Résultats Récents sur la Conjugaison Differentiable

Proceedings of the International Congress of Mathematicians
Helsinki, 1978
Résultats Récents sur la Conjugaison
Differentiable
Michael Robert Herman
1.
Introduction. On pose
Tn=Rn/Zn
et on désigne la mesure de Haar de
Tn
par m.
1.1 Si M est une variété compacte connexe
Ä-analytique,
on désigne par
Diffr
(M)
(resp.
DifPJ.
(M)) le groupe des
difféomorphismes
de classe
Cr
de M
(resp.
qui sont
Cr-isotopes
à l'identité).
On munit
Diffr
(M) de la
Cr
topologie et
Diff+
(M) est alors la composante
connexe de
Pld.
Ici
rG{0,
+«>,
co}u
{x£R\x^l};
si
/-=0,
c'est le groupe des
homéomorphismes
de
Tn;
si
r>l,
r£Ä*—N9
c'est le groupe des difféomorphismes
de classe
C
vérifiant une condition
d'Hölder
d'exposant r—[r] sur la
[r]èmo
dérivée; si
r=co
c'est le groupe des difféomorphismes
jR-analytiques
de M. Si
rÇiVu{+a>}
alors
Diffr
(M) est un groupe topologique Polonais pour la
Cr-
topologie.
1.1 Problème 1. Etudier
la
structure de
groupe
de
Diffr
(M).
Par
exemple.
Quand / et g sont-ils
Cr-conjugués
(i.e. il existe
h6Diff£
(M),
tel que
f=h~1ogoh)l
Quelle structure peuvent avoir
les
C-centralisateurs
(i.e.
Centp(/)
=
{g£TXÎP(M)\gofog-i=/})l
1.2 REMARQUE. Si / et
ggDiff00
(M)9
il y a une infinité de problèmes: à quelles
conditions / et g sont-ils
,
C\
... etc conjugués?
1.3. EXEMPLE. Soient
T2=R2/Z2
et
/(^1,^2)=(x1+a,^2
+ ç)(A:1))
modZ2,
avec
ae^-ß/Z
et
pGC00^1)
vérifiant
fT1<p(0)dO=Q.
On montre (voir [H])
812
Michael Robert Herman
que/est
C'-conjugué
à
Riat0):
(xl9
^2)^(^1+^
^2)
dans
Diff £ (
J2) si et seulement
s'il existe
xj/^C^T1)
vérifiant
\l/—\l/oRa=(p
(considérer
(xl9
x2)-+(xl9
^2+^(^1)))-
Si a est un nombre de Liouville (i.e. a est irrationnel et pour tout entier
i^\9
il existe
pilqi£Q,(pi9qi)
=
l9
q^Z
vérifiant
|a —(/V^Htff"')
et si
r£N
est
donné, on peut choisir cp tel que
xj/
soit de classe
C
mais non
Cr+S.
Dans ce
cas on peut montrer que Cent00 (/) contient un sous-groupe fermé pour la
C°°-
topologie, qui est
monothétique,
non localement compact et totalement discontinu.
1.4 Pour le problème de la simplicité des groupes
DifFj.
(M), voir
[MaJ,
[HJ,
[HJ, [Th]; pour les applications aux feuilletages voir
[Ma2],
[Law].
1.5 Une question importante est la suivante:
Problème 2. Soit
/ÇDiff °°
(M)9
à quelles conditions sur M et f
existe-t-il
un
C°°-voisinage
ouvert de
l'IdO,
tel que
l'ensemble
v={g-1ofog\geVc:Diiï~
(M)}
soit localement fermé et de codimension finie au voisinage de f (le tout pour la C°°-
topologie)
?
On posera dans la suite:
C^0
=
{g"1o/og|^€Diff^
(M)}.
2.
Cas de
T".
Nous allons rapidement décrire les exemples connus sur
Tn=R"/Z";
on considère les translations
RK:
x-+x+a9
a6T".
2.1
DéFINITION.
