Le West Nile virus en pédiatrie
(835 cas dont 17 décès) ou en Russie en 1999 avec une
épidémie touchant 836 personnes et responsable de 17
décès. Les États-Unis sont restés préservés jusqu’en 1999
où s’est déclarée une épidémie dans la région de New
York faisant 7 morts. Rapidement l’infection s’est propagée
d’abord sur l’est des États-Unis puisqu’en 2 ans, on recen-
sait déjà plus de 3 000 cas graves [5]. Depuis, l’épidémie
s’est répandue sur la totalité du territoire et entre jan-
vier 2010 et le 1er novembre 2011, le Center for Control
Disease a recensé 1 600 cas [5] dont 64 % de formes
invasives. Depuis l’émergence du virus sur le sol améri-
cain, l’infection y a causé plus de 1 000 décès. Ces chiffres
sont sans doute très sous-estimés au vu de la propension à
déclarer plus spontanément les cas graves et de l’absence
de détection des patients asymptomatiques ou présentant
des formes cliniques bénignes. En Europe également le
WNV circule abondamment avec un déplacement pro-
gressif vers l’Ouest en particulier depuis l’année 2010
qui a vu l’apparition des premiers cas humains en Alba-
nie, en Turquie, en Italie [6] et surtout en Grèce avec un
nombre de cas significatifs (262 cas avec 17 % de morta-
lité) et l’extension rapide de l’épidémie sur tout le territoire
[7, 8]. Une épidémie à grande échelle constitue souvent
le point de départ de l’implantation du virus dans le pays
concerné. Sachant que le virus et ses différents hôtes ne
connaissent pas de frontières, et compte tenu des ten-
dances actuelles de circulation virale, il est à craindre que
le WNV ne se fixe prochainement sur le sol franc¸ais de
fac¸on durable.
Écologie
Les infections à WNV sont des arboviroses, patholo-
gies à transmission vectorielle. Les effets sur l’homme ont
été réellement précisés dans les années 1950 en même
temps que la description de l’écosystème adapté au virus
et à sa circulation. La propagation de la maladie résulte
de la transmission indirecte du virus d’un hôte vertébré
à un autre par l’intermédiaire d’un insecte hématophage
arthropode (figure 1). Le vecteur principal de l’infection
à WNV est le moustique femelle, tout particulièrement
le genre Culex (modestus, pipiens, restuans, etc.) mais
aussi moins fréquemment certains Aedes (vexans, japo-
nicus, etc.) [9]. D’autres vecteurs peuvent être également
impliqués de fac¸on plus épisodique, il s’agit des tiques
ou des punaises. Le moustique s’infecte habituellement
à partir d’un hôte virémique (en général un oiseau) et
devient alors vecteur du virus. Il peut à l’occasion d’une
nouvelle piqûre transmettre le virus à d’autres hôtes ver-
tébrés (y compris aux oiseaux) sous réserve que se soit
produite une phase complète d’amplification virale au
sein du moustique. La contamination humaine ou équine
n’est donc qu’accidentelle et représente une impasse épi-
démiologique en raison de la faible virémie chez ces
deux hôtes empêchant la réinfestation du vecteur. D’autres
vertébrés peuvent être concernés par l’infection à WNV,
il s’agit de l’écureuil, du lapin, du chien, du raton-
laveur, de la chauve-souris. Les oiseaux constituent le
principal réservoir du virus et favorisent également avec
le moustique l’amplification virale grâce à une virémie
durable et élevée permettant un taux de reproduction
élevé. Plus de 300 espèces d’oiseaux ont été recensées
[10], notamment plusieurs variétés d’oiseaux migrateurs
qui favorisent la mondialisation de la circulation virale.
Même si l’oiseau infecté reste habituellement indemne,
des formes symptomatiques sont possibles et l’infection à
WNV est déjà aux États-Unis responsable du déclin de
certaines espèces aviaires [10]. Pour les autres espèces
animales, la description clinique est surtout bien connue
pour les chevaux. L’infection reste le plus souvent inap-
parente mais les formes symptomatiques (essentiellement
neurologiques) sont par contre presque toujours sévères
avec un taux de mortalité conséquent. La dernière épi-
démie équine franc¸aise par exemple avait fait 141 cas et
21 décès en 2000. C’est d’ailleurs à partir de cette épi-
démie équine, confrontée aux données épidémiologiques
internationales, en particulier américaine, qu’a été mis en
place un dispositif de surveillance sur le territoire franc¸ais.
Surveillance
Ce dispositif de surveillance est mixte comportant une
surveillance humaine, entomologique, équine et aviaire.
Après 7 ans de recul, la capacité de détection précoce
de la circulation virale est efficiente [11] et au vu de la
faible circulation du WNV sur le sol franc¸ais, le disposi-
tif, qui concerne 9 départements du bassin méditerranéen,
n’est depuis 2009 activé que de début juin à fin octobre
de chaque année. Cette période de 5 mois correspond à
la période la plus à risque puisque les vecteurs sont en
densité élevée, les oiseaux migrateurs sont sur place ou
circulent et les conditions climatiques sont favorables. Ce
dispositif comporte 4 volets. Le volet humain concerne
particulièrement l’adulte et consiste en la détection des
cas humains, en particulier des formes neuro-invasives par
le biais de la réalisation d’examens complémentaires spé-
cifiques (recherche d’ARN viral, culture, sérologie) devant
toute situation clinique correspondant à une définition
de cas telle qu’édictée par le dispositif de surveillance :
tout adulte ≥15 ans présentant dans l’un des 9 dépar-
tements, pendant la période à risque un état fébrile avec
des manifestations neurologiques ayant imposé la réalisa-
tion d’une ponction lombaire [4]. Les cas suspects sont
déclarés aux Agences régionales de santé et aux Cellules
80 mt pédiatrie, vol. 15, n◦2, avril-mai-juin 2012
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