Économie des territoires du Nord –
Pas de Calais
Typologies et sensibilité à la crise.
Quels impacts ?
note D2DPE n°45
Janvier 2011
les notes de la D2DPE n° 45 janvier 2011
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A partir du deuxième trimestre 2008, la crise financière entraine le monde
dans une crise économique qui se traduit en France par une baisse de production
au sens du PIB à partir du 2ème trimestre 2008 et jusqu’au 1er trimestre 2009.
Cette baisse de production se traduit par une baisse de l’emploi et une augmenta-
tion du chômage dès ce second trimestre 2008 et jusqu’au 4ème trimestre 2009.
Si tous les territoires français ont touchés par cette crise, les conséquences ont
été variables d’une zone à l’autre en raison notamment de structures d’activités
les exposant plus ou moins à ce choc économique.
Dans ce cadre, la compréhension des conséquences de la crise dans les
territoires du Nord – Pas de Calais nécessite d’analyser les structures économi-
ques et les moteurs de développement de la région et de ses territoires.
S’appuyant sur la théorie de la base économique, Laurent Davezies dis-
tingue quatre familles de revenus : les revenus productifs issus des activités liés
à des demandes externes, les revenus publics correspondant aux salaires des
fonctionnaires, les revenus résidentiels sans lien avec la production (navetteurs,
retraites, tourisme) et les revenus sociaux correspondant aux différentes presta-
tions sociales. En comparant le poids de ces différents revenus dans les territoi-
res, il établit une typologie des zones d’emplois françaises. Selon cette typologie,
la région Nord – Pas de Calais apparaît globalement plus fortement dépendante
que les autres régions des revenus sociaux tandis que les revenus productifs ont
globalement un poids proche de la moyenne nationale.
Selon une approche complémentaire par secteur d’activité, la structure
économique du Nord – Pas de Calais s’est profondément transformée entre 1982
et 2007 avec un développement des emplois de l’économie présentielle compa-
rable à la moyenne nationale tandis que les emplois de la sphère productive ont
baissé à un rythme plus élevé. Conséquence de ces évolutions, la région s’est en
partie banalisée avec près de 65% des emplois dans la sphère présentielle soit
une part identique à la moyenne de France métropolitaine. Cette sphère écono-
mique dépendant d’une demande locale apparaît a priori moins exposée que la
sphère productive plus exposée à la concurrence internationale.
Entre le début 2008 et la fin 2009, les conséquences de la crise ont été
effectivement relativement proche de la moyenne régionale en termes de PIB
et d’emploi mais nettement plus importantes en termes de chômage. L’emploi
salarié privé a ainsi baissé de 3,5% dans la région entre le 1er trimestre 2008 et le
4ème trimestre 2009 contre 3,2% en moyenne nationale. Cette baisse plus élevée
s’explique par des spécialisations plus fortes dans les secteurs les plus touchés
par la crise et principalement dans la sphère productive mais est bien inférieure
à la baisse d’emplois des autres régions du quart nord-est de la France. A l’in-
RESUME
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verse, la région est l’une des trois régions les plus touchées par la hausse du
taux de chômage qui a augmenté de 2,9 points au cours de cette période contre
2,4 points en moyenne nationale. Cette divergence peut en partie s’expliquer par
l’importance de la jeunesse régionale impliquant des entrées plus nombreuses
sur le marché du travail dans un contexte de crise économique. Les jeunes de
moins de 25 ans représente ainsi un quart des demandeurs d’emploi régionaux
alors qu’ils ne sont que 19% en moyenne nationale.