La translation
Ra
de
Tn
satisfait à une condition
diophantienne,
s'il existe
jß>0,
C>0,
tel que pour tout
(kl9
...,
kn)£Zn
{0}
on ait
Sb*
i=l
^
C(sup
|/cJ)-0
avec
a=(al5
...,a„)
et si
x£T191|#||
est la distance à l'entier le plus proche d'un
relevé de
A:
à JR.
2.2.
THéORèME (KOLMOGOROV
[KoJ,
ARNOLD [AJ, MOSER
[MoJ.).
Soit
Ru
une translation de
Tn
satisfaisant à une condition diophantienne. Il existe un voisinage
VR
de
Ra
dans
Differ')
tel que si f
e
VR
, il existe
X£Tn
et
g£Dift~(Tn9
0)
=
{fivifff (T")\f(0) = 0}
vérifiant
De plus (voir [MoJ) cette décomposition est localement unique.
2.3.
Pour démontrer le Théorème 2.2 Kolmogorov [KoJ,
[Ko2]
a proposé
d'utiliser la démonstration des fonctions implicites en remplaçant la méthode
d'itération de Picard par la méthode de Newton et en utilisant des opérateurs de
lissage (pour pouvoir continuer l'itération); ou, ce qui revient au même en
JR-
analytique, en diminuant les domaines de convergence des
complexifies.
Nash [N]
a utilisé une idée semblable pour résoudre le problème du plongement isomét-
rique en
°
(les principales)
références
pour ce problème sont dans [GR]).
Pans [MoJ, Moser à la suite de J. T. Schwartz
[Schi],
[Sch2]
a donné une forme
Résultats sur la Conjugaison
Differentiable 813
abstraite à la version de Nash. Ceci a suscité de nombreux travaux, par exemple
Sergereart [Se], Hamilton [Ha], Hörmander
[Hor
J et
[Hör
J. Plus proche des travaux
d'Arnold [AJ, [AJ, [AJ, [AA] et de Moser [MoJ,
[Mo3]
sur les tores invariants
(voir aussi [J]), on trouvera une très belle simplification due à Rüssmann [RJ.
L'idée de Rüssmann [RJ a été reprise dans Zehnder [ZJ, [ZJ et [RJ. On trouvera
une démonstration de 2.2 en suivant [RJ dans [H,
annexe].
La difficulté de la démonstration est la suivante: Soit l'application
$RK:
(X9
g)eT-XDffirCn
-ÄAOg-ioJ^oggEHffrCr).
la
«dérivée» de
$R
pour
X=0
et
g=ïd
est l'application linéaire
(X9
cp)6RnXC00(T\
Rn)-+X
+
cp-cpoRa£C°°(Tn9
Rn).
Si on donne
*l(x)
= 2
f\(k)e^^x)C.C°°(Tn9Rn)9
k£Zn
on peut résoudre l'équation
cp-cpoRa+X
=
rj
formellement par
X
=
fj(0)
et
<p(x)
~
2,^(fc)(1"ßW<*,">)"1«w(*,x>.
(Ra
est une translation ergodique de
J"oVA:^0,1—e27t/^,aM0).
On montre
que si
Rx
satisfait à une condition diophantienne, alors
(p£C°°(Tn9Rn)
et si
rj€C(Tn9Rn)9
r>/?,
alors
cp
est «en général» seulement
Cr~ß~8
pour tout
e>0.
Si
Ra
est une translation ergodique de
Tn
ne satisfaisant pas à une condition
diophantienne «en général», (pour la catégorie de Baire) pour
fi€C00(Tn9Rn)
il
n'existe pas de cp dans
^(m)
ni même
/w-mesurable
(voir
[HJ).
La perte de
dérivabilité en
C
(r fini) est une des sources principales des difficultés de 2.2. Il
est aussi indispensable pour un Théorème des Fonctions implicites dans les Fréchet
que les applications satisfassent des conditions restrictives (cf. [LZ]) mais dans
le cas considéré, l'action venant du groupe des difféomorphismes, une suite d'in-
égalités se trouve automatiquement vérifiée pour
$R
(voir [Se], [ZJ).
