L’anémie infectieuse du poulet
Jean-Luc Guérin et Léni Corrand
Mise à jour : 06.07.11
L'anémie infectieuse (AI) du poulet est causée par un virus de la famille des Circoviridae. Elle est
caractérisée par une anémie aplasique, avec déplétion des tissus lymphoïdes, des hémorragies sous-
cutanées et intramusculaires, et une immunodépression.
Synonymes : on évoque aussi l’AI sous les noms poétiques de « maladie des ailes bleues » ou «
maladie des ailes pourries », etc...
En anglais : Chicken Infectious Anemia Virus (CIAV) / Chicken Anemia Virus (CAV)
L’agent de la maladie et ses modalités de transmission
L’agent de l’AI a été isolé pour la première fois en 1979 au Japon. Ce virus est non-enveloppé, de très
petite taille (25 nm) et son génome est un ADN simple brin circulaire de 2,3 kb environ. Ce virus est
extrêmement résistant dans l’environnement. Le poulet est la seule espèce affectée. Classé un
temps parmi les circovirus, il a été reclassé au sein du genre viral proche Gyrovirus. Le virus de l’AI
est ubiquitaire et est probablement répandu mondialement. Les poulets de tous les âges sont
sensibles à l’infection mais les signes cliniques ne sont observés que durant les 2 à 3 premières
semaines d’âge. La pathogénicité chez le poulet plus âgé est actuellement discutée : elle pourrait se
traduire par une immunodépression modérée, favorisant ainsi des infections secondaires (maladie de
Marek, maladie de Gumboro,...).
Le mode de transmission le plus important est vertical : les reproducteurs séronégatifs, infectés
en cours de ponte pourront transmettre le virus à leur descendance pendant quelques semaines, le
temps qu’ils développent une séroconversion vis à vis du CAV. Le virus se transmet aussi
horizontalement et les poussins dépourvus d’anticorps maternels y seront le plus sensibles.
NB : l’agent de l’AI est spécifique du poulet, mais des circovirus ont été décrits chez d’autres espèces
aviaires, notamment le pigeon, l’oie et le canard. Leur rôle pathogène direct reste à préciser, mais les
circovirus aviaires doivent être considérés comme des pathogènes émergents, d’intérêt croissant en
pathologie aviaire.
Les manifestations cliniques et lésionnelles de la maladie
Les signes cliniques : le seul signe spécifique de cette maladie est une anémie caractérisée par des
valeurs à l'hématocrite inférieure à 27 (La valeur normale étant de 35 à 45 chez le poulet). Les autres
signes non-spécifiques sont des suffusions sous-cutanées avec évolution possible vers la nécrose («
dermatite gangreneuse »), de l’abattement, une diminution de la croissance et une forte
hétérogénéité, ainsi qu’une mortalité plus élevée que la normale, probablement associée à des
infections secondaires.