Conscience et existence, la conscience comme sens de l`existence

CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
CONSCIENCE ET EXISTENCE
La conscience comme sens de l’existence
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-162
CONSCIENCE ET EXISTENCE
La conscience comme sens de l’existence
conférence d’Éric Lowen donnée le 28/11/2009
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Quelles relations entre la conscience et l’existence dans la condition humaine ? Être humain,
c’est être conscient de soi. C’est l’élévation de la conscience de soi qui permet de passer de
la vie biologique, subie et passive, à l’existence, la véritable “vie humaine”. Pour être
“humain”, il faut être conscient d’être humain. La conscience comme préalable de l’existence,
l’existence comme expression de la conscience humaine.
Association Aldéran © - Conférence 1600-162 : “Conscience et existence” - 24/03/2004 - page 2
CONSCIENCE ET EXISTENCE
La conscience comme sens de l’existence
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Il n'y a pour une conscience qu'une façon d'exister,
c'est d'avoir conscience qu'elle existe.
Jean-Paul Sartre (1905-1980)
L'imagination
I PRÉAMBULE SUR LA QUESTION DE L’EXISTENCE
1 - La question de l’existence, une très ancienne notion philosophique
2 - La longue domination des philosophies de l’Essence
3 - Le début de leur contestation par des philosophies de l’Existence
4 - Des théories, de magnifiques théories ... mais de la mauvaise philosophie
5 - La libération de la métaphysique permet de dépasser le couple classique Essence/Existence
6 - La sortie de la métaphysique permet d’éclairer l’essence réelle de l’homme : la nature humaine
7 - Le retour à la question de l’existence, l’Être Humain en acte dans le temps
II L’EXISTENTIALITÉ, UNE SPÉCIFICITÉ DE L’ÊTRE HUMAIN
1 - À la différence des autres animaux, notre nature humaine fonde l’existentialité
2 - L’animal ne se pose pas de questions sur sa vie ou sur la vie : il vit
3 - Alors que l’homme doit penser sa vie pour construire sa vie
4 - L’absence des instincts ou d’idées innées dans l’homme
5 - La quasi-impossibilité d’une forme de vie autarcique et auto-suffisante
6 - L’émergence de l’existentialité : la question de l’existence et des problèmes existentiels
III LA NOTION D’EXISTENCE
1 - La notion d’existence : “ex-sistere”
2 - L’extension de l’être dans le temps et l’espace, dans la confrontation au non-soi
3 - L’existence, c’est être-dans-le-monde en étant conscient de son existence
4 - L’existence, sortir de sa subjectivité et de sa bulle égocentrique
5 - Exister est une manière de se transcender et de s’éveiller à la transcendance du réel
6 - Exister, c’est prendre le risque de l’aventure d’Être
7 - Existence et liberté, la liberté de notre existence
8 - L’existence dépend de la responsabilité de l’individu, elle est liée à l’individualité
IV LA CONSCIENCE, OU ÊTRE AVEC LA CONNAISSANCE D’ÊTRE
1 - La notion de conscience : “cum-scire” : “savoir avec”
2 - Nous ne naissons à l’existence qu’avec la conscience de soi : l’éveil cartésien
3 - La conscience de soi permet de dépasser la vie primaire, passive, biologique et instinctive
4 - Exister, c’est toujours une conscience du non-soi et du plus-grand-que-soi
5 - La conscience comme condition préalable à l’existence
6 - La corrélation qualitative de la conscience et de l’existence
7 - Plus la conscience s’éveille et s’élève, plus notre existence gagne en intensité et profondeur
8 - Tout comme l’existence est le champ d’expression de la conscience humaine.
V CONCLUSION
1 - La conscience comme sens de l’existence
2 - Toute philosophie se doit d’exalter la conscience et l’existence
3 - La philosophie comme voie d’éveil et d’une meilleure existentialité
ORA ET LABORA
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Document 1 : Essence et existence, un couple conceptuel inséparable.
Le mot existence implique en effet une très ancienne contrepartie que dit un autre mot :
le mot essence. En réalité, c'est même plutôt le mot essence qui est premier. Essentia,
c'est la transposition directe sur le plan nominal du verbe, esse : être. Les Latins, quand il
leur arrivait de philosopher, c'est-à-dire de méditer sur ce qui est, parlaient, nous le
savons par Sénèque, d'essence plutôt que d'existence. En latin, le mot existentia est un
vocable très tardif. Non pas sans doute le verbe existere. Mais il ne signifie pas du tout
exister. Existere c'est d'abord sortir : sortir d'un domaine, d'une maison, d'une cachette -
c'est, ensuite et par extension, se montrer. [...]
Le mot essentia, qui, à l'origine, disait l'être lui-même, s'est de plus en plus spécialisé
dans la tâche de dire ce que sont les choses, par opposition au fait qu'elles sont. Ce
qu'est une chose, c'est la manière dont on peut en donner une définition qui la distingue
spécifiquement des autres choses en l'identifiant à elle-même. Mais, quelque parfaite que
soit la définition, elle paraît généralement laisser en suspens l'existence de ce qu'elle
définit. Elle nous laisse, comme on dit, au niveau du possible. Reste à passer du possible
à l'être. C'est dans ce contexte que va se faire jour la nécessité d'un autre mot dont la
fonction sera de dire ce que le mot essence dit de moins en moins, et cet autre mot sera
de plus en plus celui qui, à l'origine, voulait plutôt dire sortir, provenir de, se montrer, se
manifester, c'est-à-dire le mot existence.Jean Beaufret (1907-1982)
Introduction aux philosophies de l'existence, 1971
Document 2 : Et si la caverne ce n’était pas le monde, mais soi ? Alors, pour s’éveiller à soi, à la vie et au
monde, il faut sortir de soi, donc au sens littéral : exister ! Revisitons l’allégorie de la caverne de Platon.
