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Correspondances en Nerf & Muscle - Vol. II - n° 1 - octobre 2004
Fiche à détacher et à archiver
Déficit moteur isolé des releveurs
du pied : intérêt de l’étude
des muscles courte portion du biceps
et jambier postérieur
T. Maisonobe, P. Bouche
(service d’explorations fonctionnelles neurologiques,
GH de la Pitié-Salpêtrière, Paris)
Un patient de 43 ans présente depuis
8jours un déficit isolé des releveurs du
pied gauche. Il n’a aucun antécédent
notable, pas de douleur ni de paresthé-
sie. Aucune circonstance particulière ne
peut expliquer la paralysie.
L’examen permet de constater un déficit
électif des releveurs du pied gauche :
jambier antérieur, extenseur des orteils et
pédieux. Les autres muscles testés sont
normaux, notamment les péroniers laté-
raux, la loge postérieure de jambe et les
muscles de la cuisse (faces antérieure et
postérieure). Le côté controlatéral est
normal. Il n’y a pas de déficit sensitif dans
le territoire des nerfs sciatiques poplités
externe (nerf musculo-cutané) et interne
ou dans un territoire radiculaire. Les réflexes
rotuliens et achilléens sont normaux des
deux côtés.
Les trois diagnostics évoqués sont : une
atteinte partielle (nerf tibial antérieur) du
nerf SPE, une atteinte radiculaire L4-L5 ou
une atteinte du tronc du nerf sciatique
n’intéressant que le contingent SPE du
nerf.
L’examen électroneuromyographique
(ENMG) est alors réalisé afin de trancher
entre ces trois diagnostics principaux
(d’autres diagnostics sont théoriquement
possibles tels qu’une forme débutante de
maladie de motoneurone, une affection
musculaire primitive ou une atteinte cen-
trale).
L’examen électromyographique effectué à
l’aide d’une aiguille électrode concentrique
confirme l’atteinte neurogène périphérique
des muscles jambier antérieur, extenseur
des orteils et pédieux à gauche. Les tracés
d’effort sont très nettement appauvris avec
sommation temporelle. Au repos, il n’y a
pas d’activité spontanée anormale dans
les muscles atteints. L’examen des autres
muscles, notamment les péroniers latéraux,
la loge postérieure de jambe, les muscles
controlatéraux et le muscle quadriceps, est
normal.
L’étude de la conduction nerveuse motrice
montre une vitesse de conduction normale
sur le pédieux et le jambier antérieur, sans
ralentissement au col du péroné, sans bloc
de conduction. L’amplitude du potentiel
évoqué musculaire sur le pédieux et le
jambier antérieur est réduite à gauche. La
conduction motrice et l’amplitude distale
sont normales à droite. L’étude du nerf
sciatique poplité interne est également
normale.
Les potentiels sensitifs des nerfs musculo-
cutanés (nerf sciatique, nerf SPE et racine
L5) et saphènes externes (nerf sciatique,
nerf SPI et racine S1) sont normaux des
deux côtés.
Ainsi, l’atteinte isolée des releveurs du
pied peut répondre à une atteinte radicu-
laire L4-L5, puisque le potentiel sensitif
correspondant à L5 est normal. Il peut
s’agir également d’une atteinte partielle
du tronc du nerf sciatique, qui, le plus sou-
vent, intéresse la part SPE du tronc ; mais
l’absence d’altération des potentiels sen-
sitifs n’est pas un argument favorable –
bien que l’atteinte ne date que de huit
jours –, et les potentiels peuvent décroître
à partir du huitième jour. Enfin, le dia-
gnostic le plus probable avec l’atteinte
radiculaire est l’atteinte isolée de la
branche tibiale antérieure du nerf SPE.
Il paraît intéressant dans cette approche
diagnostique de tester certains muscles
qui ne sont généralement pas étudiés en
routine et qui permettent de mieux situer
la lésion. Il s’agit du muscle jambier pos-
térieur innervé par le nerf SPI et la
racine L5. Ainsi, dans le cas de radiculopa-
thie L5, il est habituellement atteint alors
qu’il ne l’est pas dans une atteinte du SPE.
Il s’agit aussi du muscle courte portion du
biceps appartenant aux muscles ischio-
jambiers innervé par le SPE mais au-des-
sus du genou (il est issu du tronc du nerf
sciatique dans la cuisse) ce qui permet, s’il
est atteint, d’éliminer une lésion du nerf
SPE au col du péroné.
Chez le patient, ces deux muscles étaient
normaux à l’examen EMG évoquant ainsi
une lésion partielle du SPE : lésion isolée
du nerf tibial antérieur puisque l’atteinte
radiculaire L5 était écartée avec une atteinte
située plus en haut (cuisse par le nerf scia-
tique) également.
L’IRM confirmait l’atteinte du nerf tibial
antérieur due à un kyste mucoïde.
T
ECHNIQUE D
EXAMEN DU MUSCLE
JAMBIER POSTÉRIEUR
(figures 1-3)
Le muscle jambier postérieur est inner
par le nerf SPI et par les racines L5 S1 avec
une large prédominance L5. Sa mise en
fonction entraîne une inversion du pied,
celui-ci étant au préalable en dorsiflexion.
Le patient est en décubitus dorsal. La jambe
semi-fléchie en légère rotation externe.
L’aiguille est insérée à un travers de doigt
du bord interne du tibia, cinq travers de
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Fiche à détacher et à archiver
doigts en dessous de la tubérosité du pla-
teau tibial. L’aiguille est orientée oblique-
ment de telle façon qu’elle pénètre sous le
tibia en passant à travers le muscle
soléaire et le long fléchisseur des orteils. Si
l’insertion est trop superficielle, elle est
dans le soléaire ou le long fléchisseur des
orteils. Si elle est trop profonde, elle est
dans le muscle jambier antérieur.
La manœuvre consiste à demander au patient
d’effectuer une inversion contre résistance
du pied.
T
ECHNIQUE D
EXAMEN DE LA COURTE
PORTION DU BICEPS
(figures 4, 5)
La courte portion du biceps est innervée
par le nerf sciatique poplité externe par
une branche collatérale issue du tronc du
nerf sciatique au-dessus du creux poplité
et par les racines L5 et S1.
Le patient est en décubitus ventral, la jambe
fléchie à 10°. L’aiguille est insérée en dedans
du tendon de la longue portion du biceps à
quatre travers de doigts au-dessus de la
tête du péroné. Si l’aiguille est insérée à un
niveau trop interne, elle est dans le semi-
membraneux. Si elle est trop latérale, elle est
dans la longue portion du biceps fémoral.
La manœuvre consiste à fléchir la jambe
sur la cuisse contre résistance.
Figure 1. Coupe transversale jambe.
Tibia
Jambier postérieur
Soléaire
Long fléchisseur
des orteils
Figure 2. Jambier postérieur. Insertion de
l’aiguille.
Figure 4. Courte portion du biceps. Insertion
de l’aiguille.
Figure 3. Jambier postérieur. Inversion du pied
contre résistance. Figure 5. Courte portion du biceps. Flexion
de la cuisse contre résistance.
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