Son rôle en physique
subatomique
Dans l’édifice du monde subatomique, le rôle du W est de véhiculer les
processus d’interaction faible où la charge électrique des particules est
modifiée. Ces processus gouvernent les désintégrations de type bêta des
particules élémentaires, et donc celles des noyaux radioactifs.
Plus fondamentalement, les processus faibles liés à l’échange de bosons
W± ont joué un rôle essentiel dans l’évolution de l’Univers. Après le
Big-Bang, l’Univers très chaud et très dense a gonflé ; il s’est ainsi dilué
et refroidi. Les neutrons créés aux tous premiers instants de l’Univers
subirent alors la compétition de deux processus : soit ils se combinaient
avec des protons pour former des noyaux stables (comme du deutérium
ou de l’hélium), soit ils se désintégraient sous l’effet de l’interaction fai-
ble en protons pour devenir des noyaux d’hydrogène. L’interaction faible
est donc responsable de la proportion relative des différents éléments
chimiques aux premiers instants de l’Univers.
C’est encore l’interaction faible qui cause la combustion thermonucléaire
des étoiles et en particulier du Soleil. En effet, elle régit la phase initiale
où deux protons fusionnent pour donner un noyau de deutérium (un
proton et un neutron liés), un électron et un neutrino. La combustion se
poursuit ensuite par l’intermédiaire de réactions nucléaires où l’interac-
tion forte intervient.
Combinée à la masse du quark top et du Z, la masse du W a permis de
confirmer la validité de la description théorique actuelle des particules
élémentaires, le Modèle Standard, jusqu’au niveau quantique le plus fin
actuellement accessible.
Comparaison entre les mesures directes des
masses du W et du quark top (ellipse en trait
pointillé bleu) et les prédictions théoriques
dérivées des mesures précises des propriétés
du boson Z (ellipse en trait plein rouge) : les
deux ellipses se recouvrent, ce qui confirme
la description théorique de l’interaction
faible. Cette dernière prévoit l’existence d’une
particule supplémentaire, le boson de Higgs,
H, qui n’a pas encore été observée : la bande
pleine verte représente les prédictions théo-
riques pour diverses valeurs de la masse du
Higgs. On voit que les mesures expérimenta-
les sur les masse du boson W et du quark top
favorisent un boson de Higgs léger, de masse
comprise entre 114 et 250 GeV environ.
Dans le détecteur Delphi (CERN) une
paire de bosons W+W- se désintègre en
deux leptons chargés (un antiélectron et
un muon), et un neutrino et un antineu-
trino indétectables : seules les trajectoires
des leptons chargés sont repérées.
Comment l’observer ?
Dans des collisions entre électrons et positrons (antiélectrons), il n’est
pas possible de produire un seul W par conservation de la charge élec-
trique : un électron et un antipositron ont une charge électrique totale
nulle, tandis que le boson W est chargé électriquement. En revanche,
on peut créer une paire de W, l’un chargé positivement et l’autre néga-
tivement. Pour cela, il faut atteindre une énergie supérieure au double
de la masse de la particule, soit environ 160 GeV. On produit alors des
bosons W en grande quantité et de façon presque exclusive.
Un détecteur placé au point de collision entre électrons et positrons
ne verra que les particules issues de la désintégration des W. Chaque
W peut se désintègrer en un lepton chargé (électron, muon ou tau)
et le neutrino associé (électronique, muonique, tauonique). Dans la
pratique, on observera seulement le lepton chargé, car les neutrinos ne
peuvent pas être détectés dans la plupart des expériences. Le W peut
aussi se désintégrer en un quark et un antiquark, qui engendrent alors
deux jets de particules composées de quarks. Au total, la production
de deux bosons W dans un collision entre électron et positron sera
identifiée de trois manières
différentes : soit deux leptons
chargés, soit deux jets de
particules et un lepton chargé,
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