note D2DPE n°45 - Région Nord Pas de Calais

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note D2DPE n°45
Économie des territoires du Nord –
Pas de Calais
–
Typologies et sensibilité à la crise.
Quels impacts ?
Janvier 2011
RESUME
A partir du deuxième trimestre 2008, la crise financière entraine le monde
dans une crise économique qui se traduit en France par une baisse de production
au sens du PIB à partir du 2ème trimestre 2008 et jusqu’au 1er trimestre 2009.
Cette baisse de production se traduit par une baisse de l’emploi et une augmentation du chômage dès ce second trimestre 2008 et jusqu’au 4ème trimestre 2009.
Si tous les territoires français ont touchés par cette crise, les conséquences ont
été variables d’une zone à l’autre en raison notamment de structures d’activités
les exposant plus ou moins à ce choc économique.
Dans ce cadre, la compréhension des conséquences de la crise dans les
territoires du Nord – Pas de Calais nécessite d’analyser les structures économiques et les moteurs de développement de la région et de ses territoires.
S’appuyant sur la théorie de la base économique, Laurent Davezies distingue quatre familles de revenus : les revenus productifs issus des activités liés
à des demandes externes, les revenus publics correspondant aux salaires des
fonctionnaires, les revenus résidentiels sans lien avec la production (navetteurs,
retraites, tourisme) et les revenus sociaux correspondant aux différentes prestations sociales. En comparant le poids de ces différents revenus dans les territoires, il établit une typologie des zones d’emplois françaises. Selon cette typologie,
la région Nord – Pas de Calais apparaît globalement plus fortement dépendante
que les autres régions des revenus sociaux tandis que les revenus productifs ont
globalement un poids proche de la moyenne nationale.
Selon une approche complémentaire par secteur d’activité, la structure
économique du Nord – Pas de Calais s’est profondément transformée entre 1982
et 2007 avec un développement des emplois de l’économie présentielle comparable à la moyenne nationale tandis que les emplois de la sphère productive ont
baissé à un rythme plus élevé. Conséquence de ces évolutions, la région s’est en
partie banalisée avec près de 65% des emplois dans la sphère présentielle soit
une part identique à la moyenne de France métropolitaine. Cette sphère économique dépendant d’une demande locale apparaît a priori moins exposée que la
sphère productive plus exposée à la concurrence internationale.
Entre le début 2008 et la fin 2009, les conséquences de la crise ont été
effectivement relativement proche de la moyenne régionale en termes de PIB
et d’emploi mais nettement plus importantes en termes de chômage. L’emploi
salarié privé a ainsi baissé de 3,5% dans la région entre le 1er trimestre 2008 et le
4ème trimestre 2009 contre 3,2% en moyenne nationale. Cette baisse plus élevée
s’explique par des spécialisations plus fortes dans les secteurs les plus touchés
par la crise et principalement dans la sphère productive mais est bien inférieure
à la baisse d’emplois des autres régions du quart nord-est de la France. A l’in-
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janvier 2011
verse, la région est l’une des trois régions les plus touchées par la hausse du
taux de chômage qui a augmenté de 2,9 points au cours de cette période contre
2,4 points en moyenne nationale. Cette divergence peut en partie s’expliquer par
l’importance de la jeunesse régionale impliquant des entrées plus nombreuses
sur le marché du travail dans un contexte de crise économique. Les jeunes de
moins de 25 ans représente ainsi un quart des demandeurs d’emploi régionaux
alors qu’ils ne sont que 19% en moyenne nationale.
Au sein du Nord – Pas de Calais, tous les territoires ne sont pas exposés
de la même façon aux aléas économiques. Ainsi, l’emploi présentiel est proportionnellement plus présent dans les zones d’emploi de Berck-Montreuil, de
Lens-Hénin, du Calaisis, de Lille et d’Artois-Ternois où il représente plus de deux
tiers des emplois du territoire. En s’appuyant sur la théorie de la base économique, Laurent Davezies montre quant à lui que seul trois zones de la région
ont des économies dépendant fortement de la base productive : les zones de
Lille, Dunkerque et Saint-Omer. En dehors de Berck-Montreuil et de FlandreLys, les autres zones régionales dépendent davantage que la moyenne nationale
des revenus de la base sociale ainsi que pour certaines des revenus de la base
publique. Une analyse des structures de la sphère productive et de la population
active réalisée par l’Insee en partenariat avec la Région et le Sgar permet également de caractériser les zones d’emploi régionales en fonction de leur exposition aux aléas économiques. Selon cette typologie, 3 groupes de zones d’emploi
se distinguent. Le premier groupe est formé des zones d’emploi de Lille, Lens
– Hénin, Roubaix – Tourcoing caractérisées par des structures productives plus
diversifiées et a priori moins exposées. Le second groupe correspond aux six zones d’emplois les plus exposées aux aléas économiques au regard de la typologie et sont situés dans une zone allant du Dunkerquois à la Sambre – Avesnois en
passant par Saint-Omer et le bassin minier. Enfin, le troisième groupe comprend
des zones d’emplois présentant un profil moyen.
Les conséquences réelles de la crise mesurées entre début 2008 et fin
2009 confortent en partie ces différentes classifications au regard de l’évolution
de l’emploi salarié mais sont très différentes au regard de l’évolution du taux de
chômage.
Ainsi, les zones d’emploi de Lille et de Lens – Hénin possédant à la fois une
sphère productive diversifiée et un poids important de l’économie présentielle
ont été avec l’Artois – Ternois les territoires où l’emploi a le moins baissé avec
une baisse inférieure à 1%. Les zones d’emploi de Berck – Montreuil et Boulogne
présentant un poids de l’économie présentielle plus élevé qu’en région ont également été moins touchées qu’en moyenne nationale par la baisse de l’emploi.
