·la capacité à rechercher et à traiter des informations en réponse à une problématique d’étude ;
·la capacité à analyser et à synthétiser des documents ;
·la qualité de la présentation finale de la production.
L’autonomie est donc encouragée. Cet enseignement veut permettre à l’élève de se donner les moyens de se construire une
culture générale authentique parce qu’elle est personnelle.
Le choix de faire intervenir dans l’équipe un professeur de philosophie permet d’initier des compétences à la fois spécifiques à
cette discipline et éclairantes pour le lien entre les disciplines. Les élèves problématisent de la manière la plus générale en
mettant à jour des principes élémentaires et en prenant conscience de la richesse des notions engageant un questionnement
surprenant.
Nous avons décidé de commencer à travailler sur la notion transversale de Discours pour rendre sensible les élèves aux types
de discours qui les entourent dans la société mais surtout pour leur apprendre à prendre la parole en tenant un véritable
discours, c’est-à-dire une pensée cohérente, réfléchie et mémorable. Cela doit contribuer à améliorer nettement la qualité de
leur participation orale en cours mais aussi à enrichir leur capacité à rédiger de manière plus réfléchie.
La deuxième séquence porte sur l’image et ses relations avec le texte. Les différents parcours proposés à partir des différents
modes d’apparition de l’image permettent de montrer qu’elle est constamment insérée dans un discours qui permet de lui
donner sens ou inversement de renforcer le discours qui l’accompagne.
Description
Images et langages. Donner à voir, se faire entendre. Tels sont les termes du programme qui peuvent constituer pour nous un
bon point de départ.
Il s’agit d’étudier le lien intéressant entre texte et image.
La première séquence portait sur le discours et semblait insister donc sur le « se faire entendre » qui signifie « se faire
comprendre » et non seulement « être entendu par l’ouïe ». On appelle « entendement » la faculté de comprendre.
Mais un discours est-il conforme au réel parce qu’il est bien composé, parce qu’il est cohérent ? Si on a compris ce qui est dit,
et si cette compréhension nous a persuadé de croire celui qui parle bien, est-on certain pour autant que le réel ne peut être
autrement ?
Il y a toujours possibilité de manipuler le réel avec les mots. Les discours, ce ne sont que des mots, des signes écrits et
vocaux qui ne désignent qu’indirectement la réalité extérieure. Il manque la présence sensible des choses dont on parle.
En revanche , le pouvoir de l’image, c’est de nous « donner à voir » beaucoup plus directement la réalité. L’image a un pouvoir
de persuasion. Penser à l’impression de réalité que nous avons au cinéma ou devant un jeu vidéo, même quand on a affaire à
un récit imaginaire, on y croit. On admet au moins qu’une réalité est possible quand on la voit « réalisée en images ».
S’il y a un langage de l’image, il est plus direct et il parle à tous. Pas besoin d’une longue attention à une série d’arguments.
Pas même besoin de savoir lire (d’où l’importance des cathédrales au Moyen-âge).
De plus on a la conviction naturelle que voir, c’est savoir. Ce sont les première lignes de La Métaphysique d’Aristote qui le
disent : « Tous les hommes désirent naturellement savoir ; ce qui le montre, c’est le plaisir causé par les sensations, car, en
dehors même de leur utilité, elles nous plaisent par elles-mêmes, et, plus que toutes les autres, les sensations visuelles. En
effet, non seulement pour agir, mais même lorsque nous ne nous proposons aucune action, nous préférons, pour ainsi dire, la
vue à tout le reste. La cause en est que la vue est, de tous nos sens, celui qui nous fait acquérir le plus de connaissances et
nous découvre une foule de différences. ».
On peut souligner encore que l’image est un moyen de comprendre. Le discours du professeur doit être imagé pour être
compris. L’élève doit pouvoir mettre en image ce qu’il veut apprendre pour bien le comprendre. D’où le recours à l’exemple.
Mais c’est vrai aussi des matières les plus abstraites. On peut « photographier mentalement » une équation ou une idée. Il y a
une intelligence intuitive qui peut aider l’intelligence discursive en désignant directement ce qu’il faut viser ou comprendre
dans une longue démonstration, dans un long discours.
En somme l’image est indispensable. C’est pourquoi l’on dit souvent qu’on ne croit que ce que l’on voit. On dit de même : « il
faut le voir pour le croire ». C’est confirmé par l’avidité de l’image pour la diffusion de l’information. On parle beaucoup moins
de ce dont on n’a pas d’images. C’est renforcé encore par l’usage publicitaire de l’image. Et l’orateur ? Cicéron
n’encourage-t-il pas à finir sa péroraison en brandissant un objet, ou en désignant quelque chose ou quelqu’un qui puisse
achever le discours sur un silence éloquent qui laisse une image mémorable dans l’esprit de l’auditeur ?
Alors si faire voir, c’est faire croire, ne risque-t-on pas, plus encore qu’avec le discours, de confondre l’image avec la réalité ?
Soigner son image, pour une star ou un homme politique, n’est-ce pas distinguer l’apparence de la réalité en faisant croire que
la réalité est entièrement contenue dans l’apparence ? Et les mots, les discours, se mettent au service de l’image qui prétend
montrer le réel alors qu’elle n’est qu’un simulacre, quelque chose qui ressemble au réel mais qui ne renvoie à rien de réel.