Embryon et bioéthique
Le Vatican relance la controverse
Dans un document publié la semaine dernière, le Vatican réaffirme que la « dignité de la personne doit être reconnue à
tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle ». Une nouvelle étape de la controverse sur les
enjeux éthiques de la recherche sur l’embryon.
AVEC UN document doctrinal affirmant la « dignité » de l'embryon humain, le Vatican a relancé la controverse sur les
enjeux éthiques des recherches, au moment où certains pays dont les États-Unis et la France s'apprêtent à réexaminer
leurs pratiques en ce domaine. L'instruction intitulée « dignitas personae » (la dignité de la personne) actualise le
document « donum vitae » (le don de la vie) datant de 1987, qui condamnait déjà sans ambiguïté toute atteinte à
l'intégrité de l'embryon, considéré comme un être humain créé à l'image de Dieu dès la conception. Le document fait
la liste de toutes les techniques biomédicales qu'il juge « illicites », de la fécondation in vitro à l'utilisation de cellules
souches embryonnaires, en passant par la pilule du lendemain.
L’embryon, une personne.
L'Église catholique justifie ces interdits par le fait que « la dignité de la personne doit être reconnue à tout être humain
depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle ». Il s'agit d'un pas de plus vers la reconnaissance de l'embryon non
seulement comme être humain mais comme personne à part entière avec toutes les conséquences philosophiques ou
juridiques que cela pourrait entraîner. « La reconnaissance est implicite mais nous ne tranchons pas dans le débat
philosophique », a tempéré le secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Rino Fisichella, en
présentant le document. C’est « un utile rappel à la vigilance, étant donné l'eugénisme latent », selon Mgr Pierre
d'Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe de travail sur la bioéthique au sein de la Conférence des
évêques de France (CEF). L'instruction pontificale insiste aussi sur le fait que « l'origine ne peut pas être dominée par
la technique », ajoute Mgr d'Ornellas.
Le texte doctrinal approuvé par le pape Benoît XVI condamne les nouvelles techniques médicales ou scientifiques
portant atteinte d'une manière ou d'une autre à l'embryon, qui doit être respecté dans sa « dignité » d'être humain.
Sont visées, la fécondation in vitro, même avec les gamètes de deux époux légitimement mariés, la congélation
d’embryons, la congélation d’ovocytes à des fins de procréation assistée ou la réduction
d’embryons. En revanche, la congélation d’ovocytes est permise avant une chimio ou radiothérapie si
leur implantation ultérieure conduit à un acte de procréation « naturelle ». Le diagnostic préimplantatoire est, selon le
Vatican, « immoral ». Sont également proscrits la pilule du lendemain, le stérilet ou à la pilule abortive (RU 486), des
formes de contraception qui entrent « dans la catégorie du péché d'avortement ». L’interdiction de la pilule du
lendemain est valable aussi en cas de viol.
Le clonage interdit.
En ce qui concerne les « nouvelles propositions thérapeutiques qui comportent la manipulation de l’embryon ou
du patrimoine génétique humain », le texte fait la distinction entre la thérapie génique somatique qui cherche à modifier
les cellules non reproductives et la thérapie génique germinale qui vise à transmettre à la descendance les corrections
ainsi obtenues. Seule la première peut être acceptée. Le clonage humain, qu’il soit à but reproductif ou
thérapeutique, est « intrinsèquement illicite ».
L’utilisation de cellules souches provenant d’un organisme adulte, ou du cordon ombilical et même de
fœtus morts naturellement est autorisée.
Par ailleurs, les techniques d’hybridation (entre ovocytes d’animaux et cellules humaines) sont pour le
Vatican « une offense à la dignité de l’être humain ».
Temple et Parvis
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