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5. FONDEMENTS ET CHOIX DES ESPECES D’HELOPHYTES : A
chaque plante son milieu…
Les techniques végétales efficaces font très souvent appel à ce type de végétation
que sont les hélophytes et les plantes palustres mais chacune des espèces qui
compose cet ensemble est déterminée par des caractéristiques qui lui sont propres.
Ce sont ces capacités qui permettent à une espèce d’occuper une certaine niche
écologique en fonction des adaptations et des possibilités d’acclimatation qu’elle
possède.
Une question se pose alors : Quelle plante pour quel milieu ?
Les facteurs hydrauliques sont déterminants pour les plantes aquatiques. Une plante
sur les berges de la Loire est soumise à des sollicitations complètement différentes de
celles d’une plante dans un étang, même si on retrouve un climat et un substrat
similaires. Des facteurs importants pour des plantes terrestres comme la chimie, la
pédologie, le substrat, etc. sont ici moins significatifs. Le premier peuplement établi
compte souvent beaucoup. L’espèce implantée s’imposera par la suite.
Les facteurs fondamentaux conditionnant la création d’un peuplement :
Le substrat :
La plupart des plantes aquatiques possèdent la capacité de se développer
indifféremment tant sur des substrats présentant des particules de granulométrie
élevée que sur de la vase. Cependant il faut tenir compte du fait que le risque
d’érosion, pendant la période de croissance, est nettement supérieur pour les
substrats de faible granulométrie.
Il existe des mesures de protection, notamment :
Les géotextiles (géofilets) coco et les bionattes augmentent la rugosité
de la berge et réduisent l’arrachage des particules fines du substrat.
Fixation des plantes individuelles jusqu’à leur développement final
(cavaliers, pierres).
Densification des plantations. En augmentant les unités / m², on a un
meilleur couvert.
Vitesse d’écoulement et érosion :
Les plantes ne sont pas arrachées par les vagues d’écoulement (une laîche par ex. ne
peut pas être arrachée à la main. Ce sont les feuilles qui se détachent), mais des
phénomènes d’érosion ou de dépérissement peuvent être constatés et peuvent
provenir de causes différentes :
Cause 1 : le substrat est d’abord affouillé, puis la plante.
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Cause 2 : la plante dépérit du fait d’une submersion trop longue par exemple si
elle est plantée trop profondément dans l’eau d’où une contrainte permanente.
Dans les cours d’eau, les plantes ne poussent qu’au-dessus de la ligne d’eau. Elles
stabilisent toutefois par leurs racines le pied de berge submergé.
Les variations du niveau d’eau :
Saisonnières :
Les caractéristiques de ces variations sont un niveau d’eau élevé au printemps, faible
niveau d’eau en août septembre. Ce phénomène est toléré par les plantes pour des
variations allant jusqu’à 1 m. Une longue submersion en hiver (pendant la période de
repos végétatif) ne menace pas non plus les plantes (jusqu’à 8 mois).
La condition importante à retenir est que les tiges et les feuilles des hélophytes doivent
rester (au moins partiellement) hors de l’eau d’avril à fin juin.
Sur de longues périodes :
Des variations irrégulières et importantes du niveau d’eau (1 à 2 mètres) sur plusieurs
années rendent l’implantation d’hélophytes quasiment impossible et une trop longue
submersion en période de croissance est plus risquée qu’en période sèche.
L’exposition au batillage dans les plans d’eau :
Plus les eaux sont calmes, mieux les plantes pourront se développer et ainsi
rapidement coloniser le milieu. Schématiquement deux configurations existent :
Les zones peu exposées au batillage :
Pour les zones peu exposées au batillage (vent, passage d’embarcations) les
hélophytes se propagent très bien d’elles-mêmes sans l’intervention humaine.
Les zones exposées ou très exposées au batillage :
Pour les zones dont la longueur d’exposition au vent est de plus de 50 mètres, des
aménagements de protection se révèlent nécessaires. Dans ces conditions les dégâts
infligés à la berge seront fonction de la hauteur de batillage.
Les apports en matières nutritives :
Les plantes aquatiques ne nécessitent pas de substrat riche en matières nutritives, le
substrat sert essentiellement à leur fixation. L’approvisionnement des plantes en
matières nutritives est assuré par l’eau. En Europe occidentale, on ne retrouve que
peu de cours d’eau et de plans d’eau encore oligotrophes (pauvres en matières
nutritives), l’apport de tout substrat supplémentaire se révèle donc inutile.
Plantation :
Période :
Printemps : Les plantes poussent immédiatement. En 4 semaines, elles ont formé
suffisamment de racines pour empêcher l’arrachage des plantes. Si leur qualité est
bonne, elles formeront des drageons lors de la première période de végétation et des
peuplements denses se développeront.
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Été : Des plantations effectuées jusqu’à début août auront encore une chance de
croissance et d’enracinement. En cas de sécheresse, les plantes doivent être arrosées
jusqu’à leur développement final (environ 4 semaines). Une certaine attention est de
mise lors du transport et du stockage.
Automne :
Inconvénient : Les plantes sont soumises à des sollicitations hydrauliques
pendant 6 mois sans êtres enracinées.
Avantage : en raison de la période de repos végétatif, il n’est pas nécessaire
de tenir compte d’un assèchement. Quelques plantes développent une activité
radiculaire dès fin février / début mars en fonction des conditions météo. En cas de
plantation en automne, elles sont déjà en place et peuvent recommencer à pousser
sans aucun problème.
