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PKR joue un rôle majeur dans l’immunité innée ; elle est
activée suite à l’infection virale. Ainsi, dans ces cellules, la
phosphorylation d’eIF2αentraine une stimulation de
l’autophagie aussi bien après carence de nutriments
qu’après stimulation de PKR par une infection virale.
Ces deux systèmes viennent en fait compléter la régulation
par le complexe Beclin/hVps34. Leur action est vraisem-
blablement liée, mais on ne connait pas du tout à ce point le
mécanisme par lequel eIF2αstimule l’autophagie.
Autophagie et réponses de défense
contre l’infection
La réponse innée
Lors d’infections virales, l’autophagie est clairement liée à
l’immunité innée, non seulement via la protéine PKR (cf. ci-
dessus), mais également par l’intermédiaire de plusieurs
autres protéines. C’est le cas de TLR7 (Toll Like Receptor
7), un récepteur transmembranaire présent dans les endo-
somes. Les TLR, de manière générale, reconnaissent les aci-
des nucléiques des virus qui ont été endocytosés [19]. Dans
des cellules dendritiques plasmacytoïdes, la voie de l’inter-
féron est activée via TLR7 lors d’une infection par VSV
(vesicular stomatitis virus) et l’activation de TLR7 est
dépendante de l’autophagie. En effet, la production
d’interféron-αn’est pas induite dans des cellules atg5
-/-
[20].
Une deuxième étude met en relation l’autophagie avec une
autre protéine impliquée dans l’immunité innée, RIG-I.
RIG-I est une hélicase cytoplasmique qui détecte des
ARN viraux possédant une extrémité 5’-triphosphate, ou
des ARN double brin [21]. L’activation de l’immunité
innée via RIG-I, après infection de cellules MEFs (murine
embryonic fibroblasts) par VSV, est dépendante du com-
plexe Atg5-Atg12 [22]. Cette fois, pourtant, la production
d’interféron augmente en réponse à l’infection par VSV
dans des cellules MEF atg5
-/-
. De façon intéressante, l’effet
semble contraire lorsque l’infection se passe dans des cel-
lules dendritiques ou dans des fibroblastes. Toutefois, dans
les deux cas la production d’interféron semble être liée à
l’autophagie.
Le but ultime de la cellule infectée étant de se débarrasser
de « l’intrus », on peut également citer le processus dit de
« xénophagie » comme faisant partie de l’immunité innée.
En effet, la xénophagie est le processus qui permet la dégra-
dation du pathogène par la voie lysosomale (figure 1e).
La réponse de l’immunité adaptative
Il semble de plus en plus évident que l’autophagie joue un
rôle dans la présentation de peptides par le complexe
majeur d’histocompatibilité de classe II (CMH II) [23].
Il existe notamment une publication démontrant l’impor-
tance de la macroautophagie dans la présentation d’une
protéine virale, EBNA-1 (virus d’Epstein-Barr), par le
complexe CMH II [24].
La mort cellulaire
Bien que l’autophagie permette la survie des cellules dans
le cas de la carence en nutriments (cf. ci-dessus), elle peut
également induire la mort cellulaire. Ce type de mort cel-
lulaire s’appelle PCD de type II (type II programmed cell
death) [25, 26] au contraire de l’apoptose qui est une PCD
de type I. L’importance de l’apoptose dans la défense
contre les infections virales a déjà largement été étudiée
[27]. Comme nous le verrons plus tard, la PCD de type II
est également impliquée dans les infections virales, condi-
tions où elle peut être connectée à l’apoptose.
Les virus et l’autophagie
Au vu de la nature, des fonctions et des implications de
l’autophagie, on comprend que les virus aient développé,
au cours de l’évolution, des stratégies de « maîtrise » du
processus. Certains virus bloquent l’autophagie, d’autres
la détournent à leur profit, comme pour d’autres machine-
ries cellulaires [corps multi-vésiculaires (MVB), cytosque-
lette, apoptose, machinerie de traduction…]. Les virus ne
sont, d’ailleurs, pas les seuls pathogènes à devoir composer
avec l’autophagie. Plusieurs bactéries [28, 29] et parasites
[30, 31] ont également été décrits en étroite liaison avec ce
processus cellulaire.
La suite de cette revue va voir des virus de différents types
présentés dans leur implication avec l’autophagie : des
virus à ADN, à ARN, et des rétrovirus.
Les virus à ADN
Les Herpesviridae
Les virus de la famille des Herpesviridae ont des génomes
composés d’ADN double brin de grande taille. Ces géno-
mes peuvent coder pour plus d’une centaine de protéines,
dont près de la moitié ne sont pas essentielles pour le cycle
de multiplication : elles sont dévolues à la relation avec la
cellule hôte ou plus largement avec les réactions de l’hôte
infecté.
Herpes simplex virus 1 (HSV-1)
HSV-1 possède une protéine neurovirulente, ICP34.5
(infected cell protein 34.5), qui joue un rôle fondamental
dans l’autophagie dans la mesure où elle permet au virus de
la contourner de deux manières différentes.
La première consiste à contrecarrer l’effet activateur de
PKR sur l’autophagie [18] (figure 2). ICP34.5 recrute une
protéine phosphatase 1α(pp1α) qui dé-phosphoryle
eIF2α−P, empêchant ainsi l’induction de l’autophagie tout
revue
40 Virologie, Vol. 13, n
o
1, janvier-fe
´vrier 2009
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