2.4 Problème 2 (suite). Si
v
est localement fermé et de codimension finie
pour un
C00-ouvert
V9
est-ce-que
M est dijféomorphe à
Tn?
Une question analogue
se pose pour
Véquation
linéarisée de la conjugaison.
2.5.
En utilisant 2.2 on peut montrer (voir [H], [HJ et l'unicité locale de
[Mo2]):
PROPOSITION. Si
Ra
est une translation de
Tn
satisfaisant à une condition
dio-
phantienne,
alors il existe un
ra€R*
tel que si
/6DifFj°(Tw)
est
C«-conjugué
à
Ra9
f est
C°°-conjugué
à
Ra.
2.6 Problème 3. Déterminer le plus petit réel
ra>*0
tel que 2.5 soit vraie.
Nous nous proposons dans ce qui suit d'aborder ces problèmes dans le cas parti-
culier du cercle
T1;
c'est-à-dire le seul cas que l'on sache étudier à l'heure actuelle.
814 Michael Robert Herman
3.
Nombre de rotation des
homeomorphismes
du cercle [P] (voir aussi [H]).
3.1 On considère
i)r(J1)
=
{/6Diffr(JR)|/-Id=ç)6Cr(J1)}
où
C^T1)
est
identifié aux fonctions de
JR
dans
R9
Z-périodiques.
On a
Diff;(J1)=i)r(r1)/C
(ou encore
Dr(T*)
(modi))
où
C=Centre
de
D'(T*)={Rp\p£Z}.
3.2 Si
feD^T1) avec/=Id+ç> (cptC^T1)) et
si
n£N
on
a/w=Id+2?ro>o/
(f"
dénote l'itérée
w-ième
de /).
On montre que si
«->
+
«),
(fn—Id)/n
converge uniformément vers une constante
Q(f)£R.
La fonction
Q(J)
est
appelée nombre
de
rotation
de f.
3.3 On montre les propriétés suivantes (qui sont dues à Poincaré):
(a) L'application
Q
de
/^(T1)
dans R est continue pour la
C°-topologie.
(b)
Q(f+l)
=
Q(f)
+
l.
(c)
QÌ.f)=zQÌS'~lof0s)
pour tout élément g de
D*(TX).
Q est donc un invariant
de conjugasion.
(d)
8(iy=a.
D'après la propriété (b),
Q
définit par passage au quotient sur
Differ1)
=
D^J^/C
un invariant de conjugaison à valeur dans
T\
que l'on appelle nombre
de rotation (et que l'on note encore Q).
(e) Soit
fç.Diff\
(T1)'.
les deux propriétés suivantes sont équivalentes:
Q(f)œ-Qiz.
f
n'admet
pas de point périodique sur r1.
En outre
Q(f)=p/q
(mod 1),
(p9q) =
l9
est équivalent à: q est le plus petit entier
>0
tel que
f9
ait un point fixe.
(f) Soit
/gDiff£
(T1) et supposons que / soit conjugué à une rotation
Ra9
avec a irrationnel (mod 1), par deux
homeomorphismes
h±
et
h2
(i.e.
f=hf1oRaohi9i=l92)9
alors il existe
XÇ.T1
tel que
h1=RAoh2.
(Le centralisateur
d'une rotation irrationnelle est le groupe des rotations.)
(g) Si
ueP-Q/Z et
si
Q(RJiof)
=
Q(f)=a
alors
X=0.
Si
/=A""1oi?ao/2
alors
o(/)=a.
On est ainsi amené à voir dans quelle mesure
Q
caractérise la conjugaison à une rotation.
4.
Cas
Q(f)=p/q
(mod 1).
4.1 PROPOSITION. Les deux
affirmations suivantes
sont
équivalentes.
/ÇDiffJ.
(T1) est
Cr-conjugué
à la rotation
Rp/q.
fq=ldTl.
Considérons
Ur={f£Diiï^(T1)\Q(f)=p/qeQ/Z
et
/*-Id
change de
signe}.