A l’inverse, l’ensemble des zones d’emploi qualifiées comme les plus exposées
aux aléas économiques ont connu des baisses d’emploi salarié entre 2008 et
2009 supérieures à la moyenne régionale. Toutefois, d’autres zones d’emplois au
profil a priori plus favorable ont été davantage touchées par la crise en matière
d’emploi. C’est le cas de la zone de Flandre-Lys qui est la zone où l’emploi a le
plus diminué malgré un profil moyen selon les classifications de Laurent Dave-
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zies et de l’Insee. C’est également le cas de Roubaix – Tourcoing qui bénéficiait
d’une sphère productive diversifiée mais qui apparaissait toutefois dans une situation moins favorable au regard du poids de l’économie présentielle. Enfin, les
zones d’emploi du Cambrésis et du Calaisis ont été parmi les plus touchées par
la baisse du nombre d’emplois malgré un profil moyen au regard de la typologie
de l’Insee et une sphère résidentielle importante pour la seconde zone.
Les évolutions du taux de chômage entre le 1er trimestre 2008 et le quatrième trimestre 2009 dans les différentes zones d’emploi du Nord – Pas de Calais ont pour leur part été peu reliées aux différentes typologies présentées précédemment et peu reliée aux évolutions de l’emploi en particulier au sein des
zones de l’aire métropolitaine lilloise. Cette divergence s’explique par la forte
intégration des marchés du travail au sein de ce large espace régional. Ainsi, le
quasi-maintient du niveau de l’emploi salarié privé dans la zone de Lens – Hénin
s’est accompagné d’une hausse importante du taux de chômage tandis que le
taux de chômage a peu augmenté en Flandre-Lys alors qu’elle a été la plus touchée par la baisse de l’emploi. Au final, huit zones d’emplois de la région ont eu
une hausse du taux de chômage plus élevée qu’en moyenne régionale et six de
ces zones sont actuellement parmi les dix zones d’emploi de France métropolitaine les plus touchées par le chômage. A l’inverse, l’évolution du taux de chômage a été inférieure à l’évolution nationale pour 4 zones d’emploi de la région :
Berck-Montreuil, Boulonnais, Saint-Omer et Flandre-Lys.
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SOMMAIRE
1 – INTRODUCTION
2 – Le développement de l’économie présentielle diminue en partie
l’exposition du Nord – Pas de Calais aux aléas économiques
3 – Un impact de la crise moins fort que dans le reste du quart
nord-est français sur l’emploi salarié mais un taux de chômage
qui augmente davantage
4 – Les territoires régionaux inégalement exposés aux aléas
économiques à la veille de la crise
5 – La crise a touché inégalement l’emploi et les actifs des territoires
régionaux
6 – Références bibliographiques
7 – annexes
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Contacts
Dossier suivi par Stéphane Humbert,
Service « Observation et Prospective Régionale»,
Direction du Développement Durable, de la Prospective et de l’Évaluation.
mail : [email protected]
téléphone : 03 28 82 70 35
Consultable sur www.nordpasdecalais.fr
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1 - introduction
Comme l’ensemble des territoires, le Nord – Pas de Calais a été touché
par une crise économique sans précédent à l’échelle mondiale à partir de la fin
2008. Selon Laurent Davezies dans un rapport réalisé pour l’AdCF, elle est la
conséquence de trois crises combinées. Tout d’abord, une crise environnementale révélée fin 2006 par le rapport Stern et conduisant en France au « pacte écologique » de Nicolas Hulot et au « Grenelle » de l’environnement en 2007. S’en
suit une crise des matières premières qui explosent au cours du premier semestre 2008 en raison de la combinaison de la forte croissance des pays émergents
et de mécanismes de spéculation. Enfin, la crise financière entraîne le monde
dans une crise économique aux conséquences lourdes sur l’emploi au début de
l’été 2008.
L’objectif de cette note est de mesurer le plus précisément si le Nord
– Pas de Calais et ses territoires ont été plus ou moins touchés que les autres et
si ces écarts peuvent s’expliquer par des caractéristiques propres des différents
territoires régionaux mis en évidence dans différentes typologies développées
avant l’apparition de la crise.
Pour ce faire, cette note vise à synthétiser différents travaux traitant de
l’impact de la crise mais aussi sur des travaux plus généraux mesurant le fonctionnement économique de la région et de ses territoires. Elle s’appuie en particulier sur les travaux réalisés par Laurent Davezies pour l’AdCF sur l’ensemble des zones d’emplois de France métropolitaine « la crise et nos territoires
: premiers impacts »1, sur les travaux réalisés par l’Insee national et régional
pour mesurer l’impact de la crise mais également sur l’ensemble des travaux
de la Direction du Développement Durable, de la Prospective et de l’Évaluation
réalisés en partenariat avec l’Insee et les laboratoires universitaires régionaux
pour mieux appréhender le fonctionnement économique de la région et de ses
territoires.
Pour appréhender l’impact de la crise dans les territoires du Nord – Pas
de Calais, il est nécessaire de comprendre les moteurs de l’économie régionale.
La première partie de cette note revient ainsi sur la transformation de l’économie régionale jusqu’en 2008 et les conséquences supposées sur son degré d’exposition à un choc externe. La seconde partie propose ensuite une lecture des
impacts de la crise à l’échelle de la région en s’attachant à vérifier si l’impact a
été plus fort ou plus faible qu’attendu. Les deux dernières parties proposent la
même grille de lecture à l’échelle des zones d’emploi du Nord – Pas de Calais.
1 La crise et nos territoires : premiers impacts – Octobre 2010 – Rapport préparé par Laurent
Davezies pour l’AdCF, la Caisse des Dépôts et l’Institut CDC pour la Recherche.
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2 - Le développement de l’économie présentielle diminue en
partie l’exposition du Nord – Pas de Calais aux aléas
économiques.
Toute comme l’économie française, l’économie régionale s’est profondément transformée au cours des dernières décennies. En particulier, l’économie
présentielle, qui répond à la demande de la population présente, s’est développée
tandis que le reste de l’économie productive, dépendant principalement d’une
demande externe, s’est contractée dans un contexte de mondialisation, gains
de productivité et délocalisation. Le développement de l’économie présentielle
apparaît a priori comme un facteur d’amortissement de crises puisque moins
exposée à la concurrence des territoires et dépendant d’une demande plus locale. La deuxième partie de la note permettra ainsi de confirmer cette hypothèse
avec une meilleure résistance de cette sphère économique au cours de la crise.
Les deux dernières parties déclinent ces deux thématiques à l’échelle des zones
d’emploi du Nord – Pas de Calais.
