152 Gaston
Mialaret
l'évolution
de la notion : on en est
encore
à la
notion
de science au
singulier;
on
commence
à
accepter
l'idée
de la
possibilité
d'étudier les
faits
éducatifs
d'une
manière
scientifique
;
cette
nouvelle science a des
relations
privilégiées
avec
la psychologie et la
sociologie.
C'est
en 1912 que la
mutation
s'opère.
Depuis
1906,
Edouard
Claparède,
médecin
puis
psychologue,
dirigeait
à
l'Université
de
Genève
un
séminaire de psychologie
pédagogique
;
c'est
au
cours de ces séances de
travail
qu'il est
amené
à
lire
Rousseau
et à forger un
nouveau
concept
:
celui
des « sciences de l'éducation »,
le mot « sciences » étant explicitement
utilisé
au
pluriel.
C'est
ainsi
que le 21 octobre 1912
(pour
la
première
fois
à notre connaissance),
est créé un
Institut
de sciences de l'éducation.
L'expression
est née et
nous
allons
voir, au
cours
des
années,
comment
elle
s'est
enrichie.
A
ses
débuts,
l'extension
du concept ne
recouvrait que la psychologie, la
sociologie,
l'histoire
et la philosophie de l'éducation. Il a
fallu
attendre une
réflexion
plus
approfondie
sur
la notion d'éducation
pour
voir le concept
s'enrichir
et devenir ce qu'il est
aujourd'hui.
Les
extensions
du
concept
d'éducation
Le
concept d'éducation a
perdu
la
simplicité
relative
qu'il
avait
jadis
;
limitée
à une période
réduite de la vie (la période
scolaire
en
général),
ne s'adressant qu'à une action sur
l'individu
(principalement une action sur
l'intelligence)
et à l'apprentissage, la notion
d'éducation
a, au cours du dernier demi-siècle,
littéralement
explosé.
On
peut relever
trois
types au
moins
d'ex-
tension :
La
première
extension porte sur l'âge des
sujets
auxquels
s'applique l'éducation. Limitée
jadis
à une période
allant
globalement
de six à
douze
ans,
l'éducation
commence
à la naissance
et se poursuit tout au long de la vie. Le
développement
de l'éducation
dite
« présco-
laire
»,
d'un
côté, l'éducation
permanente,
de
l'autre, en
témoignent
;
on
assiste
même,
main-
tenant,
avec les «
universités
du
troisième âge »,
à
une extension qui
nous
conduit
presque
jusqu'aux
limites
de la
mort.
Il est évident que
la
compréhension
du concept d'éducation
n'est
pas
la
même
à ces différentes,périodes de notre
vie.
La
seconde
extension de la notion
d'éduca-
tion
est
celle
qui
nous
conduit à la notion de ce
que
les sociologues ont appelé «
l'école
paral-
lèle
».
Nous
savons
maintenant
que
l'institu-
tion
scolaire
n'est
plus la
seule
source du savoir
ou
des savoirs.
L'enfant
et l'adolescent
appren-
nent
beaucoup
de choses en
dehors
de
l'école
et
acquièrent
une
très
riche expérience
ainsi
que
des
savoirs
diversifiés.
Certains auteurs ont
voulu
essayer de préciser les
pourcentages
rela-
tifs
des connaissances acquises à
l'école
et de
celles
acquises
ailleurs.
L'important
est de
savoir que ces éducations
différentes
ne sont
pas
tout à
fait
de
même
nature,
quels
que
soient
les points
communs
qui
peuvent
exister
entre
elles.
Ici
encore,
une étude
approfondie
de
cette
situation
devrait
prendre
en considération
les
problématiques
et les méthodologies
diffé-
rentes qui ont cours
dans
chacun
des
domaines.
Notre
dernier demi-siècle
assiste
aussi à
une
autre extension :
celle
des
domaines.
de
l'éducation. A l'éducation,
très
souvent
limitée
aux
processus
intellectuels
(le «
fort
en
thème
»
opposé
péjorativement au «
fort
en gym »),
s'est
substituée la notion de
formation
de tous
les aspects de la personnalité de
l'élève
:
intel-
lectuels,
affectifs,
sociaux,
moteurs.
Il en est
découlé
une
prise
de conscience de
l'impor-
tance
de toutes les
disciplines
et de
l'égale
dignité
de toutes les matières. La
conséquence
en
est,
pour
prendre
l'exemple
de la
France,
la
variété
des « baccalauréats » ou des
examens
de
fin du
cycle
secondaire. Il est aussi bien
évident
que
les analyses
scientifiques
d'enseigne-
ments
tels
que la
littérature,
le dessin ou
l'éducation
physique
ne rencontrent pas exacte-
ment
les
mêmes
problèmes
méthodologiques.
Une
autre modification est
apparue
à la
suite
de
travaux
divers, en
particulier
de
ceux
des
psychologues de la vie
sociale.
Le
modèle
classique de Socrate enseignant à
l'esclave
de
Ménon
ou le
modèle
du
maître
enseignant à un
groupe
d'élèves ne sont plus les
seuls
que
considèrent aussi bien les
chercheurs
que les
praticiens. Des
formes
nouvelles d'action
péda-
gogique
sont
apparues
:
travail
par
groupe,
tutorat,
individualisation
du
travail
(dont
l'en-
seignement
assisté
par ordinateur constitue une
excellente
illustration),
etc.
On
peut dire aussi que, lorsqu'on parle