fiche 4 ter - Les Syrphes : ennemis naturels des

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Les Syrphes : ennemis naturels des pucerons
et indicateurs écologiques précieux
D'un point de vue écologique, ils jouent un rôle fondamental
dans le fonctionnement des écosystèmes, en participant
notamment au recyclage des éléments nutritifs et en occupant
une place importante à différents niveaux de la chaîne
alimentaire. Véritables indicateurs écologiques, les syrphes
sont une des composantes fortes de la biodiversité.
DESCRIPTION
Photo 1 : Episyrphus balteathus sur gerbera (A. LHOSTEDROUINEAU/Scradh)
Souvent confondus avec des guêpes, abeilles et bourdons, les
syrphes sont des mouches capables d’un vol très léger et très
rapide ou au contraire complètement stationnaire. Ces diptères
appartiennent à l’importante famille des Syrphidae (prononcer
syrphidés) réunissant environ 5000 espèces dans le monde,
dont 500 en France et 132 dans le Var. Ils sont présents dans
presque tous les milieux terrestres, hormis les eaux et les
grottes (http://syrfid.ensat.fr).
Leurs espèces peuvent être largement représentées, peu
fréquentes, rares, voire menacées (depuis 1970, une vingtaine
d’espèces ne figurent plus dans les recensements varois).
Les adultes de 8 à 40 mm sont souvent ornés de bandes
jaunes et noires (photo 1), parfois métalliques ou entièrement
noirs brillants. Certaines espèces miment les bourdons comme
Volucella bombylans et Eristalis tenax, ou bien les guêpes tel
Episyrphus balteathus dont la migration est un essaim dense.
Les adultes sont implantés dans de nombreux écosystèmes,
les plus communs sont visibles sur les fleurs recherchant le
pollen, source unique d’alimentation.
Reconnaissables par leur vol stationnaire, les syrphidés ont
deux ailes comme tous les diptères avec cependant des
critères propre à leur famille : la présence dans l’aile d’une vena
spuria faisant un pli à l’intérieur de la cellule radiale, d’une
fausse marge (ou faux bord) formée par les nervations qui
longent parallèlement la marge postérieure (exemple photo 2).
Par ailleurs, leur face est bombée sous l’insertion antennaire,
lesquelles antennes sont généralement courtes et dirigées vers
le bas (photo 3).
Commensales, parasites ou prédatrices au stade larvaire, ces
mouches se développent auprès ou aux dépens d'autres
organismes vivants, animaux ou végétaux (comme la larve du
syrphe des narcisses). D'autres, saprophages ou microphages
toujours au stade larvaire, se développent dans des matières
organiques plus ou moins dégradées de milieux assez secs ou
aqueux. Les adultes sont, sauf exception, floricoles de façon
plus ou moins spécialisée. Enfin, on les trouve dans les
endroits ensoleillés.
En quoi sont-ils utiles? Au niveau de la protection des plantes
en extérieur et sous abri, dans les genres Baccha, Episyrphus,
Eupeodes, Leucozoma, Melanostoma, Neoascia, Scaeva,
Spaerophoria, Syrphus, et Xanthogramma, les adultes sont
considérés comme des insectes pollinisateurs et les larves se
nourrissent de pucerons.
Source :
Photo 2 : nervation de l’aile antérieure du syrphe Eristaline
(source : www. papylou.lalibreblogs.be)
Financement :
Action pilotée par le ministère en charge de l’agriculture, avec l’appui financier de
l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance
pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto 2018
Visible du printemps à l’automne en extérieur ou sous abri,
l’adulte peut butiner les fleurs cultivées que sont les bidens,
gerbera, hélianthus et lantana. Il a été relevé sur les
productions de fleurs coupées d’anémone, pivoine et
renoncule. L’abondance de fleurs nectarifères dans
l’environnement cultural favorise donc leur installation rapide.
UN ALLIE A FAVORISER
Larve et méconium (Scradh/A. LHOSTE-DROUINEAU)
Les œufs des espèces prédatrices de pucerons ont l’allure d’un
tonnelet allongé blanc d’1 mm déposé au milieu des pucerons à
la face inférieure des feuilles. L’émergence de la larve se fait
par une fente à l’extrémité.
Les larves, de 10 à 20 mm, sont de couleur variable selon les
espèces. Les prédatrices de pucerons (ou aphidiphages) sont
légèrement translucides et elles rampent au milieu de leurs
proies sur les feuilles ou les tiges. Elles consomment la nuit de
nombreuses espèces de pucerons. Au dernier stade, elles
cessent de s’alimenter et purgent leur intestin, laissant derrière
elles des excréments caractéristiques noirs sur les feuilles
appelés méconium (photos ci-dessus).
