7
MAI 2012
ECONOTE
Société Générale
Département des Études économiques
CHINE : INVESTISSEMENTS DIRECTS A LETRANGER :
BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN
Les investissements directs chinois à l’étranger (IDE) sont un
phénomène rapide et croissant. Leur volume a quintuplé au cours des cinq
dernières années pour atteindre 317 Mds USD en 2010.
Cette évolution suscite de nombreuses inquiétudes, notamment de
la part des économies occidentales dès lors que la Chine n’est plus
considérée comme un pays qui se contente d’investir passivement dans des
bons du Trésor américains mais comme une puissance économique
cherchant à prendre un contrôle actif d’entreprises étrangères dans des
secteurs stratégiques.
Cependant, la répartition géographique et sectorielle des IDE chinois
montre qu’ils restent concentrés essentiellement à Hong Kong et dans le
secteur des services à l’exportation, ce qui illustre le rôle de plateforme
commerciale, logistique, et financière de Hong Kong pour les exportations
chinoises.
Les motivations économiques et politiques des IDE chinois
suggèrent que : (i) Hong Kong restera la destination principale des IDE
chinois et (ii) la pénétration des économies occidentales posera encore de
sérieux défis et résultera d’un processus de long terme.
0
50
100
150
200
250
300
350
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Mds USD
Sources: MOFCOM, SG
CHINE: STOCK D'INVESTISSEMENTS DIRECTS A L'ETRANGER
Meno MIYAKE
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Sopanha SA
+33 1 58 98 76 31
ECONOTE | N°7 MAI 2012
2
Les investissements directs chinois à l’étranger (IDE)
sont un phénomène rapide et récent, suscitant parfois
l’inquiétude des économies d’accueil. Cependant, une
analyse plus approfondie de leur répartition
géographique et sectorielle, mais également des
raisons économiques et politiques qui motivent ces
flux, permet de comprendre que l'impact de ces IDE
chinois reste encore faible à l’échelle mondiale.
LES FLUX D’IDE CHINOIS SONT EN
FORTE HAUSSE...
Le stock d’IDE chinois a augmenté rapidement pour
atteindre 317 Mds USD en 2010, contre 57 Mds USD
en 2005 (graphique de la première page). En termes de
flux, la Chine est devenue au cours de la dernière
décennie le cinquième investisseur mondial à l’étranger
alors qu’elle était encore au dix-huitième rang il y a à
peine cinq ans (Tableau 1).
Rang Pays Mds USD % total Rang Pays Mds USD % total
1Pays Bas 123,1 14,0 1Etats-Unis 328,9 24,9
2France 115,0 13,0 2Allemagne 104,9 7,9
3Royaume-Uni 80,8 9,2 3France 84,1 6,4
4Allemagne 75,9 8,6 4Hong Kong 76,1 5,7
5
Suisse
51,1
5,8
5
Chine
68,0
5,1
6Japon 45,8 5,2 6Suisse 58,3 4,4
7
Espagne
41,8
4,7
7
Japon
56,3
4,3
8Italie 41,8 4,7 8Russie 51,7 3,9
9
Belgique
32,7
3,7
9
38,6
2,9
10 Suède 27,7 3,1 10 Belgique 37,7 2,9
18
Chine
12,3
1,4
Sources: MOFCOM, SG
TABLEAU 1: ORIGINE DES FLUX D'INVESTISSEMENTS DIRECTS A l' ETRANGER
2005 2010
Toutefois, la réalité des chiffres démontre que les IDE
chinois occupent une place marginale à l'échelle
mondiale. Par rapport aux autres pays BRIC, le stock
d’IDE chinois est le plus faible et ne comptait en 2010
que pour 5 % du PIB (Russie 29 %, Brésil 9 %, et Inde
6%). Les IDE chinois font également pâle figure par
rapport à la seconde place mondiale occupée par la
Chine comme économie récipiendaire d’IDE (derrière
les États-Unis). En 2010, les IDE entrants en Chine ont
atteint 106 Mds USD alors que les IDE sortants ne
dépassaient pas les 68 Mds USD (graphique 1). Entre
1995 et 2004, les IDE chinois n’ont représenté que
0,4 % de l’ensemble des flux mondiaux d’IDE sortants
alors que les flux d’IDE entrants en Chine comptaient
pour 6 % du total des flux mondiaux d’IDE entrants. A
partir de 2005, la Chine a enregistré une véritable
explosion de ces IDE avec une croissance annuelle
moyenne de 33 % entre 2005 et 2010, qui ne
représentaient toutefois que 5 % du total des flux
mondiaux sortants contre 9 % du total des flux
mondiaux entrants.
