Diagnostic national - Agriculture.gouv.fr

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MINISTÈRE
DE L’AGRICULTURE
DE L’AGROALIMENTAIRE
ET DE LA FORÊT
MINISTÈRE
DU REDRESSEMENT
PRODUCTIF
ATELIERS RÉGIONAUX THÉMATIQUES
SUR L’INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE
DIAGNOSTIC NATIONAL DU SECTEUR
DES INDUSTRIES AGROALIMENTAIRES
Le secteur des industries agroalimentaires (IAA) couvre des enjeux majeurs pour l’économie française en termes
industriels (en 2009, le chiffre d’affaires des IAA représentait 4,2 % de celui des activités marchandes françaises,
soit 15 % de l’industrie française et sa valeur ajoutée atteignait 3 % de celle du total des entreprises marchandes
françaises), de solde commercial (+ 8,2 Md€ en 2011) ainsi qu’en nombre d’emplois (400 000, soit plus de 13 %
des industries manufacturières), répartis sur tout le territoire. Ce secteur constitue en outre le principal débouché (70 %) de l’offre agricole française, dont la force et la diversité permettent aux IAA de se positionner en
matière de transformation sur presque tous les produits destinés à l’alimentation. Au-delà, ce secteur est au
cœur d’enjeux essentiels en matières nutritionnelle, énergétique, environnementale et sanitaire.
Un élément essentiel à la compréhension des enjeux du secteur doit enfin être relevé : celui d’une forte présence
de PME, dont la part dans le total est certes éloignée des 97 % fréquemment avancés pour le secteur quand on
s’attache aux liens capitalistiques de ces sociétés – il est plus proche des 55 % – mais qui reste néanmoins un
élément de contexte incontournable pour les IAA. Il ne s’agit pourtant pas là d’une anomalie, car les IAA sont par
leur nature même structurellement orientées vers un double mouvement de renouvellement en continu de leurs
entreprises de taille moyenne et de croissance de leurs entreprises de grande taille. La présence de ces deux
types d’acteurs assure la capacité du secteur à proposer des produits standardisés de masse, ou à haute valeur
ajoutée, en même temps que des produits de niches.
Le secteur des IAA s'est caractérisé, jusqu'à maintenant, par sa relative robustesse aux crises, comme en témoigne la résistance des IAA en 2008 et 2009, et par sa capacité à retrouver les niveaux de production et de
rentabilité antérieurs à la crise dès l’année 2011. La dégradation actuelle de la conjoncture économique semble
toutefois plonger nombre d'entreprises dans une situation difficile, qui expose les fragilités de nombre d'entre
elles. Alors même que de nombreux atouts justifient que ce secteur conserve et développe sa place dans l’économie française et mondiale, il apparaît donc, aujourd’hui confronté à des défis notables.
Diagnostic national Du secteur Des inDustries agroalimentaires
De manière générale, la présentation des forces et des faiblesses du secteur des IAA peut se résumer dans le tableau suivant :
ANALYSE SWOT DU SECTEUR DES INDUSTRIES AGROALIMENTAIRES
FORCES
FAIBLESSES
z Premier secteur industriel français
z Peu de délocalisations : production et consommation sont
z Secteur éclaté (3% d’entreprises de plus de 250 salariés)
et peu d’entreprises ayant atteint une taille critique
z Forte dépendance aux secteurs de la distribution
en grande partie locales
et de la restauration collective, très concentrés
z Contribution positive à la balance commerciale
z Pérennité de l’activité
z Tissu économique globalement stable
z Présence d’une image et de marques fortes
z Forte capacité de production agricole
z Forte implication du milieu scientifique
z Diversité de l’ordre alimentaire
z Faible attractivité pour les investisseurs privés du fait
de rentabilités modérées
z Nombreuses transmissions d’entreprises peu anticipées
et mal préparées
z Manque d’attractivité à l’embauche du secteur
OPPORTUNITÉS
MENACES
z Adaptation aux nouveaux modes de consommations
z Très grande volatilités des prix des matières premières,
z Potentiel de valorisation du capital immatériel (marques,
z Tensions dans les relations commerciales avec les
(fast-food, snacks, ...)
difficile à anticiper
labels, ...)
distributeurs :
— difficultés de protection de l’innovation
— forte pression sur les prix de la part des distributeurs
z Segments de marché porteurs à développer : pays
émergents, bio, halal, personnes âgées, nourrissons, etc.
z Renforcement de l’innovation pour accroître la compétitivité
z Position de choix pour jouer un rôle important en matière
z Risque de détérioration de l’image des entreprises agro-
z Croissance de la population mondiale, diminution
z Marchés intérieur et européen matures
alimentaires auprès des consommateurs (crises sanitaires)
z Crise bancaire limitant les crédits bancaires et les
de développement durable
financements privés
de la surface cultivable par habitant, urbanisation
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Diagnostic national Du secteur Des inDustries agroalimentaires
Les fiches thématiques ci-jointes présentent sept défis majeurs auxquels les industries agroalimentaires sont, d'une
manière générale, confrontées ; ces fiches présentent la situation et rappelent les pistes de réflexion avancées dans
de précédentes études.