Hiver : Comme pour l’automne. En outre on évitera de planter pendant les périodes
de gel. Le passage ou l’arrachage de blocs de glaces peut se révéler problématique.
Approvisionnement en plantes, la recherche de la qualité pour une
propagation immédiate :
Origine des plantes : Les plantes qui peuvent être prélevées à proximité du site de
plantation, dans des zones similaires, sont assurément appropriées et pourront
s’acclimater sans problème. Il faut tenir compte de l’origine des plantes (exigences
spécifiques) en cas de sites présentant des conditions de stress extrêmes
(particularités climatiques, chimiques ou hydrauliques). La plupart des espèces
d’hélophytes disposent d’une grande amplitude écologique et peuvent pousser sur des
sites présentant des conditions variables.
Prélèvement sur place : Les dimensions d’une bêche, pour une motte de 20x20x20
cm sont appropriées. Important : il est nécessaire de couper au plus profond afin de
prélever les parties végétatives nécessaires à la croissance (drageons, rhizomes et
leurs pousses et bourgeons). Il est recommandé d’effectuer les prélèvements hors
période de croissance. Quand les mottes sont suffisamment grosses, la méthode peut
être employée tout au long de l’année. De juin à septembre, il est judicieux de tailler
les tiges et les feuilles, afin de ne pas « tirer trop d’eau ». Un arrosage suffisant doit
être assuré lors de la plantation.
Cette mesure s’avère très coûteuse, une alternative est cependant possible, à savoir
l’utilisation de gros plants en godets ou mottes.
Mini mottes : La marchandise standard dans le commerce correspond à une motte
d’un diamètre de 5 à 10 cm. La formation des racines et des jeunes pousses est plus
importante que la taille de la motte, que la masse foliaire et que celle des tiges. Les
plantes ne peuvent être utilisées dans la nature que si elles ont développé des
organes de reproduction.
Il devient impératif de définir un standard de qualité et un stade de croissance pour les
végétaux utilisés afin que ceux-ci soient le plus apte possible à assurer leur fonction
de protection dans les plus brefs délais après leur installation sur site. Ces standards
seront définis vis-à-vis du développement de l’appareil radiculaire des plants. Par
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exemple une fascine coco est considérée pré-végétalisée quand les racines des
végétaux qui la composent ont totalement envahi le substrat et que celles-ci
dépassent sous la fascine.
A la différence, une fascine pré-plantée signifie juste que le boudin coco comporte
déjà des plantes. Celles-ci ne sont pas encore enracinées.
Choix des espèces :
Profondeur de plantation : Les zones de berge peu profondes présentent des
conditions optimales de croissance pour toutes les espèces d’hélophytes 0 cm;
c’est-à-dire directement sur la ligne d’eau). Les espèces d’hélophytes vigoureuses
disposent de modes de reproduction efficaces grâce aux rhizomes et drageons. Elles
colonisent ainsi rapidement les espaces environnants.
Besoins en lumière : Une lumière limitée réduit également la capacité de
reproduction et de propagation des plantes. Les hélophytes de grande taille
nécessitent beaucoup de lumière. Les arbres et arbustes de la ripisylve ne doivent
donc pas être trop près (lorsque cela est possible). Parallèlement à cela l’iris des
marais, les laîches et la scirpe des bois peuvent pousser dans des sites partiellement
ombragés.
Modes de propagation : Pour la reproduction végétative, on peut (grossièrement)
différencier les espèces qui se propagent le long d’un ensemble de racines (iris des
marais, acore panaché, massette) de celles qui se propagent de tous les côtés par un
drageonnage propre à chaque espèce (roseau, jonc des tonneliers, laîches, scirpe
des bois) ou par rhizomes. Le jonc épars et quelques espèces de laîche (Carex
paniculata par ex.) poussent en bouquets. Ces espèces sont donc peu adaptées aux
Figure n° 32 : Représentation schématique d’une succession végétale (hélophytes)
au bord d’un cours d’eau.
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objectifs de bio ingénierie, même si elles sont très résistantes (notamment au
piétinement et à l’herbivorie).
Formation des racines : En cas de faible apport en matières nutritives, de niveau
d’eau variable et/ou de sécheresse, les hélophytes développent des systèmes
radiculaires en profondeur. Le roseau s’enracine à un mètre de profondeur et plus ; les
autres espèces d’hélophytes développent des racines de 60 à 80 cm de long (les
Calthas en revanche ne descendent qu’à 15 cm de profondeur). Il faut compter 6 à 8
semaines à peine après la plantation pour que des racines de 40 cm de long soient
formées. Quand le niveau d’eau est constant et qu’un bon apport en matières
nutritives est garanti, les plantes ne pénètrent pas aussi profondément, un dense lit de
racines se développe dans la partie supérieure du sol (30 – 50 cm).
Dégâts causés par les oiseaux aquatiques : Les dégâts occasionnés par la faune
avicole (anatidés) aux végétaux sont principalement l’herbivorie (consommation des
végétaux), l’arrachage et le piétinement (ces derniers sont surtout localisés aux
endroits les oiseaux s’alimentent). Afin de soustraire le matériel végétal à toutes
ces détériorations, le choix des espèces de plantes peut s’avérer déterminant (pour
faciliter l’installation des plantes, la mise en place d’une clôture provisoire peut
s’avérer judicieuse).
Afin d’illustrer notre propos, une présentation succincte des principales espèces
d’hélophytes utilisées en aménagement des hydrosystèmes est effectuée sous forme
de fiches descriptives ci-après :
Figure n° 33 : Mélange hélophytes et espèces de berges et talus
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