• L’économie présentielle dépend des revenus irriguant le
territoire.
L’importance de l’économie présentielle dans le développement des territoires a été particulièrement mis en évidence par Laurent Davezies qui s’appuie
sur la théorie de la base économique, pour caractériser les territoires français.
Selon cette théorie, le développement local de l’économie présentielle dépend
des revenus que réussit à capter un territoire. les revenus peuvent ici être classés en quatre grandes familles : • Productif : revenus du capital et du travail liés à la vente à l’extérieur
de biens et de services produits à l’intérieur du territoire ;
• Public : salaires des trois fonctions publiques : État, collectivités
locales (nets de la part financée sur des ressources fiscales locales),
secteur hospitalier ;
• Résidentiel : revenus entrant sans lien avec la production et du fait
de l’offre résidentielle locale : actifs-navetteurs, pensions de retraites, dépenses de tourisme ;
• Social : toutes les prestations sociales et sanitaires : prestations
de chômage, minima sociaux, aides au logement, remboursement de
soins de santé...
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Dans le cadre des travaux réalisés pour l’AdCF, Laurent Davezies estime
ces différents revenus pour l’année 2006 et en tire une classification des zones
d’emplois et de leur moteur de développement en fonction de la prédominance
de ces revenus sur les différents territoires (Cf. carte). En moyenne, sur l’ensemble des zones d’emplois françaises, la base productive ne représente que
21,9% de la base économique. La base résidentielle représente 45,0% de la base
économique ; la base publique 10,3% et la base sociale 22,8%.
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• Une région dépendant fortement de la base sociale.
Selon cette classification, le Nord – Pas de Calais apparaît comme la région
dépendant le plus de la base sociale avec en moyenne pondérée 28% de la base
économique des zones d’emploi de la région qui appartiennent à la base sociale.
Seule la zone d’emploi de Berck-Montreuil fait exception grâce au poids important des dépenses touristiques dans les revenus irriguant le territoire. Dans un
contexte de crise, cette base sociale peut paradoxalement être vue comme un
contexte de stabilité dans le sens où ces revenus ne sont pas impactés à cour
terme par la récession. Ils constituent toutefois un contexte de fragilité dans la
mesure où le niveau des prestations dépend le plus souvent de politiques nationales et où ils traduisent la présence importante de population en difficulté
sociale.
En prenant la région dans sa globalité, l’ensemble des autres bases ne
sont pas en proportion plus présentes qu’à l’échelle nationale. En particulier,
la base productive apparaît surreprésentée dans seulement trois zones d’emploi de la Région : Lille avec la présence importantes d’activités métropolitaines,
Saint-Omer et Dunkerque. Concernant la base résidentielle, la région a une proportion plus faible de revenus liés aux dépenses touristiques mais également
aux retraites. Sur ce dernier point, quatre zones ont toutefois un poids plus élevé
des retraites dans la base économique : la Sambre-Avesnois, le Cambrésis, le
Valenciennois et Lens-Hénin.
• Le nombre d’emplois présentiels a augmenté de 38% dans la
région entre 1982 et 2007.
Dans le Nord – Pas de Calais, le nombre d’emplois dans le secteur de
l’économie présentielle est passé de 520 000 à 952 000 entre 1982 et 2007, soit
une hausse de 38% en 25 ans. Cette hausse est identique à la hausse de cette
sphère d’emploi dans l’ensemble de la France métropolitaine et ce malgré une
hausse de la population plus modérée dans la région. Le développement de ce
secteur étant lié à la population et aux revenus présents sur le territoire, les régions du sud et de l’ouest dont la population a davantage augmenté ont été celles
ou l’économie présentielle a le plus progressé au cours de ces 32 années.
A l’inverse, l’économie régionale a été parmi les plus touchées par la restructuration de l’économie productive : entre 1982 et 2007, le nombre d’emploi de
la sphère productive est passé de 648 000 à 520 000 soit une baisse de 19,8% bien
supérieure à la baisse nationale (-4,3%). Seules 3 régions métropolitaines ont
vu l’emploi productif baisser davantage : le Limousin, la Lorraine et l’Auvergne.
Globalement, les régions du quart nord-est et les régions plus rurales ont été
davantage touchées par les baisses d’emplois dans la sphère productive tandis
que l’Île-de-France et les régions du sud et de l’ouest ont réussit à maintenir
leur niveau de l’emploi dans cette sphère.
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• En 2007, le poids de l’économie présentielle dans la région
est identique à la moyenne nationale.
Avec une hausse comparable des emplois présentiels et une baisse plus
importante de la sphère productive, le poids de la sphère présentielle dans le
Nord – Pas de Calais est finalement comparable à la moyenne nationale : en
2007, 64,7% des emplois régionaux dans la sphère présentielle contre 64,5% en
moyenne nationale. La structure de l’emploi régionale selon cette distinction
s’est ainsi rapprochée de la moyenne nationale alors que l’écart était important
en 1982 où les emplois présentiels représentaient 51,6% des emplois régionaux
contre 55,6% en moyenne nationale. Le poids de l’économie présentielle reste
toutefois nettement inférieur aux trois régions méditerranéennes où cette sphère représente plus de 72% de l’emploi de ces régions.
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• Un secteur qui peut encore se développer dans la région aux
vues des indicateurs de densité de population.
La sphère présentielle étant par définition orientée vers des activités
répondant à des demandes locales, elle est fonction du nombre de personnes
présentes sur le territoire. En rapportant le nombre d’emplois présentiels à la
population de personnes résidentes selon le recensement de la population, 23,7
emplois présentiels sont présents pour 100 habitants du Nord – Pas de Calais
alors que le nombre est de 26,6 en France métropolitaine.
Cet écart peut en partie s’expliquer par la plus faible attractivité touristique de la région entrainant une moyenne de personnes présentes sur le territoire légèrement inférieure à la population résidente alors que ce solde est positif à l’échelle nationale. Ainsi, pour 100 personnes résidant dans le Nord – Pas
de Calais, on compte en moyenne annuelle 99 personnes présentes contre 101 à
l’échelle nationale. En prenant en compte la population présente, 24,0 emplois
présentiels sont présents pour 100 personnes présentes contre 26,3 à l’échelle nationale. L’écart reste donc conséquent entre le Nord – Pas de Calais et la
moyenne nationale traduisant une offre de service plus faible à l’échelle régionale qu’en moyenne nationale. Le Nord – Pas de Calais est même parmi les régions
ayant la faible densité d’emplois présentielle rapportée à la population tandis
qu’elle est la plus élevée en Île-de-France.
