Contribution au Volet Climat du SRADDT MEDEF Nord-Pas de Calais Avril 2013 MAI 2013 PREAMBULE La Région Nord-Pas de Calais est aujourd'hui perçue comme l’une des plus actives au regard des enjeux du Développement Durable. Nous évoluons par ailleurs dans le contexte du débat national sur la transition énergétique, dont l'objectif est de répondre à une série de grandes questions : Comment aller vers l’efficacité énergétique et la sobriété ? / Quelle trajectoire pour atteindre le mix énergétique en 2025 ? Quels choix en matière d’ENR ? / Quelle gouvernance de la politique énergétique ? / Quels coûts et financements ? Une série de schémas et de dispositifs s'articulent en région autour de ces enjeux. C'est ainsi qu'en 2012 a été adopté le Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE), commandé dans le cadre du Grenelle de l'environnement et qui constitue un document cadre sur lequel les acteurs publics s'appuieront à l'avenir. Le Medef Nord-Pas de Calais s'était en son temps positionné sur les principaux enjeux du SCRAE. À ce schéma technique particulièrement complet établissant un certain nombre d’orientations et d'objectifs permettant d'atteindre le 3 X 20 (à l'horizon 2020 : plus 20 % d’ENR, -20 % d’émissions de GES, et -20 % de consommation d'énergie), il faut ajouter en région l'élaboration d'un Plan Climat Régional, lui-même décliné en plans climat territoriaux (PCT). À noter également le lancement en novembre 2012, conjointement par la Région et la Chambre de Commerce et d'Industrie Régionale, d'une vaste réflexion autour de la Troisième Révolution Industrielle élaborée par l'économiste Jérémy RIFKIN. Le Volet Climat du SRADDT, sur lequel le Medef Nord-Pas de Calais se prononce au travers du présent document se situe à la croisée des chemins entre toutes les initiatives précédemment citées. Particulièrement ambitieux, il s’attache directement à atteindre d'ici 2050 l'objectif du facteur 4, à savoir la division par 4 des émissions de GES (par rapport à 1990). Si le Medef Nord-Pas de Calais s'inscrit pleinement dans le contexte de la transition énergétique en région, il tient tout d'abord à poser et rappeler un certain nombre de principes inhérents à toute discussion autour de ces enjeux. 1 QUELQUES PRINCIPES L'enjeu du Développement Durable : de par son action au service des entreprises et ses différentes prises de position, le Medef Nord-Pas de Calais s'inscrit dans une démarche de Développement Durable, reposant sur les trois piliers que sont le développement économique, le volet social, et l'environnement. Depuis de nombreuses années, les entreprises régionales sont sensibilisées et travaillent à l'amélioration permanente de leurs process afin d'intégrer à leur stratégie de développement les enjeux environnementaux et sociétaux. Tout d’abord, le Volet Climat ne doit pas poser les jalons de la transition énergétique en région en écartant le pilier du développement économique dont résultent l'attractivité de notre territoire ainsi que la vitalité et la compétitivité de nos entreprises et au final l'emploi. C'est pourtant la tendance qui ressort de la lecture du document soumis au débat public. Il est d'ailleurs regrettable que les organisations représentatives des entreprises n'aient pas été directement saisies par la Région dans le cadre des travaux présidant à la conception de ce Volet Climat. Une question de réalisme : pour être applicable et réaliste, tout scénario doit être basé sur des fondements solides, des perspectives claires en termes de trajectoire à suivre et de modes de financement. Il ne saurait en effet être question d'envisager une transition énergétique sans répondre à la question de son financement, ainsi qu'à celle de la répartition des charges et des coûts de cette dernière. Si le Volet Climat fournit un certain nombre de réflexions quant aux modes de financement possibles de la transition, il est bien trop peu explicite sur les charges induites pour les entreprises. Nous rappelons de ce point de vue le contexte général de crise dans lequel se trouve notre économie, et celui de la raréfaction des financements publics. Chaque mesure, chaque proposition du Volet Climat doit alors être jugée à l’aune du modèle économique qui en sous tend le financement. Alors que les entreprises régionales sont aujourd'hui plus que jamais soumises à des contraintes économiques majeures, que la visibilité des carnets de commandes est plus faible que jamais, il ne saurait être question pour ces dernières d'assumer seules les coûts et charges nouvelles. La transition énergétique ne saurait en effet