1. « Répondre aux attentes des consommateurs, notamment en matière de qualité et de traçabilité des produits, et
de proximité de la production. »
3. « Susciter l’émergence de projets et faciliter l’accès au
financement des entreprises pour accompagner leur développement, leur restructuration ou leur transmission, à travers les dispositifs privés comme publics (par exemple OSEO, le Fonds
stratégique d’investissement ou la future banque publique d’investissement). »
La promotion d'une offre alimentaire variée, de haute qualité sanitaire
et nutritionnelle, répondant davantage à la diversité des attentes des
consommateurs, est l'un des éléments conditionnant le développement économique et la compétitivité du secteur agroalimentaire.
L'une des principales causes de la faiblesse du secteur des industries
agroalimentaires réside dans le trop faible nombre d’entreprises disposant de la taille critique pour franchir le palier de compétitivité nécessaire à leur développement par croissance interne ou via des
acquisitions, et ainsi affronter la concurrence internationale. Le « fléchage » de financements à destination des PME et les entreprises de
taille intermédiaire (ETI), tant par endettement qu'en fonds propres,
pour accompagner leur développement, leur restructuration ou leur
transmission, apparaît en conséquence nécessaire. En sus du financement lui-même, il convient aussi (et tout d'abord) de faciliter l'émergence des projets de développement de la part de ces entreprises,
Cependant, la multiplication des attaques médiatiques contre les industries agroalimentaires, sur la qualité de leurs produits, démontre
que cet équilibre, ou du moins la perception que l'opinion publique
peut en avoir, n'est pas pleinement atteint.
Cette vulnérabilité des industries agroalimentaires dans l’espace public entraîne un risque de dégradation de leur compétitivité. Il apparaît
donc opportun d’y apporter des réponses par une action conjointe du
secteur, de l'État et des Régions.
Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer, compte tenu des spécificités
du secteur, notamment de sa faible rentabilité ; la mise en place de la
Banque publique d’investissement sera l’occasion de renforcer les outils existants ; la question d'un dispositif dédié se pose.
L'image de leur alimentation peut être confortée, chez les consommateurs, par les signes de qualité, portés par les produits, ainsi que
par le développement de circuits de proximité, à partir d'une production locale et identifiée comme telle, contribuant à l'aménagement
territorial et au développement régional.
4. « Conforter et développer l’emploi dans le secteur agroalimentaire en accroissant l’attractivité de ces métiers et en améliorant les conditions de travail, ainsi qu’en adaptant les
formations initiale et continue. »
2. « Aider à l’effort d’innovation, de recherche et de développement des entreprises, notamment en facilitant leur accès
aux dispositifs existants et en proposant des améliorations à ces
dispositifs, et assister les entreprises dans la protection, le développement et la valorisation de la propriété intellectuelle
(brevets et autres). »
Les industries agroalimentaires, à l'instar de l'ensemble des entreprises, sont soumises à des conditions de concurrence internationale
qui, pour leur permette de se positionner au plan européen ou mondial, les forcent à une concentration, assortie de disparitions, souvent
préjudiciable à l'emploi et aux conditions de travail. De manière plus
générale, certains métiers de l'agroalimentaire se heurtent à un déficit
d'image et à une faible attractivité. La formation initiale connait aussi
une désaffection des jeunes pour les débouchés en agroalimentaire.
Cette situation conduit à des difficultés de recrutement pour ces industries.
Alors que la recherche-développement et l'innovation constituent un
facteur essentiel de la compétitivité des entreprises, l'effort des industries agroalimentaires en la matière reste insuffisant. Nonobstant
le fait que la faible rentabilité et une taille insuffisante pénalisent les
moyens que ces IAA peuvent mobiliser, elles pourraient davantage utiliser les aides (OSEO, Crédit d'impôt recherche, investissements d'avenir ; aides européennes, contrats de projet État-région, aides
FranceAgrimer, …) ou les structures existantes (pôles de compétitivité,
instituts techniques agro-industriels, …).
Par ailleurs, si le secteur des industries agroalimentaires est bien couvert par les conventions collectives, la qualité de ces conventions est
souvent considérée comme moins avantageuse que celles d'autres
secteurs, en particulier en matière de salaires. En outre, certaines industries présentent des conditions de travail difficiles, entrainant par
exemple des troubles musculosquelettiques, invalidants pour les salariés et coûteux pour les entreprises et les comptes sociaux.
Un accroissement de l'effort de R&D des industries agroalimentaires
passerait ainsi autant par une mobilisation des moyens disponibles
que par une meilleure connaissance de la part des IAA des enjeux liés
à l'innovation et des dispositifs auxquels elles peuvent d'ores et déjà
avoir accès.
