LE LIVRE V DES GUERRES CIVILES
Les lendemains de Philippes
I. 1 Après la mort de Cassius et de Brutus, César se dirigea vers l’Italie, et Antoine vers
l’Asie!: c’est là que Cléopâtre, reine d’Egypte, le rencontre, et sa vue le subjugue
aussitôt. 2 Cet amour eut une fin des plus malheureuses pour eux-mêmes, et il concerna
l’Egypte entière en dehors d’eux. C’est pourquoi il y aura, pourrait-on dire, une !sorte de
«!partie!»! de ce livre consacrée à l’Egypte, une petite partie qui ne mérite pas encore
d’avoir un titre particulier, puisqu’elle s’insère dans le récit même des guerres civiles,
qui est bien plus abondant. 3 De fait, même après la mort de Cassius et de Brutus, il se
produisait d’autres guerres civiles, semblables aux précédentes, même s’il n’y avait plus
de général en chef, comme cela avait été le cas de leur temps1, mais des généraux
différents pour chaque secteur, jusqu’à ce que Sextus Pompée, le fils cadet de Pompée
le Grand et l’héritier encore2 restant de cette faction, fût éliminé après Brutus3, que
Lépide fût déchu de sa part de commandement et que la totalité de l’empire romain
revint à deux hommes!seulement : Antoine et César. Voici comment se déroula chacun
de ces événements.
II. 4 Cassius !de Parme, comme on le surnommait, avait été laissé par Cassius et Brutus
sur les côtes de la province d’Asie, à la tête de navires et de troupes, pour prélever de
l’argent. Mais à la mort de Cassius, comme il ne fondait pas les mêmes espérances sur
Brutus, il choisit trente navires rhodiens, autant qu’il croyait en équiper, et incendia le
reste, à l’exception du navire sacré, afin que les Rhodiens ne fussent pas à même de se
révolter4. 5 Cela fait, il gagna le large avec ses propres navires et les trente navires
rhodiens. Mais Clodius, envoyé à Rhodes par Brutus à la tête de treize navires, trouva
les Rhodiens en révolte (car Brutus était désormais mort, lui aussi), au point qu’il fit
sortir de la ville la garnison, qui comptait trois mille légionnaires, et alla retrouver
Cassius de Parme. 6 Se joignit aussi à eux Turulius, avec de nombreux autres navires et
tout l’argent qu’il avait perçu auparavant de Rhodes. Vers cette force navale donc,
comme vers ce qui constituait désormais une sorte de!point fort, se pressaient tous ceux
qui, dans différents secteurs de la province d’Asie, étaient chargés d’exiger