Résumé en français
L’idée de transcendantal, selon son inventeur E. Kant, doit être conçue comme la
condition pure et préalable de toute expérience possible. Mais, pour G. Deleuze, une telle
idée de transcendantal implique deux défauts fondamentaux : d’une part, elle n’est pas sus-
ceptible de rendre compte de la singularité de l’expérience réelle et sensible ; d’autre part,
elle présuppose illégitimement qu’il existe un rapport de ressemblance entre le transcendan-
tal qui est la condition et l’empirique qui est le conditionné. Ayant l’ambition de renouveler
l’idée de transcendantal en dépassant ces deux limites foncières du transcendantalisme kan-
tien, Deleuze élabore sa propre empirisme transcendantal qui détermine le principe généra-
teur du sensible singulier comme la différence d’intensité et définit la condition transcen-
dantale non-semblable comme la différence de virtualité. La différence d’intensité et la
différence de virtualité sont respectivement les objets des deux parties de l’empirisme
transcendantal qui sont l’esthétique impliquante et la dialectique problématique. De plus, la
différence d’intensité et la différence de virtuel, toutes les deux sont les multiplicités qui
s’opposent à la simplicité de l’essence de la métaphysique traditionnelle. Et la théorie deleu-
zienne de la multiplicité complètement différentiée et absolument infinie trouve son origine
de la philosophie de Spinoza qui se déploie à travers les trois moments qui sont la subs-
tance en tant que Multiplicité suprême, l’attribut en tant que multiplicité intensive, et le
mode existant en tant que multiplicité extensive.
Abstract
The idea of transcendental, according to its inventor I. Kant, should be conceived
as the pure and priori condition of any possible experience. However, for G. Deleuze, such
an idea of transcendental involves two fundamental flaws: on the one hand, it cannot ex-
plain the singularity of the real and sensible experience; on the other hand, it presupposes
illegitimately that there exists a relation of resemblance between the transcendental qua
condition and the empirical qua conditioned. Having the ambition of renewing the idea of
transcendental by surpassing these two limits of the Kantian transcendentalism, Deleuze
elaborates his own transcendental empiricism which determines the generic principal of
singular sensible as the difference of intensity and defines the non-ressemblable transcen-
dental condition as the difference of virtuality. The difference of intensity and the differ-
ence of virtuality are respectively the objects of the two parts of the transcendental empiric-
ism that are the implicating aesthetics and the problematic dialectics. Furthermore, both the
difference of intensity and the difference of virtuality are the multiplicities which oppose to
the simplicity of the essence of the traditional metaphysics. And the Deleuzian theory of
the completely differentiated and absolutely infinite multiplicity finds its origin in Spinoza’s
philosophy which extends itself through three moments that are the substance qua su-
preme Multiplicity, the attribute qua intensive multiplicity, and the existing mode qua ex-
tensive multiplicity.