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Certes, nous avons eu un été plutôt
froid en France et parfois, en grat-
tant la glace sur nos pare-brise, le ré-
chauffement climatique nous semble
bien loin. Cependant, la tendance est
à la hausse au niveau mondial depuis
les années 80, avec, en différentes
parties de la planète, des records de
température chaque mois, « signes
d’un dérèglement » selon Yves Hauss,
responsable études et climatologie à
la direction interrégionale Nord-Est
de Météo France. Dans un des pires
scénarii – si rien n’est entrepris pour
contenir le réchauffement – le Grou-
pement intergouvernemental des
experts du climat (le fameux Giec),
table sur une augmentation de 4°C
en moyenne sur la planète d’ici la fi n
du siècle.
Cela se traduirait par une hausse
un peu supérieure, d’environ 4,5°C,
dans le Nord-Est de la France.
« Jusqu’à présent, la température a
augmenté de 1,5°C en Alsace. Cela
peut paraître ridicule pour certains,
explique Yves Hauss, mais Strasbourg
vit aujourd’hui sous la même tempéra-
ture que Lyon il y a quinze ans. Ces huit
dernières années, les mois d’avril ont été
quatre fois au-dessus des normales de
Marseille, avec un pic en 2007 qui cor-
respondait aux normales d’Alger. »
Un impact sur notre culture
Ces dérèglements ont ou auront
un impact sur notre façon de vivre,
notre habitat, notre alimentation, etc.
L’Alsace et la Lorraine ne seront pas
épargnées. Si nous avons déjà vécu
de façon ponctuelle les impacts du
réchauffement, comme la canicule
de 2003, les viticulteurs, les agricul-
teurs ou les forestiers connaissent les
conséquences à long terme et, pour
certains, commencent à s’y adapter.
Avec des hivers plus doux et des
étés plus secs, des productions em-
blématiques de notre région, comme
le riesling et le sylvaner, sont à long
terme menacées. Car la fi xation du
sucre dans les grains de raisin dé-
pend de la température… L’agricul-
ture intensive privilégiera d’autres
cultures, peut-être le soja plutôt que
le maïs. Les forêts seront fragilisées
par des feux plus courants. Pour les
professionnels du tourisme hivernal,
il faudra trouver des alternatives aux
sports de glisse…
« Je pense que nous entrerions dans
un terrible cercle vicieux si nous pri-
vilégions l'adaptation plutôt que la
lutte contre le réchauffement, estime
Yves Hauss. Si en Alsace, nous ne
sommes pas les plus vulnérables, ces
conséquences, bien plus graves ailleurs,
auront des répercussions économiques,
sociales, migratoires qui nous impacte-
ront inévitablement. On ne peut faire en
aucun cas comme si cela ne nous concer-
nait pas ».
D’énormes enjeux économiques
La grande majorité des scientifi ques
s’accorde à dire que le réchauffe-
ment climatique est dû à l’activité
humaine. Il ne faut pas non plus ou-
blier la pollution atmosphérique. On
a tous en tête les expressions « gaz à
effet de serre » (GES) et aujourd’hui
« particules fi nes ». Mais il existe
d’autres polluants émis dans l’air,
« six gaz ou familles de gaz à effet de serre
pris en compte par les conférences des par-
ties à la Convention de Rio mais également
de très nombreux polluants impactant la
santé à court et long terme », explique
Emmanuel Rivière, directeur ad-
joint de l'association pour la sur-
veillance de l’étude de la pollution
atmosphérique en Alsace (Aspa).
« Les particules fi nes sont la cause
d’environ 350 000 décès annuels » sou-
ligne-t-il. Pour Emmanuel Rivière,
« c’est le risque collectif acceptable qui
prime aujourd’hui. Baisser les normes
Températures toujours en hausse,
l’Alsace n’est pas épargnée
2014 a été l’année la plus chaude sur la Terre, également en France et en Alsace, depuis la mise en place
des relevés de température en 1880. Et d’après les experts, il ne s’agit pas d’un accident de la nature.
Décembre 1999 : la tempête
Lothar décime la forêt alsacienne
8 Carrefours d’Alsace, mars 2015