- Maintenant, repris-je, représente-toi de la façon que voici l'état de notre nature
relativement à l'instruction et à l'ignorance. Figure-toi des hommes dans une demeure
souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la
lumière ; ces hommes sont depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de
sorte qu'ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de
tourner la tête ; la lumière leur vient d'un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ;
entre le feu et les prisonniers passent une route élevée : imagine que le long de cette
route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes
dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles.
- Je vois cela, dit-il.
- Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute
sorte, qui dépassent le mur, et des statuettes d'hommes et d'animaux, en pierre, en bois,
et en toute espèce de matière ; naturellement, parmi ces porteurs, les uns parlent et les
autres se taisent.
- Voilà, s'écria-t-il, un étrange tableau et d'étranges prisonniers.
- Ils nous ressemblent, répondis-je ; et d'abord, penses-tu que dans une telle situation ils
aient jamais vu autre chose d'eux-mêmes et de leurs voisins que les ombres projetées
par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ?
- Et comment ? observa-t-il, s'ils sont forcés de rester la tête immobile durant toute leur
vie ?
- Et pour les objets qui défilent, n'en est-il pas de même ?
- Sans Contredit.
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- Si donc ils pouvaient s'entretenir ensemble ne penses-tu pas qu'ils prendraient pour des
objets réels les ombres qu'ils verraient ?
- Il y a nécessité.
- Et si la paroi du fond de la prison avait un écho, chaque fois que l'un des porteurs
parlerait, croiraient-ils entendre autre chose que l'ombre qui passerait devant eux ?
- Non, par Zeus, dit-il.
- Assurément, repris-je, de tels hommes n'attribueront de réalité qu'aux ombres des
objets fabriqués.
- C'est de toute nécessité.
- Considère maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les délivre de leurs
chaînes et qu'on les guérisse de leur ignorance. Qu'on détache l'un de ces prisonniers,
qu'on le force à se dresser immédiatement, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux
vers la lumière : en faisant tous ces mouvements il souffrira, et l'éblouissement
l'empêchera de distinguer ces objets dont tout à l'heure il voyait les ombres. Que crois-tu
donc qu'il répondra si quelqu'un lui vient dire qu'il n'a vu jusqu'alors que de vains
fantômes, mais qu'à présent, plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il
voit plus juste ? si, enfin, en lui montrant chacune des choses qui passent, on l'oblige, à
force de questions, à dire ce que c'est ? Ne penses-tu pas qu'il sera embarrassé, et que
les ombres qu'il voyait tout à l'heure lui paraîtront plus vraies que les objets qu'on lui
montre maintenant ?
- Beaucoup plus vraies, reconnut-il.
- Et si on le force à regarder la lumière elle-même, ses yeux n'en seront-ils pas blessés ?
n'en fuira-t-il pas la vue pour retourner aux choses qu'il peut regarder, et ne croira-t-il pas
que ces dernières sont réellement plus distinctes que celles qu'on lui montre ?
- Assurément.
- Et si, repris-je, on l'arrache de sa caverne par force, qu'on lui fasse gravir la montée
rude et escarpée, et qu'on ne le lâche pas avant de l'avoir traîné jusqu'à la lumière du
soleil, ne souffrira-t-il pas vivement, et ne se plaindra-t-il pas de ces violences ? Et
lorsqu'il sera parvenu à la lumière, pourra-t-il, les yeux tout éblouis par son éclat,
distinguer une seule des choses que maintenant nous appelons vraies ?
- Il ne le pourra pas, répondit-il ; du moins dès l'abord.
- Il aura, je pense, besoin d'habitude pour voir les objets de la région supérieure. D'abord
ce seront les ombres qu'il distinguera le plus facilement, puis les images des hommes et
des autres objets qui se reflètent dans les eaux, ensuite des objets eux-mêmes. Après
cela, il pourra, facilement pendant la nuit les corps célestes et le ciel lui-même, que
pendant le jour le soleil et sa lumière.
- Sans doute.
- À la fin, j'imagine, ce sera le soleil - non ses vaines images réfléchies dans les eaux ou
en quelque autre endroit - mais le soleil lui-même à sa vraie place, qu'il pourra voir et
contempler tel qu'il est.
- Nécessairement, dit-il.
- Après cela il en viendra à conclure au sujet du soleil, que c'est lui qui fait les saisons et
les années, qui gouverne tout dans le monde visible, et qui, d'une certaine manière, est la
cause de tout ce qu'il voyait avec ses compagnons dans la caverne. Platon (-428,- 347)
La république, CH. VII
Document 3 : La question de l’existentialité, c’est le passage d’une vie simple, non pensée, inconsciente
d’elle-même, à une vie la conscience se pense désormais elle-même (c’est la naissance de la
conscience de soi).
C’est pourquoi l’animal n’a qu’une vie simple, et l’homme une vie double : chez l’animal la
vie intérieure se confond avec la vie extérieure, l’homme au contraire possède une vie
intérieure et une vie extérieure. La vie intérieure de l’homme, c’est sa vie dans son
rapport à son espèce, à son essence. Quand l’homme pense, il s’entretient et parle avec
lui-même. L’animal ne peut accomplir aucune fonction générique sans le secours d’un
autre individu extérieur à lui ; l’homme au contraire peut accomplir la fonction générique
de la pensée, de la parole car penser et parler sont d’authentiques fonctions
génériques sans le secours d’un tiers. L’homme est pour lui-même, à la fois je et tu ; et
s’il peut se mettre lui-même à la place de l’autre, c’est précisément qu’il a pour objet son
espèce et son essence, et pas seulement son individualité. Ludwig Feuerbach (1804-1872)
L’Essence du christianisme
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