s'inscrire dans une démarche de développement durable qu'à la condition que son coût en soit économiquement supportable et qu'elle permette, au-delà du développement de nouvelles filières industrielles, de conforter et de renforcer notre industrie régionale. À défaut, nous rappelons qu'une politique omettant les contraintes de notre industrie régionale seraient de nature à la mettre en péril, avec à la clé une augmentation massive des destructions d'emplois et des délocalisations vers des pays de production non soumis aux mêmes contraintes. De plus, nous rappelons que si des transformations et les mutations s’opèreront dans l’avenir, il faut prendre en considération le facteur temps, essentiel à l’adaptation des infrastructures industrielles et des salariés. Nous souhaitons enfin rappeler de manière plus générale que le système énergétique français est considéré comme l'un des plus performants au monde. Il offre un avantage compétitif à nos entreprises, notamment via une production et un coût de l'électricité peu élevé qu'il convient à tout prix de conserver. De plus, nos infrastructures réseau sont fiables et robustes. Elles permettent un transport efficace de l’électricité. L’industrie française a pu s’appuyer sur des infrastructures de production, d’importation, de transport et de distribution, tant dans l’électricité que dans le gaz naturel, qui lui assurent des prix compétitifs, une sécurité de l’approvisionnement et une indispensable visibilité sur l’avenir. Rappelons également ici l’importance du gaz naturel, énergie la plus consommée en Région avec près de 30% des consommations globales (en 2005 - source SRCAE). Le Nord-Pas de Calais possède de plus l’un des réseaux gaz les plus denses de France, permettant ainsi à plus de 90% de la population d’accéder à une énergie de chauffage compétitive. 2 La France est à la pointe en matière de lutte contre le changement climatique et ce grâce à ses choix historiques en matière de mix énergétique. Notre pays figure en effet parmi les économies industrialisées les moins émettrices de GES. Le système électrique français apparaît ainsi comme très performant avec 33 MT de CO2 émis en 2010 contre 350 pour l’Allemagne et 3083 MT pour la Chine (source UFE). Globalement, les émissions totales pour la France sont en 2010 de 522 MteqCO2 contre 937 MteqCO2 pour l’Allemagne (source Agence Européenne de l’Environnement). La France ne représente au total qu’ 1,2% des émissions mondiales de CO2. C'est à l'aune de ces informations que la transition énergétique doit être pensée. Nous appelons également à ce que le Volet Climat intègre comme fil conducteur la question de la demande d'énergie à l'horizon 2030 2050. Car il ne s'agit pas pour le Medef Nord-Pas de Calais de partir d'un simple critère environnemental fixé comme seul but à atteindre, mais bien plutôt d'envisager la transition comme compatible avec l'industrialisation et la réindustrialisation de notre région. LE VOLET CLIMAT Un certain nombre de points ont appelé l'attention du Medef Nord-Pas-de-Calais : L’ENERGIE/LES ENERGIES Si les milieux économiques sont particulièrement conscients que nous évoluons dans un monde en changement et que nous devons l’appréhender, nous tenons en premier lieu à rappeler que rien ne dépend uniquement d'une action qui serait entreprise à un niveau strictement régional. Même si la Région est appelée à gagner en compétences dans le cadre des prochains actes de décentralisation, nous ne pensons pas qu'il soit envisageable de penser un système global de transition énergétique à la simple maille régionale. La question du mix énergétique notamment, fréquemment abordée dans le Volet Climat mérite que l'on s'y attarde. S'il est politiquement possible de souhaiter telle ou telle trajectoire en termes de mix, si le développement des énergies renouvelables doit être globalement soutenu, nous tenons à rappeler les points suivants : La composition historique du mix énergétique français reposant sur le choix du nucléaire a conféré de nombreux avantages compétitifs à nos entreprises. Au demeurant cette électricité est très peu carbonée, ce qui va pleinement dans le sens du développement durable et de l'adaptation au changement climatique. Il est paradoxal de souhaiter - comme cela est rappelé à plusieurs reprises dans le Volet Climat - la fermeture d'une centrale nucléaire, alors qu'elle fournit une électricité compétitive très peu carbonée et que l'objectif de l'adaptation aux changements climatiques doit bien être celui de diminuer un maximum notre dépendance aux énergies fossiles et principalement au