mentation cellulaire. Ce taux de fragmentation embryon-
naire semble être lié au taux de mosaïque, plus le premier
est élevé dans l’embryon, plus le second augmente [20].
Une fragmentation embryonnaire élevée semble égale-
ment être liée à un moindre taux d’évolution vers le stade
blastocyste [21]. De même, à partir de 35 % de fragmen-
tation cellulaire, le nombre d’anomalies chromosomiques
s’accroît [22]. Ces données sont corrélées avec les chan-
ces d’accouchement qui sont de l’ordre de 23 % pour un
taux de fragmentation inférieur à 10 % par embryon, de
11 % quand le taux de fragmentation est compris entre 10
et 25 %, et de 1 % quand la fragmentation par embryon
est supérieure à 25 % [23]. Les raisons de ce rôle néfaste
de la fragmentation sur le développement embryonnaire
préimplantatoire ne sont pas précisément connues. Les
fragments pourraient gêner physiquement des interactions
intercellulaires, ce qui interférerait avec le développement
de l’embryon, en particulier aux stades de la compaction,
de la cavitation et de la formation de blastocyste [24-25].
Ces fragments pourraient diminuer le volume cytoplasmi-
que et, de ce fait, dépléter les embryons d’organelles
essentielles ou de domaines polarisés indispensables au
bon déroulement du développement embryonnaire [26].
Enfin, ces fragments pourraient libérer des substances
toxiques endommageant les cellules voisines [27-28].
Aussi, un enjeu majeur pour l’amélioration des taux de
succès de la FIV est l’approfondissement de nos connais-
sances sur l’expression des gènes dans les ovocytes, les
cellules du cumulus et de l’embryon précoce, afin d’iden-
tifier des indicateurs pertinents et fiables de la qualité
ovocytaire et embryonnaire.
Une approche d’avenir,
la face cachée de l’ovocyte
et de l’embryon : le génome
La fréquence excessive d’embryons préimplantatoires
présentant des anomalies chromosomiques est une don-
née bien connue et en FIVc ou en ICSI. Cependant, la
sélection embryonnaire par ce critère non morphologique
n’est mise en œuvre que dans des cas où les parents
présentent des risques élevés de transmettre des anomalies
chromosomiques ou des mutations génétiques : caryotype
parental altéré, âge maternel supérieur à 38 ans, multiples
avortements spontanés, échecs répétés de FIVc ou ICSI,
maladie autosomique monogénique dominante (réces-
sive, si les deux personnes du couple sont affectées par la
maladie), anomalies chromosomiques de structure, pa-
rents porteurs d’une maladie liée au sexe. Dans ces cas
bien précis, et encadrés par la loi, les laboratoires procè-
dent à un diagnostic préimplantatoire (DPI). Le DPI repose
sur l’analyse génétique d’un ou deux blastomères prélevés
sur des embryons obtenus par FIVc ou ICSI au troisième
jour de leur développement au stade6à8cellules. Selon
l’indication spécifique de chaque DPI, l’étude génétique
des embryons se fait par des techniques cytogénétiques ou
moléculaires. L’analyse cytogénétique permet la recher-
che d’anomalies chromosomiques de nombre ou de struc-
ture par la technique de fluorescent in situ hybridization
(FISH). L’analyse moléculaire par réaction en chaîne par
polymérase (PCR) permet la recherche des maladies mo-
nogéniques. Malgré son indéniable utilité, le DPI reste une
technique lourde en raison même de l’ablation d’un ou
deux blastomères nécessaire aux analyses. Cette ablation
pose en outre la question de la pertinence de ce genre
d’approche, en raison même de l’hétérogénie des anoma-
lies qui peut exister d’un blastomère à un autre. La tech-
nique a cependant le mérite de pointer de nouvelles pistes
de recherche.
Les critères morphologiques de sélection des ovocytes,
zygotes, et embryons préimplantatoires étant probable-
ment en partie associés aux résultats insuffisants de la FIVc
et de l’ICSI, il est important de pouvoir accéder aux
signatures moléculaires pour comprendre au mieux le
développement ovocytaire et celui de l’embryon préim-
plantatoire. La connaissance de l’expression des gènes est
également la première étape indispensable à l’identifica-
tion de potentiels marqueurs moléculaires de l’expression
de gènes anormaux aussi bien dans les ovocytes que dans
les embryons préimplantatoires. Ce type d’approche a
déjà été en partie réalisé sur les cellules du cumulus, sur
des ovocytes, et sur des embryons préimplantatoires hu-
mains (figure 2).
Lors de leur maturation, les ovocytes requièrent l’ex-
pression de nombreux gènes spécifiques. Certains de ces
gènes sont activés pour le métabolisme de l’ovocyte du-
rant le processus spécifique de maturation. Grâce aux
récents développements de l’amplification linéaire per-
mettant de réussir à détecter par microarray de très petites
quantités d’ARN, l’analyse de l’expression des gènes d’un
seul ovocyte a été rendue possible [29]. Sur des ovocytes
isolés, il a été montré par PCR que les ARNm de SUMO-1,
SUMO-2, SUMO-3 (small ubiquitin related modifier), et le
lactate deshydrogénase-B (LDH-B), des protéines impli-
quées dans le métabolisme énergétique de la cellule,
étaient détectés dans tous les ovocytes [30]. Une autre
étude a réussi à comparer chez la souris le niveau d’ex-
pression de 86 gènes associés à la reprogrammation épi-
génétique dans des ovocytes matures au stade MII, le stade
capable de reprogrammer la chromatine spermatique. Sur
ces 86 gènes, 57 ont pu être détectés. Quatre étaient
surexprimés dans les ovocytes, 18 étaient sous-exprimés,
et 35 avaient leur expression inchangée [31]. Outre le fait
que quelques-uns des mécanismes que l’ovocyte emploie
pour se reprogrammer après la fertilisation ont été éluci-
dés, cette étude montre la présence de nombreux gènes
exclusivement exprimés dans l’ovocyte (figure 2).
Revue
mt médecine de la reproduction, vol. 9, n° 6, novembre-décembre 2007
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