Journal Identification = VIR Article Identification = 0545 Date: February 21, 2014 Time: 1:50 pm
revue
cytokines pro-inflammatoires, comprenant les inter-
leukines-6, -12, -15 et -18 suit la stimulation de popula-
tions de macrophages et/ou de cellules dendritiques non
encore totalement identifiées [19, 20].
À la suite de l’infection par le LDV, on observe égale-
ment une très forte activation des cellules tueuses naturelles.
Cette stimulation des cellules tueuses naturelles se traduit à
la fois par une augmentation de leur capacité cytolytique, et
par une importante sécrétion d’interféron-␥[4]. Les méca-
nismes d’activation des cellules tueuses naturelles lors de
l’infection par le LDV semblent différents d’une simple
réponse aux interleukines-12 et -18 [21]. En particulier,
la production d’interféron-␥par ces cellules tueuses natu-
relles est indépendante de l’interleukine-12 chez des souris
normales [22]. Cependant, les interférons-␣/régulent de
manière négative cette production d’interféron-␥, par un
mécanisme qui, lui, implique l’interleukine-12 [8].
L’infection par le LDV résulte également en une acti-
vation générale des lymphocytes T et B, induite par les
interférons-␣/[18]. La différenciation des lymphocytes T
auxiliaires, y compris de ceux qui reconnaissent des anti-
gènes distincts du virus, est modifiée, avec une diminution
importante de sécrétion de cytokines de type Th2 telles que
les interleukines-4 et -9 [22, 23].
Le LDV induit également une activation polyclonale des
lymphocytes B qui se traduit par une hypergammaglobuli-
némie restreinte à la sous-classe IgG2a [24-26]. Bien que
similaires en termes de restriction isotypique, les réponses
anticorps spécifiques et polyclonale qui sont induites dans
le décours de l’infection sont régulées de manière distincte :
l’interféron-␥contrôle les réponses spécifiques, qu’elles
soient dirigées contre des antigènes viraux ou pas, tandis
que l’hypergammaglobulinémie dépend de l’interleukine-
6 [20, 27]. Cela suggère que des populations différentes
de lymphocytes B sont impliquées dans ces deux phéno-
mènes. Finalement, dans certains cas, l’infection par le
LDV résulte également en une modification de la spéci-
ficité d’anticorps dirigés contre des protéines non virales
administrées en même temps que le virus, avec une dimi-
nution des anticorps dirigés contre des épitopes natifs, au
profit d’anticorps reconnaissant des épitopes cryptiques de
ces antigènes [28, 29].
Conséquences de la modulation
du microenvironnement immunitaire
sur des pathologies concomitantes
à l’infection
Les différentes altérations du système immunitaire obser-
vées après administration du LDV peuvent se traduire par
une modulation de pathologies concomitantes à l’infection,
bien que d’étiologie différente, pour autant que celles-
ci soient au moins partiellement dépendantes de ces
réponses.
L’activation polyclonale des lymphocytes B s’accompagne
de la sécrétion d’anticorps autoréactifs [30, 31], bien que
ceux-ci n’aient pas d’effets pathogènes chez une souris
normale.
Dans un certain nombre de cas, l’infection par le LDV
apporte un effet protecteur contre certaines pathologies qui
se développent chez l’hôte. La modulation des réponses T
auxiliaires, au détriment des réponses Th2, entraîne ainsi
une diminution de réponses allergiques chez des sou-
ris infectées par ce virus [32-35]. Cette diminution
affecte la production d’interleukines-4 et -5, la stimulation
d’éosinophiles et le développement de rhinite allergique
éosinophilique. Cependant, cette modulation des réponses
Th2 entraîne également un moins bon contrôle de certaines
infections parasitaires [36].
Un effet bénéfique de l’infection sur des modèles expé-
rimentaux de maladies auto-immunes impliquant les
lymphocytes T, tels que l’encéphalite auto-immune expé-
rimentale, le lupus et le diabète a également été rapporté
[37-39]. Bien que les mécanismes impliqués dans la pro-
tection conférée par le LDV n’aient pas été démontrés, on
peut supposer qu’une interférence avec la différenciation
des lymphocytes T auxiliaires en soit, au moins en partie,
responsable.
L’effet d’une infection par le LDV sur le développement de
tumeurs a fait l’objet de plusieurs études. Certaines d’entre
elles montrent une sensibilité plus grande des souris infec-
tées de manière aiguë à la croissance tumorale, qui serait
liée à une suppression de réponses immunitaires [40, 41].
En revanche, les souris infectées de manière chronique
résistent mieux à la croissance des mêmes tumeurs. Nous
avons également observé une résistance accrue à la crois-
sance tumorale de souris infectées par le LDV un jour avant
l’administration de cellules de plasmocytomes. Cet effet
antitumoral est lié à l’activation des cellules tueuses natu-
relles (résultats non publiés), et notamment à leur sécrétion
d’interféron-␥. Il est donc possible que le LDV exerce des
effets différents sur la croissance tumorale en fonction du
type de réponses auxquelles les différentes cellules can-
céreuses sont sensibles et de la manière dont le virus est
capable de moduler ces réponses.
Si elle peut inhiber la progression de certaines mala-
dies concomitantes à l’infection, la modulation du micro-
environnement immunitaire induite par le LDV peut aussi
conduire à l’exacerbation d’autres pathologies. Ainsi, la
sensibilité de souris au choc endotoxinique est très for-
tement augmentée après l’infection par ce virus [42].
Cette augmentation de sensibilité, liée à des facteurs géné-
tiques, s’accompagne d’une sécrétion très augmentée de
20 Virologie, Vol 18, n◦1, janvier-février 2014
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