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Examen rare complémentaire
Examen rare complémentaire
Act. Méd. Int. - Neurologie (3) n° 8, octobre 2002
suppresseur. Cette hypothèse reste à
confirmer.
Les patients présentant une ataxie
cérébelleuse et des anticorps anti-
GAD sont rares. Moins d’une ving-
taine de cas ont été rapportés dans la
littérature, mais la présentation cli-
nique est très stéréotypée, suggérant
un syndrome particulier (4). Il s’agit
majoritairement de femmes (90 %)
avec un âge moyen de 55 ans au début
de la symptomatologie cérébelleuse.
Une histoire familiale de maladie
auto-immune telle que DID ou mala-
dies thyroïdiennes est fréquente (plus
de 50 % des cas). Un diabète insulino-
requérant de début tardif est présent
chez plus de 71 % des patients, et
d’autres maladies auto-immunes,
comme des thyroïdites (hyper- ou
hypothyroïdie), des anémies hémoly-
tiques, des myasthénies, des thy-
momes malins, des psoriasis ou des
maladies cœliaques, ont également été
rapportées. Le syndrome cérébelleux,
essentiellement statique, s’installe en
général progressivement, suggérant
une atteinte dégénérative. Un nystag-
mus et une dysarthrie sont fréquents et
il a également été rapporté une rigidité
d’un membre, suggérant un syndrome
de l’homme raide focalisé, une neuro-
pathie périphérique ou une myasthé-
nie. Le liquide céphalorachidien est en
principe normal pour ce qui est du
taux de protéine ou du nombre de cel-
lules, mais il est important de recher-
cher des bandes oligo-clonales, obser-
vées de façon isolée dans 80 % des
cas. Le scanner et l’IRM encéphalique
montrent généralement une atrophie
cérébelleuse pure et diffuse chez plus
de 50 % des patients. Il n’a jamais été
observé d’atrophie du tronc cérébral.
L’ e xistence de bandes oligo-clonales
dans le liquide céphalorachidien de
ces patients, associée à une synthèse
intrathécale d’anticorps anti-GAD,
ainsi qu’à la présence anormalement
élevée d’anticorps spécifiques d’or-
ganes et de maladies auto-immunes,
distingue clairement ces patients des
autres qui présentent une ataxie céré-
belleuse sporadique, et suggère forte-
ment l’implication du système immu-
nitaire dans la survenue de l’ataxie
cérébelleuse. De plus, le fait que cer-
tains patients ont un syndrome de
l’homme raide focalisé, associé à
l’ataxie, suggère que ces deux patho-
logies ont des mécanismes physiopa-
thologiques communs. Comme dans le
syndrome de l’homme raide, le taux
d’anticorps anti-GAD est particulière-
ment élevé et l’épitope reconnu est
différent de celui des patients diabé-
tiques. Les anticorps pourraient égale-
ment jouer un rôle direct dans la sur-
venue de l’ataxie, puisqu’il a été
démontré que le sérum de ces patients
ataxiques pouvait supprimer sélective-
ment la transmission GABA-ergique
sur des coupes de cervelet de rat (10).
De plus, ces patients seraient sensibles
à un traitement par veinoglobulines
(11).
Des taux élevés d’anticorps anti-GAD
ont également été rapportés chez des
patients présentant une épilepsie
réfractaire (12) ou des rétinopathies
(13), mais ces observations sont trop
rares, à l’heure actuelle, pour pouvoir
affirmer qu’il ne s’agit pas d’associa-
tions liées au hasard.
Conclusion
L’association d’un trouble neurolo-
gique et d’anticorps anti-GAD est
rare. Leur recherche est néanmoins
indispensable chez des patients pré-
sentant un syndrome de l’homme
raide ou une ataxie cérébelleuse spora-
dique, surtout s’il existe des antécé-
dents familiaux ou personnels de
maladies auto-immunes. Leur pré-
sence est un argument important pour
évoquer une origine auto-immune à la
survenue des troubles et proposer un
traitement immuno-modulateur.
Néanmoins, l’interprétation du résul-
tat du dosage devra être rigoureuse.
Seuls les taux élevés pourront être
retenus, les taux faibles pouvant être
liés à l’existence d’un diabète latent,
très fréquent dans la population géné-
rale.
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