Les nymphes ou pupes ont la forme d’une gouttelette d’environ
8 mm restant accrochées au végétal. Elles sont vertes ou
marrons.
En arrêtant les applications d’insecticides qui affaiblissent les
adultes et en limitant le travail des parcelles sans cultures :
Les sols nus, les allées, les chemins, ne devraient pas être
travaillés pour maintenir les femelles fécondées dans les
interstices du sol notamment autour des bandes mellifères en
fin de floraison.
Le risque du labour est d’exposer les adultes en diapause au
froid et aux volatiles. De même qu’il sera préférable de faucher
à la fin de l’automne, en alternative au désherbage chimique.
En favorisant l’implantation des adultes :
Le fleurissement des bordures de cultures extérieures ou sous
abris est le moyen de mettre à disposition des adultes une
nourriture variée de pollen qui stimule plus particulièrement
l’activité de pontes. Si le système cultural est largement adopté
l’effet ne se limite pas aux cultures adjacentes mais à toutes les
productions végétales d’une région.
Les bordures ou haies fleuries peuvent être composées de
plantes horticoles (bidens, lantana, …) et indigènes telles les
ombellifères (carottes sauvages, aneth, fenouil,…) les
astéracées (Inule visqueuse), les plantes pubescentes comme
la bourrache et le coquelicot les attirent aussi. Les plantes à
forte pilosité sont à éviter car les larves peuvent se blesser sur
les poils des feuilles. Le compagnonnage de plantes (bleuet,
achillée mille feuille) qui ont leur propre espèce de pucerons
sont des garde-manger pour les syrphes et sont sans risque
pour les cultures. Les espèces les mieux adaptées à la région
seront à favoriser dans les mélanges fleuris.
Nymphe (www.idata.over-blog.com) et pontes (Scradh/A. L-D)
BIOLOGIE ET COMPORTEMENT
En automne, une partie de la population migre vers le sud de
l’Europe ou l’Afrique du Nord. Une petite proportion hiverne, se
sont les femelles fécondées qui réalisent leur diapause dans le
sol.
Sorties de l’hivernation, elles détectent très tôt les pucerons,
attirées par leur miellat. Au huitième jour de leur vie, elles
pondent au milieu des colonies de pucerons en moyenne 500
œufs à 20°C. A cette température l’éclosion a lieu trois jours
après donnant des larves de plus en plus prédatrices durant
leur développement. La température a une forte influence sur la
durée du cycle biologique de l’œuf à l’adulte de 81 jours à 10°C
et 17 jours à 22°C. Sous 15°C les syrphes cessent la
reproduction et sous 7,5°C leur développement est interrompu.
La faible propension de la larve à quitter la plante, son
insensibilité aux secousses et le fait qu’elle soit active dès 8°C
lui confère un intérêt pour la lutte biologique contre les
pucerons en extérieur.
Les syrphes peuvent être observés sur les fleurs le jour même
de leur éclosion. Il est probable qu’une femelle ne reste pas
dans la bordure fleurie durant toute sa période de maturation,
elle peut se déplacer pour aller pondre à des distances très
importantes. Des études belges ont révélé la capacité de
prospection des adultes sur un rayon de 40 m et la bonne
concordance entre la phénologie des pucerons et les pontes
d’Episyrphus balteatus en culture de froment et de maïs.
Photo 3 : adulte de Scaeva pirestri sur feuille, la larve est
aphidiphage (François BERTAUX / SRAPV)
Remerciements au service de documentation de l’institut Astredhor.
Sources bibliographiques :
CHINERY M., 1988 : Insectes de France et d’Europe occidentale Ed. Arthaud,
pages 204-207.
COLOMBELI A., 2007. Les syrphes. In AlterAgri n°82, p21-22.
KOPPERT, 2006. Connaître et reconnaître p158-160.
LHOSTE-DROUINEAU A., RONCO L., 2009 : Valorisation des espèces utiles
dans le cadre d’une protection biologique intégrée de l’horticulture
méditerranéenne. In Atout-Fleurs n° 73, pages 37 à 46.
MARTINEZ M., 2001 : Les insectes d’importance agronomique, « Pratique de
l’identification au laboratoire » session de formation du 12 au 16 mars de l’INRAENSA de Montpellier.
NGAMO I., DELABYE G., HANCE Th., 1998. Relations phénologiques Syrpheser
Pucerons dans la perspective de la lutte biologique en grandes cultures. In 1
colloque transnational sur les luttes biologiques, intégrée et raisonnée. Lille 1998.
SCHMID U., 2004. La syrphe élue insecte de l’année 2004. In Deutscher
Gartenbau, 1, p.6.
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