GRAPHIQUE 1: FLUX
D' INVESTISSEMENTS DIRECTS
ETRANGERS CHINOIS
0
20
40
60
80
100
120
2000 2002 2004 2006 2008 2010
Mds USD
Sortants Entrants
Sources: UNCTAD, SG
En outre, les IDE ne représentent qu’une faible part des
actifs chinois détenus à l'étranger puisqu'ils
atteignaient environ 8 % du total en 2010 (tableau 2).
Les réserves de change comptent encore pour la
majeure partie des actifs détenus à l’étranger,
absorbant près de 70 % du total.
CATEGORIE
Mds USD
Investissements Directs à l'Etranger 317 8
Investissement de Portefeuille
257
6
dont Participation 63 2
Dette 194 5
Autres investissements 638 15
dont Prêts
117
3
Crédits Commerciaux
76
2
Reserves 2 914 71
dont Réserves de Change
2 847
69
TOTAL 4 126 100
Sources: SAFE, SG
TABLEAU 2: ACTIFS ETRANGERS, 2010
Enfin, les flux d’IDE sortants de Chine restent à la traîne
par rapport au rythme de croissance économique du
pays et à sa place dans les échanges commerciaux
internationaux. Dépassant le Japon, la Chine est
devenue le plus grand pays exportateur au monde en
2009. La même année, elle représentait 9 % des
transactions commerciales internationales et 9,5 % du
PIB mondial. Les IDE chinois sont encore à leur
premier stade de développement et, de toute évidence,
les IDE sortants ont progressé beaucoup plus
lentement que la croissance économique du pays et
que sa place dans l’économie mondiale et les
échanges internationaux.
EN TERMES DE REPARTITION
GÉOGRAPHIQUE ET SECTORIELLE
VENTILATION GÉOGRAPHIQUE
En 2010, 75 % des IDE chinois ont eu pour destination
Hong Kong, les Îles vierges britanniques (IVB) et les Îles
Caïmans (graphiques 2, 3 et 4).
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GRAPHIQUE 2: PRINCIPALES
DESTINATIONS DES IDE CHINOIS
EN STOCK, 2010
0
50
100
150
200
250
Mds USD
Sources: MOFCOM, SG
C’est à Hong Kong que le stock d’IDE chinois est le
plus important, avec 199 Mds USD en 2010, les IVB et
les Îles Caïmans arrivant loin derrière avec
respectivement 23 Mds USD et 17 Mds USD. Ces
chiffres démontrent le rôle majeur des « allers et
retours » et des paradis fiscaux dans la répartition
géographique des IDE chinois. Une grande partie des
IDE chinois à Hong Kong fait l'objet d'« allers et
retours », au cours desquels les entreprises chinoises
conservent une large part de leurs actifs à Hong Kong
pour les transférer soit vers d’autres pays tiers soit vers
la Chine sous la forme d’un nouvel IDE. Plus de 40 %
des IDE chinois à Hong Kong reviennent ainsi en
Chine. Les IVB et les Îles Caïmans jouent
principalement le rôle de paradis fiscaux.
GRAPHIQUE 3: STOCK D'IDE CHINOIS
PAR REGION, 2003
Hong Kong
75%
Etats Unis
2%
Iles Cayman,
IBV
13%
Reste de
l'Asie
6%
Europe
1% Autres
2%
Afrique
1%
Sources: MOFCOM, SG
GRAPHIQUE 4: STOCK D'IDE CHINOIS
PAR REGION, 2010
Hong Kong
63%
Iles Cayman,
IBV
13%
Autres
4%
Afrique
4%
Etats Unis
2%
Europe
5%
Reste de
l'Asie
9%
Sources: MOFCOM, SG
Si l’on exclut Hong Kong et les paradis fiscaux, la
répartition géographique des IDE est plus homogène.
