Avant-propos
Les sociétés humaines doivent aujourd’hui faire face à d’importantes modifications
du contexte, en particulier environnemental, dans lequel elles se construisent, évo-
luent et se développent. L’usage qu’elles font des ressources naturelles est un facteur
primordial de leur croissance et de leur développement. Parmi celles-ci, les ressources
en eau sont porteuses d’enjeux cruciaux et particulièrement diversifiés : environne-
mentaux, alimentaires, sociétaux et sanitaires, économiques et financiers, politiques
et géopolitiques, etc.
Et pourtant, trop souvent mal connues, mal gérées et peu protégées, les ressources en eau subissent une
pression de plus en plus forte sous l’effet de facteurs nombreux et variés : changement climatique, croissance
démographique, impératifs de sécurité alimentaire, urbanisation, pressions économiques, industrialisation,
pollution, etc. A titre d’exemple, depuis 1950, les prélèvements d’eau à des fins agricoles, industrielles et do-
mestiques ont triplé à la surface de la planète. Le cinquième rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemen-
tal sur l’Evolution du Climat (GIEC) confirme par ailleurs que le changement climatique introduit d’importantes
incertitudes sur les ressources en eau mobilisables et exploitables, génère localement des risques accrus en
matière d’inondations et de sécheresses, etc. Autant d’éléments qui contribuent à dégrader un environnement
déjà considérablement fragilisé.
Dans ce contexte, la connaissance et la compréhension de l’ensemble des enjeux liés aux ressources en eau
sont essentielles pour agir efficacement. L’organisation de l’accès aux données existantes et de leur traitement
pour la production d’informations adaptées aux besoins constitue une activité fondamentale et indispensable
pour assurer le succès des politiques et des plans d’action du secteur. Les données sont en effet nécessaires
pour la planification des ressources en eau et des investissements, l’adaptation au changement climatique, les
gestions sectorielles (eaux de surface, eaux souterraines, suivi qualité, irrigation, énergie, eau et santé, etc.), la
réduction des risques (inondation, sécheresse, etc.), la gestion opérationnelle des ressources et la prise de dé-
cision par exemple relatives à l’aménagement du territoire ou à la suite d’évènements majeurs. Les opérateurs
et gestionnaires impliqués dans la gestion des ressources en eau ont régulièrement besoin de pouvoir accéder
en temps voulu aux données et informations leur permettant de dresser un état des lieux, connaitre les pers-
pectives d’évolution, spécifier les objectifs et définir des programmes d’actions cohérents à mettre en œuvre.
Or, et comme le soulignait Koïchiro Matsuura, ancien directeur de l'Unesco, « en dépit du caractère vital de l'eau,
le secteur souffre d'un manque chronique d'intérêt politique, d'une mauvaise gouvernance, et de sous-inves-
tissement » 1, particulièrement dans les pays les plus vulnérables. Il est urgent que la communauté internatio-
nale agisse afin d’éviter une crise globale.
1 The United Nations World Water Development Report 3: Water in a Changing World (2009)
DEUX PRIORITÉS D’ACTION
• Financer la connaissance
Face à ces enjeux, il est nécessaire de développer et renforcer les mé-
canismes de financement internationaux, nationaux, de bassin et/ou
locaux, qui soutiennent les projets permettant d’améliorer la connais-
sance des ressources disponibles et les systèmes de production d’in-
formation, dans un contexte de changement climatique. A cette fin,
des outils de financements adaptés aux pays, en particulier ceux les
moins avancés, devront être trouvés. L’Agence Française de Dévelop-
pement (AFD) et le Fonds Français pour l’Environnement Mondial
(FFEM) sont particulièrement actifs dans ce domaine. Ils soutiennent
par exemple depuis 2011 le développement de la connaissance des
ressources en eau du bassin du Congo, deuxième bassin hydrogra-
phique et forestier mondial. La Commission Internationale du bassin
Congo - Oubangui - Sangha (CICOS) a ainsi pu se doter d’un outil pros-
pectif d’aide à la décision pour l’aménagement durable de son bassin.
• Renforcer les capacités & sensibiliser
Il est également primordial de renforcer les capacités des acteurs à
tous les niveaux. La formation de techniciens, ingénieurs, chercheurs
qui seront en charge de gérer, maintenir, utiliser ou développer des
stations hydrométriques ou météorologiques, des banques de don-
nées, des logiciels de modélisation etc. est nécessaire pour permettre
aux données d’être fiables et bien utilisées. Il est également nécessaire
de former et sensibiliser les décideurs à tous les niveaux, notamment
les autorités locales, à l’utilisation de ces informations pour une meil-
leure prise de décision. Finalement, un travail de vulgarisation des
connaissances est nécessaire afin de sensibiliser les communautés
locales, premières touchées par le changement climatique.
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