
enonc
es d
eontologiques, dans une situation d’asym
etrie ;
et bien souvent on se rend compte que dans le cadre
de la relation th
erapeutique, le principal n’est pas le
consentement lui-m^
eme, l’accord ou le refus, mais la
parole rendue et
echang
ee. L’avantage pour la personne
malade pourra pourtant se retrouver dans la s
ecurit
e
m
ethodologique li
ee au protocole, s
ecurit
e d’une
etude
multicentrique sur les motivations des investigateurs, leur
consensus et les espoirs attendus, s
ecurit
evis-
a-vis de la
toxicit
e par les mesures de pharmacovigilance et la veille
sanitaire, validation des donn
ees, et au moindre doute,
obtention de r
esultats globaux imm
ediats. Anecdotique-
ment, il est souvent dit que les patients inclus dans les
protocoles, toute situation
egale par ailleurs, auraient
un meilleur pronostic, mais
a ce jour cette assertion n’a
pas pu ^
etre v
erifi
ee [11].
Le dialogue sur la participation ou non
a une recherche ne
peut se faire sans une information adapt
ee. Et celle-ci dans
le cadre de la recherche clinique n’est pas sans poser
probl
eme. Malgr
e les explications et les
echanges, quand
nous devons donner la feuille d’information contenant
tous les effets secondaires possibles des traitements de
r
ef
erence et des traitements exp
erimentaux, combien de
fois observons-nous un mouvement de recul de la part des
patients, li
e
a l’incompr
ehension de ces informations qui
malgr
e tout le soin qu’on peut y apporter restent d’une
grande brutalit
e pour la personne qui se voit d
ej
a en subir
les effets. Cette fac¸on de faire est souvent en conflit avec
les pr
ecautions d’annonce que les bonnes pratiques
nous dictent et la possibilit
eder
ealiser une annonce
en plusieurs
etapes. Faut-il « toujours dire toute la v
erit
e
a
tous les malades » [9]. La tentation que peut avoir le
m
edecin de « tout dire » pourrait se confondre avec le
d
esir de se d
echarger d’un lourd fardeau, voire de se
d
efausser de toute responsabilit
e sur l’avenir de ce
malade. Le m
edecin, en informant, doit prendre garde
a ne pas entacher cette information de ses propres mobiles
psychologiques, sociaux ou culturels qui pourraient
parasiter le message, mais il est certain que plus le projet
propos
e nous semblera adapt
e, plus nous y adh
erons,
plus le raisonnement ayant amen
e
acetted
ecision nous
semble coh
erent et fruit d’une d
elib
eration sereine, plus le
partage de l’information sera ais
e et plus grande sera
l’adh
esion du patient.
Limites des protocoles
Ces diff
erentes questions ne peuvent se poser que pour les
patients potentiellement incluables dans les protocoles,
mais il n’est pas toujours possible de trouver un essai
a
proposer
a notre patient, soit parce que la pathologie dont
il souffre est peu courante, soit parce qu’il n’y a pas de
centre investigateur
a proximit
e du centre de traitement,
soit encore, parce qu’il n’y a pas d’essai ouvert
ace
moment donn
e pour cette pathologie. Mais, m^
eme quand
un essai clinique est a priori accessible, l’inclusion d’un
patient n’est pas toujours possible, il sera souvent exclu, du
fait de comorbidit
es, de l’
etat d’avancement de la maladie,
d’un ^
age inad
equat, ou d’un
etat g
en
eral trop pr
ecaire
[12]. En effet, seule une minorit
e de personnes –les
patients les plus en forme et souvent ayant une maladie
a un stade initial de prise en charge –est
eligible pour
la recherche clinique. Ce sont ceux pour lesquels un
maximum de b
en
efice est attendu, et qui ne risquent donc
pas de compromettre le r
esultat de l’
etude par une
evolutivit
e trop grande de la maladie ou des effets
secondaires trop importants.
En l’absence d’essai ouvert, constatant ce manque, les
m
edecins pourraient initier un nouvel essai avec un objectif
ad
equat
a proposer
a notre patient mais, les d
elais des
diff
erentes d
emarches, notamment aupr
es des instances
de r
egulation et des comit
es d’
ethique, sont incompatibles
avec une
evolution de la maladie
al’
echelon individuel.
Devant une pathologie tumorale
evolutive, il est inconce-
vable d’entreprendre la cr
eation d’un essai clinique qui
pourrait b
en
eficier
a notre patient, la r
eponse ne sera que
diff
er
ee et collective. Le concept de protocole n’est
d’ailleurs pas univoque. La situation est
eminemment
diff
erente en fonction des objectifs poursuivis et de ses
concepteurs. S’il s’agit d’un protocole de recherche
acad
emique multicentrique conc¸u par les repr
esentants
de la majorit
e des investigateurs d’une discipline sur tout le
territoire national, les enjeux apparaissent plus clairement
pour les malades qui y participent et pour les investigateurs.
Le plus souvent, ils repr
esenteront le r
ef
erentiel th
erapeu-
tique du meilleur traitement. S’il s’agit d’un protocole
« Essais pr
ecoces », il s’adresse
a des malades en fin de
ressources th
erapeutiques, c’est une chance qu’on peut
leur donner avec une nouvelle mol
ecule, mais c’est aussi
des effets secondaires majeurs et une qualit
e de vie alt
er
ee,
la limite avec la phase terminale
etant
etroite. Quant aux
protocoles
a vis
ee biologique, ils n’interviennent, le plus
fr
equemment, que par les contraintes qu’ils entraı
ˆnent
pour les malades sans que ceux-ci n’en tirent directement
b
en
efice.
A l’oppos
e de ces essais coop
eratifs, se situent les
protocoles g
er
es par l’industrie pharmaceutique dont
l’int
er^
et est souvent scientifique mais dont la finalit
e est
aussi commerciale pour le d
eveloppement d’un nouveau
m
edicament ou l’obtention d’AMM. L’int
er^
et pour l’inves-
tigateur pourra ^
etre financier, en plus d’^
etre m
edical, et son
champ d’intervention est quasiment nul. C’est dans le
cadre de ces protocoles qu’il est le plus difficile de
d
eterminer les enjeux, tant parfois le v
eritable moteur de la
recherche semble nous
echapper. Par ailleurs, la question
m^
eme de la m
ethodologie et de la statistique pourrait ^
etre
interrog
ee. La recherche clinique en g
en
eral et th
erapeu-
tique telle que nous la pratiquons aujourd’hui est
71
H
ematologie
vol. 20 n8suppl
ement 1, mars 2014
Doit-on inclure les patients dans les protocoles ?
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