En 2010, l’Afrique a été la principale destination du
stock d’IDE chinois, avec 24 % du total, suivie de
l’Europe (23 %), l’Asie (18 %), l’Amérique du Nord
(15 %), l’Océanie (14 %) et l’Amérique latine (6 %).
GRAPHIQUE 5: STOCK D'IDE CHINOIS
PAR REGION, 2010
(HORS HK ET PARADIS FISCAUX)
Asie
18%
Afrique
24%
Océanie
14%
Europe
23%
Amérique
Latine
6%
Amérique du
Nord
15%
Sources: MOFCOM, SG
Il est intéressant de noter la hausse progressive au
cours des années 2000 des IDE chinois en Afrique qui
représentaient en 2010 un cinquième du total des IDE
chinois. L’Afrique du Sud, principal pays bénéficiaire
des IDE chinois, a attiré 51 % du total d’IDE chinois en
Afrique depuis 2006, dont près de 90 % a concerné
une transaction unique en 2008 avec le rachat par la
Banque industrielle et commerciale de Chine (Industrial
and Commercial Bank of China - ICBC) de 20% des
parts de la Standard Bank of South Africa. Cet accord
important explique le pic enregistré en 2008 dans les
flux d’IDE chinois vers l’Afrique (graphique 6).
Parmi les autres principaux pays africains bénéficiaires
des IDE chinois figurent le Nigéria, le Soudan, la
Zambie et l’Algérie. Cependant, comme l’Afrique ne
représente qu’un faible pourcentage du total des IDE
chinois et que la part de la Chine dans l’ensemble des
flux d’IDE à destination de l’Afrique est également
négligeable (1,3 % in 2010 contre environ 40 % en
provenance d’Europe), le rôle de la Chine comme
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4
investisseur direct à l’étranger en Afrique reste encore
marginal (graphique 6).
GRAPHIQUE 6: FLUX D'IDE EN
AFRIQUE
0
50
100
150
200
250
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Mds USD
0
1
2
3
4
5
6
Mds USD
Monde (eg) Chine (ed)
Sources: MOFCOM, UNCTAD, SG
Cependant, parallèlement aux IDE, d'autres flux
financiers, tels que l’aide officielle au développement et
les crédits à l’exportation, se développent rapidement
entre la Chine et l’Afrique. En 2009, l’aide officielle
chinoise et l’allègement de la dette africaine se sont
élevés à 2,5 Mds USD. La même année, la Chine s’est
engagée à accorder au continent africain 10 Mds USD
de prêts concessionnels sur la période de 2010- 2012,
démontrant l’importance croissante de l’aide au
développement accordée par la Chine à ce continent.
Les IDE chinois en Europe enregistrent également une
croissance rapide et sont concentrés dans les pays
d’Europe occidentale, notamment au Luxembourg, en
Allemagne, au Royaume-Uni, et en Russie. Au cours de
ces deux dernières années, l’attrait croissant du
Luxembourg comme destination principale des IDE
chinois s'explique surtout par son statut de paradis
fiscal. Les trois autres pays européens ont toujours été
des destinations de prédilection des IDE chinois, avec
27 %, 17 % et 13 % du total des IDE chinois
consacrés respectivement à la Russie, à l’Allemagne et
au Royaume-Uni entre 2003 et 2010. Plus récemment,
des pays d’Europe centrale et orientale, comme la
Hongrie, la Roumanie, et la Pologne ont également
attiré un nombre croissant d’investissements chinois.
En Asie, le principal bénéficiaire des IDE est Singapour,
suivi par Macao. Dans le reste de la région, les IDE
chinois se concentrent principalement dans les pays
riches en ressources naturelles (Myanmar, Indonésie,
et Malaisie) et dans les pays à main-d’œuvre bon
marché (Pakistan).
L'Amérique du Nord et l'Océanie font partie des autres
régions attirant les IDE chinois. L’Amérique du Nord est
une destination importante pour les investissements
chinois, surtout dans le cadre d’acquisition de marques
commerciales et de savoir-faire technologique
(particulièrement aux États-Unis). La proportion de flux
d'IDE chinois en Océanie démontre l’intérêt de la Chine
pour la richesse des ressources naturelles
australiennes, l’Australie représentant 92 % du total
des IDE chinois dans la région.