pétrole qui représente rappelons-le 50 % de l'énergie finale consommée en France. Pour la région Nord-Pas de Calais une unité de production telle que la centrale de Gravelines produit l’équivalent de plus de 100 % de la consommation électrique régionale et a un impact non négligeable en termes d'emplois (2200) et d'investissement (pour 2012 ce sont 165 millions d'euros qui ont été investis dont 85 % avec des entreprises locales et régionales). Toute réflexion relative au mix énergétique régional ne peut donc faire l'économie d'une prise en considération de ces données. De plus, la centrale de Gravelines constitue un outil de production qui joue un rôle particulièrement important dans l’équilibre national de production d’électricité et qui contribue fortement à la solidarité entre les territoires ainsi qu’à la sûreté du système électrique nord-européen. Sur la 3 question des réseaux électriques aussi, nous disposons d’infrastructures fiables, compétitives, au final d’un modèle envié. De plus, beaucoup de questions liées à ces enjeux sont supra régionales. Le Gaz naturel est quant à lui une ressource abondante et abordable. Les industriels disposent d’un marché français interconnecté, fluide et robuste, garantissant un approvisionnement très compétitif et écologiquement acceptable (30 à 40% de moins d’émission de CO2 que les autres énergies fossiles). Il constitue donc un atout fort pour notre région, dont l’infrastructure de réseau déjà très performante (58% des volumes consommés en France transitent par la région) sera encore renforcée par la prochaine mise en service du terminal méthanier de Dunkerque. Insistons également sur les perspectives procurées par le développement du biogaz produit à partir de la fermentation des déchets et injecté dans les réseaux de gaz naturel. Les projets régionaux visant notamment à l'utilisation du biométhane (biogaz épuré) injecté sur les réseaux conventionnels doivent être valorisés et soutenus. A noter enfin que notre région exploite son gaz de mines (plus forte production à Avion, avec 461 GWh produit en 2005 - source SRCAE), soit l’équivalent de la consommation d’une ville de plus de 60 000 habitants. Nous notons positivement l'intérêt porté par la région au développement de la cogénération. Rappelons que les cogénérations gaz, qui ont connu un fort essor au milieu des années 90 en région, notamment dans l’industrie, l’habitat et le tertiaire, proposent de nombreux avantages : réduction de la consommation d’énergie primaire (et donc d’émission de CO2), stabilité de l’approvisionnement, flexibilité, production décentralisée de chaleur et d’électricité, alimentation d’une filière économique liée à la conduite ainsi qu’à la maintenance et non délocalisable… Elles doivent être soutenues. Enfin, sur la question sous-jacente à l'ensemble de ce Volet Climat et relative au développement massif des énergies renouvelables en région, nous tenons à rappeler les deux freins majeurs des énergies renouvelables au-delà de la question du financement : leur intermittence ainsi que la problématique du stockage. Le Medef Nord-Pas de Calais est associé aux travaux mis en place dans le cadre de la Troisième Révolution Industrielle autour des équipes de Jeremy RIFKIN. Une large part de la réflexion débutée dans ce projet tourne autour de la problématique des réseaux et du stockage. En effet, seuls des réseaux « intelligents » permettront de gérer les flux d'énergie issus notamment des productions d’énergie locales. Il est également question d'une réflexion autour du stockage par hydrogénisation, reprise et défendue dans le cadre du Volet Climat. Rappelons simplement que si cette piste mérite d'être étudiée attentivement, la technique de stockage basée sur l'hydrogène doit être approfondie et un modèle économique assuré pour envisager son développement. L’INDUSTRIE La question de l'industrie et de son traitement dans ce Volet Climat pose problème. La part de l'industrie, sidérurgie incluse, est très importante pour notre région en termes de consommation d'énergie et d’émissions de GES (50%). Il ne saurait être question pour le Medef Nord-Pas-de-Calais d’oublier les fondements industriels de notre Région ainsi que son histoire économique. Il n’est pas plus question de remettre en cause le développement économique régional. C'est pourtant ce à quoi fait référence le Volet Climat lorsqu'il précise (P18) « Par exemple, la sidérurgie, en 2050, aura intégré le facteur 4 soit en produisant de l’acier avec 4 fois moins de carbone, soit sa production sera réduite d'un facteur 4 du fait du prix de l’énergie