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• L’économie régionale reste malgré tout très ouverte.
Si l’économie présentielle s’est développée au sein du Nord – Pas de Calais, les travaux encadrés par Laurent Cordonnier du Clersé2 en partenariat avec
la Région montrent que l’économie régionale reste malgré tout très ouverte en
particulier vis-à-vis des pays étrangers. Selon les travaux réalisés par le Clersé pour la Région, pour produire 100 euros de valeur ajoutée en 2008, 68 euros
sont importés et 68 euros seront exportés en dehors des frontières régionales.
L’ouverture du Nord – Pas de Calais est plus importante vers l’étranger que vers
les autres régions de France métropolitaine : les exportations et les importations
internationales représentent ainsi chacune plus de 41% du PIB régional tandis
que les échanges avec les autres régions françaises représentent 26% du PIB
du Nord – Pas de Calais. Les relations commerciales entre la région et l’étranger sont ainsi plus fortes que pour la France dont les importations représentent
28,0% du PIB et les exportations 26,7% en 2006.
• Une sphère productive marquée par une plus grande
concentration de l’emploi.
Le profil des emplois productifs du Nord-Pas-de-Calais apparaît proche
de celui des autres régions du nord-est de la France, régions marquées par leur
passé industriel. Ces régions se caractérisent par une concentration des emplois
plus importante qu’ailleurs. Dans le Nord – Pas-de-Calais, 8% des emplois de
la sphère productive sont concentrés dans les dix principaux établissements de
cette sphère. Le Nord – Pas-de-Calais se caractérise également par l’importance
des groupes d’entreprises : 72% des postes de travail salariés de la sphère non
présentielle appartiennent à un groupe d’entreprises soit 3 points de plus qu’en
moyenne nationale. En termes de secteurs d’activité, la région est marquée par
des spécificités importantes comme la vente à distance ou la grande distribution, l’industrie ferroviaire et automobile, la métallurgie, le textile, l’industrie du
verre ou encore l’industrie agroalimentaire. Par ailleurs, le Nord- Pas-de-Calais
concentre de nombreux sièges sociaux en particulier dans le secteur du commerce.
2 Voir la note D2DPE n° 28 reprenant l’ensemble de ces travaux - Impact macroéconomique de
l’action régionale en matière d’emploi en Nord – Pas de Calais.
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3 - Un impact de la crise moins fort que dans le reste du quart
nord-est français sur l’emploi salarié mais un taux de chômage
qui augmente davantage.
Au regard de l’évolution de l’emploi salarié, l’impact de la crise apparaît
dès le deuxième trimestre 2008 avec un recul du PIB et de l’emploi à l’échelle
nationale. L’évolution négative du PIB se maintient durant 4 trimestres avant de
redevenir positive lors du deuxième trimestre 2009. L’impact sur l’emploi a été
instantané avec une baisse brutale de l’emploi salarié dès le deuxième trimestre
2008 sous le coup notamment d’un effondrement de l’emploi intérimaire.
•Une variation du PIB régional moins défavorable qu’attendue
en 2008 et en 2009.
Le PIB étant uniquement disponible annuellement à l’échelle des régions,
il ne rend que partiellement compte des impacts de la crise situé à cheval sur
deux années. A prix courant, le PIB a augmenté entre 2007 et 2008 de 2,8% puis
baissé de 2,1% entre 2008 et 2009. A l’échelle régionale, le PIB a augmenté de
2,9% lors de la première année puis baissé de 2,5% en 2009. La baisse plus importante entre 2008 et 2009 est à relativiser par la bonne performance de l’Îlede-France : en excluant l’Île-de-France, le PIB a baissé de 2,6% pour le reste de
la France métropolitaine. La région se situe ainsi dans une dynamique proche
de la moyenne régionale contrastant avec la plupart des régions du quart nordest dont l’évolution est moins favorable. Selon Laurent Davezies, cette bonne
résistance du PIB régional est liée à un effet propre permettant une meilleure
évolution que ce que la structure sectorielle aurait laissée envisagée.
•Un impact sur l’emploi plus marqué en région en raison de
spécialisation dans les secteurs les plus touchés par la crise.
Sur l’ensemble de la période 2008-2009, l’emploi salarié privé a baissé de
3,9% dans la région Nord – Pas de Calais tandis qu’il baissait de 3,6% en France
métropolitaine. Cette baisse plus importante est liée à une présence plus marquée des secteurs ayant le plus contribué à la baisse d’emploi à l’échelle nationale. Selon l’Insee, les 5 secteurs ayant le plus contribué à la perte d’emploi sont
l’ « intérim », la « fabrication de matériels de transport », la « fabrication d’autres
produits industriels », « les activités immobilières » et « la fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatique, fabrication de machines ». Ces
cinq secteurs représentent 22% des emplois salariés privés de la région contre
19% à l’échelle régionale. On peut également noter qu’en dehors des activités
immobilières, ces activités sont tous dans le champ de la sphère productive.
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• Mais un impact plus faible que dans les autres régions du
quart nord-est grâce au poids de l’économie présentielle.
La baisse plus importante de l’emploi dans la région qu’en moyenne nationale sur l’ensemble de la période 2008-2009 est à relativiser au regard des
importants contrastes régionaux concernant l’évolution de l’emploi salarié. Ainsi, l’emploi a mieux résisté en Île-de-France et dans les régions du sud et du Littoral. L’évolution de l’emploi du Nord – Pas de Calais est ainsi moins défavorable
que l’évolution de l’emploi dans l’ensemble de la France de province. Surtout,
la région Nord – Pas de Calais est la région du quart nord-est ayant eu la plus
faible perte d’emplois au cours des années 2008-2009. Selon Laurent Davezies,
cette baisse plus limitée s’explique par la banalisation de l’économie de la région devenue moins industrielle. La présence d’activité de la sphère présentielle
apparaît bien comme un facteur de stabilité dans la mesure où les secteurs les
plus touchés relèvent pour la plupart de la sphère productive et sont concentrés
dans les territoires à base productive.
