dossier Températures toujours en hausse, l’Alsace n’est pas épargnée 2014 a été l’année la plus chaude sur la Terre, également en France et en Alsace, depuis la mise en place des relevés de température en 1880. Et d’après les experts, il ne s’agit pas d’un accident de la nature. Certes, nous avons eu un été plutôt froid en France et parfois, en grattant la glace sur nos pare-brise, le réchauffement climatique nous semble bien loin. Cependant, la tendance est à la hausse au niveau mondial depuis les années 80, avec, en différentes parties de la planète, des records de température chaque mois, « signes d’un dérèglement » selon Yves Hauss, responsable études et climatologie à la direction interrégionale Nord-Est de Météo France. Dans un des pires scénarii – si rien n’est entrepris pour contenir le réchauffement – le Groupement intergouvernemental des experts du climat (le fameux Giec), table sur une augmentation de 4°C en moyenne sur la planète d’ici la fin du siècle. Cela se traduirait par une hausse un peu supérieure, d’environ 4,5°C, dans le Nord-Est de la France. « Jusqu’à présent, la température a augmenté de 1,5°C en Alsace. Cela peut paraître ridicule pour certains, explique Yves Hauss, mais Strasbourg vit aujourd’hui sous la même température que Lyon il y a quinze ans. Ces huit dernières années, les mois d’avril ont été quatre fois au-dessus des normales de Marseille, avec un pic en 2007 qui correspondait aux normales d’Alger. » Un impact sur notre culture Ces dérèglements ont ou auront un impact sur notre façon de vivre, notre habitat, notre alimentation, etc. L’Alsace et la Lorraine ne seront pas épargnées. Si nous avons déjà vécu de façon ponctuelle les impacts du réchauffement, comme la canicule de 2003, les viticulteurs, les agriculteurs ou les forestiers connaissent les conséquences à long terme et, pour certains, commencent à s’y adapter. Avec des hivers plus doux et des 8 étés plus secs, des productions emblématiques de notre région, comme le riesling et le sylvaner, sont à long terme menacées. Car la fixation du sucre dans les grains de raisin dépend de la température… L’agriculture intensive privilégiera d’autres cultures, peut-être le soja plutôt que le maïs. Les forêts seront fragilisées par des feux plus courants. Pour les professionnels du tourisme hivernal, il faudra trouver des alternatives aux sports de glisse… « Je pense que nous entrerions dans un terrible cercle vicieux si nous privilégions l'adaptation plutôt que la lutte contre le réchauffement, estime Yves Hauss. Si en Alsace, nous ne sommes pas les plus vulnérables, ces conséquences, bien plus graves ailleurs, auront des répercussions économiques, sociales, migratoires qui nous impacteront inévitablement. On ne peut faire en aucun cas comme si cela ne nous concernait pas ». ligne-t-il. Pour Emmanuel Rivière, « c’est le risque collectif acceptable qui prime aujourd’hui. Baisser les normes D’énormes enjeux économiques La grande majorité des scientifiques s’accorde à dire que le réchauffement climatique est dû à l’activité humaine. Il ne faut pas non plus oublier la pollution atmosphérique. On a tous en tête les expressions « gaz à effet de serre » (GES) et aujourd’hui « particules fines ». Mais il existe d’autres polluants émis dans l’air, « six gaz ou familles de gaz à effet de serre pris en compte par les conférences des parties à la Convention de Rio mais également de très nombreux polluants impactant la santé à court et long terme », explique Emmanuel Rivière, directeur adjoint de l'association pour la surveillance de l’étude de la pollution atmosphérique en Alsace (Aspa). « Les particules fines sont la cause d’environ 350 000 décès annuels » souCarrefours d’Alsace, mars 2015 Décembre 1999 : la tempête Lothar décime la forêt alsacienne