C’est ainsi que pour les musulmans la réussite de cette mission dépend en grande partie de la
délité au message de l’Islam. De ce fait, l’Islam est la référence majeure pour les musulmans
et le pouvoir législatif n’appartient à personne d’autre qu’à Allah, comme indiqué dans de
nombreux versets dans le Coran, comme par exemple : « Le jugement n’appartient qu’à Allah»
(Le Coran, 3:57) et: «C’est Allah qui juge et personne ne peut reconsidérer Son jugement, et Il
est prompt à régler les comptes » (Le Coran, 13:41).
Néanmoins, si la religion est «un exposé de toute chose» et que, par conséquent, l’autorité
législative n’appartient qu’à Dieu seul, le champ qui est réservé à la raison humaine reste très
grand, puisque l’humain ne fut doté d’une raison que pour porter la responsabilité de la gestion
de sa vie, comme on le lit dans le Coran: «Nous avions proposé la responsabilité aux cieux, à la
terre et aux montagnes. Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est
chargé ; car il est très injuste et très ignorant.» (Le Coran, 33:72).
Par ailleurs, même si la révélation est venue mettre en évidence toute chose, cela ne veut pas
dire que toute chose l’est de manière détaillée: ainsi la plupart des textes de l’Islam renferment
des principes généraux qui ne traitent pas des détails ou des modalités spéciques de leur
application. Les seules prescriptions détaillées sont celles qui ne peuvent subir l’inuence du
temps ou de l’espace et sont applicables dans tout contexte, comme les prescriptions concernant
le crédo (ʾaqīdah), les adorations cultuelles (ʾibādāt) et les questions familiales.
Cette caractéristique de l’Islam (la généralité des principes) garantit son adaptation et son
applicabilité à toute époque et en tout lieu. Si les modalités d’application de la plupart des
principes avaient été dénis de manière détaillée, l’Islam aurait perdu son caractère universel
et son application n’aurait plus été possible avec l’évolution des époques et des lieux. Les détails
et les modalités d’application de la plupart des prescriptions relèvent donc de l’idjtihād (travail
d’interprétation et d’application des textes), qui sera fait à la lumière des principes généraux
de l’Islam, en adéquation avec les circonstances et les spécicités concrètes du contexte. C’est
pour cette raison que le Prophète (paix et bénédiction sur lui) a dit: «Allah vous a imposé des
obligations, ne les négligez pas, Il a mis des limites, ne les dépassez pas. Il a rendu certaines
choses illicites, ne violez pas ces interdits; Il s’est abstenu de se prononcer sur d’autres par
miséricorde pour vous et non par oubli, alors ne les recherchez pas.»1
L’interdiction de rechercher les choses sur lesquelles Dieu s’est abstenu de se prononcer est
limitée à l’époque de la Révélation, comme indiqué par Ibn Ḥajar (1448-1372 G) et d’autres
savants,2 car le questionnement des principes lors de l’époque de la Révélation risquait de
(1) Al-Daraquṭni Sunan (Beyrouth: Muʿassasat al-Risālah, 2004), hadith 4445; Al-Bayhaqī, Al-Sunan Al-Kubra (Bey-
routh: DKI, 2003), hadith 20217; et jugé bon (ḥasan) par Al-Albānī dans sa révision de Kitāb Al-Imān de Ibn Taymiyah
(Beyrouth: al-Maktab al-Islamī, 1993), 44.
(2) Voir: Ibn Ḥajar, Fatḥ al-Bārī (Beyrouth: Dār al Mrifah, 1959), 20/340.
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