ou du prix de CO2 ». On retrouve également la notion de « recul de la production ». Au travers de la transition énergétique et de la proposition d'une alternative en termes de modèle économique, il est donc bien question dans ce Volet Climat d'envisager la baisse de la production industrielle en région. En écho aux arguments développés dans les paragraphes précédents, le Medef 4 Nord-Pas de Calais s'oppose avec la plus grande fermeté à toute politique qui viendrait remettre en cause la dimension industrielle de notre développement économique. La Région Nord-Pas de Calais ne peut se permettre d’absorber des chocs à répétition. Il est essentiel de ne pas condamner notre industrie en lui imposant un modèle qu’elle ne pourrait assumer, notamment en termes d’investissements. Nous l'avions également rappelé dans le cadre du SRCAE, notre industrie régionale œuvre constamment pour gagner en efficacité énergétique via le développement de technologies moins énergivores et moins émettrices de CO2. Des efforts importants de R&D sont notamment réalisés dans ce domaine au travers du Pôle MEDEE. Elle s'engage aussi pleinement dans les démarches d'économie circulaire, d'écologie industrielle et d’éco-conception au travers du Pôle de compétitivité Team2 et d’autres initiatives uniques en France (Ecopal, Syneo…). La question essentielle est ici de parvenir à réduire la consommation d’énergie très carbonée tout en maintenant une croissance suffisante pour assurer notre développement économique. Cela passera, nous insistons, par une amélioration de l’efficacité énergétique et la montée en puissance de l’économie circulaire. Exiger des efforts plus importants que ceux déjà engagés à ce jour reviendrait purement et simplement à mettre en péril notre industrie. Ne renions pas ce qui a été d’ores et déjà réalisé, même si beaucoup reste à accomplir. Nous appelons donc les instances régionales à la plus grande vigilance sur les actions qu'elles souhaiteraient mettre en place sur ces questions et insistons sur le fait qu’une disparition de notre tissu industriel reviendrait à déplacer sans le résoudre le problème climatique via les délocalisations qui ne manqueraient pas d’être réalisées. LE LOGEMENT Sur la problématique du logement, il est bien entendu que nous soutenons les enjeux de réhabilitation thermique des logements, d’autant qu'elle constitue une source importante d'activité pour le secteur du bâtiment mais il faut compléter cet enjeu par celui du vieillissement de la population en améliorant le cadre bâti en général, autre source de développement économique pour nos entreprises, dont on connaît les difficultés actuelles. Fort d’un parc de plus de 1,4 millions de logements, et de 70 millions de m2 de tertiaire, la région Nord-Pas de Calais est particulièrement énergivore de par la vétusté du bâti. Pour autant, qu'il s'agisse du plan 100 000 logements porté par le Volet Climat ou plus largement du plan de réhabilitation gouvernementale et de son objectif de rénovation d’1 million de logements par an, nous sommes ici comme ailleurs confrontés à la problématique du passage à la mise en œuvre effective. Les techniques existent, des aides financières également, mais celles-ci doivent être programmées sur des plans triennaux à minima, c’est le cas par exemple de la TVA réduite et des crédits d’impôts, faute de quoi il n’y a pas de lisibilité « marché » pour nos professionnels et on observe un attentisme des maitres d’ouvrage en investissement ; cela risque d’être le cas avec la TVA à 5% en 2014 pour le logement social au lieu des 7% aujourd’hui. Début 2014, l’écoconditionnalité sera applicable, or dans aucun programme de masse actuel le critère « qualitatif » des entreprises n’est demandée « RGE, Pros de la Performance Energétique » (seule la CUDk conditionne aujourd’hui ses aides publiques pour la rénovation énergétique à ces critères). Concernant le choix des entreprises, certains maîtres d’ouvrage ne retiennent que le « moins cher », au détriment de la performance énergétique après travaux liées à la bonne mise en œuvre des techniques par des entreprises formées par un dispositif voulu et reconnu par l’Etat. De plus, pourquoi engager des programmes de rénovation énergétique, ou de construction de bâtiments performants (BBC, BEPOS) voire « d’éco-quartiers » si on accepte le fait que les matériaux et les entreprises fassent des centaines de kilomètres pour réaliser ces ouvrages ? Où est le gain de GES au final ? Il est nécessaire de commencer à envisager des critères techniques « carbone » dans les cahiers des charges, permettant