Mauvaise Nouvelle - Processus d’islamisation, littérature et politique
confidence évidente, sort une phrase que tout le monde dit en privé et s’interdit de partager en public sur la sortie
de l’Euro : « A long terme les conséquences pour l’économie française seront peut-être très bénéfiques ; mais
dans un premier temps nous allons connaître des convulsions financières considérables. » (Ibid. p 87) Par ces
dialogues, Houellebecq illustre l’hypocrisie de notre société actuelle, où tout le monde est d’accord sur les
diagnostiques et les solutions et où personne n’a le courage de les porter publiquement.
Houellebecq livre également une analyse simple et criante de vérité sur une gauche tiraillée entre l’antiracisme et
la laïcité. Il décrit cette gauche tétanisée par son antiracisme, qui ne parvient même plus à brailler quand sonne
l’heure et à lancer « ses anathèmes depuis ses citadelles médiatiques sur le retour des heures sombres,
l’ambiance nauséabonde »… L’Islam s’installe et détruit tous les combats antérieurs sur la laïcité et le féminisme
sans plus aucune résistance efficace de la part de la gauche. On laisse même les juifs fuir notre République.
Deuil identitaire
Houellebecq n’est pas totalement dénué d’intentions. Il n’est, je pense, pas totalement neutre. Même s’il se sait
capable de se soumettre, il livre dans sa narration, comme en souvenir ce qu’a été la France, sa culture, son
rayonnement et ce qu’elle doit à la Chrétienté. En s’arrimant à son auteur de prédilection, Huysmans, il fuit. Il se
retrouve à Martel… Mais rassurez-vous, l’Islam n’est pas du tout le sujet du livre. Et le village de Martel fonctionne
dans l’imaginaire comme le symbole de la France : une terre rurale, un clocher, un bourg. Le paysage est celui des
paroisses dessinées par saint Martin. Et puis il y a son escapade à Rocamadour, sa mini retraite de trois jours au
monastère, qui peut en fait être vue comme une tournée d’au-revoir, d’adieu. C’était bien, c’était mieux, mais il n’a
pas l’énergie d’aller vers ce passé, de s’y accrocher. Cette nostalgie nous est transmise et procure une sorte de
révolte en nous, un sursaut identitaire. Choisissant le lieu de sa fuite, le héros optant pour le sud-ouest déclare :
« le confit de canard me paraissait peu compatible avec la guerre civile » (ibid. - p126) Il y a dans cet aphorisme
de terroir de quoi se rattacher aux oripeaux culturels français. Mais la sentence est sans appel, l’identité n’est que
prétexte à en faire le deuil. Il donne d’ailleurs comme définition du fascisme : une tentative spectrale (…) de
redonner vie à des nations mortes.
L’Islam : un humanisme contraire au féminisme
Cet Islam modéré et humaniste qui se construit, ne peut faire l’économie de la polygamie. Si l’Islam est accepté,
c’est également qu’il permet aux mâles dominants de la société de disposer de plusieurs femmes, donc d’un plaisir
légal, où le désir est hors jeu, la conquête est hors jeu. Il est amusant d’ailleurs de constater comment la polygamie
a tout de suite pour conséquence de voir l’âge des épouses diminuer. La polygamie, organisant la raréfaction de la
femme, fait cheminer tranquillement vers une forme de pédophilie. Mais ce n’est qu’un roman, ce n’est pas la
réalité, bien sûr. A chacun de faire le tri. La réalité n’est peut être pas pire, qui sait ? Le rapport de l’homme à la
femme semble trouver facilement sa place également du fait d’un féminisme agressif ayant ôté par le passé toute
identité à l’homme occidental. Ce féminisme moderne a finalement rendu enviable et estimable le modèle
musulman. Les hommes peuvent enfin être heureux de retrouver une véritable position dans la société, de se
sentir beaux et désirables car apportant : sécurité, argent, statut, etc. Mais Houellebecq s’amuse à montrer
l’amorce d’un échec de cette société si confortable, il lézarde les certitudes. En effet, comment tenir une vie sociale
acceptable sans femme ? (Ibid. p235) La complémentarité homme-femme offerte dans une société occidentale
serait un gage de monter le niveau des discussions ! Sinon, il ne reste que le foot pour faire société entre hommes.
Ce constat ne va pourtant rien empêcher, il ne se pose qu’en parenthèse, un doute suspendu mais la conversion
est inéluctable.
Opportunismes et collaborationnisme
Finalement la conversion à l’Islam de la France est à la fois le résultat d’une préparation à la soumission opérée
par l’esprit révolutionnaire de la République qui a nié la personne humaine, et également le résultat d’une
préparation à la soumission opérée par le matérialisme capitaliste qui a rendu extrêmement docile et triste l’individu
postmoderne. Mais, nous constatons que la préparation n’est pas tout, la conversion à l’Islam est aussi le fruit de
multiples opportunismes. Nous venons de voir l’opportunisme masculin souhaitant jouir sans la souffrance du désir,
souhaitant recouvrer son identité mise à mal. Mais l’homme n’est pas le seul à trouver intérêt à la venue de l’Islam.
L’argent achète tout. Françoise et son espion de mari sont achetés pour une retraite dorée en province, l’ami
universitaire avoue également que « cela paye bien », le confort matériel accompagne le confort affectif. Les
lendemains qui chantent arrivent, le peuple va roter tout seul dans sa mangeoire. Dans le bal des opportunismes,
même les catholiques sont présents. Ils vont trouver un intérêt dans cette société pour que le fait religieux cesse
d’être agressé. La droite bourgeoise peut se satisfaire que la racaille disparaisse du centre commercial Italie 2. Le
« à quoi bon » se voit remplacé par un « pourquoi pas. » Après les opportunismes, nous voyons le