ 30 000 traités pourrait présenter des effets indésirables. Les traitements antidotiques tels que atipamézole et yohimbine sont recommandés. Ont participé à ce numéro : Les membres de la Commission nationale de pharmacovigilance vétérinaire Directeur associé : Patrick Dehaumont Comité de rédaction : Dominique Mourot, Michèle Dagorn, Stéphanie Rossi, Catherine Sallard Tirage : 44 000 exemplaires Email : [email protected] Issn : (en cours) Consulter les avis et rappor ts sur : www.anmv.afssa.fr/pharmacovigilance/ Pour améliorer la connaissance du médicament, contactez les Centres de Pharmacovigilance vétérinaire et transmettez-leur vos déclarations d’effets indésirables : Centre de Pharmacovigilance Vétérinaire de l’Ouest Atlanpole – La Chantrerie – BP 40706 44307 Nantes Cedex 03 Tél. : 02 40 68 77 39 Fax : 02 40 68 77 41 lettre pharmacovigilance Centre de Pharmacovigilance Vétérinaire de Lyon École Nationale Vétérinaire de Lyon 1 avenue Bourgelat – BP 83 69280 Marcy l’Étoile Tél. : 04 78 87 10 40 Fax : 04 78 87 80 12 de la vétérinaire Novembre 2006 - n u m é ro 3 - page 4