Référence : PCPP1 Laboratoire de Psychologie Clinique, Psychopathologie, Psychanalyse - EA4056 Directrice de Recherche : Neau Françoise [email protected] Dysphorie de genre à l’adolescence : enjeux et effets intrapsychiques et intersubjectifs de la prise en charge médico-psychologique. La dysphorie de genre désigne une discordance entre le genre assigné à la naissance et le genre vécu ou exprimé par un sujet (DSM-V, 2014). Cette manifestation clinique, auparavant appelée « transsexualisme », « trouble de l’identité sexuelle » ou sexuée, ou encore « trouble de l’identité de genre », témoigne d’une souffrance subjective significative, engendrant de nombreuses perturbations au niveau de la vie familiale, scolaire et sociale. Les premiers lieux d’accueil et de prise en charge ont été mis en place aux Etats-Unis suite aux travaux de Money et Stoller dans les années soixante, puis au Canada dans les années soixante-dix. Les évolutions du contexte social occidental et les avancées de la médecine conduisent à proposer aujourd’hui aux jeunes qui présentent une dysphorie de genre et à leur famille un accompagnement de leur souffrance et de leur demande. Contrairement à d’autres pays européens, comme la Grande Bretagne, la Belgique et les Pays-Bas, en France ces consultations sont récentes. Les tableaux cliniques de ces adolescents s’avèrent des plus variés (Condat et al., 2016). Des études montrent que dans 30% des cas, des pathologies psychiatriques avérées seraient associées à la dysphorie de genre – troubles du spectre autistique, troubles de l’attention et hyperactivité, schizophrénie (Holt et al., 2014 ; Fuss, Auer et Briken, 2015). Etudiée chez de jeunes adultes et des adultes, la dysphorie de genre pourrait aussi, pour certains auteurs, s’apparenter à des troubles limites (Lintanff, 2014, Marchand, 2014). A distance de la catégorisation diagnostique, de nombreux auteurs soulignent la dépressivité et l’anxiété présentes dans les tableaux cliniques (Grossman & D’Augelli, 2007 ; Coates et al., 2008 ; Möller et al., 2009 ; Simons et al., 2013 ; Reisner et al., 2015 ; Olshan et al., 2016). D’autres travaux, parmi les plus récents, insistent sur la grande fragilité psychique induite par les réponses que l’environnement familial et social apporte aux demandes de ces jeunes, avec des risques suicidaires (Mendes, Lagrange, Condat, 2016). Si des recherches constatent une diminution de la dépressivité chez ces jeunes placés sous un traitement hormonal de suppression de puberté (Cohen et al., 1999 ; Cohen-Kettenis et al., 2011 ; De Vries et al., 2011), à ce jour en France, aucune recherche longitudinale n’a été menée sur l’évolution conjointe des tableaux cliniques et de la demande de changement de genre dans le cadre de leur prise en charge médico-psychologique. Un tel questionnement longitudinal, mené d’un point de vue psychodynamique, constitue l’originalité de ce travail : quels sont les effets de cette prise en charge sur des adolescents présentant une dysphorie de genre, quels remaniements psychiques produit ce suivi chez ces sujets qui en bénéficient et sur leur famille ? Ainsi cette recherche permettrait d’apprécier l’évolution de cette demande et des aspects dépressifs qui l’accompagnent, au sein de situations cliniques complexes et délicates qui mobilisent encore à ce jour fantasmes et préjugés. Thème 2017 – Concours Contrat Doctoral Directeur du Laboratoire PCPP : Sylvain Missonnier Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité Institut de Psychologie, 71 Avenue Édouard Vaillant, F – 92774 Boulogne-Billancourt ED261-3CH 04/04/2017 1/1