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Diagnostic national Du secteur Des inDustries agroalimentaires
5. « Stimuler les stratégies d’exportation des entreprises,
En effet, le secteur doit, d'une part, réduire ses impacts environnementaux, notamment en limitant et en valorisant les déchets, et, d'autre part, garantir sa compétitivité en produisant des produits
(alimentaires et autres) originaux et performants, grâce à la mise en
œuvre de procédés innovants. Soutenues par l'État et les Régions, les
industries agroalimentaires ont ainsi vocation à jouer un rôle central
dans l'émergence d'une économie alimentaire durable.
Enfin, le gaspillage alimentaire, notamment (dans les pays développés)
aux stades de la distribution et de la consommation, représente un
enjeu d'importance, économique mais aussi sociétal et éthique, auquel il doit être répondu.
identifier et lever les principaux freins (barrières sanitaires, démarches administratives, normalisation non conforme) et améliorer
l’efficacité de la promotion des produits. »
Le solde commercial de l'agroalimentaire français (8 Md€ en 2011)
ne doit pas masquer le fait que i) ce solde devient négatif, une fois exclue la part du vin; ii) la part de marché de la France recule au niveau
mondial (5,4 % en 2011), alors que d'autres pays européens maintiennent la leur et que celle des émergents s'accroît. Plusieurs facteurs
sont mis en avant pour expliquer ce retrait, notamment : la taille trop
petite et le manque de compétitivité des IAA françaises, ainsi que leur
approche trop individuelle des marchés.
7. « Soutenir l’émergence de stratégies collectives nationales et internationales de filières, et de projets collaboratifs, notamment par le dialogue professionnel et
L'appui aux exportations doit agir sur plusieurs leviers : d'une part,
par la négociation, la levée des barrières au commerce (tarifaires et
non-tarifaires) de la part des pays tiers ; d'autre part, la facilitation
des exportations des entreprises françaises ; enfin, une organisation
plus efficace de l'appui aux entreprises sur les marchés étrangers, notamment par la promotion, mais aussi par des opérations collectives
et individuelles.
interprofessionnel, ainsi que par le dialogue social ; contribuer à
l’équilibre des relations commerciales entre acteurs,
de l’amont agricole au commerce de détail. »
Les relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs s'inscrivent, dans le secteur agroalimentaire, dans un rapport de force caractérisé par la très forte concentration des acheteurs, face à des
fournisseurs qui dépendent de la grande distribution pour 70 % des
débouchés des produits agricoles et agroalimentaires.
6. « Répondre aux attentes de la société en prenant en compte
les enjeux environnementaux dans les pratiques agro-industrielles : éco-conception, réduction des émissions de gaz à effet
de serre et adaptation au changement climatique, enjeux énergétiques, gestion des déchets et des emballages, utilisation des coproduits, valorisation non alimentaire des ressources agricoles,
lutte contre le gaspillage alimentaire… »
La loi de modernisation de l'économie a introduit une plus grande souplesse de négociation et une plus forte concurrence entre enseignes.
La loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche a affirmé le
principe de la contractualisation entre les producteurs agricoles et
leurs premiers acheteurs.
La maîtrise des enjeux environnementaux par les industries agroalimentaires constitue l'un des éléments de leur compétitivité et de leur
durabilité. Elles devront poursuivre leur effort d'adaptation à ces évolutions en cours. Les mesures à mettre en place créent certes des
contraintes, mais sont surtout sources d'opportunité : les économies
d'énergie présentent ainsi un fort retour sur investissements. A contrario, ne pas s'inscrire dans une telle démarche, notamment en matière
de performance énergétique, constituerait une menace pour l'industrie agroalimentaire concernée.
La volatilité des prix des matières premières et la crise que traverse
le monde agricole exacerbent les tensions récurrentes entre fournisseurs et acheteurs. Les attentes sont fortes vis-à-vis de l'Observatoire
de la formation des prix et marges des produits alimentaires, de la
Commission d'examen des pratiques commerciales. Les initiatives et
les appels à la responsabilité se multiplient pour une répercussion
plus équitable des fortes variations de prix des matières premières
agricoles.
De manière plus générale, des négociations interprofessionnelles semblent constituer une approche pertinente pour accroître la création
de valeur ajoutée et assurer une rémunération équitable des acteurs,
aux divers stades de la filières.
Entre autres, l'utilisation accrue des bio-produits est considérée
comme l'une des réponses pertinentes vis-à-vis du réchauffement climatique et de l'épuisement des gisements d'hydrocarbures. L'industrie agroalimentaire française a démontré sa capacité à transformer
les agro-ressources, essentiellement (jusqu'à présent) à destination
de l'alimentaire. Aujourd'hui, la diversification de leurs activités par
l'utilisation des co-produits et la valorisation non-alimentaire des agroressources constituent, pour elles, à la fois une nécessité et une opportunité.
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