parlementaires a été inventée par les Bonaparte. La méthode autoritaire est
aussi ancienne que notre royauté ; Henri IV, Louis XI, Charles VII, Charles
V, n’ont pas mal su réaliser, en leur temps, des opérations de police plus ou
moins rudes. Sans compter Louis XIV, dont la cravache a bien sifflé sur un
tas de robins !
Seulement voici la différence : les coups d’État royaux servaient à quelque
chose, ils assuraient l’ordre et la prospérité pour longtemps. Les coups d’État
bonapartistes, ou n’ont rien fondé. Celui de 1851 ramena, dès 1860, au
vomissement parlementaire et libéral. Celui de 1799 a créé le régime qui
démembra la famille rurale et ruina la vie locale. C’est par les résultats que
se juge une politique.
Nous ne serions pas des nationalistes si nous n’étions sensibles à la
splendide histoire militaire du premier Empire, à ce beau son français des
grands titres de Marengo et d’Austerlitz, d’Iéna et de Wagram, cas où
jamais de répéter : « Tout ce qui est national est nôtre. » En tant que
chose française l’empereur est à nous. Il est à nous par Choiseul qui acquit
sa Corse natale, par Brienne où le jeune officier s’instruisit ; il est aussi à
nous par les puissances de toute sorte tirées d’un sol que nos rois ont unifié,
mais qu’ils n’ont pas créé de rien. En l’écrivant, je reste dans la véritable
tradition royaliste. Joseph de Maistre se réjouissait des succès des armes de
la Révolution et de l’Empire, car c’étaient des armes françaises. Qu’est-ce
qui nous empêche de faire comme lui ?
Oui, ce fut un très grand général. Cela s’enseigne encore à l’Institut
d’Action française, mais nos professeurs n’omettent pas d’ajouter que ce
grand chef est mort. La France ne peut plus faire appel à ses talents. Sa mort
certaine est aussi fâcheuse pour la France que l’a été sa vie de souverain qui
ne servait que lui.
C’était un homme d’énergie et d’imagination. Mais il est mort. Il était
actif, pénétrant, rapide dans ses conseils, foudroyant dans l’exécution. Il est
mort. Quand on écraserait sa tombe de tous les adjectifs, aucun ne l’en
éveillerait. Il est mort. Cet homme de guerre a tenu, brillamment après bien
d’autres, mieux que personne, l’épée de la France, il n’en est pas moins mort
et toute la rhétorique du monde ne nous le rendra point. Les hommages
rendus à cette épée brillante sont des ingrédients du patriotisme, ils versent
de la force dans le cœur de chacun de nous ; mais ils y verseraient une
lamentable faiblesse s’ils nous faisaient perdre de vue la différence entre ses
guerres à la gauloise, qui ne produisent que la fumée dorée de la gloire, et
les guerres fécondes, les guerres-mères, les grandes guerres génératrices qui
fondent, consolident, protègent ou étendent le domaine de la patrie.
Après l’énorme dépense morale et physique représentée par tant de
campagnes, ce grand homme a laissé la France plus petite qu’il ne l’avait
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