Au sein du Nord Pas de Calais, tous les territoires ne sont pas exposés
de la même façon aux aléas économiques. Ainsi, l’emploi présentiel est pro-
portionnellement plus présent dans les zones d’emploi de Berck-Montreuil, de
Lens-Hénin, du Calaisis, de Lille et d’Artois-Ternois il représente plus de deux
tiers des emplois du territoire. En s’appuyant sur la théorie de la base écono-
mique, Laurent Davezies montre quant à lui que seul trois zones de la région
ont des économies dépendant fortement de la base productive : les zones de
Lille, Dunkerque et Saint-Omer. En dehors de Berck-Montreuil et de Flandre-
Lys, les autres zones régionales dépendent davantage que la moyenne nationale
des revenus de la base sociale ainsi que pour certaines des revenus de la base
publique. Une analyse des structures de la sphère productive et de la population
active réalisée par l’Insee en partenariat avec la Région et le Sgar permet éga-
lement de caractériser les zones d’emploi régionales en fonction de leur exposi-
tion aux aléas économiques. Selon cette typologie, 3 groupes de zones d’emploi
se distinguent. Le premier groupe est formé des zones d’emploi de Lille, Lens
Hénin, Roubaix Tourcoing caractérisées par des structures productives plus
diversifiées et a priori moins exposées. Le second groupe correspond aux six zo-
nes d’emplois les plus exposées aux aléas économiques au regard de la typolo-
gie et sont situés dans une zone allant du Dunkerquois à la Sambre Avesnois en
passant par Saint-Omer et le bassin minier. Enfin, le troisième groupe comprend
des zones d’emplois présentant un profil moyen.
Les conséquences réelles de la crise mesurées entre début 2008 et fin
2009 confortent en partie ces différentes classifications au regard de l’évolution
de l’emploi salarié mais sont très différentes au regard de l’évolution du taux de
chômage.
Ainsi, les zones d’emploi de Lille et de Lens Hénin possédant à la fois une
sphère productive diversifiée et un poids important de l’économie présentielle
ont été avec l’Artois Ternois les territoires l’emploi a le moins baissé avec
une baisse inférieure à 1%. Les zones d’emploi de Berck – Montreuil et Boulogne
présentant un poids de l’économie présentielle plus élevé qu’en région ont éga-
lement été moins touchées qu’en moyenne nationale par la baisse de l’emploi.
A l’inverse, l’ensemble des zones d’emploi qualifiées comme les plus exposées
aux aléas économiques ont connu des baisses d’emploi salarié entre 2008 et
2009 supérieures à la moyenne régionale. Toutefois, d’autres zones d’emplois au
profil a priori plus favorable ont été davantage touchées par la crise en matière
d’emploi. C’est le cas de la zone de Flandre-Lys qui est la zone l’emploi a le
plus diminué malgré un profil moyen selon les classifications de Laurent Dave-
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zies et de l’Insee. C’est également le cas de Roubaix Tourcoing qui bénéficiait
d’une sphère productive diversifiée mais qui apparaissait toutefois dans une si-
tuation moins favorable au regard du poids de l’économie présentielle. Enfin, les
zones d’emploi du Cambrésis et du Calaisis ont été parmi les plus touchées par
la baisse du nombre d’emplois malgré un profil moyen au regard de la typologie
de l’Insee et une sphère résidentielle importante pour la seconde zone.
Les évolutions du taux de chômage entre le 1er trimestre 2008 et le qua-
trième trimestre 2009 dans les différentes zones d’emploi du Nord – Pas de Ca-
lais ont pour leur part été peu reliées aux différentes typologies présentées pré-
cédemment et peu reliée aux évolutions de l’emploi en particulier au sein des
zones de l’aire métropolitaine lilloise. Cette divergence s’explique par la forte
intégration des marchés du travail au sein de ce large espace régional. Ainsi, le
quasi-maintient du niveau de l’emploi salarié privé dans la zone de Lens – Hénin
s’est accompagné d’une hausse importante du taux de chômage tandis que le
taux de chômage a peu augmenté en Flandre-Lys alors qu’elle a été la plus tou-
chée par la baisse de l’emploi. Au final, huit zones d’emplois de la région ont eu
une hausse du taux de chômage plus élevée qu’en moyenne régionale et six de
ces zones sont actuellement parmi les dix zones d’emploi de France métropoli-
taine les plus touchées par le chômage. A l’inverse, l’évolution du taux de chô-
mage a été inférieure à l’évolution nationale pour 4 zones d’emploi de la région :
Berck-Montreuil, Boulonnais, Saint-Omer et Flandre-Lys.
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