sentant de tels troubles secondaires non
spécifiques devront donc être orientés
vers le spécialiste de la pathologie pri-
mitive ; la rééducation, dans ce contex-
te, a des indications plus limitées. En
cas de déficit intellectuel par exemple,
une rééducation orthophonique indivi-
duelle n’est nécessaire que dans le cas
où le trouble du langage oral est plus
important que celui des fonctions non
verbales ; cette rééducation devra alors
s’inscrire dans une prise en charge coor-
donnée par le spécialiste de la patholo-
gie prédominante et il faudra en éva-
luer les bénéfices.
LES ÂGES CLÉS
TROIS-QUATRE ANS :
LE LANGAGE ORAL
Il est précisé dans les recommandations
de l’Anaes que toute plainte portant sur
le langage oral doit être prise en consi-
dération et conduire à un examen médi-
cal. Cet examen consiste à vérifier la
réalité du trouble en référence au lan-
gage normal.
A cet âge, l’enfant raconte une petite
histoire avec des phrases intelligibles
comportant trois voire quatre mots dont
un sujet. Il comprend les ordres simples
et utilise le « je » de façon appropriée. Il
existe des questionnaires (DPL3 et
questionnaire langage et communica-
tion de Chevrie) pour réaliser cet exa-
men et fournir des repères. Chez l’en-
fant de trois-quatre ans, les troubles se-
condaires sont en rapport avec une pa-
thologie de l’audition, de la communi-
cation ou de la relation. Le diagnostic
d’une déficience mentale modérée n’est
pas une urgence, mais une exploration
rapide des capacités non verbales peut
être réalisée en demandant à l’enfant de
dessiner un trait vertical, un trait hori-
zontal, un rond. Ces troubles du langa-
ge oral qui s’inscrivent dans une patho-
logie primitive doivent être adressés au
spécialiste de la pathologie et non d’em-
blée à l’orthophoniste libéral.
Lorsque le trouble spécifique a été iden-
tifié, il faut en apprécier le degré de sé-
vérité. Trois situations constituent des
critères de sévérité :
l’enfant est inintelligible pour toute
autre personne que sa maman (qui, par
définition, le comprend parfaitement) ;
l’enfant ne fait pas de phrases, ou,
éventuellement, associe deux mots mais
sans sujet ni verbe ;
enfin, l’enfant comprend mal.
La démarche est alors relativement
simple. S’il n’existe pas de critères de sé-
vérité, l’orthophonie est inutile, mais
l’enfant doit être revu. En présence d’un
ou de plusieurs critères de sévérité, une
évaluation orthophonique est indiquée,
ainsi qu’une rééducation si l’enfant est
coopérant. Dans tous les cas, une gui-
dance parentale est nécessaire et il faut
souligner à ce propos le manque en
France de programmes de stimulation,
tels qu’il en existe en Angleterre par
exemple. Ces programmes, fondés sur
des exercices de vocalisation, d’écoute
de sons, de dénomination d’objets, etc.,
sont utilisés dès la première année de
vie en cas de retard de langage. Leur
impact sur le niveau de langage à l’âge
de trois ans a été démontré
[1]
.
L’ENFANT DE QUATRE-CINQ ANS
A l’âge de quatre-cinq ans, en fin de
moyenne section de maternelle, c’est
toujours sur le langage oral que porte
l’évaluation, mais il est nécessaire à cet
âge de vérifier que le trouble est avéré
en utilisant un test étalonné. Il est en ef-
fet impossible de continuer à prescrire
de l’orthophonie sans examiner précisé-
ment les déficits de l’enfant, de même
qu’il ne viendrait à l’idée de personne
de prescrire un antihypertenseur sans
mesurer la pression artérielle. On peut
utiliser soit la répétition de logatomes
(bafi, stripadul…) et de phrases (il y a
un garçon dont la casquette est verte)
de la BREV, soit l’ERTL4 (épreuve de re-
pérage des troubles du langage). Ensui-
te, si le trouble apparaît avéré aux tests
étalonnés, il faut déterminer s’il est spé-
cifique ou secondaire en recourant à la
copie de dessins de la BREV ou, au mi-
nimum, en vérifiant que l’enfant est ca-
pable de dessiner un carré, un trait
oblique, une croix et un rond.
En cas de trouble spécifique chez un en-
fant de quatre-cinq ans, l’indication de
l’orthophonie dépend de l’âge exact et
du profil du trouble. S’il n’existe pas de
critère de sévérité, c’est-à-dire si l’en-
fant est intelligible, s’il fait des phrases,
s’il n’a pas de trouble de la compréhen-
sion et qu’il a un simple trouble de paro-
le à quatre ans deux mois par exemple,
il est tout à fait légitime de temporiser
et de le revoir six mois plus tard en fin
de moyenne section de maternelle. En
revanche, face à un trouble de parole et
de langage chez un enfant de quatre ans
huit mois, une évaluation orthopho-
nique s’impose. Bien entendu, un en-
fant de quatre-cinq ans qui a un trouble
du langage oral avec un ou, a fortiori,
plusieurs critères de sévérité doit être
adressé à l’orthophoniste. Dans tous les
cas, un accompagnement parental est
nécessaire.
CINQ-SIX ANS : LE LANGAGE ORAL
ET LE GRAPHISME
A l’âge de cinq-six ans, lorsque l’enfant
est en grande section de maternelle,
tout trouble de parole ou de langage
oral nécessite un diagnostic précis et
une prise en charge adaptée. Il en est de
même pour les troubles sévères du gra-
phisme, dessin et écriture. Là encore,
un test étalonné est nécessaire pour vé-
rifier que la plainte est justifiée. On re-
court au minimum aux tests de répéti-
tion de logatomes de la BREV et de ré-
pétition de phrases de la BREV ou du
BSEDS (bilan de santé, évaluation du
développement pour la scolarité) asso-
cié à l’évaluation d’au moins un élément
des fonctions non verbales comme la
copie de dessin de la BREV et l’écriture
du prénom. A cinq-six ans, tout trouble
du langage non clairement spécifique
doit être adressé à un médecin référent
pour examen clinique des fonctions co-
gnitives et évaluation psychologique
avant bilan orthophonique. Tout
trouble du langage oral spécifique né-
cessite une évaluation orthophonique
qui a deux objectifs : la rééducation du
langage oral et la préparation à la lectu-
re. Dans tous les cas, il faudra vérifier
que l’apprentissage de la lecture se pas-
se bien au cours préparatoire. Tout
trouble du graphisme doit conduire à
Médecine
& enfance
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