de ce fait des 5 développements économiques locaux (entreprises, industries, etc..) mais également un maintien de l’emploi, un développement de la formation initiale et continue, et également l’intégration dans les entreprises des jeunes via notamment l’apprentissage, alors qu’aujourd’hui la profession a perdu près de 3 000 salariés en 2012, et l’intérim plus de 9%. Faute de certitude sur un modèle économique permettant aux entreprises de se projeter, toute politique de réhabilitation à long terme risque de se solder par un échec. La réflexion sur le financement doit donc constituer la priorité. L’AMENAGEMENT DES TERRITOIRES, LE TRANSPORT ET LA MOBILITE La mobilité des biens et des personnes dépend aujourd’hui quasi exclusivement des produits pétroliers. Demain, l’ensemble de la mobilité, c’est-à-dire le triptyque infrastructures, véhicules, carburants, sera amené à évoluer. Dans ce contexte, le véhicule électrique et le véhicule gaz naturel sont complémentaires et constituent notamment un relais de croissance potentiel important pour la filière automobile régionale (exemple de la Kangoo ZE et de la politique de développement de véhicules électriques impulsée en région). Le GNV, le biométhane carburant et l’électricité ont de belles vitrines en Région Nord-Pas de Calais qu’il ne faut pas manquer de valoriser. En termes d'aménagement et de développement des territoires, le Volet Climat insiste sur la nécessité de limiter l'artificialisation des sols, de densifier les espaces urbains afin de limiter les phénomènes de péri urbanisation (engendrant de nombreux déplacements contraints). Si le Medef Nord-Pas de Calais n’est par principe pas hostile au concept d’optimisation des usages automobiles, tel que le covoiturage, l'auto partage, il est bien évident qu'il ne peut y avoir en la matière d'imposition d'un modèle et que toute réflexion doit s'accompagner de celle relative à l'aménagement de nos infrastructures de transport. C'est un fait trop peu souligné ici que celui du positionnement géographique de notre région, qui en fait un accès privilégié pour le transport des biens et des marchandises. Et de ce point de vue comme de celui de nos concitoyens, la thrombose autoroutière que subit la métropole lilloise doit être solutionnée. Nous en dénonçons une nouvelle fois l'impact négatif, tant en termes économiques qu’environnementaux. De plus, les zones d'activité économique ne peuvent être oubliées des réflexions d'aménagement. Elles doivent également être priorisées dans le cadre des programmes de déploiement du très haut débit en région. Plus spécifiquement sur la question du transport de marchandises, les éléments chiffrés (P38) relatifs à l’impact du transport de marchandises sur les émissions de GES interpellent. Ces données ne correspondent pas aux chiffres publiés par l’ADEME qui attribue 35% des émissions de CO2 au secteur des transports (marchandises et voyageurs) dont 8,7% aux véhicules poids lourds. De plus l’architecture du Volet Climat repose sur un postulat de réduction des besoins de déplacement des marchandises induit notamment par le développement des circuits courts. Or, sur un circuit court, le mode de transport économiquement le plus pertinent demeure le transport routier. Les modes alternatifs (ferroviaire ou fluvial) ne constituent pas les solutions les plus pertinentes à une échelle locale … De plus, le fret constitue un paradoxe français, puisque on entend régulièrement qu’il faut le développer alors qu’au final aucune mesure n’est mise en œuvre pour le faciliter. Il y a donc ici une contradiction lorsque le Volet Climat affirme que les déplacements locaux induits par les circuits courts seront assurés par des modes alternatifs reposant par exemple sur des infrastructures nouvelles telles que le Canal Seine Nord (au demeurant essentiel). Rappelons également que la tendance est clairement à la décroissance du fret ferroviaire (qui a reculé de 68 milliards de tonnes/km en 1970 à 30 6 milliards en 2010…). Toute politique en la matière doit reposer sur l’incitation, et non sur la contrainte (exemple de l’éco taxe poids lourds). Enfin, en ce domaine également il convient de prendre en considération les efforts actuellement réalisés. En effet, à fin 2012, 58 entreprises régionales de transport routier de marchandises sont engagées dans la démarche « objectif C02 : les transporteurs s’engagent ». Leur plans d’engagement permettent l’économie de 17000 tonnes de C02 et de 6,3 millions de litres de gazole. UN NOUVEAU MODELE ECONOMIQUE ? L’ECONOMIE DE LA FONCTIONNALITE Au service de l'idée de transition