4.2 PROPOSITION [H]. Si
O^r^co
Ur
est un ouvert
C-dense
de
DiffJ.
(J1!
De plus on montre (voir
[AJ)
que si
r>
1,
Ur
contient l'ouvert dense
Vr=
{/
Ur
les points périodiques de / sont hyperboliques} et tout
g£Vr
est structurellement
stable.
Résultats sur la Conjugaison
Differentiable
815
4.3 Par 4.1 et 4.2 on voit que la fonction
Q
nombre de rotation ne caractérise
pas «en général» la conjugaison à une rotation rationnelle. On peut montrer
(cf,
[MaJ)
que si
/ÇDiff~(J1)
vérifie
Q(f)=p/q£Q/Z
alors
Ö~
(l'adhérence de
OJT
dans
Differ1))
est de codimension infinie dans
Diff~
(T1).
5.
Cas
^(/)=aÇT1
Q/Z.
A. Denjoy a démontré le théorème suivant (voir
[H] pour plusieurs remarques)
:
5,1 THéORèME DE DENJOY ([DJ, [DJ).
Soit/G
Diff*
(J1).
Supposons
que
g(f)
=
aer1—Q/Z alors
il
existe
A£Diff°.
(T1)
tel
que
f=h~1oRaoh.
De plus pour tout
OLZT^—Q/Z
il
existe
/eDiff*.
(T1)
tel
que
f
ne soit
pas
C°-conjugué
à
Ra.
5.2. Le problème qui se pose est le suivant (voir 3.3 f):
Problème
4.
Soit fÇX>ift+ (T1)
vérifiant
Q(f)=a£T1-Q/Z9
quelle
est la classe
de
dijférentiabilité
de
Thoméomorphisme
h du
théorème
de
Denjoy?
5.3 Arnold [AJ a montré qu'il existe un difféomorphisme
jR-analytique
de
nombre de rotation irrationnel tel que Thoméomorphisme
h
du théorème de
Denjoy soit singulier par rapport à la mesure de Haar m de T1 (la dérivée de
h
existe
wi-presque
partout et on a
Dh=Dh~1=0
presque partout). On peut
monter
[H]
qu'un tel exemple existe dans la famille de difféomorphismes JR-analytique
x-+x+asin2nx+b
(modi)
0<fl<l/2rc,
beT1.
5.4 On montre [H] que pour tout nombre de Liouville a il existe un difféo-
morphisme / de classe
C°°,
de nombre de rotation a, qui ne soit pas
Cx-conjugué
à
Ra.
Pour l'étude du cas
C
avec perte de
différentiabilité
(voir [H]).
5.5
II
résulte de 2.2 et 3.3 (g) que si a satisfait à une condition diophantienne et
si
/eDiff~
(T1),
g(/)=a,
et si / est «suffisamment»
C°°-proche
de
Ra9
alors
/
est
C°°-conjugué
à
Rx.
5.6
Problème
5. Si
fÇDiff™ (T1)
et
Q(f)=a
satisfait à une condition diophantienne
alors f est-il
C°°-conjugué
à
Ra?
6. Le
résultat
principal de conjugaison.
6.1 Soit A l'ensemble des nombres de T1 qui satisfont à
la
condition A suivante:
a,£A
si a est irrationnel et si le développement en fractions continues de a=
«o+l/fai +1/(^2
+
vérifie
lim
lim sup
(
2
Log(l+flf)/
2
Log(l +
flf))
= 0.
at^B
On montre que l'ensemble A est de mesure de Haar égale à
1
(voir [H]).
6.2 THéORèME [H]. Soient
3<szr*zco
et
a satisfaisant
à la
condition
A. Si
/ÇDiff^r1)
vérifie
e(/)=a
alors
f=h-1oRaoh
avec
heDiff^-PÇT1)
(pour
tout
/?>(ty
si f est un
difféomorphisme
de
classe C°°
(resp.
C°°)
alors
h
est de
classe C°°
(resp.
C").
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