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• Une moindre performance régionale au regard du taux de
chômage.
La situation régionale vis-à-vis du chômage apparaît plus complexe. Entre fin 2007 et fin 2010, le nombre de chômeur a proportionnellement augmenté
moins vite que dans la plupart des autres régions avec une hausse de 27,2%
contre 30,7% en moyenne nationale et des hausses supérieures à 38% en RhôneAlpes, Lorraine et Alsace. Cet indicateur montre encore une fois que la région
s’est mieux comportée que sa situation initiale aurait pu laisser penser. Toutefois, la région est caractérisée par un niveau de chômage initial bien plus élevé
qu’ailleurs et si on rapporte l’évolution du nombre de chômeurs à l’ensemble
de la population présente sur le marché du travail, le message apparaît moins
favorable.
Ainsi, le taux de chômage a augmenté à partir du 2ème trimestre 2008
et jusqu’au 4ème trimestre 2009 avec un rythme l’éloignant encore un peu plus
de la moyenne régionale. Le Nord – Pas de Calais enregistre même l’une des
plus fortes augmentations en points du taux de chômage avec une hausse de 2,9
points contre 2,4 points en moyenne nationale. Seules la Franche-Comté et la
Picardie ont connu une évolution plus importante de leur taux de chômage avec
respectivement une hausse de + 3,4 points et + 3,1 points. Cette évolution a pour
conséquence d’augmenter l’écart entre le taux de chômage régional et le taux
de chômage national. Cet écart est passé de 3,1 points début 2008 à 3,6 points
fin 2009. Cette divergence de message entre une évolution moins défavorable
de l’emploi que d’autres régions et une plus forte augmentation du taux de chômage peut s’expliquer par la faible densité du marché du travail et la jeunesse de
la population régionale entrainant des entrées plus importantes sur le marché
du travail dans un contexte défavorable. Les jeunes de moins de 25 ans sont en
effet plus touchés par le chômage dans la région : ils représentent 25% des demandeurs d’emploi de la région fin 2009 contre 19% en moyenne nationale.
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4 - Les territoires régionaux inégalement exposés aux aléas
économiques à la veille de la crise.
Si l’économie du Nord – Pas de Calais s’est globalement banalisée avec
un développement important de l’économie présentielle et une forte contraction
des territoires gardant une base productive importante qui peut être à la fois liée
à la présence d’emplois métropolitains ou d’emplois industriels et des territoires
dépendant davantage d’autres types de revenus.
• Seules Lille, Dunkerque et Saint-Omer ont des bases
économiques dépendant fortement de la base productive.
En s’appuyant sur la théorie de la base économique, Laurent Davezies
réalise pour sa part un classement des zones d’emplois françaises à partir de la
prédominance des différentes catégories de revenus dans l’économie locale de
la zone. Pour le Nord – Pas de Calais, seules trois zones d’emploi ont un revenu
dépendant de façon importante de la base productive qui est a priori la plus exposée dans un contexte de crise : la zone de Saint-Omer selon un profil productif
et social et les zones d’emploi de Lille et Dunkerque selon un profil productif,
public et social traduisant finalement une faible part de la base résidentielle au
sein de ces deux territoires.
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• Les modèles « social » et « public et social » prédominent.
Selon la classification de Laurent Davezies, les modèles prédominant au
sein de la région sont les modèles « social » et « public et social » traduisant
l’importance des difficultés sociales au sein des zones de la région. Dans les cinq
zones étant classées dans la catégorie sociale, le poids de la base sociale dépasse 29% de la base économique de la zone alors qu’il est de 22,8% en moyenne
nationale. Dans les cinq zones classées dans la catégorie « publique et sociale
», le poids de la base sociale est également supérieur à 25%. Pour ces zones, la
base publique représente également plus de 12% de la base économique du territoire contre 10,3% à l’échelle nationale.
• Berck-Montreuil et Flandre-Lys se distinguent des autres
zones régionales.
Deux zones d’emploi se distinguent des autres zones par leur profil très
différent des autres zones régionales. Tout d’abord, ces deux zones ne sont pas
caractérisées par une prépondérance des revenus sociaux dans leur base économique locale. Flandre-Lys se caractérise par un profil moyen, c’est-à-dire une
base économique proche de la moyenne nationale. Berck-Montreuil se caractérise pour sa part par un profil résidentiel qui s’explique avant tout par l’importance des dépenses touristiques qui représentent à elles-seules 38% des flux de
revenus du territoire contre une moyenne nationale de 13,3%.
• Un moindre développement de l’emploi présentiel sur la
zone d’emploi de Lille accompagné d’une contraction
plus faible de l’économie productive.
Entre 1982 et 2007, les emplois présentiels ont proportionnellement augmenté moins vite au sein de la zone d’emploi de Lille avec une hausse de 34%
contre 38% en moyenne régionale. A l’inverse la perte d’emploi de la sphère
productive a été limitée sur la zone d’emploi de Lille (-5%) grâce en particulier au
développement de fonctions métropolitaines orientées vers les services aux entreprises. La zone d’emploi reste malgré tout en 2007 l’une des zones ayant une
part d’emplois présentiels plus élevés qu’en moyenne régionale (67,3% contre
64,7%). L’emploi y étant de plus particulièrement développé au sein de la zone,
la densité d’emplois y est particulièrement importante si on la rapporte à la population présente avec 30 emplois présentiels pour 100 habitants contre 23,6 en
moyenne régionale et 26,4 en moyenne nationale.
les notes de la D2DPE n° 45
16
janvier 2011
• Un développement plus élevé de l’économie présentielle
autour de la métropole Lilloise et sur le Littoral du
Pas-de-Calais.