énergétique soutenue dans ce Volet Climat, nous retrouvons la notion d'économie de la fonctionnalité, modèle qui repose sur une valeur ajoutée attribuée au service rempli par un bien (à l’usage qui en est fait) et non simplement sur la valeur ajoutée attribuée au bien en lui-même. Si nous pouvons envisager le développement d'une telle approche économique (notamment en rapport avec les TIC…) elle ne peut être à nos yeux que complémentaire à notre modèle économique actuel qui repose sur la production de biens et de services. Or c’est bien une forme de rupture économique que ce Volet Climat propose. Une rupture également marquée par une certaine vision autarcique. Aucune politique ne doit conduire au repli de l’économie sur elle-même. Dans un monde globalisé, les conséquences seraient évidemment catastrophiques. L’économie de la fonctionnalité relève d’enjeux culturels liés à des évolutions comportementales en matière de consommation. Là également, le facteur temps doit être pris en considération, tout comme la nécessité de ne pas appauvrir notre modèle industriel. LA GOUVERNANCE L’enjeu de la gouvernance de la transition énergétique et de la gouvernance régionale de l'énergie ressort comme une question essentielle. Le Volet Climat réaffirme qu'en matière d'énergie la majorité des pouvoirs et des moyens d'action sont concentrés au niveau de l'État et des entreprises de l'électricité et du gaz et qu’une telle concentration ferait obstacle à la diffusion d'une culture de responsabilité vis-à-vis des usages et des productions d'énergie. Sans remettre en cause l’idée d'attribution d'un rôle aux collectivités locales en matière de gouvernance locale de l'énergie, reposant notamment sur la valorisation du potentiel énergétique local (basé sur le développement des ENR), il nous apparaît excessif et irréaliste de « rejeter » le système énergétique actuel qui rappelons-le est considéré comme l'un des meilleurs du monde. Rappelons encore que les énergéticiens remplissent des missions de service public et que la péréquation et la solidarité nationale permettent à l'ensemble de nos territoires de bénéficier de services de grande qualité en termes de fourniture d'énergie. En matière d'énergie tout ne peut être ramené au niveau régional. Orienter notre système énergétique vers une décentralisation complète poserait d’évidents problèmes de satisfaction de la demande et au final de capacité à assurer les missions de service public qui incombent aux gestionnaires de réseaux. Les milieux économiques réaffirment enfin leur volonté d'être associés à tous les enjeux de gouvernance relatifs à la gestion territoriale de l'énergie quelle que soit sa forme. Il en va de même sur la question de l'observatoire climat mis en place en Nord-Pas de Calais. Ce dernier a pour but de collecter, notamment via les entreprises, les informations nécessaires afin d'animer la politique énergétique au niveau 7 régional. Nous souhaiterions connaître les modalités d'association des entreprises à la gouvernance de tels dispositifs. CONCLUSION Le Medef Nord-Pas de Calais souhaite insister sur le rôle que doivent jouer les entreprises régionales et leur représentation au niveau des enjeux de la transition énergétique. Cette transition ne se fera ni sans elles ni contre elles. Elles sont concernées au premier plan, et doivent donc être pleinement associées par les pouvoirs publics à l'ensemble des réflexions relatives à la transition énergétique. Le Volet Climat du SRADDT n'intègre malheureusement pas suffisamment cette donnée. Enfin, le MEDEF Nord-Pas de Calais souhaite promouvoir une proposition forte : bien que cette question dépasse le strict cadre du débat régional et celui du Volet Climat du SRADDT, une solution équilibrée pourrait consister au maintien et à la pérennisation de nos grandes infrastructures de production au sein d’un réseau centralisé, afin d’assurer notre capacité de répondre à la demande de notre outil industriel notamment. En parallèle et de manière complémentaire, il serait possible d’encourager le développement de réseaux locaux à gestion décentralisée reposant sur le développement des ENR. L’articulation et la connexion entre ces deux systèmes pourrait alors être réalisée grâce au développement des smart grids et autres réseaux intelligents. Ainsi, il serait possible de promouvoir une transition énergétique équilibrée permettant de lutter contre le changement climatique tout en assurant le maintien de l’avantage compétitif historique de notre économie en général et de nos industries électro intensives régionales en particulier. 8