RÉPARTITION SECTORIELLE
La répartition sectorielle des IDE chinois reflète leur
ventilation géographique. L’activité à Hong Kong, aux
IVB, aux Îles Caïmans, et au Luxembourg est
concentrée dans les secteurs commerciaux et
financiers ainsi que dans des autres secteurs de
services (tableau 3). La plupart des IDE chinois dans
les secteurs des services à Hong Kong visent à
soutenir les activités à l'exportation de la Chine. Les
IDE chinois se concentrent dans le secteur minier en
Australie, et dans le domaine manufacturier aux États-
Unis et dans les pays d’Asie du Sud-Est.
2003
2005
2007
2010
Services de crédit-bail et Commerce 278,8 4941,6 5607,3 30280,7
Banques et Assurances -- 0,0 1667,8 8627,4
Commerce de Gros et de Détail 357,2 2260,1 6604,2 6728,8
Secteur Minier 1378,6 1675,2 4062,8 5714,9
Services de Transport, Stockage et Postal
77,2
576,8
4065,5
5655,5
Secteur Manufacturier
624,0
2280,4
2126,5
4664,2
Construction
22,8
81,9
329,4
1628,3
Immobilier -13,0 115,6 908,5 1613,1
Recherche Scientifique, Logiciels 6,4 129,4 303,9 1018,9
Electricité, Production et Fourniture de Gaz et d'Eau 22,0 7,7 151,4 1006,4
Agriculture 81,4 105,4 271,7 534,0
Services d'Informatique et de Transmission de l'Information
8,9
14,8
303,8
506,1
Services Résidentiel et Autres
2,1
62,8
76,2
321,1
Hotellerie et Restauration
0,9
7,6
9,6
218,2
Culture, Sports, et Loisirs 1,0 0,1 5,1 186,5
Conservation de l'eau, Gestion de l'Environnement 6,3 0,1 2,7 72,0
Santé, Sécurité Sociale, et Bien-Etre 0,1 0,0 0,8 33,5
Education -- -- 8,9 2,0
Gestion Publique et Organisation Sociale
0,0
1,7
Sources: MOFCOM, SG
TABLEAU 3: REPARTITION SECTORIELLE DES FLUX D'IDE CHINOIS (en Mds USD)
La répartition sectorielle des IDE chinois présente deux
caractéristiques notables : le recul du secteur des
ressources naturelles au profit de celui des services et
une diversification progressive dans tous les secteurs
(graphiques 7 et 8). Les services, notamment le crédit-
bail et le commerce, la banque et l’assurance ainsi que
les transports ont représenté 75 % de l’ensemble des
IDE chinois en 2010, contre 23 % en 2003. A l’inverse,
le secteur minier n'a compté que pour 8 % du total des
IDE en 2010, soit un net recul par rapport au 47 % de
2003.
GRAPHIQUE 7: FLUX D'IDE CHINOIS
PAR SECTEUR, 2003
Autres
8%
Commerce de
Gros et de
Détail
13%
Services de
crédit-bail et
commerce
10%
Secteur
Manufacturier
22%
Secteur
Minier
47%
Sources: MOFCOM, SG
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GRAPHIQUE 8: FLUX D'IDE CHINOIS
PAR SECTEUR, 2010
Secteur
Manufacturier
7%
Commerce de
Gros et de
Détail
10%
Services de
Transport,
Stockage et
Postal
8%
Banque et
Assurance
13%
Secteur
Minier
8%
Autres
10%
Services de
crédit-bail et
commerce
44%
Sources: MOFCOM, SG
Au niveau des entreprises, les sociétés non financières
chinoises qui disposent du stock d’IDE le plus
important sont concentrées dans les secteurs du
pétrole, des ressources naturelles, du transport, et de
l’immobilier (tableau 4).
No.
Société
1China Petrochemical Corporation
2
China National Petroleum Corporation
3
China National Offshore Oil Corporation (CNOOC)
4China Resources (Holdings) Co., Ltd.
5
China Ocean Shipping (Group) Company
6
China National Cereals, Oils & Foodstuffs Corp.