A l’inverse, les emplois présentiels ont augmenté plus vite qu’en moyenne
régionale dans les zones d’emplois situés autour de Lille, sur le Littoral du Pasde-Calais et dans la zone de Saint-Omer. Parmi ces territoires, plusieurs avaient
une proportion d’emplois présentiels plus faible qu’en moyenne régionale. A l’inverse, 4 territoires sont marqués par une faible évolution de l’emploi présentiel qui s’accompagne d’une forte chute d’emplois dans la sphère productive : le
Cambrésis, la Sambre-Avesnois, Dunkerque et Roubaix-Tourcoing.
les notes de la D2DPE n° 45
17
janvier 2011
• L’emploi présentiel est particulièrement présent dans les
zones d’emploi de Berck-Montreuil et de Lens-Hénin.
En 2007, deux zones d’emplois se distinguent par un poids de l’économie présentielle nettement plus élevé que les autres : Beck-Montreuil (74,7%)
et Lens-Hénin (69,7%). Le poids de l’économie présentielle dans la première
s’explique aisément par la vocation résidentielle et touristique de cette zone.
La zone de Lens-Hénin a quant à elle bénéficié d’une hausse plus importante de
l’emploi dans cette sphère d’activité accompagnée d’une baisse de l’emploi productif comparable à la moyenne régionale. Pour cette zone, la densité d’emplois
résidentiels reste toutefois inférieure à la moyenne régionale avec 21 emplois
pour 100 habitants traduisant un potentiel de développement encore important
dans ce secteur.
En dehors de ces deux zones, les emplois présentiels représentent plus
de deux tiers des emplois présents dans le Calaisis (67,8%), dans la zone d’emploi de Lille (67,3%) et dans la zone d’emploi Artois-Ternois (66,8%). A l’inverse,
l’emploi présentiel est proportionnellement très peu présent dans les zones
d’emploi de Saint-Omer (54,6%) et Roubaix-Tourcoing (58,2%).
les notes de la D2DPE n° 45
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janvier 2011
• Un emploi productif exposant différemment les territoires
du Nord – Pas de Calais.
Dans le cadre de l’étude « spécificités des territoires du Nord – Pas de
Calais face aux aléas économiques »3 engagée par la Région, le Sgar et l’Insee
avant la crise, les territoires régionaux ont été classés en trois grandes catégories en fonction des caractéristiques de l’emploi productif et de la population
active.
• Lille, Roubaix-Tourcoing et Lens-Hénin ont des économies
productives plus diversifiées.
Au regard de cette typologie, trois zones d’emplois apparaissaient avoir
un tissu économique moins fragile au regard d’aléas économiques grâce à un
tissu moins concentré et offrant ainsi un éventail d’activité plus large : Lille, Lens
– Hénin et Roubaix – Tourcoing. Pour les deux premières cette diversification
s’ajoute à un poids important de l’économie présentielle montré précédemment,
ce qui semble constituer une convergence de facteurs favorables. Ces zones
d’emplois se distinguent par contre par des divergences concernant les caractéristiques de la population active résidante avec une population plus qualifiée
dans la zone de Lille tandis que les situations sur le marché du travail sont plus
difficiles dans les deux autres zones d’emplois.
3 Insee Nord – Pas de Calais, Région Nord – Pas de Calais, Préfecture de région - Spécificités des
territoires du Nord-Pas-de-Calais face aux aléas économiques - Pages de Profils n°66 - Décembre 2009
les notes de la D2DPE n° 45
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• Des zones d’emploi plus exposées aux aléas économiques :
du Dunkerquois à la Sambre-Avesnois en passant par
l’ancien bassin minier.
Le deuxième groupe mis en évidence par cette typologie correspond à des territoires dont l’économie productive est plus concentrée dans quelques grands
établissements. Ce groupe comprend les zones d’emplois de Saint-Omer, Dunkerque, Béthune-Bruay, du Douaisis, du Valenciennois et de Sambre-Avesnois.
De plus, ces zones d’emplois sont pour la plupart parmi celles ayant la plus faible part d’emplois dans la sphère présentielle et apparaissent donc particulièrement exposées aux aléas économiques.
• Des zones situées dans la moyenne régionale : du littoral
au Cambrésis en passant par l’Artois-Ternois et la
Flandre-Lys.
Le dernier groupe concerne les zones d’emploi Artois-Ternois, Berck-Montreuil,
Boulonnais, Calaisis, Cambrésis et Flandre-Lys. Au sein de la sphère productive, les groupes d’entreprises sont moins présents qu’en moyenne régionale,
la concentration de l’emploi y est également plutôt faible. Pour plusieurs de ces
territoires, le poids de l’économie présentielle y est relativement important et
constitue un atout de plus face aux aléas économiques.
les notes de la D2DPE n° 45
20
janvier 2011
5 - La crise a touché inégalement l’emploi et les actifs des territoires régionaux.
Les trois approches développées dans la partie précédente permettent
de donner une vision complémentaire des territoires en mesurant d’une part le
moteur dont dépend le territoire pour le développement d’activité locale mais
aussi le poids des activités de l’économie présentielle a priori moins soumise à
la concurrence et enfin les formes de développement productif exposant plus ou
moins les territoires aux aléas économiques. Ces différents modèles combinés
permettent ainsi a priori de déterminer quels sont les territoires les plus vulnérables aux chocs économiques. La confrontation de ces différents modèles à
l’impact réel de la crise sur les territoires régionaux permet de valider en partie
les hypothèses de ces modèles mais montre aussi que la réalité est plus complexe.
En matière d’emploi, l’impact de la crise a été plus fort entre fin 2007 et
fin 2009 que la moyenne régionale dans l’ensemble des zones d’emplois décrites
comme les plus exposées aux aléas économiques au regard de la typologie réalisée avec l’Insee mais également dans les zones où l’emploi présentiel est le plus
fort. A l’inverse, l’impact a été inférieur à la moyenne régionale dans la seule
zone résidentielle de la région. Toutefois, aucun de ces modèles n’explique le
positionnement de l’ensemble des territoires. Ainsi, la zone de Flandre-Lys est
la zone la plus touchée alors qu’elle apparaît dans une situation plus favorable
que la plupart des zones d’emploi au regard des différentes typologie.
L’effet sur le taux de chômage semble quant à lui beaucoup plus compliqué à expliquer par ces différentes typologie et apparaît également découplé de
l’évolution de l’emploi à l’échelle des zones d’emplois du Nord – Pas de Calais.
