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ils n'avaient pour but la recherche objective et intègre qui sert la
vérité en soi, sans falsification ni dénaturation.
En dépit de leur nombre, les centaines de livres et d'études
publiés dans toutes les langues internationales sur le Monde musulman
par des auteurs occidentaux, durant le siècle dernier
quasiment aucune utilité pour le lecteur intéressé et assoif
connaissance et d'informations authentiques. En ef
permettent pas de se faire une idée d'ensemble sur le Monde musulman
ni d'accéder à des vérités avérées sur la vie dans les sociétés
musulmanes, sur la nature et les origines des problèmes auxquels elles
font face. Ils ne lui permettent pas non plus de faire la part de
responsabilité qui incombe aux pays colonisateurs. Bien au contraire,
ces chercheurs tendent à analyser la situation dans le Monde
musulman à partir d'une idée préconçue et à porter des jugements sur
les phénomènes politiques économiques et sociaux qu'ils analysent, en
prenant le parti pris des grandes puissances et de leurs représentants.
Il s'agit bien là d'une manifestation de la crise de la pensée
qui prévaut dans le monde actuel et qui est due au fait que ces
chercheurs s'écartent de l'honnêteté intellectuelle quand ils
écrivent sur les questions liées au Monde musulman. Cette crise
a de multiples implications sur les décisions qui touchent le
présent et l'avenir des
Je me suis donc exprimé devant l'élite intellectuelle et
universitaire de l'un des pays d'Amérique latine sur un sujet que j'ai
intitulé : «Monde musulman et Occident : défis civilisationnels et
perspectives d'avenir
juillet 2007, à l'occasion de la réunion annuelle des présidents des
Centres culturels et des
dans la région des Caraïbes. En réponse à l'aimable invitation du Centre
des Etudes arabes de l'Université du Chili, j'ai donné une conférence qui
a suscité l'intérêt des académiciens et des médias du pays.
Préface
Voilà bien des décennies que la question des relations entre le
Monde musulman et l'Occident se trouve au centre des
préoccupations des milieux politiques et académiques ainsi que des
instituts de recherche et d'études stratégiques. C'est une question
qui a des implications à la fois sur le présent et sur l'avenir des
relations internationales entre l'Occident et l'Orient et entre le Nord
et le Sud, et à ce titre, elle a été analysée sous différents aspects.
Certes, de nombreux livres et études dédiés aux relations entre
le Monde musulman et l'Occident ont été publiés depuis le début du
siècle dans différentes langues mais pour la plupart, ils n'ont abordé
qu'un seul et unique aspect de cette question car ils émanaient tous,
de chercheurs occidentaux affiliés aux milieux scientifiques,
académiques et politiques officiels, qui représentent la ligne
politique des pays pour lesquels ils travaillent et qui entretiennent, à
un degré ou un autre, des relations avec des pays ou des groupes de
pays musulmans. Il s'agit essentiellement de la France et de
l'Angleterre, et à moindre degré de l'Allemagne, de la Hollande, de
la Russie, de l'Italie et de l'Espagne, pays qui ont colonisé des pays
musulmans du XVIème jusqu'au XXème siècle. Aussi, tous les livres,
périodiques et études publiés dans ce domaine reflètent-ils des
points de vue très proches et qui traduisent la position des pays
européens colonisateurs. Ils ne peuvent, par conséquent, qu'être
tronqués et limités aussi bien sur le plan méthodologique que sur le
plan politique. L'intérêt que les centres de recherche portent à la
question des relations entre le Monde musulman et l'Occident sous
ses différents aspects, a toujours servi les visées des puissances
coloniales, qu'elles soient apparentes ou cachées. Aaucun moment,
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