7
Aluminum Corporation of China (CHINALCO)
8China Merchants Group
9
Sinochem Corporation
10
China Unicom Corporation
11 China State Construction Engineering Corporation
12
China Minmetals Corporation
13
China National Aviation Holdings Corporation
14 SINOTRANS Changjiang National Shipping (Group) Corporation
15
SinoSteel Corporation
Sources: MOFCOM, SG
TABLEAU 4: CLASSEMENT DES PLUS GRANDES SOCIETES
CHINOISES NON-FINANCIERES INVESTISSANT A L'ETRANGER, EN
STOCK D'IDE, 2010
En termes de mode d’accès aux marchés étrangers,
les entreprises chinoises préfèrent les fusions et
acquisitions aux projets entièrement nouveaux, qui
consistent à créer de nouvelles installations à
l'étranger. Environ 80 % des entreprises chinoises
choisissent les fusions et acquisitions plutôt que les
nouveaux projets comme mode de pénétration. Les
fusions et acquisitions supposent généralement des
coûts d’entrée moins élevés et permettent une
adaptation plus rapide au marché local : l’entreprise
déjà en activité dans le pays d'accueil est familiarisée
avec le cadre juridique, la législation du travail, les
droits de propriété, etc. En outre, les opérations de
fusions et acquisitions se déroulent plus rapidement
car elles sont généralement traitées par des grandes
banques d’affaires et des cabinets d’avocats bien
établis, qui disposent de l’expertise nécessaire.
MOTIVÉS PAR DES FACTEURS
POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES
Les initiatives de la Chine en faveur des IDE sortants
s’expliquent par des raisons à la fois politiques et
économiques s’inscrivant dans une nouvelle étape de
son processus de développement économique. Cette
stratégie a été suivie avec succès par d’autres pays
développés d’Asie, tels que la Corée du Sud et le
Japon à des stades cruciaux de leur développement
économique. Dans le cas de la Corée du Sud, les IDE
visaient principalement l’accès aux ressources
naturelles et à une main-d’œuvre bon marché et la
pénétration des marchés locaux. La majeure partie des
IDE était donc concentrée dans les pays asiatiques
plutôt que dans les pays développés. Au contraire, les
IDE du Japon étaient motivés par le gain de parts de
marché à l'exportation. Au milieu des années 80, les
mesures protectionnistes de l’industrie automobile
américaine, l’excédent de la balance des paiements
courants et l’appréciation du yen ont entraîné
l’explosion des IDE japonais. Ces deux expériences
sont riches d’enseignements pour la Chine.
FACTEURS POLITIQUES ET FINANCIERS
Avant 1999, la Chine avait déjà libéralisé les
transactions commerciales de sa balance des
paiements tandis que les opérations financières,
notamment les sorties de capitaux, étaient encore
limitées. Seules les banques d’État étaient autorisées à
placer leurs actifs à l’étranger, dans un cadre
réglementaire assez strict, tandis que les sociétés non
financières et les particuliers avaient l’interdiction
d’investir à l’étranger. Les IDE chinois ont commencé à
se développer au début des années 2000, sous
l’impulsion de la stratégie des autorités chinoises
visant à conquérir le marché mondial. Il s'agissait avant
tout d'encourager l'activité des entreprises à l'étranger
afin d'améliorer l'accès aux ressources (naturelles et
main d’œuvre) pour accroître la compétitivité du pays.
Cette approche s'inscrivait dans le cadre des
préoccupations du gouvernement chinois quant à
l’accès aux ressources naturelles et au maintien des
parts de marché de la Chine à l'exportation. D’un point
de vue macroéconomique, dès 2005, dans un contexte
d’appréciation graduelle du renminbi (RMB) et
dexcédents considérables du compte courant, un
allègement des restrictions relatives aux sorties de flux
de capitaux a été opéré afin de réduire la pression à
l’appréciation du taux de change du RMB et de
maintenir les réserves de change à des niveaux plus
soutenables.
Avec la mise en place de la stratégie de conquête du
marché mondial, les banques chinoises ont pu
accorder des crédits pour le financement des « projets
clés à l’étranger soutenus par l’État ». Dès 2006, les
particuliers ont également été autorisés à investir à
1 / 9 100%