L’évolution du taux de chômage régional semble ainsi davantage lié à la situation
sociale des zones d’emplois de la région qu’à leur situation économique. Cette
déconnexion semble traduire l’importance du fonctionnement métropolitain du
Nord – Pas de Calais et un caractère en parti imbriqué du marché du travail à
l’échelle de la région.
• Entre fin 2007 et fin 2009, l’emploi salarié privé a mieux
résisté dans les zones d’emplois de Lille, Lens-Hénin
et Artois – Ternois.
Au sein de la région, trois zones d’emploi se caractérisent par une faible
baisse de l’emploi sur l’emploi des années 2008 et 2009 : Lille, Lens-Hénin et
Artois-Ternois. Pour ces trois zones, la baisse de l’emploi a été inférieure à 1%
les notes de la D2DPE n° 45
21
janvier 2011
contre une baisse de près de 3% en moyenne régionale sur la même période. Au
regard des facteurs précédents, ces trois zones sont caractérisées par une part
importante de l’emploi présentiel qui représente plus de deux-tiers des emplois
de ces territoires. Les zones de Lille et de Lens-Hénin sont également deux zones décrites comme ayant un tissu productif diversifié a priori moins exposé aux
chocs. Selon cette classification, la zone Artois-Ternois était quant à elle dans
une classe moyenne.
• Une baisse de l’emploi de plus de 5% dans 6 zones
d’emplois : Flandre-Lys, Roubaix-Tourcoing,
Béthune-Bruay, Douaisis, Calaisis et Cambrésis.
A l’inverse, la perte d’emploi a été particulièrement forte dans 6 zones
d’emplois du Nord – Pas de Calais. La baisse la plus importante a été enregistrée
dans la zone de Flandre-Lys qui apparaît pourtant dans un profil moyen au regard de la typologie de Laurent Davezies comme de la typologie sur l’exposition
aux aléas économiques réalisée par l’Insee. Deux zones d’emplois ayant perdu
beaucoup d’emplois apparaissent parmi les plus exposées selon la typologie de
l’Insee et ont également une part plus faible d’emploi dans l’économie présentielle : Béthune-Bruay et le Douaisis. Roubaix-Tourcoing apparaissait quant à
elle diversifié au regard de sa structure d’emplois productifs mais il semble que
la faible part d’emplois présentiels constitue pour cette zone un handicap majeur. Le Cambrésis et le Calaisis apparaissaient pour leur part dans un profil
moyen au regard de la typologie de l’Insee. Le Calaisis est pourtant l’une des
zones possédant le plus d’emplois présentiels ayant mieux résistés à la crise.
• Des baisses plus élevées qu’en région dans les zones
d’emploi de Saint-Omer, Dunkerque, Sambre-Avesnois
et Dunkerquois.
Au regard de l’évolution de l’emploi, 4 zones peuvent être regroupées en raison d’une baisse plus importante de l’emploi qu’en moyenne régionale entre
fin 2007 et fin 2009 sans pour autant atteindre les baisses d’emplois des zones
précédentes : Saint-Omer, Dunkerque, Sambre-Avesnois et Dunkerquois. Ces
quatre zones ont en plus en commun d’être classifiées dans les zones d’emploi
étant les plus exposées aux aléas économiques selon la typologie réalisée par
l’Insee. L’ensemble des zones d’emploi classées comme le plus exposées aux
aléas économiques ont ainsi connu des baisses d’emploi plus importantes qu’en
moyenne régionale même si d’autres zones ont également été plus touchées que
la moyenne régionale.
les notes de la D2DPE n° 45
22
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• Des baisses plus faibles qu’en région dans les zones
d’emploi de Berck-Montreuil et du Boulonnais.
En plus des trois zones ayant quasiment maintenu leur niveau d’emplois salariés privés, deux zones d’emploi ont eu des baisses d’emploi plus faibles que
la moyenne régionale : Berck-Montreuil, seule zone de la région étant classée
dans la catégorie « résidentielle » au sens de la typologie de Laurent Davezies et
le Boulonnais. Cette dernière zone était classée par l’Insee comme proche de la
moyenne régionale et le poids de l’économie présentielle y est également proche
de la moyenne régionale.
les notes de la D2DPE n° 45
23
janvier 2011
• Une évolution du taux de chômage peu liée à l’évolution
de l’emploi au sein des territoires du Nord – Pas de Calais.
Si l’évolution de l’emploi salarié s’explique en partie par le profil résidentiel et
productif des territoires, l’évolution des taux de chômage semble plus complexe
à analyser au regard des différentes typologies décrites précédemment. Ainsi,
Lens-Hénin qui a quasiment réussit à maintenir son niveau d’emploi stable est
l’une des zones où le taux de chômage a le plus augmenté. A l’inverse, FlandreLys est la zone d’emploi où l’emploi salarié privé à le plus chuté et l’une de celle
où le taux de chômage a le moins augmenté. Ces divergences sont la conséquence du fonctionnement métropolitain de la majeure partie du Nord – Pas de Calais
avec une part importante d’emplois occupés par des actifs ne résidant pas dans
la zone pour chacun des territoires de l’aire métropolitaine de Lille. Le maintien
de l’emploi dans les zones de Lille et de Lens-Hénin semble ainsi avoir davantage profité aux habitants des zones de Lille ou Flandre-Lys qu’aux habitants de
Lens-Hénin. • Une hausse des taux de chômage élevée au sud-est de Lille
à Roubaix-Tourcoing et sur le nord du Littoral.
Entre le 1er trimestre 2008 et le 4ème trimestre 2009, 8 zones d’emploi ont vu
leur taux de chômage augmenter plus vite que la moyenne régionale (cf. carte).
Conséquence de ces fortes hausses, six de ces huit zones d’emploi sont parmi
les dix zones de France métropolitaine ayant le taux de chômage le plus élevé
de France métropolitaine : la Sambre-Avesnois, le Calaisis, Roubaix-Tourcoing,
Lens-Hénin, le Douaisis et le Valenciennois avec des taux supérieurs à 14%. Les
trois premières sont même les trois seules zones d’emploi françaises dont le
taux de chômage est supérieur à 15%.
les notes de la D2DPE n° 45
24
janvier 2011
6 - Références bibliographiques
La crise et nos territoires : premiers impacts – Octobre 2010 – Rapport préparé
par Laurent Davezies pour l’AdCF, la Caisse des Dépôts et l’Institut CDC pour la
Recherche.
http://www.adcf.org/files/ADCF-etude-crise-20101105.pdf
Insee Nord – Pas de Calais – Impact de la récession économique sur l’emploi et le
chômage en Nord-Pas-de-Calais - Pages de Profils n°71 - Mai 2010
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=19&ref_id=16186
Insee Nord – Pas de Calais, Région Nord – Pas de Calais, Préfecture de région
- Spécificités des territoires du Nord-Pas-de-Calais face aux aléas économiques
- Pages de Profils n°66 - Décembre 2009
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=19&ref_id=15697
Note D2DPE n° 28 – Novembre 2009 - Impact macroéconomique de l’action régionale en matière d’emploi en Nord – Pas de Calais.
www.prospective.nordpasdecalais.fr rubrique Publications.
Impact macroéconomique de l’action régionale en matière d’emploi. - Rapport
d’étude réalisé pour le Conseil Régional Nord-Pas de Calais Direction de la prospective et du développement durable Sébastien Charles (Led – Paris 8), Laurent
Cordonnier (Clersé – Lille 1), Thomas Dallery (Clersé – Lille 1), et Jordan Melmiès
(Clersé – Lille1)
Le Grand Tournant ; Nord-Pas-De Calais, 1975-2005 – Pierre Veltz, Laurent Davezies – Aube 2005
les notes de la D2DPE n° 45
25
janvier 2011
7 - annexes
Analyse détaillée des moteurs du développement des zones d’emplois régionales en 2006.
en % des bases totales
total base
Productive
Salaires
des migrantsalternants
Retraites
Dépenses
touristiques
totales
Total base
résidentielle
Total base
publique
total base
sociale
total base
Roubaix-Tourcoing
18%
22%
21%
3%
46%
7%
29%
100%
Lille
20%
15%
20%
5%
40%
12%
27%
100%
Dunkerque
21%
7%
23%
8%
38%
12%
29%
100%
Flandre-Lys
15%
28%
22%
5%
55%
6%
24%
100%
Douaisis
13%
22%
24%
4%
50%
8%
29%
100%
Valenciennois
18%
12%
25%
4%
41%
9%
31%
100%
Cambresis
16%
16%
25%
6%
47%
8%
30%
100%
Sambre-Avesnois
16%
12%
26%
5%
43%
10%
31%
100%
Artois-Ternois
16%
17%
23%
7%
47%
12%
25%
100%
Lens-Hénin
10%
19%
26%
6%
51%
7%
32%
100%
Béthune-Bruay
15%
20%
24%
6%
50%
8%
27%
100%
Saint-Omer
23%
13%
21%
8%
42%
8%
27%
100%
Calaisis
16%
14%
21%
11%
46%
10%
29%
100%
Boulonnais
16%
9%
23%
15%
47%
10%
27%
100%
Berck-Montreuil
9%
7%
19%
38%
64%
6%
21%
100%
Surreprésentation par rapport à la moyenne arithmétique des zones d’emploi françaises.
Source : Laurent Davezies, calcul de l’Œil
les notes de la D2DPE n° 45
26
janvier 2011
Dernières notes de la D2DPE
note D2DPE n°27 : Le projet « indicateurs 21 » en Nord-Pas de Calais (octobre
2010)
note D2DPE n°28 : Impact macro-économique de l’action régionale en matière
d’emploi en Nord-Pas de Calais (novembre 2009)
note D2DPE n°29 : Synthèse du bilan approfondi du dispositif « Parcours de
réussite en études longues pour les étudiants issus de familles modestes »
(décembre 2009)
note D2DPE n°30 : Une conférence citoyenne sur les nouveaux indicateurs de
développement humain. (février 2010)
note D2DPE n°31 : Le logement en Nord-Pas de Calais : du constat aux besoins
à l’horizon 2030. (février 2010)
note D2DPE n°32 : Portrait économique social et environnemental du NordPas de Calais (avril 2010)
note D2DPE n°33 : Estimation de l’impact du Programme National de Rénovation Urbaine sur l’économie et l’emploi en région Nord-Pas de Calais (avril
2010)
note D2DPE n°34 : Bilan des effets leviers de la mobilisation de la Région dans
le cadre du Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU) (mai 2010)
note D2DPE n°35 : Démarche prospective sur les conditions de mise en œuvre
de politiques interterritoriales (juillet 2010)
note D2DPE n°36 : Les travaux de la commission Stiglitz et le projet Indicateurs
21 de la Région Nord-Pas de Calais : des approches croisées (octobre 2010)
note D2DPE n°37 : Précarité énergétique 2006 dans le Nord-Pas de Calais (novembre 2010)
note D2DPE n°38 : Dynamique des qualifications et mobilité intergénérationnelle dans la région Nord-Pas de Calais (novembre 2010)
note D2DPE n°39 : Étude Aménités des territoires à l’horizon 2025 en NordPas de Calais (Dominique Dron) (novembre 2010)
les notes de la D2DPE n° 45
27
janvier 2011
note D2DPE n°40 : Changement climatique et robustesse des territoires en
Nord-Pas de Calais à 2025 : méthodes et premières expérimentations (rapport
étudiants sciences-po) (novembre 2010)
note D2DPE n°41 : « Lycées des nouvelles chances » (novembre 2010)
note D2DPE n°42 : Étude prospective sur la mise en œuvre du facteur 4 en
Nord-Pas de Calais (novembre 2010)
note D2DPE n°43 : La résilience territoriale, du concept à l’application - Premières interprétations (décembre 2010)
note D2DPE n°44 : L’évolution de l’urbanisation en Nord – Pas de Calais à l’horizon 2030-2050 (novembre 2010)
Retrouvez ces notes sur le site web de la Région.
www.prospective.nordpasdecalais.fr rubrique publications.
les notes de la D2DPE n° 45
28
janvier 2011
Région Nord-Pas de Calais
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151, avenue du Président Hoover
59555 Lille Cedex
Tél. : 03 28 82 70 15 http://2020.nordpasdecalais.fr
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